Prendre leur temps.
T'observe vos mains puis ses yeux. Qu'est ce que vos mots veulent dire. Qu'est ce que tout ça signifie, t'as tellement du mal à y croire. On t'a tellement mentit toute ta vie, manipulé dirigé vers une chute délicieuse et sans fin que tu ne parviens pas à t'y faire. Earl doit avoir quelque chose en tête n'est-ce pas ? Une idée, une intention, il veut utiliser ta maladie, lui aussi ?
Ton cœur se serre. T'as tellement envie de te laisser avoir encore une fois, t'as tellement envie que ce soit vrai. Tu veux que ce soit sincère.

T'as l'impression que c'est un jeu de hasard à chaque fois, que tu lances un dé mais qu'il est truqué. Qu'il sera toujours destiné à finir sur la pire des faces.
T'as donc apprit à aimer les monstres en sachant pertinemment qu'ils avaient eux même dévorés leur cœur. Mais Earl ? Earl n'est pas comme Yaroslav, comme Eamon.

Alors s'il venait à t'utiliser lui aussi, ça te briserait.
Pas cette douleur théâtrale que tu t'infliges pour te sentir vivant. Non lui ce serait déchirant.

« Hm .. » visage qui s'éclaire d'un sourire fragile et tremblant « d'accord. Merci Earl »

T'as honte de toi, t'as l'impression d'être un adolescent effrayé par son ombre.
En même temps t'es tellement habitué à porter ce rôle d'âme détruite qui traîne les restes de son passé que quand tout ça tombe t'es juste un gamin larmoyant.

« merci pour tout. »

merci de partager ta peur avec moi, de prendre ma main , de me faire sortir de ce cauchemar.
((ô dieux ne le ternissez pas, pas lui))

puis enfin tu te concentre pour de vrai sur le repas et après quelques bouchées tu ris un peu

« Wow c'est vraiment bon, j'avais oublié le goût de la vraie nourriture ? » rat de laboratoire t'es tellement habitué au plats tout prêts ou parfois rien du tout.

Puis tu réalises que pendant le repas dès que l’opportunité pointait le bout de son nez tu prenais la main d'Earl. Parce qu'en faisant ainsi tu sentais tes intestins devenir plus légers, tu sentais le nœud de tes boyaux se défaire ne serait-ce qu'un peu.

« Ah ! Je ne t'ai même pas demandé ce que tu faisais dans la vie maintenant ? »

Et même maintenant alors que vous avez terminé vos plats tu lui tiens toujours la main.

Jeu de frissons alors que les doigts s'entrelacent, alors que les mains ne se quittent pas. Jeu de regards alors que tes iris cherchent les siennes pour fuir quand ils se rencontrent et revenir se poser sur ses clavicules, dans son cou, sur ses lèvres.
Voix qui vient bercer l'autre alors que les échanges se veulent tendre. Puis il annonce où il travaille et tu ne peux qu'être surpris. Tu le voyais briller, tu le voyais se battre, tu le voyais arracher ls nuages à coups de dents. Mais qui es-tu pour juger toi qui ne te contente que de mimer les gestes de ton ancien bourreau pour mieux les exécuter.

« Ah, d'accord. » et tu t'attends à simplement sentir la bourrasque qu'il provoquera sur son chemin mais au lieu de ça il vient faire fleurir un baiser sur ta joue. Il y arrache en même temps un battement de ton cœur alors que tu retiens ton souffle jusqu'à ce qu'il s'éloigne.
Immobile, tu restes immobile puis passe ta main sur ton visage, les yeux clos tu te mords la lèvre.
Pourquoi tu sens le monde tourner autour de toi, pourquoi tes joues sont brûlantes.

Quelle faiblesse d'âme Croyance, vraiment.
Quelle torture physique que tu t'infliges à te jeter corps perdu dans une danse bien trop violente pour toi. Une danse et tu ne connais pas les pas à suivre.

Puis quand il revient tu te redresses, comme par reflex. Ton regard balaye la salle et tu affiches un léger sourire fragile, délicat.

« Allons boire un verre chez moi. Mon seuil de tolérance des regards indiscrets vient d'atteindre sa limite. » léger rire amer
parce que les yeux ne peuvent pas s'empêcher de venir dévorer tes cicatrices, ta chevelure blanche et la bassesse de ton être.

« A-... Earl tu as payé ? Je voulais te l'offrir » tu t'approches et effleure sa main avec la tienne « merci il ne fallait pas » tu épouses les traits de son visage à chaque observation et tes prunelles sont bien trop douces envers lui.