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Qu'est-ce qu'il fait froid. Chaque année, ça la surprend. Chaque année, elle se fait avoir. Le vent mord ses joues sans pitié, vient glacer le bout de son nez. Au moins, elle a fini par acheter des gants. Ca évitera à ses doigts de trop souffrir, et aux plaies de trop s'ouvrir. Machinalement, elle regarde autour d'elle. Qu'est-ce qu'il y a du monde ! Il est assez tard - après une journée de travail, rien d'étonnant. Le ciel est déjà noir, courtoisie de l'hiver, bien qu'il soit couvert de nuages et qu'il en tombe des flocons. Ils sont peu nombreux mais bien présents et viennent doucement recouvrir le sol qu'elle piétine. Elle tourne un visage chaleureux vers son compagnon de sortie.

▬ On a de la chance de pouvoir profiter de la neige. Même s'il fait vraiment froid ahah.

Elle rajuste son écharpe sur sa nuque dégagée.
Peut-être qu'elle n'est pas assez couverte pour la saison.
Autour d'eux, au-delà des silhouettes qui leur passent à côté et ne cessent de marcher, des échoppes par dizaines pleines de marchandises en tous genres - souvenirs, produits artisanaux tant excentriques que classiques et bien évidemment, de la nourriture et des boissons.

Ca fait longtemps que Persephone n'est pas allée au marché de Noël.
D'ailleurs, elle ne fête même pas Noël.
Chaque année, elle s'efforce d'offrir des présents à ses collègues, qui apprécient l'attention... Et c'était au final quelque peu devenu une tradition, entre eux, il faut croire. Mais à part ça, ce n'était pas une fête qui la concernait. Noël se fêtait en famille. Ou entre amis proches. Ce n'était pas des choses qu'elle avait. Plus désormais.

Alors la sortie était inhabituelle, mais pas dérangeante.
Être en compagnie d'Argus lui inspirait toujours une certaine douceur, une subtile légèreté d'esprit. Elle ne saurait expliquer, mais de sa bonne humeur et de son énergie, elle perdait un peu de son stress et de son obsession pour le travail. Elle arrivait doucement à penser à autre chose, à se laisser porter dans des moments que lui seul avait envie de lui faire vivre. Et ça lui faisait du bien. Alors quand l'invitation fut venue, elle l'accepta sans même y penser deux fois. Elle reprend sa marche, sans cesser de regarder à droite et à gauche.

▬ Du coup j'ai cru comprendre que tu cherchais des cadeaux en particuliers ?

Elle et Argus n'étaient pas si proches, au final. Ils en savaient peu l'un sur l'autre, en dehors du contexte du boulot. Pas qu'elle s'en plaigne. Mais pour la tâche en main, ça compliquait un peu la chose. Elle s'autorise à demander en le regardant, sans prendre de détour. Une habitude qui avait la vie dure, entre eux.

▬ C'est pour ta famille ?

Une pensée la frappe alors qu'elle hausse un sourcil.

▬ Ah, peut-être pour ta copine ? Une pensée, rapide. Ou ton copain. Ou partenaire. 'Fin, tu comprends la question, quoi.

Quelle délicatesse, Persy.
Toujours aussi douée pour ce genre de choses.

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Ses gants pourtant neufs déçoivent déjà. Elle peut percevoir malgré la nuit, l'usure qui tire les fils et qui mèneront inévitablement à des trous. C'est sûrement ça, le résultat que d'acheter des gants qui valent une bouchée de pain. Il faut dire qu'elle ne les utilisera qu'au minimum. Juste assez pour éviter les nouvelles plaies un maximum et ne pas se retrouver à bander ses mains à nouveau au détour d'une tasse de thé. Alors elle n'y prête pas plus attention que ça. L'hiver passé elle les jettera. En rachètera sûrement l'hiver prochain pour répéter le processus. Ce n'est pas quelque chose d'important à ses yeux - c'est si facile d'en disposer.

Un bonnet.
Elle réfléchit à la proposition, une seconde. Porter un bonnet, elle ? Ses oreilles mordues par le froid ont envie d'approuver l'idée mais pas son cerveau. Si Argus les porte très bien - il serait presque mignon avec sa chapka - elle doute de pouvoir lui tenir tête. Et puis, ça ne serait pas pratique. Elle porte toujours ses cheveux remontés avec sa pince. Alors coincer ça sous un bonnet... Quelle plaie. Pourtant elle s'abstient de formuler ses pensées, se contentant d'un des sourires qu'elle n'a cesse de lui présenter.

