Elle m’avait appelé ce matin. Elle avait besoin de moi, de mon aide, de mon temps. Je ne pourrai jamais rien lui refuser… Si j’avais une sœur j’aimerai qu’elle soit ainsi. Comme elle. Comme ma Tal.

Le hasard avait fait que nous nous retrouvions tous deux à Londres. Le temps où nous parlions allongé dans les herbes hautes du printemps Français était loin.
Semblable au vent, elle était passé dans ma vie la rendant plus douce et plus supportable. Elle faisait partie des rares beautés de ma vie, de ce monde, un sourire que je voulais préserver, mais je devais l’avouer… depuis nos retrouvailles... nous n’étions plus les mêmes. Plus d’enfant rêveur, bagarreur, peu souciant de demain, car au château nous étions dans notre bulle... Oui tout ceci était loin...
Je ne savais que peu de chose sur sa vie, les ombres qui la suivaient, mais je ne demanderai pas. Je ne lui ai jamais demandé car cela ‘importe peu.
Si elle m’appelait, j'étais là.
Je ne veux pas savoir, car je sais déjà qui elle est. Ma Tal.

Pour la soirée je me retrouva chez elle. Notre dernier verre ensemble remontait à quelque jours déjà… Jusqu’ici je n’étais jamais venu et je sus rapidement pourquoi.

Hébé.

Un bébé. Le sien ? Non, c’était peu probable. Pourtant, je ne lui posa aucune question et prit l’enfant dans mes bras précautionneusement.
Je ne portais jamais de masque en présence de Tal et elle m’avait surtout explicitement précisé de ne pas le faire.
Un bébé. Si petit, si fragile, de seulement deux années de vies. Je m’étais penché pour la sentir. C’était vrai qu’ils avaient une odeur particulière. Le savon et le talc.

Elle m’assomma quelque peu de recommandations. Pas par manque de confiance, mais… n’était-ce pas là le rôle de toute mère ? De devenir des lionnes protectrices avec leur petit.

Puis elle nous laissa, dans cette petite chaumière simple et fonctionnelle.

Je veilla sur elle comme un dragon sur son trésor. J’étais à l’affût du moindre bredouillement de parole. Dehors le ciel se couvrait, alors je fis en sort que la lumière fut.

Bébé... oui car en dessous de dix je ne voyais que des bébés... c'était la première fois que je m'occupais d'un enfant et Hébé se déplaçait vite sur deux comme quatre pattes. Elle aimait beaucoup jouer dans mes cheveux, et pour détourner ses petits mains qui n’existaient que pour l’emmêler dans mes longues mèches… je décida de l’occuper et jouer avec elle en utilisant le sortilège « Avis », ce dernier faisant des merveilles.

Alors comme ça bébé aimait les oiseaux.

« Tu es bien sage. Tu ne pleures pas, tu manges bien. Oui, piou piou oiseau c’est ça. »

Ma voix ne changeait pas. Fidèle à moi-même, mon timbre était claire et distinct. Je fixais la petite et lui parlais sans prendre de comportement ou de voix abrutissante.

Je me demandais qui la gardais lorsque Tal et moi nous nous voyons… La réponse ne m’importait pas tant que ça maintenant que j’étais là.

« Toi tu préfères que ce soit moi qui te gardes… serre mes cheveux pour un oui. Voilà, serre fort. Hum, je suis d’accord, moi aussi je préfère quand c’est moi qui veille sur toi. On sera deux face à Tal, elle ne pourra pas dire non. »
Je venais de trouver une acolyte.

C’était reposant de discuter avec un enfant. Et Hébébé était très coopérative. Se faisant tard et une fois propre, changer, je m'employa à tamiser la lumière pour la coucher.
Soudain, un flash blanc éclaira la maison, suivit d’un grondement sourd.

L’orage tonnait dehors et en duo bébé commença à pleurer. Je la regarda un instant quand un second flash nous surprit.

« Rassures-toi Hébé, je suis là ! »

Je la prit contre moi et armé de ma baguette je m’employa à occulter toutes les fenêtres de la maison.  Tenant et gardant la petite bout contre mon cœur et caché derrière le rideau que lui créait ma chevelure neigeuse. Je fis une grotte en coussin pour nous y glisser dedans.

« Expecto patronum »

Et devant ses grands yeux larmoyant mon grand héron cendré, spectral et vaporeux apparu. Toujours blottit contre moi elle regardait mon patronus curieux … mais c’était un oiseau et définitivement elle appréciait ça.

