histoire

─ 14 juillet 1986 : naissance de la benjamine de la famille ; fille d’Altaïr Thomas Black et de Sélène Black. Ce qui devait être un jour de fête à bien des égards se transforma vite en cauchemar pour la famille. Les scènes de liesses et d’allégresses laissèrent vite leur place à leurs antipodes. Les larmes de joies muèrent en celles du deuil alors que Sélène trépassa en donnant vie à sa fille : Deneb Louise Black.

─ 1986 à 1996 : Louise à l’instar de ses ainés : Orion et Canopus connait la même éducation de la part de son père. Mais la petite est une enfant particulièrement difficile au caractère déjà bien trempé.

La famille, sans avoir réellement le temps de faire le deuil de la mère, se retrouva avec un bébé sous les bras qui demanda bien plus d’attention qu’Altaïr était en mesure de lui donner. Il en incomba alors à ses frères ainés de s’occuper d’elle parfois ; bien que ce n’était pas ce que l’enfant désirait. Ce qu’elle voulait déjà depuis son plus jeune âge, c’était l’attention de son père, pas de ses frères. Tous les moyens étaient bons pour le faire comprendre.

Malgré tout, les années passèrent et avant son entrée à Poudlard, elle commença petit à petit à s’assagir, comprenant très vite qu’elle devait vivre avec sa frustration, car elle n’obtenait pas toujours ce qu’elle voulait… pas si elle comptait sur les autres en tout cas.

─ 1997 à 2004 : admise à Poudlard, dans la même maison que son père à la grande surprise de l’assemblée lors de la cérémonie ; ainsi que pour ses frères lorsqu'ils eurent vent de la nouvelle. Pour Louise en revanche, c’en était presque une évidence qu’elle allait au bon endroit pour elle.

La différence d’âge de 9 ans entre ses frères ainés a fait qu'elle s’est retrouvée seule représentante de la famille Black au sein de l’école. Ce qui a amené son lot de responsabilités et d’attentes. Mais la scolarité de Louise fut exemplaire, et ce, malgré son caractère bien trempé. Une adolescente studieuse, ambitieuse, mais aussi et surtout friande d’idées novatrices.

Très difficile de les faire passer vu la méfiance de ses camarades ; liée à son nom, il lui fallut du temps pour faire ses preuves et déjà se montrer comme une Black « différente » par rapport à sa fratrie avant elle.

Plus proche de son frère Orion que Canopus, elle fut toutefois ravie pour le second alors qu’elle devenait tante pour la première fois, et ce, pendant sa scolarité. De quoi lui enlever un poids des épaules parce qu’à cette époque, les enfants n’étaient pas sa priorité, disons. De nos jours non plus d’ailleurs.

Une scolarité exemplaire qui s’acheva avec l’obtention de ses ASPICS avec la mention qu’elle désirait. La benjamine fit la fierté de sa famille et même de ses camarades avec lesquels elle aura noué des liens plus forts qu’elle n’aurait pu l’envisager. Mais mademoiselle avait déjà de la suite dans ses idées ; elle commençait peu à peu à lorgner sur un poste en particulier.

─ 2004 à 2014 : Sa proximité certaine avec son frère Orion l’encouragea fortement à le rejoindre au département des mystères, elle aussi en tant que langue de plomb. Vu son parcours exemplaire, elle n’eut pas vraiment de mal à se faire accepter, à la fois par son père et ses pairs. Elle s’appuya sur l’expérience et son lien avec son frère, aspirant le savoir comme une sangsue.

On remarqua tout de suite chez elle son ambition, son côté avant-gardiste. Mais personne ne l’encouragea à aller au bout de ses idées, ni son frère, ni son père, ni ses collègues. Ne l’entendant pas de cette oreille, elle alla confronter Altaïr à ce sujet… sans succès. L’un des affronts les plus difficiles de toute sa vie.

Ne pas avoir l’approbation de son père pendant cette période provoqua en elle un choc si violent que son comportement changea radicalement vis-à-vis de lui. Incapable pendant cette période de comprendre les signes disséminés par son géniteur lui montrant qu’il avait malgré tout confiance en elle. Elle qui n’était déjà pas chaleureuse, en devint glaciale.

Entre temps, les naissances fusèrent dans la fratrie. Izar en 2006, ses cousins Rigel et Regulus en 2007. Louise fut naturellement plus proche de la descendance d’Orion que celle de son jumeau. Mais elle les regarda grandir de loin, sans interférer. Ce n’était ni son rôle ni son envie.

─ 2015 à 2031 : Une tragédie frappa la famille Black, le décès d’Orion. Louise le vécut comme un véritablement déchirement tant elle était proche de son frère. Mais malgré l’ampleur de son deuil, elle n’eut d’autres choix que d’endosser une responsabilité immense pour quelqu’un n’ayant même pas encore la trentaine. Elle devint directrice du département des mystères alors que son père quitta son poste pour s’occuper des jumeaux de son ainé.

C’est à ce moment précis que tout le monde comprit que malgré son amertume, Louise était aussi dévouée à sa famille que son père avant elle. Et bien que jamais il n’eut ces mots à son égard, la benjamine avait compris que par ce geste, il lui témoignait la confiance et la reconnaissance qu’elle avait méritées au gré d’un travail acharné.