▬ J'y penserai, c'est une bonne idée.

Les explications qu'il lui fournit la laissent perplexe. Il se répète. Un peu trop pour que ça n'attise pas de la suspicion. Même si elle n'y connaît rien en matière de romance et d'histoire de coeur, ce n'est pas si difficile à déceler quand ça ne la concerne pas. Elle hausse un sourcil, gardant son sourire.

▬ Un cadeau amical parce que c'est pour une amie qui est une fille mais juste une amie fille très amicale. Je comprends.

Peut-être qu'elle se moque. A peine.
Elle a le droit. Sûrement. Peut-être. En tous cas, ce n'est rien de mal intentionné. Elle le laisse continuer, cette fois sans trop se moquer. Un premier cadeau de Noël véritable... Elle trouve ça attendrissant. C'est beau et sincère comme attention.

▬ Je vois. Je comprends que ça puisse être compliqué.

La moquerie est partie, de retour à sa tendresse et sa compréhension légendaire. Elle est là pour aider, après tout. Pas pour tourmenter son pauvre subordonné.

▬ Je vais avoir besoin que tu me parles un peu d'elle et de ses goûts pour que je puisse t'aider.

Après tout, elle est une parfaite inconnue à la chose. Même si, fut un temps, elle n'avait cesse de couvrir de cadeaux son entourage. Elle choisit malgré tout d'ajouter une précision qu'elle pense importante.

▬ Mais j'aimerais que tu gardes en tête quelque chose, Argus.

Elle prend le temps de s'arrêter une seconde pour le regarder dans les yeux. Chaque mot forme de la condensation entre eux. Ce n'est pas un ordre de cheffe mais bien un constat amical qu'elle se permet de faire.

▬ Si je ne connais pas votre relation, elle a l'air d'être quelqu'un qui t'es très cher. Et je suis prête à parier que tu es aussi très important à ses yeux.

Qu'il s'agisse d'amitié, d'amour, ou d'une relation fraternelle, le constat tient toujours. Et la conclusion qui va avec, aussi.

▬ Peu importe à quel point tu trouves le cadeau que tu feras nul, même après des heures à tergiverser dessus, je suis sûre qu'elle en sera ravie. Parce que ça vient de toi. Et tout comme tu trouves le fait de faire un premier cadeau spécial et précieux, je suis sûre qu'elle trouvera le fait de recevoir quelque chose que tu as pris le temps de choisir juste pour elle tout aussi important et significatif. Le plus important, ce n'est pas ce que tu offres. C'est les sentiments que tu transmets.

Elle se permet de tapoter son épaule gentiment. Pas besoin de se torturer l'esprit. Le fait de choisir un cadeau doit aussi être un plaisir. Elle connaît très bien l'angoisse qui vient avec - de ne pas combler, satisfaire ou faire plaisir. De décevoir. Elle l'a vécue si souvent. Mais ça s'apaise, avec un peu de travail. Et se perdre dans l'euphorie du moment est facile, si l'on se laisse aller. Elle se remet à marcher, regardant aux alentours. La question qui lui est adressée la fait réfléchir.

▬ Hmm... Quelques cadeaux pour les gens du bureau mais sinon... pas vraim-...

Elle se coupe dans son élan, une seconde.
Un visage fait surface dans sa tête - une silhouette familière. Un peu inconnue avec les années, mais facile à retrouver. Une chevelure plus longue et une âme un peu plus amochée, mais un sourire qu'elle chérit toujours et une décision prise que de s'autoriser à retourner à ses côtés. Est-ce que ça serait bizarre, de lui choisir un cadeau ? Est-ce que ça serait déplacé ? Ca ne fait pas si longtemps que ça qu'ils se sont retrouvés, peut-être que c'est un peu prémédité que de se remettre à faire des cadeaux de Noël... Mais la volonté de potentiellement voir ses yeux s'éclairer, ne serait-ce qu'un peu, et de voir un sourire familier qu'elle aime tant pointer le bout de son nez fait pencher son coeur injustement dans la balance.

▬ ... Peut-être pour quelqu'un. Si je trouve quelque chose...
C'est pour. Heu.

