Un léger sourire en coin, Apolinary secoue légèrement la tête mais ne dit rien. Il ne s'était jamais trouvé une apparence extraordinaire, bien au contraire, et cela ne le gênait guère - les gens beaux avaient la vie bien dure, à ne pas pouvoir passer inaperçus.
Ses doigts coulent sur les reins du brun, caressent les courbures et cambrures de ce corps qu'il a étudié du bout de ses lèvres, avant de fondre dans les cheveux de jais pour lui rendre son baiser.

Oui - mais rien à voir avec mon apparence je crains.

Léger rire, il s'étire sous lui, se mord les lèvres amusé, à le contempler. Il aimait ces moments d'intimité volée qui ne ressemblaient en rien à rien dont il se souvenait.
Parfois il se demandait à quel niveau était-il différent de son ancien lui - mais personne ne connaissait ce dernier alors comment le saurait-il ?

Tu m'avais parlé de recherches - ça a avancé ?

Il essayait sincèrement de s'intéresser à cette pousse là - dont les feuilles s'étaient entremêlées aux siennes sur plusieurs nuits - mais il fallait admettre qu'il n'était pas très perméable lorsqu'il s'agissait des informations sur autrui.
Désespérément il voulait faire de Tleyotl son exception.

S'il y avait bien une chose qu'Apolinary aimait c'était voir son amant réagir à ses caresses même celles si peu insistantes comme celle-ci. Au creux de ses mains il lui semblait sculpter l'argile de sa chair, voir sur l'épiderme fleurir les bourdons du ravissement, et sur les pommettes la chaleur d'un soleil trop intense. Il aimait aimer - et il aimait en voir les effets.
Sa voix laisse éclater un rire qui se meut en un gémissement étranglé sous la morsure, et ses ongles viennent érafler la peau en récidive.

Je ne suis que roux, tu sais, rien de si impressionnant. Et je te trouve très peu valorisant de mon logement.

Ton taquin et amusé, son rire s'écarte davantage, devient presque bestial alors qu'il dévisage sa précieuse distraction avec amusement.

Une affaire urgente qui ne supporte pas d'être décalée -

Clin d'oeil et il le bascule sur le côté, entremêlant ses jambes aux siennes, s'appuyant sur son coude pour mieux le contempler - appréciant de le voir ainsi effondré au creux de ses draps verdoyants.

J'en ai vaguement entendu parler, oui. C'est certain que si le processus peut fonctionner ainsi, il peut être renversé. As-tu pu mettre la main sur comment cela a été fait ?

Pensif, Apolinary glisse ses doigts sur son poignet, les remonte jusqu'à son épaule.

T'es-tu intéressé aux nés-moldus ? Ce qui change dans leur potentiel génétique, entre leurs parents et eux-mêmes, pour en faire des sorciers ?

Son cerveau carburé pour la science était déjà engoncé dans les réflexions - ses mains se baladant sur la peau exposée de Tleyotl sans même qu'il n'y prête attention.

Une punition, oui... Mais cela pourrait être bien plus que cela, aussi. Cela ouvrirait des portes à bien plus de choses, au final.

Ses lèvres mordues et son regard perdu dans le vide, couplé à sa chevelure emmêlée, dessinent de lui un portrait particulièrement fou - et passionné pour l'expérimentation, qui sans qu'il s'en souvienne réellement l'avait déjà perdu une fois.

Regard amusé, souffle qui retient le rire prisonnier, il secoue la tête, esquisse un clin d'œil taquin. Il aime l'idée de se voir interrompu sans préavis, par une telle délicieuse distraction. Mais il sait aussi à quel point cela pourrait être addictif, à quel point il ne pourrait résister à chacun de ses retours.
Après... son affaire était aussi florissante que ses produits, alors ne pouvait-il pas se le permettre ?
Mais ses pensées dérivent et il acquiesce doucement.

Qu'est-ce qui est transformé alors, et comment ? Est-ce un procédé que l'on peut reproduire ? Est-ce quelque chose qui a déjà été altéré ?

La science possédait toutes les réponses, qu'importe qu'il s'agisse de vérités ou de mensonges.
Le baiser de l'homme contre lui lui fait réaliser pourtant qu'il y a parfois plus que simplement les faits.
Soupirant, il lui rend le baiser.

Compte sur moi pour être l'amant altruiste pour t'en épargner.

Et il vient l'attirer à soi ardemment, pour embrasser son cou avec un éclat de rire, mordillant sa peau.
Il ne pouvait pas le soulager de ses peines mais peut-être lui rendrait il le temps plus doux.

