histoire

Aussi loin que mes yeux se portent sur les ombres de mon existence, je ne vois rien de plus que l’or errodé de mon sang. L’enfant que j’étais admirait le père sans vouloir l’homme, il me portait sur ses genoux et riait de mes mines de misère devant les lourds livres de compte des Selwyn. Son rire était joyeux et ses mains étaient douces.

Je l’ai pris comme acquis.

Ma mère était une femme exceptionnelle comme peu avant elle. Elle ne riait jamais et ses lourds pieds étaient les matrices de nos terreurs, car si elle tapait du pied ainsi c’est qu’elle savait nos bétises. Elle nous éduquait avec la rigueur des vent amers sur les terres sèches si nous n’étions pas parfaits, elle nous rappelait que notre sang était celui des sorciers. Et quand le soleil se réflétait enfin dans la tendresse de son visage fatigué, je pensais qu’elle était belle.

Je l’ai prise comme acquise.

Mon frère était l’enfant et le dieu, la lune et l’éternité dissoute de nos pensées immorales face à notre condition. Je l’aimais quand il trottait vers moi, ses yeux pleins du secret mystère de l’enfant sorcier éveillant son potentiel. Il m’a dit la première fois qu’il a réussi un sortilège, il a embrassé mes pleurs et il m’a promis de toujours m’écouter, de toujours croire en moi.

Je l’ai pris comme acquis.

Mes regrets m'étouffent, ma honte m'enterre.
Suis-je la somme de mes erreurs ? L’étrange amalgame des choses qu’on impute à mon existence était-ce là le véritable moi ? Quand je me tiens à la barre, quand j’exulte ma tirade, quand je hurle l’innocence de mon client, était-ce là encore le véritable moi ? Je ne crois pas, je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que dernière moi se tient les erreurs et les gloires de mon nom. Alors je vivrai, ici parmi ceux de mon espèce. Alors je me battrai, ici pour ceux de mon sang.


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Mai 1842
“Record de la bourse londonienne - une histoire de réussite de père en fils chez les Selwyn”

“Bien que l’entreprise familiale des Selwyn ne soit loin d’être une jeune entreprise, elle connait une véritable apothéose grâce à l’amélioration des portoloins et aide à sécuriser de nombreux échanges transmondiaux L’entreprise Swle connaît la flambée de ses parts à 40% et on chuchote même qu’elle pourrait recevoir un label de qualité de la part du ministère magique anglais. Mais le seul fait confirmé par le Patriarche, Cadmus Selywn, est le rachat de plus de 40 hectares dans le but d'installer les premières entreprises sorcières de fabrication massive d'objets du quotidien. Un bien ambitieux rêve pour cette famille de Sang-Pur dont ils jouent actuellement leur fortune.(...)"


“Monopole des Selwyn” Août 1929
“La puissance économique des Selwyn ne cesse de croître et ils assurent désormais une main mise sur les différents transferts de marchandises entre les ministères mondiaux, Nous avons interrogés Enouih, le patriarche actuel des Selwyn ainsi que sa sœur, sur les rumeurs entourant leur montée au pouvoir. Ils n’ont pas souhaité faire de commentaires quant à leurs différentes unions avec les familles de sang purs historiques de Grande-Bretagne. De nombreux bruits courent sur les différents rachats des Selwyn des usines de Bartho and co, et la fermeture immédiate de celles-ci.”

“Propriété historique des Selwyn - Châteaux et Jardins” Janvier 1950
“(...) Nous voilà donc devant le château des Selwyn, niché au fin fond de la contrée galloise. Savez-vous que le château compte pas moins de 50 cheminées, 370 fenêtres, 250 pièces  et le travail de plus de dizaines d’elfes de maison pour les différentes sculptures qui ornent les façades ? Les Selwyn ont à cœur d’agrandir ce palace à chaque naissance depuis la fondation historique de la famille dans les années 1100, et ils produisent leur propre miel sur les plus de cinquante hectares que compte leur propriété. Depuis le toucher de Minas qui bénit leur famille, le sol est tantôt marbré, tantôt recouvert de bois précieux. La maîtrese de maison nous accueille même avec sa délicate robe de soie d’araignée, une véritable merveille qui coûterai la petite fortune de (...)”