Elle se retrouve un peu bête, comme Argus précédemment. Elle ne sait pas trop ce qu'ils étaient. Des amis ? Elle doute qu'Eamon ne lui ait remis ce titre à nouveau... En tous cas pas si vite. C'est un peu de nostalgie qui peint son regard l'espace d'une seconde. Elle aimerait que ça soit le cas, mais elle ne se permet pas d'en rêver.

▬ C'est pour une vieille connaissance.

Après tout, leur relation date maintenant.
Mais elle s'occupe de rapidement détourner l'attention de son problème. Comme elle sait si bien le faire.

▬ Mais ce n'est pas urgent. Le plus important, c'est de trouver ce qu'il te faut, à toi. Alors, est-ce que tu as quelques idées pour commencer ? Des choses à éviter à tous prix ?

Ca serait déjà bien de savoir où débuter.

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Sensiblement, ses mots semblent avoir atteint Argus comme elle le souhaitait. Elle sait que plus l'être est cher, plus la pression est grande dans ce genre de moments. Si ça ne fait plus partie de son quotidien depuis de longues années, elle se souvient malgré tout des angoisses qui la traversaient à chaque fois qu'elle voulait offrir quelque chose à ses amis. Elle se souvient notamment de longues heures passées dans un magasin près de la maison de ses parents, à peser le pour et le contre de chaque sachet de thé qui attirait son attention pour attiser la curiosité et les sourires d'un camarade de maison.

Point étant que les épaules d'Argus semblent se libérer d'un poids réel concernant la tâche qu'il leur incombait de finir ce soir. Si elle avait pu le soulager ne serait-ce qu'un peu de ce fardeau, elle en était comblée. Noël devait être appréciable du début à la fin. Elle aurait voulu dire qu'elle enviait ce genre de situations, mais ça faisait tellement longtemps qu'elle s'était habituée à la solitude qui venait avec les fêtes que ça lui importait peu, au final. Elle se sentait détachée du problème.

Et puis Argus se permet de retourner sa plaisanterie contre elle et elle se permet de le taper gentiment sur le bras. Son sourire si bien huilé collé aux lèvres alors qu'elle secoue la tête. Elle ne veut pas en dire trop, mais éclairer le sous-entendu lui paraît important, comme à chaque fois qu'on lui fait des remarques du genre.

▬ Amicale, oui. Simplement amicale.

Son collègue se met ensuite à décrire sa fameuse amie et elle l'écoute avec intérêt. Le quidditch, la mode, les films, les livres... Ca ouvre pleins d'opportunités, au moins. Elle a des intérêts variés... Même si elle doute de pouvoir aider avec le quidditch, elle aussi. Elle n'y connaît strictement rien. La phrase qui reste en suspend la fait sourire. Elle sait.

▬ Et penser à toi ?

Elle hoche doucement la tête.
Qu'est-ce que c'est familier, comme discussion. Le thé à la violette et celui au citron lui vient en tête. Le thé tout court, d'ailleurs. Oui, elle voit le genre de sentiment qu'il veut transmettre. Parfaitement, même. Elle s'attend à ce qu'il continue mais elle se retrouve seule en deux secondes, le regardant partir vers une vitrine. L'appel de la nourriture semble être plus fort que celui des cadeaux et ça l'attendrie. Un bref rire soufflé alors qu'elle le rejoint, le dépassant à peine pour entrer dans la boutique.

▬ On l'a bien mérité, après la journée de boulot qu'on a eue.

Elle profite de la chaleur de la boutique, observant le choix qui s'offre à elle. Indécise comme à son habitude, elle réfléchit à ce qu'elle pourrait manger sans trop avoir faim... Elle laisse Argus choisir en premier, finissant ensuite par choisir.

▬ Hmm... Un beignet au marron.

Et sans rien dire, sans prévenir, elle se place à la caisse pour payer pour le tout, tirant légèrement la langue à son subordonné, les yeux légèrement espiègles. Elle s'occupe de sortir pour commencer à manger son dû, disant d'un ton léger.

▬ Je ne veux aucune plainte. C'est la magie de Noël. A défaut de pouvoir faire un miracle avec les budgets, je peux au moins m'occuper de ton estomac.

Elle aimerait pouvoir faire plus dans son travail.
Elle s'estimait heureuse de travailler avec des gens compétents et intelligents, pleins d'innovations et d'idées ingénieuses... La majorité d'entre eux, en tous cas. Et Argus faisait peut-être un peu partie de ses chouchous, si elle devait être honnête. Mais ce qui était en dehors du bureau restait entre eux, alors le reste du labo n'avait pas besoin de savoir qu'elle se plaisait à lui offrir des douceurs. Appréciant le goût du marron mêlé à la pâte encore chaude et tendre de son beignet, elle avale sa bouchée avant de reprendre.

