caractère

Lorsqu'on l'écoute, le vent raconte des histoires. Il relate des faits que le temps lui-même a oublié, que les océans ont noyés, que les pluies ont bercés, et que les terres ont avalés. Si on l'écoute suffisamment, on peut entendre le vent pleurer les murailles déchues, les dévastations, les meurs les pires qu'il ai jamais vus.
Dans le silence de son souffle, on pourrait presque entendre l'éclat, la fissure, celle de la naissance du monde même.
Earl n'a jamais écouté.
Il a toujours été sourd à ce qui était passé, toujours préféré se concentrer sur l'avenir, jusqu'à en oublier le présent.
Il a brûlé plus de ponts qu'il ne pourrait en compter.
Earl c'est le vase qu'on a brisé et qu'on a oublié, quelque part dans les cartons poussiéreux. C'est la porcelaine qui jamais ne retrouvera son éclat, qui jamais ne pourra être revernie, aux bords tranchants qui dissuadent d'essayer de la réparer.
Il n'est plus qu'une épave au regard tourné vers l'avenir. Il n'espère pas trouver, il compte chercher - car l'ambition le pousse, mais vers quoi ? Cela, il ne saura vous dire.
Earl n'a pas perdu de son éclat pourtant. Pas entièrement. Il s'est effacé, oui, mais il reste fougueux, il reste inégalable. Il sait et s'assure que les autres sauront ce qu'il vaut - mais une fois ces règles là assénées, il se fiche bien de ce que les autres font de cette information. Ils ont leurs vies, il a la sienne.
Earl c'est celui qui se déteste de tout son soul. Celui qui s'il pouvait, se lacèrerait jusqu'à la fin des temps pour tout le mal qu'il a fait. Il voudrait tant payer le prix, les prix de ses erreurs, et pourtant il est conscient qu'il ne peut pas. Que c'est trop. Que c'est la seule ambition qu'il n'atteindra pas.
À croire qu'il est devenu réaliste. Que d'un pessimiste désintéressé a grandi un homme qui sait affronter la réalité. Qui sait qu'elle est inévitable, qu'elle doit être vécue - et qu'il ne peut qu'attendre qu'elle s'écoule.