Tu as encore de la terre derrière les ongles. Encore la souffrance au creux du coeur.
Pour encore bien trop longtemps.
Il te semble que la peine est une horloge qui d'un tic-tac incessant envahit ton esprit de ses bruitages trop forts, trop présents.

Tic.

Tac.


Tic.



Tac.

Que l'univers se taise et te laisse respirer un peu, que les minutes cessent de s'égrener aussi lentement.
Lorsqu'elle arrive, c'est comme si l'on avait laissé l'air entrer par la fenêtre.
Tu inspires profondément.
Mais sans vent, le courant n'est qu'illusoire. La peine est encore trop lourde. Trop fraîche.

Je l'ai causée. Ma peine.

Tu souris légèrement, sans même chercher à cacher les larmes qui s'écoulent de nouveau.
Le mécanisme s'enclenche.
Les rouages tournent.
L'hirondelle est coincée sous le toit de verre.
Elle ne peut plus crier, seulement s'abandonner.

Peut-être ce sont ses mots, peut-être est-ce ta peine ébréchée par un autre oiseau qui font que lorsqu'elle s'assied près de toi, tu l'attires sur tes genoux, referme tes bras autour de sa frêle silhouette, pour venir éteindre tes larmes contre sa gorge.
Et sa peau est vite trempée de ta peine alors que tu sanglotes silencieusement contre la femme que tu aimes, dont la chaleur absente n'est que réconfortante, un rappel qu'elle, elle ne t'abandonnera pas, qu'elle, elle sait se protéger, se défendre de ce monde qui ne veut que ton agonie.
Personne ne remarquera cette discrète absence, personne ne remarquera ta solitude un peu plus prononcée, personne si non elle, si non ton fils que tu ne peux étreindre.
Car les sacrifices sont en son nom, en son nom que tu sanctifies de tes larmes contre la peau de ton aimée.

Je savais que cela arriverait, Maxine. J'ai posé ce verre sur le coin de la table et j'ai attendu que l'on se heurte dedans pour pleurer lorsqu'il s'est éclaté au sol.

Tu secoues la tête, tes paupières collées par les larmes refusant d'apprécier autre chose que l'obscurité.

Je fais payer aux autres le prix de mes ambitions...