Tu ne dissimules pas ton soulagement - l'hésitation de sa voix semblait venir de l'embarras global plutôt que d'une hésitation à te confier. Tes épaules se détendent alors que tu t'apaises - que tu lui souris.
Avant d'étouffer ses remerciements de ta bouche contre la sienne - un baiser superflu, rapide. Amusé.

Chut. Tu n'as pas à me remercier pour une chose pareille.

Sa main sur ta joue vient te faire blottir le visage contre ses doigts, inclinant la nuque pour s'y nicher avec plus de force - fermant les yeux pour le laisser te contempler sans gêne, te laissant à son regard.

Seulement si tu le souhaites - je peux très bien rentrer, si tu préfères rester seul.

Tes mains se nichent au creux de ses reins, le maintenant pour ne pas qu'il tombe en arrière - appréciant autant qu'il te laisserait faire la chaleur de sa peau contre tes doigts. Bien que ton corps ait encore du mal à s'apaiser, surtout au vu de la position dans laquelle vous vous trouvez, ton ardeur, elle, se calme et se rendort, paisible dans le sentiment de confiance et de douceur qui s'installe lentement entre vous.
Peut-être n'était-ce pas une nuit de passion mais une nuit de confidence qui t'attendrait s'il te laissait partager ses heures nocturnes.

Léger rire, tu l'observes Earl, de sous tes paupières à demi baissées.

Penses-tu que je risque quoi que ce soit dans les rues le soir ?

L'attention est agréable, cependant, et tu ne dissimules pas ton sourire.
Il s'écarte, et tu l'observes s'habiller, grimaçant de la fraîcheur laissée par son absence contre toi - abandonnant tes mains sur ton bassin pour dissimuler ton érection qui peine à refluer.
Sa remarque te surprend et tu relèves vivement la tête.

Oh je... J'aurais pensé que tu voudrais qu'on dorme ensemble.

Rire nerveux tu secoues la tête, haussant les épaules légèrement.

Je peux dormir sur le canapé, cela dit. Je préfère même - je ne me sentirais pas à l'aise de prendre ta place.

Il ouvre la fenêtre et tu te décales légèrement, avant d'hoqueter lorsqu'il sort une cigarette - et c'est comme une bénédiction que de sentir la première bouffée qu'il prend, alors que tu tends les doigts un peu fébrile.

Je voulais pas fumer ici, mais oh bon sang, puis-je te la voler ? Je rêve d'une cigarette depuis la fin du repas.

Un éclat de rire face à ta bêtise - il aurait suffit que tu demandes, visiblement, mais tu n'avais pas voulu casser la bulle dans laquelle vous vous étiez nichés.
Bulle qui, indistinctement, continuait de vous envelopper - tout en se remplissant de fumée.
Il faudrait un peu de temps pour savoir si vous vous y étoufferez ou si au contraire elle éclaterait.

Un léger sourire orne tes lèvres - alors ainsi, il n'y avait eu qu'une timidité qui l'a gardé de te proposer de partager sa nuit.
Enfin, seulement le sommeil que la nuit apportait.
Tu n'as pas vraiment le temps de réagir, de lui faire part de tes pensées, qu'il glisse une cigarette entre tes lèvres. Le soulagement se fait présent, et les remerciements se dessinent dans tes yeux, avant que Croyance ne te rappelle de la plus belle des façons pourquoi tu n'aurais peut-être pas dû venir.
Pourquoi malgré vos passifs communs et souffrances partagées, ce n'était peut-être pas une si bonne idée.
Tu te recules légèrement, refusant de le blesser en lui montrant à quel point le rappel de sa nature sorcière était une douche froide pour toi.
Suffisamment pour te débarrasser de tes tensions physiques en tout cas.

Oh... Mhm, merci.

De profil à lui, dos à la fenêtre, face à cet appartement que la pénombre envahit agréablement, tu te perds dans la cigarette, Earl.
Qu'importe au final comment elle était allumée, non ?
Tu te leurres en croyant qu'un jour tu réussiras à te trouver une place parmi les sorciers. Pas quand la moindre magie te fait autant tiquer - entre dégoût et haine.
Entre deux expirations, Croyance formule tes pensées.

Tu as plus de chances d'y arriver que moi.

