▌C'est un temps à ne pas mettre un croup dehors. Il te semble que tu n'es jamais rentré aussi vite du travail; tellement vite que tu as failli te casser la figure sur une plaque de verglas en sortant de Ste Mangouste. Tu n'as jamais été aussi content d'être un sorcier. Il neigeait si fort qu'on se serait cru pris dans un blizzard. Ce n'est pas un temps à prendre les transports ou même à marcher; heureusement que tu peux transplaner. En arrivant devant ton immeuble, tu as évité de justesse trois gamins qui faisaient de la luge sur le trottoir givré et tu as couru sur les trois étages sans ascenseur pour te réchauffer. Franchement ce sera un miracle si tu n'attrapes pas un rhume.

Tu enlèves tes chaussures trempées, poses ta veste dans l'entrée et ton bonnet sur Jeremy le miroir malpoli, et tu t'effondres sur le canapé.

Merci Olga.

Tu marmonnes ça le visage entre un plaid et deux coussins. Bordel, on se croirait toujours en Sibérie. Par un effort mental surhumain, tu te redresses pour aller te faire un thé. Le vent glacé souffle tellement fort qu'il ferait presque trembler les fenêtres, même fermées, le froid s'insère jusque dans le petit appartement. Tu es obligé de mettre le chauffage à fond, t'emmitoufler dans une seconde couverture en pilou et sortir les chaussettes tricotées en laine que ta grand-mère t'as offertes l'hiver passé. C'est bon, tu es prêt à hiberner tel une marmotte.

Tu te réveilles d'une sieste impromptue à une heure beaucoup trop tardive, complètement dans le coaltar. Il te faut un moment avant de réaliser que tu t'es endormi sur Olga le gentil canapé, et que si personne ne t'a réveillé, c'est parce que ton colocataire est absent ce soir-là. Probablement une sortie avec l'équipe de Quidditch ou quelque chose comme ça. D'ailleurs, Dorothy n'était pas dispo non plus. C'est pas une raison pour se laisser aller comme une loque, alors tu te redresses avec l'énergie du veracrasse et... tu sors ton pineapple pour commander à manger.

Oui bon jugez pas.

Le tout maintenant, c'est de ne pas s'endormir avant l'arrivée de ta pizza pepperoni double cheese avec supplément bacon. Tu te lèves, refais du thé, réajustes machinalement les serpents pailletés couleur sucre d'orge nonchalamment lovés contre le sapin, que Spoutnik a dû déranger. Ou alors l'appartement est plus hanté que tu ne le croyais. Ensuite tu t'assieds sur le canapé et... tu attends. Ce qui te laisse tout le loisir de ruminer. Ah, c'est donc pour ça que la sieste était aussi tentante... au moins quand tu dors, tu ne penses pas. Tu stresses de ne pas trouver de cadeau adéquat pour Dorothy, mais plus que tout, tu crains le réveillon où vous serez tous assis autour de la même table pendant des heures, où ta mère vous cuisinera entre la dinde et le dessert. Il faudra aussi éviter les branches de gui qu'elle aura posées en embuscade, probablement. Et au moment du traditionnel échange de cadeaux, il faudra la jouer cool, même en sachant que tous les yeux seront rivés sur toi et qu'on jugera fortement le potentiel amical ou romantique de ton présent. Peut-être que tu devrais te porter volontaire pour enfiler un costume rouge et une barbe blanche ce soir-là. Le bénévolat, ça passe comme excuse pour éviter une débâcle le 24 décembre?

Merlin soit loué, le livreur vient de sonner.

Tu te redresses un peu trop vite et manques trébucher sur les deux couvertures dans lesquelles tu étais emmailloté. Tu les laisses sur le canapé, t'as déjà l'air assez pathétique comme ça, faudrait pas effrayer le livreur avant qu'il ne te remette ta pizza. Tu fouilles tes poches à la recherche de tes sous (pourboire tout ça), avant de relever le nez pour ouvrir la porte. L'air morose que tu affiches ne reflète pas ton soulagement intérieur (manger, enfin!) mais il s'efface légèrement quand tu reconnais le livreur.

Euh...

Toujours aussi éloquent, Gus. Tu esquisses un petit sourire incrédule.

Salut, Sol.

C'est tellement surréaliste que pendant quelques secondes, tu crois que tu es resté endormi. Mais ton estomac grommelle trop pour que ce ne soit pas réel.

▌C'est un sentiment étrange de revoir un ami de Poudlard (un ancien ami de Poudlard) quelqu'un avec qui tu avais partagé beaucoup de choses à une autre époque. C'est comme revoir un étranger que l'on a connu. C'est l'effet que ça te fait au début, et puis le sourire de Sol te frappe de plein fouet, parce que tu ne sais pas pourquoi, ce n'est pas à cette expression que tu t'attendais. Si, tu sais pourquoi. Ce n'était probablement pas celle que tu méritais.

