Tu souffles du nez visiblement trop fort, tressautant lorsque l’aiguille tremble dans ta veine. Elle ne sait pas s’y faire, ça en est presque désolant.
Tu pourrais presque lui proposer de la faire toi-même à ce stade là.

Il s’agirait de la planter correctement aussi, Vasquez.

Tu secoues la tête, grimaces lorsqu’elle retire l’aiguille. Tu détestes tellement ce genre de situation. Ce genre de contexte.
Une fois libéré, tu poses tes doigts sur le ridicule pansement qu’elle a posé au creux de ton coude.

Ce ne sera pas le dernier, je reviendrais. Mais il va falloir que tu commences à me dire ce que t’essaies de faire, parce que j’ai l’impression que ça sert à rien. Quelque chose a avancé, dans tes recherches ?

Tu ne bouges pas du fauteuil où elle t’a installé pour te piquer, l’observant. Elle semble ne pas aimer regarder dans les yeux, alors tu cherches à affronter son regard.
Sait-elle que la science a besoin de prendre en compte les patients en tant qu’êtres humains ?

Je peux peut-être t’aider avec un regard frais.

Ta bouche s’ouvre pour lui rétorquer un oui évident, quand une voix vient t’en devancer - et c’est avec une surprise particulière que tu observes un homme apparaître, un fantôme.
Heureusement que l’aiguille n’était plus dans ton bras.
Mais la femme a l’air particulière à l’aise maintenant qu’elle n’est plus seule avec toi - comme si cette présence la soulageait d’un poids.

Ravi de vous rencontrer, Mr Beurk. On raconte de belles histoires à votre sujet.

Il suffisait d’errer un peu dans les rues pour connaître le nom des anciens propriétaires - et de leurs aventures parfaitement illégales, ou aux abords des choses les plus interdites. C’était assez intriguant de voir l’homme en chair et en os - enfin, son souvenir plutôt - après en avoir tant entendu parler. C’était comme si tu avais l’opportunité de rencontrer une célébrité - même si celle-ci était peu glorieuse.
Mais ton bourreau à l’aiguille tremblante décide d’attirer ton attention.

... As-tu avancé ? Trouvé quelque chose ?

Tu te frottes le bras où la sangle était  attachée.

J’ai fait partie des… Expérimentations de Shumann. Tu as de la chance d’être tombée sur moi. Ce qu’ils nous ont donné… C’est un peu comme ce que tu essaies de faire, au final, non ?

Le prix à payer pour en parler aussi librement Earl, c’est que tes mains tremblent comme jamais. Tu les refermes sur ton corps, crispé.
Mais si on pouvait se débarrasser de la magie… Peut-être qu’on pourrait entrevoir d’autres opportunités pour ceux comme toi. Peut-être qu’on pourrait enfin vous laisser tranquille.

La dynamique entre les deux, la sorcière et le fantôme, te fait légèrement sourire. Ils avaient l'air de s'entendre particulièrement bien - et la jeune femme devenait une toute autre à proximité de ce défunt.
Mais lorsque l'attention de la chercheuse se tourne vers toi, tu ne peux cacher la surprise et la moquerie de ton regard lorsqu'elle semble ignorer de quoi tu parles.
Heureusement que le fantôme était là.
Lorsqu'elle relève son haut pourtant, tu ne peux empêcher la surprise - et tu tends ton poignet mutilé où malgré tous tes essais, le chiffre persiste.

Oui, ils ont expérimenté sur moi, oui. Ils ont réussi, d'ailleurs.

Tu secoues la tête, soupires. Tu n'aimais pas en parler.

J'ai refusé de la garder. Je n'en avais jamais voulu et qu'on me force à en avoir je... Je pouvais pas. C'était abominable.

Tu lèves les yeux sur elle.

Mais si on pouvait me retirer ce qu'ils m'avaient donné, je suis certain que tu pourras t'en inspirer pour réussir ce que tu fais.

Tu détournes les yeux lorsqu'elle te prend le poignet, soupirant à ses questions, pourtant légitimes.

C'était comme la magie d'enfants. Sauvage, indomptable. Guidée par les émotions et difficile à catalyser.

Un rire amer, tu la contemples surpris.

Tu n'as pas eu d'autres cobayes ?

Lèvres mordues, tu réfléchis intensément.

Je ne sais pas si ça influe mais...

Tu secoues la tête, pensif.

Ils m'ont aussi injecté du venin ? J'imagine ? De loup-garou.

Pensée nauséeuse au souvenir de tes veines gonflées de jaune et du regard coupable de Croyance.

Tu l'écoutes, attentif, hochant la tête au fur et à mesure.

Et puis, ne suis-je pas la preuve que ce muscle peut parfois être atrophié de naissance ?

Tu comprends son point de vue, lorsqu'elle l'expose. Un instant, tu viens même à te demander - si Elle avait eu le choix, qu'aurait-elle choisi ? De vivre la même vie que toi ou de s'engager dans la magie quand même ?
Tu n'as pas l'habitude d'y repenser - de te poser pareilles questions. Surtout quand tu réalises que tu n'as pas la réponse et que tu ne l'auras jamais - détournant les yeux en soupirant discrètement.

J'imagine ils se sont concentrés sur le fait qu'ils allaient devoir agir vite plutôt que réfléchir.

Tu hausses les épaules. Elle semble vite retomber de son excitation et tu penches la tête en la dévisageant.

Tu abandonnes déjà ?