Novembre 2003


— Née Aeres Dellyn Selwyn (25.02.2004) d’un père Selwyn (Elgurd Selwyn) et d’une mère Sang-pur Allemande (Swanhilde Bruensweg), descendante de la sorcière légendaire Brynhildr. Sa mère était une honte, une femme plus intéressée par les moldus que par ses compatriotes magiques, sa famille offrait une solide somme à l'homme sauveur de leur sang en la prenant comme épouse. Il était desesperé pour de l'argent et elle était à vendre, le couple était parfait.

— Les Selwyn ne vivaient que des poussières persistantes de leur gloire passée, mais tout cela s'effondrait. La dote de l'épouse est rapidement engloutie dans les dettes causées par l'hubris des aieux Selwyn. Il ne reste que Lui, le père, face à une dynastie de comptes mis à rouge et cette entreprise dont les parts étaient progressivement grignotés par les différents actionnaires. Il n'avait pas l'audace de ceux avant lui, il avait eu de l'orgueil des Selwyn que la stupide persistance qu'un jour tout irait bien. Elle ne comprenait pas, la femme habituée au fatalisme des pays germaniques. Pour elle, ce qui est ne sera jamais autrement. Ainsi, elle le trouve beau dans sa splendeur des quêtes perdues et elle lui a offert ce qu'on ne pouvait acheter.

— Son frère vient peu de temps au monde après elle, un beau bébé garçon qui fait le bonheur des Selwyn. Peu importe si la maison n'est plus à eux, peu importe si les robes deviennent des rideaux, la future génération est là et avec elle, les parents peuvent sentir le traître vent de l'espoir sur leurs visages. Il y a le Fils, le Faux Bourdon et la Fille, l'Abeille. Aeres.

— Le père meurt un jour, brusquement tel un moldu. Rupture d'anévrisme, il portait trop l'homme né dans les mauvais temps avec les mauvaises dispositions mentales. Aeres se rappelle que de l'étrange silence entre les murs de son chez-elle où les hommes vont et viennent pour réclamer les bijoux de sa mère, les gallions de son père et les choses dont son père parlait les yeux brillants de générations avant lui.  Elle n'a jamais eu la place dans son coeur pour pleurer son père, il ne restait que la terreur de voir ses jouets emportés. égoiste

—  La mort du dernier Selwyn entraîne la crise historique des entreprises Selwyn car privé d'un chef  et autant criblée de dettes que de décisions désastreuses rend ses actions financières particuliement faibles et elle se fait rapidement achetée par un compétiteur tiers.

— La mère tient bon, elle a ses deux enfants et la société sorcière contre elle. On les considère avec pitié ces êtres dont la seule noblesse est lentement arrachée à eux par l'appauvrissement constant de leur château historique. On rit sous capes de cette mère seule avec sa fierté de femme à terre et la puissance de ses désirs d'excellence sur ces jeunes enfants. Il est temps de s'isoler pour la veuve, protéger ses enfants du mépris qu'elle sent naître derrière les grimaçes des Sangs-purs et de la sombre ironie hantant les yeux des sang-mêlés déchus. Aeres ne comprend pas, elle hurle la perte de ses amis de jeu, elle comprend que quelque chose se déchire lentement sous ses doigts d'enfants. Elle était jeune, trop jeune pour réagir mais trop âgée pour se draper d'ignorance.

—Les journées deviennent dures et longues sous la tutelle impératrice de sa mère, si tout doit s'effondrer alors les enfants doivent être parfaits pour porter les pierres de ceux venus avant eux. Les coups à la porte doublent et les murs se dénudent des portraits sévères aussi bien que des teintures lourdes et poussiérieuses. On apprend à Aeres à parler, se taire, tenir la tête, maîtriser ses capacités. Cette période n'est qu'un flou artistique où tant de choses est à apprendre et tant est à craindre.

