Algae existe, et c’est déjà beaucoup.

Il faudrait remercier sa patience envers elle-même, sa résilience qui la force à mettre un pas devant l’autre, encore et encore. Elle mériterait des trésors pour être en vie, pour respirer à chaque instant. Pourtant, la seule couronne qu’elle arbore se compose d’épines et d’orties.

Autrefois, elle était une force dévastatrice.
Aujourd’hui elle se contente de réguler ses marées - et de ne pas vous noyer dedans. Il reste là, cet océan. Elle a appris à ne plus y plonger. A la place, elle vous noie de son regard azur et de ses manières douces, pansent vos blessures et vous encense d’adages charmants. Du bout de ses lèvres affolantes, elle délivre une tendresse farouche et bien étrange.

Autrefois, elle fut faite d’or et de platine.
Elle se contente dorénavant d’un cœur fait d’argent et de doigts sertis d’ongles de diamant. A l’état brut, elle fut sauvage. Elle est aujourd’hui imprenable, trône dans le ciel composé de ses rêves brisés et de ces réussites arrachées. Elle aurait pu briller par les autres, elle se contentera de rayonner par elle-même du haut de son nuage.

Être dans le ciel, c’est tout ce qui lui reste depuis qu’on l’a chassé de la mer.
Alors elle veille de là-haut, loue un amour profond à quelques êtres. Elle dispense ses sourires charmeurs et ses paroles bienveillantes. Sans même réaliser, elle s’installe dans vos vies, vous hypnotise de ses paroles salvatrices, de ces rires enfantins et de ses prunelles innocentes. Elle vous donne un amour profond, un attachement sans borne.
Jusqu’à ce qu’elle disparaisse.

Trop habituée à aimer trop fort, elle fuit dès qu’elle se rend compte de ses torts. Elle fuit les émois qu’elle provoque, fuit les relations qu’elle construit, détruit tout encore et encore.

Elle se hait de faire ça.
De chaque fois tout gâcher.

Elle fut autrefois libre.
Ses ailes coupées, elle s’est jurée de n’appartenir qu’à elle-même. Aussi c’est son propre royaume qu’elle habite, refuse qu’on vienne encore le détruire. De ses ongles de diamants, elle délivre la douleur, remue les couteaux qu’elle plante pour s’assurer de la mort de ces victimes - s’assurer que personne ne l’enchaîne à jamais.

Algae existe, et c’est déjà beaucoup.
Elle ne saurait pas faire plus que respirer.