histoire

« Il y a des choses qui marques.
Des choses dont on ne peut pas se séparer même si on le veut.
Des choses inoubliables.

Malheureusement mon enfance en fait partie.
Tout le monde pense que parce que on est né sang pur, parce qu’on a été élevé dans l’opulence et une qualité de vie supérieur.
Alors on est heureux.
Et il ne peut en être autrement.

Je dirais même qu’on d o i t être heureux.
Car sinon ce serait égoïste.
D’autre méritent plus de verser des larmes que nous.

C’est ce que j’ai toujours ressentis.

Au début c’est des mots.
Des mots qu’un enfant comprends à peine quand on lui dit : « tiens-toi droit »
Ou bien « soit fort »
Ou encore « ne pleure pas, tu me fais honte, tu es un homme. »

Le genre de mot qui passe dans l’oreille.
Sans c o m p r e n d r e.
Car on est qu’un enfant.
Mais le regard ca, ca vous jauge, ca vous fait vous sentir lourd et ca, même un enfant le comprends.
Le p o i d s des attentes.

Et puis le temps passe.

Les yeux remarquent les petits papiers qui se glissent sous la porte.
Bizarrement, des papiers qui donnent de bons résultat.
Le doute s'installe : peut être est-ce elle ?
Darya.

Oui Darya.
Mal aimé.
Souvent punis.
Dans ce coffre noir.

Avec le temps l’enfant a grandi et se rends compte que ce n’est pas a c c e p t a b l e.
Mais maman le retient.
Le sert.
Et lui dit : « ne fait rien »
Et elle continuera à fermer les yeux.
Faisant en sorte que son fils devienne lui-même aveugle à toutes les horreurs qui se profilent sous leurs yeux.

Et puis il faut aussi gérer ses propres démons.
Petit c’était des coups sur les pieds ou les mains.
Plus grand, c’est des coups de cravache sur le dos.
Et après on lui dit : « tiens-toi droit »
Ou encore « supporte la douleur c’est ça qui forge l’esprit d’un homme »

Et le fameux : « ne me fait pas honte »
e n c o r e.

Il y a les répits que tout le monde prend volontiers.
Ces répits qui petit, laissent des traces : des traces de rares souvenirs heureux.
Et plus grand, qui permettent de souffler.
Les répits qu’on prend avec nos cousins.
Et qui font du bien.

Et il y a aussi ce semblant de répit.
Loin de la maison.
A Poudlard.

« Serpentard ! » dit le choixpeau.
Et personne n’est dupe, c’était écrit dès le départ, même le père de famille qui hante les mauvais rêves semble i m p a s s  i b l e.
C’était une évidence.

Et le reste de la scolarité laisse un semblant de répit.
Car les regards ne trompent pas.
Ces regards qui disent : « c’est quelqu’un d’important »
Ou encore « pfff encore un de ces sang pur »
Et aussi les « wow j’aimerais bien devenir son ami mais il est inaccessible »

C’est pas moi qui suis inaccessible de base.
C’est vous qui me rendez inaccessible.
J’ai voulu le crier beaucoup de fois.

Au lieu de ça, la scolarité se poursuit et malgré tout, l’effort est l à .
Se rapprocher de certains autres élèves de haut rang.
Mais aussi des autres.
A leur grande surprise.

Et se prendre les reproches de la maman à chaque fois qu’un nom méconnu sort dans une conversation.

Parce que « c’est pas digne de nous » dit-elle.

Et alors il faut tout garder pour soi.
Soupirer.
Encore.
Et encore.
Et s u p o r t e r.

J’ai toujours pris sur moi.
Jusqu’à ce que tout se bouscule.
Tout se précipite.

Et alors que le nouveau chef de famille est nommé.
On le sent le regard d e c u du père.
Et en c o l e r e.
Il faut se faire tout petit.
Et ne r i e n dire.

Se réjouir silencieusement de la réussite de Sage.
Le cousin qui a fait rêver.
Et paradoxalement parlant.
Un poids s’efface enfin des épaules.

Et puis il y a l’attentat.
Déchirure dans le cœur d’une sœur qui perd son bienaimé.
Et là.
Pour la première fois.
La conscience hurle enfin.
Hurle si fort qu’on en oublie les mots répétés de maman.
Et la main sur l’épaule, l’envie de discuter s’impose.

L'envie d'affronter la distance presque imposée.
Et le regard parfois jaloux de cette sœur.
Ça fait m a l.
Et ça ne peut plus durer.

Une tentative de rapprochement qui porte ses fruits.
C’est du moins ce que la conscience pense.

Tout ces évènements se passent et ...

Ça va m i e u x.
C’est presque comme si j’avais guéri d’une longue maladie.
Je peux enfin m’exprimer.
Songer à un avenir différent.

Et voilà où j’en suis.
Aujourd’hui me voilà avocat, me voilà presque heureux. »

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