—Très vite, sa mère lui enseigne la crainte, l'angoisse de perdre, la colère d'être prisonnier des circonstances. Elle lui raconte ce qu'il est à venir et Aeres ne peut que la croire. Elle se croit protegée dans ce château perdu dans son pays de Galles, là où elle peut admirer le vol des oiseaux et surveiller les essais maladroits de son frère sur le petit piano du salon. Puis on l'emporte le piano, et il ne reste que les oiseaux et son frère. La misère rend les liens plus doux malgré que chaque soir, son corps tremble à l'idée de s'affronter à cette société de démons et de monstres décrits par sa mère. Chaque jour est un jour qui la rapproche à Poudlard, et c'est avec une crise d'angoisse qu'elle accueille sa lettre pour l'école.

—Le soir avant son départ, elle pleure. Elle pleure pour son père, elle pleure car elle sait qu'elle ne pourra plus pleurer après et elle pleure pour le futur qu'elle envisage comme difficile. L'enfant est décrite comme prête par sa mère, percluse de l'angoisse d'être jetée à ses loups mais sur les quais 3/4, armée de la vieille baguette de son père, Aeres souffle. Ce qui doit arriver arrivera, ce qui est ne pourra être changé. Certains regards reconnaissent sa mère, d'autres chuchotent sur ces miséreux, mais il est temps d'affronter son destin, Aeres.

— Ce que Aeres pensait comprendre est pire que ce que son esprit protégé lui a permi de concevoir. La répartition est difficile, la violence du monde l'étouffe sans qu'elle ne puisse parler mais ce n'est pas cela le coup de poignard de Brutus. Non, c'est la disparition définitivement de son chez-elle. Le château familial, dernier bastion des Selwyn, tombe dans une enchère dans le maigre espoir de rembourser ce que les Selwyn doivent. Aeres l'apprend d'une lettre lapidaire : "Nous n'avons plus rien, ma fille". Ses yeux sont restés secs mais son visage baissé quand certains croisaient sa route. Elle était la pauvresse, l'enfant sans rien, la Poufsouffle indigne. Elle a cru mourir dix fois chaque matin, s'étiole dix fois chaque midi, s'éteindre dix fois chaque soir.

— Sa mère et son frère purent bénéficier de la générosité d'une ancienne amie des Selwyn, restée fidèle même dans la déchéance. En échange du labeur de la veuvle Selwyn dans sa boutique, elle lui offrirai toit et nourriture dans l'un des cottages de son époux. C'était une humiliation pour Aeres mais que pouvait-elle faire de plus que subir ? Alors elle s'acharne dans ses études, vivant chaque note comme la génésis de son existence. Certains professeurs applaudisent une si bonne élève tout en voyant son caractère renfermé et anxieux avec une certaine peine au coeur.

—  Peut-être que c'était là le secret du Choixpeau mais elle a trouvé en Poufsouffle ce que son âme exigeait pour grandir. Certains nés-moldus sont devenus ses amis, d'autres sang-mêlés ont été là dans les couloirs face aux autres et dans la violence de l'adolescence qu'elle a apprit à rire aussi bien que son frère. Le rire ne rachète pas une baguette, ni une nouvelle cape, ni les sueurs de sa mère pour finir de payer les dettes dont elle a hérité mais le rire lui rappelle qu'elle peut y arriver. Mai au fond, la pré-adolescente le sait.Elle est seule face à tout cela, elle est seule face à ses bourreaux, elle est seule face à ses cauchemars récurrents, seule face à l'infortune.  

—Sa scolarité est difficile malgré des notes excellentes, la vie ne la rend pas tendre. Elle souffre de vouloir être proche de ceux comme elle de sang pur tout en subissant leur pitié mêlé au ridicule. Elle s’affirme, Aeres l’héritière face à ce monde qu’elle doit tailler de ses propres mains. Malgré la braverie qu'elle montre, malgré la résillience dont elle peint ses traits, Aeres désire. Elle désire jusqu'à en perdre le sommeil, elle rêve de gloire et de puissance, elle rêve de repousser les baisers de ceux qui l'injurent.

