Au risque de me répéter, j’avais ce genre d’événements en horreur. Parmi les convives, il y avait ceux qui se ravissaient de leur présence, ceux qui n’avaient pas le choix… et moi. Je n’avais pas l’intention de m’éterniser, encore moins de m’y plaire.

Mais tant que j’étais là… autant s’amuser un peu ; au détriment de ceux qui croiseront mon chemin ; que je traçais sans m’arrêter une seule seconde sur le tapis rouge, malgré la tenue que j’arborai. Je n’en étais pas peu fière, même le maquillage d’apparence bâclé était une petite touche qui collait bien à l’esprit de la soirée.

Le saphir comme bijou pour attacher le tissu du voile que je portai, celui-ci entrouvert afin de laisser mon visage apparent, sans pour autant me cacher, je ne cherchai pas à attirer les regards. Ce qui arrivait souvent bien malgré moi.

J’en vins à ignorer tout et tout le monde, cherchant des mes saphirs, ceux qui méritaient ma présence, ainsi que ceux que je voulais taquiner. Sans surprise, mon premier choix se porta sur ma petite famille.

Un neveu accompagné par une tête connue de mon département, accentuant davantage mes soupçons sur leur prétendue « amitié » ; avec eux, le couple Lestrange : Darya, dont la grossesse ne semblait pas particulièrement lui réussir et le responsable de celle-ci.

Naturellement, ce fut vers eux que je fondis, comme une prédatrice. L’éclat de voix pour attirer leur attention à tous :

─ Bonsoir ! Je remarquai le petit regard de ma nièce envers ses parents, moi je préférai faire comme s’ils n’existaient pas ; reportant mon attention sur mon neveu et sa… cavalière. Quelques mots pour les taquiner d’abord : mais que voilà de jolis tourtereaux… je veux dire, deux amis proches bien sûr. Le gloussement goguenard et ça repart de plus belle : et toi, Darya, ma chérie, regarde-toi, comme tu as l’air heureuse et épanouie.

Je laissai volontairement planer le doute de l’ironie avec le ton de ma voix, scrutant le garçon Lestrange, sans pour autant le saluer. J’embrassai d’abord mon neveu, puis ma nièce. Enfin, quelques paroles pour Ellana :

─ Tu es ravissante, je ne pouvais espérer de meilleure compagnie pour Izar, prend bien soin de lui pour moi, veux-tu ?

Les mots d’une tante plutôt que celle d’une patronne ; la nette impression que ces deux-là n’avaient plus besoin d’allusions supplémentaires, j’en vins à leur fausser compagnie, le sourire en coin, quelques mots pour conclure :

─ Soyez-sage mes enfants, je veille au grain.

Il y eut une vocifération que je reconnus ; une compagnie que je vins chercher, celle du Baron. Celle du père de la décennie, du siècle même ! Il ne me fallut pas longtemps pour le trouver, lui qui cherchait la moindre commotion avec sa progéniture ; sans doute pour se donner en spectacle, montrer au monde quel incroyable papa il était.

Alors avant qu’on ne se l’accapare, avant de le voir filer entre mes doigts, je profitai de la dernière petite occasion pour l’accoster. Sans surprise, pas un regard ni un mot pour la compagnie qu’il avait, je n’avais pas de temps à perdre.

Ma main venant taquiner une épaule, mon index traçant son chemin d’une à l’autre, l’homme semblait vouloir fesser sa fille et arracher les yeux de son cavalier. Avant que la scène devînt trop intense pour moi, je vins lui glisser quelques paroles :

─ On t’entend crier de l’autre côté de la pièce… tu me casses les oreilles cher ami.

Encore mon anniversaire en écho dans ma tête, incapable d’oublier ce qu’il s’était passé. J’en vins à pincer sa joue, comme pour annihiler la moindre tentative d’intimidation envers ses enfants, même si je savais que c’était peine perdue, je souhaitais surtout qu’il ne m’oubliât pas.

─ Je te laisse nous montrer quel père attentionné et dévoué tu es, loin de moi l’envie de m’imposer, j’ai la chance d’être témoin d’une leçon d’éducation, je préfère observer en silence. Un ricanement mutin, puis la conclusion : mais, garde un peu d’énergie pour moi, veux-tu ? Pendant ou après le gala, peu m’importe, mais l’on se reverra.

Un regard pour tous ceux qui entouraient le furieux Baron, puis je tirai ma révérence :

─ Ne vous laissez pas intimider par votre papa.

De nouveau le rictus moqueur, un petit signe de main en direction du père du millénaire. Puis je m’éclipsai après cet éclat de voix :

─ Je préférai quand tu écrivais tes poèmes avec passion, cher ami ! À quand un nouveau pour la Serdaigle qui te rendait fou ?! J’attends le prochain avec impatience !

Si avec ça il n’avait pas envie de me revoir, je ne savais plus quoi faire.

Louise a écrit:

costume ─ makeup ─ un saphir à la place du rubis comme broche pour attacher les deux pans du voile.
─ Elle est seule et ne perds pas de temps sur le tapis rouge, c'est presque si elle entre en catimini.
─ Quelques mots pour embêter Izar & Ellana, l'allusion sans aucune subtilité, la même chose pour Darya, elle ignore totalement Clovis.
─ Elle a bien évidemment, bien entendu l'éclat de voix de Baron et n'a pas oublié les événements de son anniversaire, alors avant son spectacle de papa de l'année, elle se moque ouvertement de lui et lui donne rendez-vous dans un futur proche.