Il sourit, rougit légèrement, secoue la tête.

Bien sûr, excuse moi. C'est sûr que ce n'est pas moi qui vais t'offrir des idées révolutionnaires.

Il rit doucement, l'écoute, porte une main à ses lèvres pour mordiller une phalange pensivement, un réflexe habituel lorsqu'il réfléchir profondément. Mais ses yeux finissent par accrocher le spectacle devant lui, délicieux, et il effleure la joue de Tleyotl, hoche la tête.

Ensemble ils sont surpuissants - mais nos mondes diffèrent trop pour les accepter unis.

Il hausse les épaules, presque déçu de cette réalité - s'appuie en arrière en soupirant doucement. Il berce le corps contre lui, passe une main dans ses cheveux avant de rire à sa remarque, rouler des yeux.

Tu es particulièrement de mauvaise foi.

Il tend son corps sous la légère caresse, ferme les yeux en blottissant son visage au creux de sa main. Les compliments le flattent et il ne sait comment y réagir - rougissant doucement.

Tu me flattes, tu sais ?

Il soupire, attrape sa main, dépose ses lèvres au creux de ses doigts et la question attire son regard, fait pencher sa tête.

Tout voir s'effondrer ?

Il est pensif à nouveau, hésitant cette fois-ci.

Le monde n'est que fatuité, de toute façon, alors si, j'imagine. Mais je pense aussi qu'il serait trop regrettable de tout faire écrouler sans avoir exploré tous les chemins possibles avant.

Il est si doux, Tleyotl, si tendre et aimant, et Apolinary apprécie chacun de leurs instants, chacun des baisers qui lui sont offerts, attendri et appréciant la présence et la proximité de l'homme.
Doucement, il se laisse à un éclat de rire.

Me voilà donc ta muse - cela me flatte, mais je ne m'accorderai pas trop de crédit dans tes exploits.

Clin d'oeil alors que ses mains reviennent se perdre sur le derme, alors qu'il explore la douceur et la chaleur de la peau.

Déprimante ?

Il penche la tête, se fait pensif. Il ne se trouvait pas du tout déprimant - il trouvait qu'il avait une approche réaliste des choses, qu'il ne pouvait qu'être objectif puisqu'il n'avait aucun souvenir du passé. C'était peut-être faux.

Les chemins sont les possibilités. Si je plante mes graines dans la terre, comment pousseront-elles si je ne les arrose pas ? Et si je les arrose trop ? Et si je les arrose avec du sang, que leur arrivera-t-il ? Comment je peux le savoir si je ne profite pas de mon temps pour explorer tout ce qui est explorable ?

Sous ses doigts rêches par le travail et la fatigue, la peau de Tleyotl se pare de bourgeons qu'il se découvre aimer caresser, Apolinary, les apaisant et les taquinant, allant et venant légèrement puis avec plus d'instance, comme si le derme pouvait transparaître quelque chose de plus brûlant qu'il cherchait à récolter.

As-tu déjà vu un séquoia, Tleyotl ? Le trouves-tu éphémère alors que les années n'ont su les faire s'effondrer, alors que les générations d'hommes se sont éteintes à ses pieds sans qu'il ne cesse de pousser ?

Il lève les yeux lorsqu'il le surmonte, lui imaginant des ailes lumineuse un instant, offrant sa gorge sans craindre de coups, fermant à la place les yeux lorsqu'il vient l'embrasser, soupirant sous ses lèvres brûlantes.

La mémoire est faillible, Tley.

Les mains se font pressantes au bas des reins de l'amant, et Apolinary lui adresse un regard bien peu chaste.

Mais la terre, elle, n'oublie jamais. Brûle là une fois, et crois moi, elle s'en souviendra bien après que le feu t'aura éteint.

Les baisers brûlent sa peau, le font se réchauffer, tendre un peu plus la gorge, serrer un peu plus ses doigts sur les courbes de l'autre.

Le libre arbitre... Je persiste à croire que les plantes le possèdent, tu sais.

La pression contre son intimité le fait soupirer chaudement, et Apolinary lance un regard brûlant à Tleyotl, se mord les lèvres puis vient chercher les siennes pour un baiser ardent.

C'est une préférence compréhensible.

Clin d'oeil amusé, il vient caresser les cheveux corbeaux, attire le visage de son amant contre sa peau.

Elle peut guérir, mais elle peut aussi condamner.

Comme si ses paroles étaient détachées de ses actes, il saisit Tleyotl par les hanches pour le renverser sous lui et sourire glorieusement en le surmontant ainsi.