▬ Vu qu'on a pas l'air d'avoir un plan précis... Tu veux juste errer dans le marché en espérant trouver quelque chose ?

Elle regarde la montre à son poignet.

▬ On a encore du temps avant que tout ne ferme, ça devrait se faire.

Après tout, la nuit ne faisait que débuter.

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Des réflexes, elle en a - quand il s’agit de prendre soin des autres, en tous cas, elle était inégalée. Un porte-monnaie sorti, une porte ouverte, une chaise qui se tire, des boissons et des snacks proposés… Ca faisait parti de son éducation. Même loin du monde magique, on l’avait bien éduquée.

Elle préfère l’air du dehors, étonnamment, à la température de la boutique.
Peut-être à cause de l’ambiance beaucoup plus festive qui arrive, malgré tous ses sentiments négatifs et ses préoccupations morbides, à lui mettre un peu de baume au coeur. Même si les fêtes ne sont pas forcément un événement joyeux pour elle, elle apprécie l’atmosphère qui va avec. Poufsouffle… Ca allait toujours si bien à Argus. Elle ne l’aurait vu nul part ailleurs.

▬ A Serdaigle, c’était un peu différent… Je passais pas les fêtes à l’école, faut dire. Mais même avant les vacances, ça se sentait que l’ambiance était différente.

Un peu de nostalgie dans ses yeux quand elle reparle de Poudlard, toujours. Un léger sourire discret qui la prend quand elle repense à ces années où elle était encore insouciante.

▬ Qu’est-ce que j’ai pu boire comme thé dans la salle commune, par contre…

Elle prend son temps, elle, pour manger. Savoure les saveurs de Noël qu’elle a tendance à ignorer chaque année. Et la mine de gamin pris en flag’ de son subordonné lui fait avoir un air presque maternel.

▬ C’est un bon plan.

Pas la moindre hésitation dans sa voix, comme elle pourrait approuver un projet ou un dossier.

▬ Comme ça, on est sûrs de tout voir et on sera sûrs de nos options. Et puis on passera un bon moment ensemble, aussi. Plutôt chouette, non ?

La marche continue, alors qu’à nouveau Argus ne s’arrête devant une vitrine, de textile cette fois. Elle observe les options présentées, beignet en main, l’autre dans sa poche. Elle prend la réflexion sérieusement.

▬ Hmm… Je pense, oui. C’est plus personnel qu’on ne pourrait le penser, je pense. Après tout, faut penser à ce qui plairait, ce qui se porterait bien, si l’autre apprécie la matière… C’est une bonne option. Et il faut bien connaître la personne.

Elle tourne son regard vers Argus.

▬ En toute amitié, évidemment.

Elle ne dit rien, pourtant, du cadeau qu’elle prépare depuis quelques mois pour son subordonné préféré, semblable à ce dont ils sont en train de discuter. Elle a encore quelques ajustements et détails à régler… Un peu de broderie à faire, aussi. Et à l’emballer. Mais tout devrait être prêt pour le moment propice. Du moins, elle l’espérait. Elle se demande si un pull irait à Eamon… Mais elle se voit mal lui offrir ce genre de choses. Elle ne sait même pas sa taille. Elle raye cette option de la liste.

▬ Comment elle s’appelle, d’ailleurs, ton amie ? Ca sera plus simple si je peux dire son prénom. Enfin, si ce n’est pas trop indiscret.

Au fond d’elle, elle pensait peut-être à celle qui avait kidnappé Argus pour son anniversaire… Mais rien n’était sûr. Elle espérait d’ailleurs que la chose c’était bien passée. Peut-être un peu de curiosité, aussi. Mais ça, elle se garderait de l’avouer.

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Elle manquerait de rire à sa question - bien qu’elle ne rit jamais. Elle blâmera la nostalgie pour ce petit souffle amusé qui sort de ses lèvres autrement tenues au silence et au secret. Les rumeurs des Serdaigle étaient toujours aussi savamment trouvées… A l’image de la cravate bleue et argent qu’elle a pu porter.

▬ Il ne me semble pas. En tous cas, pas quand j’y étais… Peut-être que l’intelligence moyenne de ma maison a changé entre temps.