Et lorsqu’en 2028 Altaïr décède, une Louise forte d’années d’expérience dans son département vécut la nomination de son neveu comme un véritable coup de poignard. Et pourtant elle ne fut pas étonnée. C’est presque si elle l’avait anticipé. Mais même trois ans après, l’amertume est la même, elle s’est d’ailleurs amplifiée alors que peu après le décès de son grand-père, Sage fuit ses responsabilités, laissant son frère jumeau gérer à sa place de qui aurait dû être le travail de Louise ; elle qui s’était préparée pour ce rôle qu’elle imaginait endosser.

Mais qu’on se le dise, malgré son dévouement pour sa famille… la benjamine d’Altaïr n’a pas dit son dernier mot. On peut lui reprocher plein de choses… mais cette femme a toujours eu de la suite dans ses idées et jamais elle ne manque d’ambition.

Et ce qui était une figure assez lointaine pour le reste de la famille va maintenant devenir omniprésente. Pour le meilleur et le pire.

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Claquèrent en rythme les talons sur le sol.
La cadence d’une démarche nonchalante ; aucun doute ne planait sur l’assurance qui me collait à la peau.

Paradoxal alors que l’incertitude faisait vaciller cette aura vaniteuse qui émanait de moi. En proie au doute comme rarement auparavant ; mais constant depuis maintenant plus de trois ans. Avec toujours la même question qui revenait en boucle dans ma tête comme un disque rayé : pourquoi lui et pas moi ?

Les réponses je les avais déjà.
Mais même en les ayant, je n’arrivais toujours pas à y croire, m’y faire. Désabusée par le coup de poignard que tu m’as asséné ; père. Et le pire dans tout cela ? À aucun moment je ne fus surprise. Déçue, certes, mais pas stupéfaite. Car cette décision était à ton image père. Mais ça ne pouvait plus durer.

Très souvent lorsque j’avais des décisions importantes à prendre, c’est ici que je me rendais. Auprès de vous : père, mère. Londres et son cimetière où vous reposez : Highgate. La lueur au bout de ma baguette m’aida à me repérer plus facilement, alors que l’obscurité entravait la visibilité au loin. Quoi de plus logique… il était minuit passé.

Joyeux anniversaire… Louise.
Claquèrent en rythme les talons sur le sol.
Alors que la cadence s’accéléra légèrement.
Jusqu’à vous. Père, mère.

J’observai vos tombes respectives alors que je fis léviter ma baguette d’un sort jeté d’un mouvement de main comme j’avais appris à le faire. Celle-ci n’appréciait guère d’être séparée de moi, loyale et possessive. Et même si elle ne pouvait pas me répondre, je la rassurai :

─ Je n’en ai pas pour longtemps ma chère amie. Je te le promets.

Triste qu’elle me comprenait plus que les membres de ma propre famille. Mais la vie était ainsi faite. Une cigarette vint alors se placer entre mes lèvres, lévitant de son paquet enfoui dans ma poche pour les rejoindre. Tandis que je profitais de ma douce dose de tabac, je m’adressai aux défunts, n’attendant pas de réponse de leur part. À commencer par toi, mère :

─ Mère… déjà ma voix tremblotait alors que je continuai : chaque année je viens ici ; et j’ai toujours la même question. Pourquoi toi ? Chaque année j’ai la même réponse : je ne sais pas. Orion et Canopus ont pu profiter de ta présence, mais pas moi, pas ta fille. Chaque fois je me demande si tu es fière de moi, si toi aussi tu constates à quel point je te ressemble lorsque tu avais mon âge. Et une fois encore je n’aurai pas de réponse.

Fumée libérée alors que perlait une larme qui fit sa course le long de ma joue, s’écrasant sur le sol sans aucun bruit. Pourtant son poids me donna l’impression d’un torrent de pluie qui s’abattit par terre. Le ton changea radicalement alors que je m’adressai à toi, père :

─ Quant à toi père… sache que nous sommes en juillet 2031 et que le petit-fils nommé n’a pas assumé ses responsabilités. Il est introuvable et son frère n’a eu d’autre choix que de reprendre le flambeau pendant son absence. Fumée crachée avec agacement et dédain. Inutile de dire que le petit va se faire remonter les bretelles par tante Louise quand il repointera le bout de son nez, s’il revient un jour. J’ai été bien trop absente pour mes chers petits neveux et ma chère nièce. Ils vont apprendre à me connaître…

Sur ces mots, tandis que ma baguette revint se lover dans ma main gauche, un sourire amusé se forma sur mes lèvres alors qu’elle semblait me faire comprendre qu’elle s’était vite impatientée. D’un coup de ma chère amie, la cigarette alors coincée au bout de mes lèvres s’évapora vers le ciel dans une fumée opaque.

Tournèrent les talons, claquèrent de nouveau le sol.
Je m’éclipsai d’une marche déterminée.
Focalisée sur l’instant présent ; ainsi que le futur de notre famille.

Je me répétai alors cette tirade issue d’une conversation avec une … amie, que j’avais érigée au rang de maxime :

« Le passé est révolu, Louise. Il s’est accumulé dans ton corps, ton esprit et ton cœur. La question que tu dois te poser c’est de savoir quoi faire maintenant. Que serait l’avenir si on restait dans le passé ? »

Les yeux tournés vers le futur.
Le mien. Celui de ma famille.
Entre mes mains, il sera radieux.