On dit que les blessures contiennent des histoires.
Vladimir aurait alors une épopée gravée sur le corps.

+ Première marque - Il est jeune et beau, cet enfant du désir et de la luxure, ce fruit des instants volés et des interdits. Il est naïf cet enfant qui fut chassé. D’abord de sa forêt, puis de sa maison - tâche difforme dans une propriété parfaite, aux nappes propres et aux rideaux blancs. Alors il est envoyé chez son oncle - au creux de ces forêts qu’on lui avait interdites. Et il tombe Vladimir, si souvent, entre les arbres touffus et les rochers saillants.

+ Deuxième marque - Quand le corps grandit plus vite que l’encéphale, il faut des ajustements - des chutes et des rires. La magie ne l’aide pas à réguler ces effondrements - ne ramollit pas le sol lorsqu’il s'emmêle ses grandes jambes. Pourtant, il progresse - devient grand et fort. Solide comme un roc.

+ Troisième marque - Son oncle lui avait dit que l’école serait dure - que tout serait l’incarnation d’une torture. Vladimir s’y sent chez lui dans la toundra polaire. Plus qu’un royaume, il y découvre une légion - forge des alliances et ses espoirs. Tomber ne fait plus si mal, lorsqu’une aide pour se relever est offerte. Mais il tombe souvent, fautes aux préjugés et racismes liés à son sang Alors il se relève toujours plus haut que ceux qui le harcèlent, toujours plus fort que ceux qui le frappent.

+ Quatrième marque - Plus haute est l’ascension, plus dure est la chute - plus sanglantes sont les cicatrices. Il a la rage Vladimir, parce qu’on le trahit et on lui ment, on prend ce qu’il aime pour ne jamais lui rendre. Il saigne dans son cœur - et sur son corps, partout des cascades de cinabre - une odeur de fer qui ne le quitte plus. Son corps n’est plus difforme, mais il porte les histoires qu’on lui impose encore et encore.

+ Cinquième marque - Triomphant dans ses cicatrices, il vainc et massacre. Sur le ring, sur la piste de duel, il est le roi. Champion invaincu trois ans de suite. Il s’en souviendra.

+ Sixième marque - On lui avait dit, l’école est dure ; le tutorat l’est plus - et les cicatrices se cumulent, cisèlent son corps, éprouvent ses nerfs. Mais il reste debout Vladimir, il en faudra plus pour le mettre à terre.

+ Septième marque -Première mission, première réussite. Son flanc saigne pendant des mois ensuite, la blessure incapable de se refermer. Trop de magie noire, lui dira-t-on. Il en tire une fierté, celle d’avoir vaincu, celle d’avoir survécu. C’est une addiction presque qui se développe, de voir les stigmates de ces combats. Jeune coq, il se croit beau et fort, se persuade que dans sa main se tient le monde. Il découvrira qu’il a tort.

+ Huitième et neuvième marques - Les missions s’enchaînent, la réussite le fait briller - les entailles se multiplient. Un cœur qui manque de s’arrêter, des os dissous, des hurlements contenus au creux de ses lèvres trop épuisées. Il souffre pour vous Vladimir, arrête ceux qui veulent détruire, devient leur toile blanche - les laisse s’exprimer. Et il survit pour vous Vladimir, se relève chaque jour.

+ Dixième marque - Il craque un jour - une mission qui tourne mal - et sa légion devient cendres. Il n’a fait aucune erreur pourtant, mais parfois rien ne suffit. Six mois de repos, des années de deuil. On lui avait dit qu’il perdrait des frères et des sœurs. Il voulait les croire assez forts pour survivre. Il a eu tort.

+ Onzième marque -Il se rend compte peu à peu que ses stigmates ne guérissent pas. Il fut un temps beau - aujourd’hui il est une allégorie de la violence, boursouflé de cicatrices impies, de peaux neuves qui peinent à revenir. Pourtant, ils sont peu nombreux ces mages si courageux. Alors les repos sont courts - et les enquêtes toujours plus nombreuses.

+ Douzième marque - The Crow ne touche à rien d’autre que son coeur - le perclus de peur. Il doute un instant que vous protéger n’ai été qu’une erreur. Qu’il aurait mieux fait de rejoindre les rangs de ses ennemis - gonfler les statistiques des meurtres. Vous lui prouvez qu’il a tort. Son myocarde en gardera une tâche pourtant.

+ Énième marque - Il a appris à les prendre pour ce qu’elles sont : des cicatrices. Elles racontent son histoire - seulement une facette de ce que les gens veulent voir. Il est un tout vivant et souriant, s’est promis d’être toujours là, toujours fort. Il veut vivre pour vous, Vladimir, alors il continuera d’affronter la mort.

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