Elle a ce petit sourire taquin aux coins des lèvres. Le regard qui pourtant, prône un semblant de mécontentement.

« Et tu n’es même pas capable de comprendre que les deux sont un problème aux sens bien différent ? »

Il était dommage d’être radin envers sa famille, envers son sang, envers ce qui nous lie au monde, quand bien même Naomi pouvait comprendre ce qui traversait l’esprit de Lancelot : à quoi bon offrir des cadeaux à des enfants qu’il ne voyait qu’une à deux fois par an, à quoi bon user de son argent durement gagné pour des jeunes qui perdront sans doute l’intérêt du dit cadeau dans les prochains mois. Pourtant, c’était le geste et l’amour porté dans cette chasse au trésor qui était le plus important – ou du moins, c’est ce qui l’était pour la cadette des Avery. Alors, qu’un radin de grand frère tente de lui dérober sa trouvaille pour tenter d’effacer cette étiquette qu’il venait pourtant avouer avoir accepté ?

Elle ne l’accepterait tout simplement pas.

Car à ses yeux, les actions et la vérité étaient ce qui devaient préconiser dans ce monde qu’elle s’avait pourtant menteur et dissimulateur. Que Lancelot aborderait ce doux sourire lorsque leur cousin déballerait les cadeaux, elle ne l’accepterait tout simplement pas. Plus encore, car elle était incapable d’attraper le fond de ses pensées.

« Et tu cherches à anéantir notre lignée maintenant ? »

Eux qui pourtant, avait réussi à se rabibocher avec la branche de Louisiane malgré des siècles de fuite et de mésentente, voilà que Lancelot chercher de nouveau à lancer les hostilités !

« Sache que je dirais à maman que tu es responsable de tout ça. »

Qu’elle s’en dédouanerait aussi vite, mais qu’aucun sourire n’avait disparu dans ses propos. Les mots pouvaient être joueur, tant que les liens n’étaient pas présents. Car parfois, jouer avec un désir pouvait avoir des répercussions bien plus inimaginable qu’on ne pouvait le croire. Surtout chez les Avery.

Alors Naomi avait fini par acquiescer, parcourt ses poches à tâtons alors qu’elle ne cherchait rien de spécifique. De grands pas pour être à ses côtés, face à lui. Sur les bouts des doigts de pieds pour se rehausser, qu’elle vient tapoter la tête de son aîné dans une légère caresse, ébouriffant sa chevelure bien trop soigné (il en était d’ailleurs dommage, qu’il finirait chauve dans les années à venir).

« L’acceptation est une belle chose et tout le monde sait qu’à défaut d’être le cousin parfait, tu es le grand frère rêvé. »

Légère expiration, que ses épaules s’abaissent.

« Tu veux rentrer alors ? »
 

Elle avait sans nul doute ce sourire triomphant qui s’étendait sur la totalité de son visage. Une victoire qui pourtant ridicule dans sur certains points, car si ses mots avaient suffi à la rendre victorieuse ; c’était simplement parce que la taquinerait était présente entre eux deux. Car en temps normal, Naomi savait que même les actes étaient bien souvent insuffisants pour faire comprendre la réalité à son aîné. Mais malgré tout, ou plutôt, parce qu’elle savait, Naomi profitait pleinement de ces moments passés à ses côtés, ses moments qui lui faisait presque oublier à quel point son frère lui était inaccessible.

« Il faut bien, sinon qui le ferait ? »

Qu’elle vient s’accrocher à son bras, espérant malgré tout qu’il n’abandonnera jamais ses côtés.

« J’ai l’impression que tu oublies la facilité du monde dans lequel on vit. »

Qu’il suffisait d’une simple poche et de forcer un peu, ou d’acheter un sac qui lui ferait de l’œil pour l’enchanter afin qu’il soit sans fond : une façon simple et efficace pour pouvoir faire disparaître la totalité des peluches d’un claquement de doigts. Plus encore, s’ils n’avaient pas envie de faire des dépenses inutiles – qui ne changerait pas grand-chose à leur compte en banque en vérité, ils leur étaient tout aussi possible de les faire flotter à leur côté afin de continuer leur balade en toute quiétude.

« Mais tu marques un point. »

Qu’elle venait simplement acquiescer.

« Je pense qu’on m’en voudrait éternellement si je transformais trois adorables enfants en monstre. »

Bien que du point de vue de leur parent, ils l’étaient déjà. Chaotique qu’était l’éducation des enfants, surtout trois qui étaient plus ou moins dans la même tranche d’âge.

« Alors va pour la maison. »

Souriante et enjouée.