—Les récompenses s’accumulent, les revers aussi. Préfète en cheffe mais moquée pour ses affaires achetées de seconde main, Première de classe mais rejetée par son premier amour, sa vanité hurle sa terreur. Son égo s'erige comme barrière entre elle et le monde, entre elle et ceux qui peuvent la blesser, à force de la mettre comme inférieure Aeres s'élève comme une déesse. Oh, comme elle aime les compliments, les regards sur son corps, cette sensation exquise d'exister en dehors de ce qu'elle est. Certains de ses amis se retournent contre elle, les raisons ne lui importent peu, elle sait que rien n'est sûr dans ce monde les hommes comme les richesses.

—Son DEMA apparaît entre ses doigts sans qu'elle n'y pense grand chose, continuer ses études étaient une façon comme une autre de s'assurer le couvert et le logement sans devoir affronter le fantôme fatigué et délavé de sa mère. La voilà diplomée de Justice, et pourtant elle a disparu. Une lettre à sa mère, un baiser sur la joue de son frère et là voilà dissolue dans le temps.

—C'était son égoisme le maître derrière ses errances en pays moldus, ses coquetteries avec des moldus. Elle souhaitait si ardemment connaître la vie en dehors de son nom qu'elle a tout jeté. Elle en a vu des choses et des gens, elle a brisé des coeurs avec la joie des femmes qui se savent belles et finalement, ses soupirs ont balayés tout ses soupirants.

—Fuir était ce qui était attendu d'elle, Aeres le savait. Elle entendait déjà les jasements de cette société dont elle faisait malheureusement partie et son égoisme mettait son frère comme unique responsable d'une dette que leur deux sang portaient ensemble. La piété familiale a parlé autant que l'orgueil de sa naissance et elle est revenue à Londres, le visage haut et plein de l'assurance tranquille qu'elle allait s'en sortir.

—Elle a joué de sa ruse pour obtenir une place au ministère chaque moyen était bon pour récuperer une place, n'importe laquelle, dans la Justice Magique. Peu importe ce qu'elle devait affronter, son ego avait vécu pire. Son frère avait tant changé, d'un garçon il était devenu un homme. Sa mère avait vieilli de vingt ans en un an et elle a ainsi vu les conséquences de ses actes dans la faiblesse des mains des siens, le courroux défait qu'elle lisait dans chacunes de leurs actions envers elle. Eux qui n'avaient eu de cesse de la soutenir, de la fêter à chacun de ses grands moments, désormais elle ne vivrait que pour eux. Elle était une Selwyn avant d'être une Aeres, ainsi le monde l'avait-il crée, ainsi l'acceptait elle.

—Une place d'avocat se libère subitement et grâce à ses crocs, sa détermination et ses compétences qu'elle l'accapare et s'élève au statut d'avocate du Magenmagot. Elle ne le célèbre pas, elle ne voit ça que comme la porte d'entrée vers son avenir qu'elle doit forger d'or et de succès. Chaque pas en avant est un pas qu'elle alourdit de tout ses espoirs, de toutes ses humiliations, de tout son apparence joyeuse et inspide. Tout client qu'elle défend est comme une partie d'elle-même et par conséquent, tout procès perdu est une balle figée à jamais dans sa chair.

— La vie n'est pas aussi luxeuse que celle que ses ancêtres ont pu vivre, son appartement est miniscule et les voisins bruyants. Parfois on toque à sa porte pour payer les derniers créanciers, les différentes dettes qu'a pu accumulé l'ancienne minauderie de sa mère. Ses économies sont comme des mirages disparaissant à chaque fois qu'elle pense en avoir assez pour respirer. Mais Aeres ne peut plus se permettre de désespérer sinon elle se noierai à nouveau. Elle fuierai à nouveau. Alors elle tient debout face aux autres, face à son frère, face à elle-même.

— Un jour peut-être, elle deviendra puissante assez puissante pour aider son frère à recréer l'entreprise, assez puissante pour ses enfants soient admirés comme ceux des Rosier ou des Avery, assez puissante pour paver son chemin vers le bonheur des dalles d'or. Et en attendant, elle épousera, vaincra, subira, se battra pour le meilleur futur qu'elle ne cesse d'attendre depuis sa naissance.