Un petit tacle gentil à tous ceux que la tour a pu abriter. Il faut dire qu’elle avait été particulièrement brillante, à Poudlard, bien qu’elle ne se soit jamais étalée sur le sujet - qu’elle aborderait, de toute façon, en toute bonne modestie.
Argus veut se voir en dehors du travail.
Elle n’en montre rien, mais tique un peu.
C’est que ça ne fait que quelques mois qu’ils se connaissent… Et ce collègue à la bonne humeur persistante prenait doucement de plus en plus une place solide dans sa vie. Elle ne savait pas trop comment gérer la chose. Elle avait encore du mal à lui faire confiance, encore du mal à vouloir s’attacher à qui que ce soit. Elle avait toujours fait attention, même avec Argus, à avoir un pied dans la porte, prête à partir. Prête à fuir. Malgré l’affection qu’elle avait à son égard… Elle n’était pas là pour s’attarder. Elle murmure, pourtant.

▬ On devrait, oui.

Parce qu’elle ne peut nier qu’elle passe un bon moment.
Qu’elle ferait bien ça plus souvent.
(Et ça lui fait peur - tellement.)
Absolument terrifiant.
Elle n’en montre pourtant rien, une affliction cachée bien au fond dans le creux de sa poitrine difforme, muée en un sourire qu’elle porte si bien - avec douceur et tendresse.

▬ Eeeeeh… Mais j’aime bien offrir des choses, tu sais.

Elle avait l’argent pour, aussi. L’envie de gâter. A défaut de dégager de son appartement qui tombe en miettes un peu plus chaque jour que Dieu fait.
Enfin, la révélation tombe. Un petit air triomphant dans ses yeux calmes.

▬ Je me disais, aussi.

Ca ne pouvait être qu’elle. Si la carrière de son amie lui était parfaitement inconnue (peut-être juste un visage vaguement familier) elle se souvenait surtout de la surprise d’anniversaire. Quelque chose de si bien planifié… Ca l’avait touchée. Une belle preuve de tendresse, à n’en point douter. Elle n’avait jamais mis son nez dans cette histoire plus que nécessaire, cependant. Elle qui ne supportait pas que l’on se prête aux rumeurs à son sujet… Notamment avec Stian, ces derniers temps, ce n’est donc pas elle qui allait se prêter aux ragots amoureux sur la vie de son subordonné.
Elle écoute les explications, hochant doucement la tête.
Répète encore avec un sourire.

▬ En toute amitié.

C’est qu’il insistait. C’était amusant de le taquiner. Elle rajoute, pourtant.

▬ Elle est géniale, pas vrai ? Dorothy. Ca a l’air d’être une merveilleuse amie.

Elle ne l’avait pas vue, mais ça lui semblait évident.
Tant dans la dévotion de son présent que dans les sentiments qu’Argus lui témoignait. C’était facile à deviner. Elle réfléchit un peu en regardant devant eux.

▬ Je ne sais pas si je serai vraiment utile, mais je ferai de mon mieux pour t’aider à trouver ce qu’il te faut. Je suis sûre qu’on trouvera. Il faut juste être patient.

Bienveillante et rassurante, toujours.
Ne disant pas que le cadeau miracle serait au final peu importe ce qu’il finit par offrir. Elle comprend ce genre de sentiments maladroits et compliqués. Elle est passée par là, elle aussi. Quelque chose qu’elle avait fuit et abandonné. Alors elle souhaitait qu’Argus puisse, lui, en profiter plus longtemps. Elle se remet à marcher, oeillant les stands au fur et à mesure.

▬ Qu’est-ce qu’il y a comme stands, c’est fou…

Un peu impressionnée. Ca fait longtemps qu’elle n’a pas fait le marché. Elle pointe certaines échoppes qui pourraient intéresser Argus, peut-être. Espère que l’inspiration viendra le frapper finalement, appréciant en silence ce moment de complicité malgré tout… Se prête parfois, aussi, à s’arrêter quelques secondes devant un stand qui capte son propre intérêt.
Elle n’a jamais vu autant de bonnets et d’écharpes en une soirée.
Mais elle non plus, rien ne semble trop l’inspirer pour sa fameuse vieille connaissance purement amicale. Un petit sourire à son égard.

▬ Qui eut cru que Noël pouvait être si compliqué.

Pourtant, elle s’amuse et ça se sent.
Loin de passer un désagréable moment.