Tes yeux se ferment, ta tête se laisse tomber en arrière contre le cadre de la porte. Tu le penses, quand tu le dis. Toi, t'as déjà tout abandonné, Earl. Comment y arriver avec autant de ressentiments et de violences refoulées ?

Faire abstraction est difficile et laborieux. La cigarette si désirée finit par parachever ce besoin subitement apparu. L'éclat s'éloigne lentement, mais tu sais, Earl, qu'il ne sera pas loin. Qu'il suffira que tu tournes ton esprit trop librement pour qu'il réapparaisse dans ton champ de vision et obscurcisse à nouveau tes pensées.
Ta malédiction à toi, faut-il croire.
Un sourcil relevé répond aux paroles de Croyance - avant qu'il ne vienne embrasser ta tempe, doucement. Le contact est agréable, frais - mais les paroles sonnent faux, bien qu'il les pense sûrement vraies.

Mhm, pas vraiment, non. Seulement, moi je poignarde autrui dès que j'en ai la possibilité.

Combien de sorciers avais-tu défiés ? Combien de baguette avais-tu affrontées ? Tu ne les comptais plus - visages qui se fondent dans la fresque de ton esprit sans considération aucune pour leurs identités.
Rares étaient ceux qui méritaient d'être reconnus parmi cette masse humaine.
Croyance écrase sa cigarette au creux de sa main et tu frissonnes, détournes les yeux.
Un réflexe si détaché.
La tienne finit écrasée sous ta chaussure - avant d'être abandonnée dans le cendrier.

Tu dois te lever tôt demain matin ou t'as la matinée libre ?

Tes pas s'éloignent juste assez pour récupérer un chiffon et le mouiller, avant que tu ne reviennes, prennes sa main et nettoie l'endroit où le bout incandescent de la cigarette l'a brûlé.

Sa remarque te fait rire. Ton regard se pose sur lui avec une certaine tendresse, peut-être un peu de nostalgie - l'humour était une chose du passé que tu contemplais toujours avec un certain recul, Earl, trop épongé de tes douleurs pour l'apprécier.

Des conseils pour te faciliter le travail ?

Un clin d'oeil, avant que tu ne portes sa main à tes lèvres, dépose un baiser au creux de cette paume malmenée - tendrement.
La serpillère est rejetée sur le côté alors que tu étires tes bras, cherchant du regard le passage pour la chambre - afin de t'y rendre.
Mais l'appartement t'es toujours étranger alors tu ne bouges pas, l'observant curieusement.

Tu n'auras pas de blâme ? Je peux encore rentrer.

Tu ne veux surtout pas lui causer d'ennuis, il faut se l'avouer - il avait été déjà drôlement... courageux ? téméraire, peut-être plutôt, de te garder à ses côtés après ce fiasco légèrement embarrassant.

Joues qui rosissent sous les paroles, tu lui souris en espérant qu'il ne verra pas la couleur de ta peau dans la pénombre.
Pour la santé de mon coeur.
Cela faisait bien longtemps que ce genre de sous-entendu ne t'avait pas concerné. Cela te flatte - éveille quelques émois émus de celui qui n'est pas certain de bien interpréter.
La main sur ta hanche, elle, te fait passer le message de ne pas douter.
C'est en riant légèrement que tu le suis, que tu entres dans cette chambre légèrement encombrée. Pourtant, l'impression est d'un agréable nid, fait pour bercer tout visiteur au sommeil avec facilité. La montagne de coussins est embrasée de tes yeux, alors que tu te demandes ce que ça fait de t'enfoncer entre eux.
Chez toi, pas de fioritures, le strict nécessaire - et un chien qui adorait détruire tout ce qui était en trop. Alors le contraste est saisissant et t'amuse.

Tant que tu n'auras pas de problèmes, tu sais...

Il te propose des vêtements - tu n'as pas le temps d'accepter qu'il te les tend, en profite, se moque de toi. Tes yeux se plissent alors que tu récupères les affaires, lui jettes le t-shirt en travers de la figure, fulminant - avec amusement.

Je vais te montrer ce qui va être trop grand pour toi, tu vas voir.