Hébé pleurait à présent plus doucement, à l’abri dans notre forteresse.

« Petite princesse Hébébé, je serai ton dévoué chevalier alors ne pleures plus »

Ma voix était toujours posé et calme.

Je l’entendais progresser dans la maison et arriver jusqu’à nous. Je fis alors disparaître mon patronus pour laisser l’attention de Hébé se porter sur Tal.

« Et bien nous n’en somme plus à ce stade, toi et moi... je soupira un peu avant de la rassurer, c'est normal voyons, tu peux compter sur moi. »

Je pris le temps de sortir de la grotte de fortune pour lui mettre l’enfant dans les bras après l’avoir sécher d’un coup de baguette.
Elle était rentré vite, sans prendre la peine de ce protéger du mauvais temps. Une mère, une lionne. Certaine, chose ne changeait pas… je pourrai presque esquisse un début de sourire en pensant à notre rencontre, mais je n’en fis rien.

« C’est une gentille fille, elle est bien élevée. A l’avenir préviens moi, je garderai Hébébé. Je serai rassuré de la savoir avec moi et non une nourrice. »

Ce n’était pas comme si j’attendais son avale, en vérité ça me plaisait de lui rendre service en m’occupant de la petite.

« Ton entraînement c’est bien passé ? »

Tout en parlant j’allais en cuisine réparer une tisane ou un thé bien chaud. Je m’en voudrai si elle attrapait la mort avec ce temps. Et le bébé m’en voudrait encore plus.
J’attachai rapidement la chevelure et y piqua ma baguette pour faire tenir mon chignon improvisé.

Dehors l’orage se calmait quelque peu, mais la pluie tambourinait toujours autant sur les carreaux que le toit.
Les tasses fumantes en mains je retourna dans le salon et posa le tout sur la table, m’y installant.
Depuis combien de temps cela n’avait-il pas été aussi simple de parler, d’être en présence d’une personne qui me faisait du bien.
Tal m’était unique.

Je posais sur Tal un regard doux et protecteur.

Elle était devenue une sorcière accomplie et une femme incroyable. Son ton avait quelque peu changé… elle n’était plus l’adolescente qui cherchait à s’émanciper.

Je tendis un peu le bras pour passer mes doigts doucement dans sa chevelure. Je l’aidais avec les quelques nœuds qu’elle rencontrait. Les cheveux ça me connaissait… sûrement un pouvoir des Vélanes, car je n’ai jamais vraiment eut de soucis avec les miens.

« C’est une très bonne nouvelle. Je viendrai à tout tes matchs, comptes sur moi »

Il était vrai que je n’avais que rarement raté un de ses matchs. Enfin je crois, parfois je ne m’en souvenais pas…
Nos chemins avait prit des routes différentes mais se croisait à nouveau.

« Je te soutiendrai dans ce que tu feras, alors fonce. »

Je buvais tout en la regardant, la détaillant, la chaleur du thé ne me dérangeant en rien. A sa question , je posa ma tasse sur la table basse dans un tintement de porcelaine et commença à lui raconter en détail la soirée.
Un vrai rapport et je n’oublia rien et surtout pas la merveilleuse entente que j’avais avec Hébébé et son amour pour les oiseaux et mes cheveux.

« Rassures-toi, tout c’est bien passé, je me suis bien amusé avec elle. »

Je regrettais un peu de ne pas avoir bien eut le temps de lui lire une histoire ou de faire un dessin avec elle. Cependant, la regarder se dandiner quand elle dansait pour moi était divertissant.

« La prochaine fois faisons une sortie tous les trois, je ne connais pas encore bien Londres et je me perd de temps à autres »

A Tal je pouvais le dire. Je pouvais tout lui dire, mais je m’étais rendu compte que depuis nos retrouvailles elle ne m’appelait plus Mana…
Je ne sais expliquer pourquoi ça me peinait un peu et pourtant mon expression ne laissait rien paraître.
Nous n’étions plus deux adolescents, mais je refusais de l’appeler autrement que Tal.

Touché.

C’était bien le mot. Tal savait comment toucher mon coeur et voir au-delà de ma carapace. Je l’écoutais m’inclure dan sa famille. Elle, comme ma sœur et moi comme l’oncle de Hébé. Le sang était précieux mais plus encore ceux que l’ont désignait comme sa famille.
Je les chérissais plus que ma vie.
Lorsque je la vis se diriger et fouiller son manteau avant de revenir guillerette, mon expression s’adoucit légèrement devant sa bonne humeur.
Tal était tout ce qu’on pouvait aimer dans l’air marin. Elle était mon bord de mer, un petit havre de paix.
Ce fut avec étonnement que je pris les clefs qu’elle me tendit, levant mes yeux vers les siens. Je posais tour à tour mon regard sur cette invitation et sur son sourire.
Des clefs.
J‘avais une étrange nostalgie, une sensation de déjà vu et cette même joie qui m’envahissait.



Encore ces flash… sa m’vrillait le cerveau. Mais je tentais de rester concentré sur Tal. Mes sourcils se fronçant légèrement un peu incommodé par ce pique dans ma tête.

« Plus simple oui, merci Tal… J’en prendrai soin »

Je rangea soigneusement la clef dans me poche intérieur comme si cette dernière était un secret que je gardais jalousement.
Preuve de mon appartenance et notre lien. Et puis à l’entente du mot zoo mon visage s’illumina un peu plus.

« Je te comprends et le zoo serait une merveilleuse idée. Hébé aime les animaux. Prenons les paris sur son patronus. Un oiseau ? Ou comme Tal un animal de la forêt ? Mon attention se porta sur elle et une deuxième vague de nostalgie m’envahis, comme si elle vidait mon coeur de joie. Laissant juste une petite flamme qui peinait à luir. C-comme Tal un renard... »

Un renard. Pourquoi cette pensée me brisait le cœur à m’en faire mal ? Je me sentais déchiré. J’essayais de vite me reprendre mais je n’aimais pas lui mentir et ce un regard triste de je leva vers elle.

« Par moment j’ai l’impression qu’il me parle. D’être spectateur d’une vie que je ne connais pas et pourtant j’en tremble...et je ne sais pas qui il est… Tal. J’ai aimé quelque que j’ai oublié...»

Je n’en n’avais jamais parlé. Mais cette épreuve je ne pouvais la traverserai pas seul.

« Je suis venu à Londres car on m’a retirer mon statut d’auror »

Blottis au creux de ses bras, j’acceptais sa protection et son étreinte. Qu’il était bon parfois de se sentir aimé. Rien de factice. Une sensation douce, bienveillante et chaleureuse. Aucun désire, aucun besoin charnel, non, elle était pareille à une sœur… mais ses sentiments étaient ce que je chérissais le plus. L’avoir retrouvé me réconfortait.

« Oui un papillon ça serait bien... »

Un peu plus dans mes pensées, seule la tendresse me prenait. Vive émotion qui serrait mon cœur. Les bras de Tal étaient une délicieuse tanière.
Elle savait et voyait de moi, l’animal tapit dans l’ombre. Apeuré. Méfiant. Solitaire. Elle savait aussi et voyait aussi, tout l’amour que j’avais pour le monde et la vie.
Beau entre ses lèvres était réel.  

« Ici, dans ce ministère, je pouvais me rendre utile. Mon esprit… est morcelé… tout y est et pourtant tout est vide... C’était assez loin, mais pas trop et puis j’ai eu raison d’accepter, car tu étais dans cette ville toi aussi. »

Londres. Pourquoi ici et pas ailleurs. Au fond, je n’avais pas de vraie réponse. Simplement, que tout m’allait du moment que ce n’étais pas … Paris.
Assez loin, suffisamment près. Loin de tout, mais dans mon ombre à jamais. Lorsque je fermais les yeux, tout surgissait.
Comme si les cauchemars se trouvaient cachés derrière mes paupières. Affamés. Injustes…

« Et toi … pourquoi Londres ? »

Mon regard se fondit doucement vers Hébé, comme pour lui intimer une explication, mais … si je ne la posais pas, elle n’était pas obligé d’y répondre.
Tal n’avait l’obligation de rien, mais m’en parlerai-elle d’elle-même ? Le temps avait fait de nous des êtres plus forts et plus fragiles.
Par justement...obligation.

Les mots de Tal furent comme les premières neiges. Ils tombaient tristement pour fondre et disparaître aussitôt malgré les émois de leur venue.
J’étais reconnaissant de son partage et désolé de la nouvelle. Je me souvenais d’Euphème, qu’elle aimait Euphème. Sa bienveillance dans la discrétion. Son soutien à Tal pour le Quidditch et pour notre amitié. La grande sœur ne se préoccupait pas des préjugés, et mon sang de vélane ne l’incommodait pas.
Plus de gens devrait être comme elle, Plus de gens devrait être comme elles deux.
Je me redressa doucement pour coller mon front au sien, soupirant doucement. Son secret était le mien, le notre à présent. Je le garderai farouchement.
Ma Tal était forte, bien plus que moi.