Tête secouée alors que tu enlèves ton haut sans te presser, exposant ton corps à son regard - ton dos relativement caché de son attention, pour l'instant.
Et tes yeux, qui se détournent, tombent sur les bandes tricolores. Bandes que tu observes quelques instants, comme si tu regardait un portrait ou un meuble.
Avant de réaliser.
Les rouages se mettent en place dans ton esprit, ton attention se tourne de nouveau vers Croyance, comme si dans les traits de son visage tu pouvais trouver ce que tu avais compris. Mais finalement, ton regard se baisse, presque contre ton gré, avant que tu ne rougisses vivement en détournant les yeux à nouveau.
C'était donc pour cela que tu avais eu l'impression de lui faire très peu d'effet.

J'ai tendance à dormir torse nu, même si je commence la nuit éveillé, désolé.

Changer de sujet, en aborder un autre, fermer les yeux et inspirer - tu plies tes vêtements en essayant de ne pas trop attarder tes pensées sur le sujet.

Grand éclat de rire, alors que tu souris, te changes, le tissus d'une douceur inouïe glissant contre ta peau. L'odeur légère, de l'amande peut-être, te berce gentiment, et tu tires la langue à Croyance, l'observant à la dérobée.
Son dos craque et ça t'amuse légèrement, et tu l'imites, t'étires, bailles.

Je n'ai quasi jamais froid, je t'avoue. J'ai souvent même trop chaud d'ailleurs.

La lumière s'éteint avant que tu ne puisses t'orienter vers le lit, et c'est un léger ricanement qui t'échappe - la sensation d'être de retour aux années plus douces et plus prônes à pardonner t'envahissant vaguement.
Mais le peu de luminosité qu'offre le dehors te suffit à entrevoir ses bras tendus dans le vide, et c'est à tâtons sur la moellosité de sa couette que tu t'approches de lui, lui grimpes dessus pour t'asseoir à cheval sur ce que tu devines seulement ses hanches - l'épais duvet protecteur de la proximité.

Tu arrives à dormir là-dedans ? C'est si... mou.

Tes matelas à toi ont toujours été durs - fermes. Mais tu admet pourtant que la douceur des tissus sont une caresse agréable sur ta peau exposée - habituée à des traitements plus rêches, par manque de volonté de te préoccuper de ce genre de choses.
Un rire, qui te détend soudainement, alors que tu appuies des doigts quelque part sous toi.

Ou c'est toi qui est mou -

Tu éclates de rire, Earl.
Comme jamais tu n'avais rit de tes années de jeunesse. Comme si possiblement, tu avais le droit à un peu de bonheur stupide, comme ça. Serein. Infantile, presque.
Les draps t'accueillent avec douceur, te bercent - mais tu ne t'attends pas à ce qu'il t'enlace comme ça, se blottisse contre toi.
Ça te surprend, oui. Mais c'est agréable.

Ah... Attends.

Tu te défais de ses bras - seulement pour te glisser sous la couette, à ses côtés, plus confortablement. Et tu viens le chercher, glisser sa tête sur ton pectoral, quérir ses bras pour les mettre autour de ta taille, alors que toi-même tu enlaces ses épaules, cales ton menton entre ses mèches si blanches qu'elles sont un phare dans la pénombre alentourante.
Blotti ainsi tu expires, de confort, d'un certain plaisir, avant de te figer - rire tout bas.

Est-ce que mon chien va être jaloux à ton avis -

Taquinerie qui sur le coup te paraît bien innocente - mais qu'à réflexion tu espères ne pas être blessante.

Ton amusement revient lorsqu'il répond du tac au tac sans sembler blessé.
Tu notes l'information - Marquis allait te détester. Déjà que tu le désertais pour aller dormir chez autrui, mais en plus en rentrant il saurait que tu l'avais trompé sur tous les fronts.
Tu en es amusé d'avance.

Me remercie pas, va. C'est plutôt à moi de le faire.

Ta main vient caresser sa joue, effleurer son menton avant de le saisir, et tu remontes légèrement son visage pour déposer un baiser sur ses lèvres.

Merci.

Un sourire, avant que ce ne soit son front que tu embrasses, reposant ensuite sa tête contre toi - tes yeux ancrés dans l'obscurité se laissant fondre dans celle dissimulée sous tes paupières.

Bonne nuit, Croyance.