« Autant que tu le veux, aussi longtemps que tu le souhaites... Tal je suis là pour toi, pour vous. »

Je comprenais et serais là pour les soutenir, les aider. Ils étaient important, ils étaient ma famille. Je pris sa main comme pour la rassurer un peu plus. Elle n’avait plus à le supporter seule, peut-être que je devrais déménager dans le quartier, afin d’être disponible plus facilement, plus proche aussi… Cette décision me paraissait raisonnable, mais pour l’instant ne précipitons rien. Ce choix pouvait sembler un peu trop intrusif… je ne voulais pas être envahissant.

J’espérai qu’elle se sente mieux après sa révélation. Porter un tel secret pouvait...était lourd. Qu’elle me donne un peu de ce poids, je le porterai pour elle.
N’était-ce pas le rôle du chevalier de protéger sa Reine ? Et à présent la petite Princesse.

« Je vais m’arranger pour que chez moi il y ait une endroit pour Hébé. Que je puisse la garder aussi dans ma maison si besoin, Bien sur tu auras les clefs »

J’allais devoir faire de mon mieux pour rendre ma maison plus accueillante, plus chaleureuse et décoré. Voilà une mission qui promettait.

« Il est tard, tu dois être fatigué. N’hésites pas à me mettre dehors si nécessaire… sinon, tu sais que pour partir je vais attendre que tu t’endormes. »

Une vieille et surement sale habitude prise à Beauxbâtons. Je restais à l’affût de la lumière de son dortoir, attendant que Tal s’endorme.
Je ne pouvais plus dire pourquoi j’avais commencé à faire cela, tout se mélangeait un peu dans mes souvenirs, mais je le faisais.

J’hochais la tête pour accepter ses paroles. Je savais qu’elle veillerait sur moi comme elle l’avait toujours fait.

« Hum… Si tu as besoin d’aide pour l’argent compte sur moi… et puis je préfère te savoir avec Hébé plutôt qu’a te fatiguer dans d’autre travail. C’est non négociable. Tu sais que je ne me désintéresse de l’argent alors je veux qu’il te serve pour de bonne raison. Tu m’en donne toujours de très bonne… des raisons. »

Mon visage s’adoucissait à mesure que je l’écoutais parler de la crèche et de la magie d’Hébé. Avec elle je pouvais sourire… mais je ne savais plus comment faire, peut-être aurais-je l’air étrange. Elle était belle et rayonnante, je crois bien encore plus aujourd’hui qu’hier.
Tal apaisait mon cœur et mes tourment comme pouvait réchauffer un lever de soleil.
Dormir ici ? Je n’avais sûrement plus l’âge de faire du camping dans son salon, mais je ne pouvait refuser, je ne voulais pas refuser. Je la remercia de l’invitation avant de lui répondre :

« J’ai obtenu un poste comme briseur de maléfice. C’est simple et stable, il y a du travail même si mes collègues sont plus compliqués à gérer que les maléfices »

Oui, je faisais de l’humour, mais quand je pensais à l’équipe que j’avais je ne pouvais pas nier qu’on était avec pas mal de bras cassé.

« Je suis heureux de ne pas t’avoir oublié… tu es ce que j’ai de mieux... »

Elle ferait presque naître le bonheur sur mon visage. Presque naître un sourire de paix… mais, il n’arrivait pas.
À la place, je pris sa main dans la mienne avant de la tirer contre mon moi. Je l’enlaçais chaudement, un main rassurante loger dans ses cheveux. Elle qui prenait soin de tout le monde, qui protégeait, j’étais là pour elle. Ma Tal.
Je m’en voulais un peu de ne pas l’avoir cherché après mon départ de Paris, mais comme le hasard… oui je préférais dire le hasard plutôt que le « destin » faisait bien les choses, ce fut elle qui me trouva.
Elle me retrouvait toujours et je crois bien que je ne pouvais lui échapper… Je la relâcha avant d’embrasser son front. Seule Tal pouvait avoir mes baisers.

-Je reste alors va te reposer un peu

Ce soir pourvu qu’elle dorme à point fermé, je veillais.
Ce soir qu’elle fasse de beaux rêves avec Hébé, je veillais
Ce soir était un moment de répit qu’elle n’avait pas volé.