Ton incrédulité augmente d'un cran lorsqu'il te demande ce que tu fais ici. Comment ça qu'est-ce que tu fous là, lui qu'est-ce qu'il fout là? Tu avais tellement l'habitude de le voir à Poudlard qu'hors contexte, c'est surprenant. Et ridicule; comme si les gens n'avaient pas de vie en dehors de Poudlard. Lui aussi, il a le droit d'être surpris, d'autant plus que tu n'as jamais habité à Londres avant cela. Tu ne peux pas t'empêcher de sourire bêtement:

T'es chez moi. En fait.

Tu te retiens de lui retourner la question parce que la réponse semble évidente: il est là parce qu'il livre ta pizza, duh. Ce qui soulève encore plus de questions, mais ce n'est pas le moment de lancer un interrogatoire. Il est content de te voir. Il est content de te voir. Tu te sentirais presque mal, si ce n'était pas typique de Sol en fait. Les années ont passées mais on dirait qu'il n'a pas changé. Tu récupères ta pizza en le remerciant machinalement. Tu es touché et gêné à la fois. Mais son sourire est communicatif. Il l'a toujours été. Il y a des gens comme ça, qui brillent tellement qu'on ne peut les ignorer. L'humeur est communicative. Tu secoues la tête devant son excuse, elle est inutile. Si quelqu'un a besoin de s'excuser ici, ce n'est pas lui. Tu as beau en être conscient, tu ne peux réfréner un sourire:

Si j'avais su que c'était toi qui viendrais... j'aurais commandé deux pizzas!

Ça aurait été très sympa de pouvoir partager ton repas en discutant de vos vies respectives. Tu n'aurais pas l'audace de dire, rattraper le temps perdu. Il y a des choses qui ne se rattrapent pas. T'en es persuadé, pourtant quand il te salue pour partir, tu n'hésites même pas avant de le retenir.

Attends!

T'es pas sûr d'en avoir le droit, mais tu le fais quand même. Gêné, tu fais un signe derrière toi:

Tu veux entrer un moment euh te réchauffer? Enfin, sauf si t'as pas le temps hein, je comprendrais! Je veux pas que t'ait des problèmes à cause de moi...

Il a sûrement d'autres livraisons, même par ce temps... surtout par ce temps, en fait. Jusqu'à qu'elle heure est-ce que les clients peuvent commander de la pizza sans que ce soit irraisonnable? On ne pense pas assez aux livreurs qui doivent braver le mauvais temps et le froid.

▌Il y a quelque chose comme une seconde de silence après ta question. Un silence qui ne dure pas longtemps, mais pour toi c'est déjà trop. C'était quoi comme proposition, ça, en fait? À quoi tu t'attendais? Oh oui bien sûr Argus j'en serais ravi alors que ça fait des années qu'on n'a pas discuté mais faisons comme si de rien n'étais oui vraiment merveilleuse idée. Et s'il accepte pour te faire plaisir? Parce que c'est Sol évidemment, il ne va pas t'envoyer chier, même s'il devrait. Probablement. C'est sûr il devrait. Son t'es sûr? sonne à tes oreilles comme une porte de sortie. Ta dernière chance d'utiliser une excuse pour ne pas lui infliger ça. Vas-y trouve un truc. Dis que ton coloc est là.

Ouais bien sûr, mon coloc est pas là en plus, c'est cool.

Mais non Gus mais pas comme ça.

Tu sais pas qui de ta culpabilité ou de la nostalgie va gagner, tout repose entre les mains de Sol en vérité.

T'étais sa dernière commande.

C'est la nostalgie qui a gagné. Alors cette fois tu permets à la culpabilité de s'effacer, presque complètement, pour sourire sincèrement en ouvrant plus largement ta porte:

Cool! Euh... entre et fais comme chez toi! Tu habites où, toi?

Intrigué par ce qu'il vient de dire. Plus intrigué encore par le fait qu'il livre des pizzas. Peut-être est-il étudiant quelque part et qu'il arrondit ses fins de mois? Il avait un DEMA en défense contre les forces magiques, tu crois. C'est peut-être la formation d'Auror qui ne paye pas? Bizarre. Faudrait que tu demandes à Beckett comment c'était. Ou tu pourrais poser directement la question à Sol. Ouais. Mais tu te sens pas légitime pour l'interviewer, là. Déjà, lui demander où il vit, ça fait presque ressortir la culpabilité, heureusement tu as d'autres sources de distraction. Comme le canapé et la table basse sur lesquels tu as laissé tes deux couvertures dont une énorme en pilou et tout ton bazar de mec en hibernation.

Ah, euh... fais pas attention au désordre, haha...

Tu débarrasses les deux tasses à thé vides pour faire de la place pour le carton de la pizza et tu embarques aussi ta couverture en pilou sous le bras. Ok reste calme, Gus. Sois naturel. Ce serait trop bizarre que tu sois le seul à stresser parce que vous venez de vous retrouver. Mais ce serait encore pire que Sol soit mal à l'aise alors t'es décidé à ce qu'il se sente chez lui ici:

Tu veux boire un truc chaud euh... thé? chocolat? café?

Que tu dis depuis le fin fond de la cuisine en te débarrassant maladroitement des affaires qui t'encombrent.

J'ai rien à manger par contre mais on peut partager la pizza.

Pour le coup c'est même pas la culpabilité qui parle, c'est ton sens de l'hospitalité Poufsouffle, qui fait taire ton estomac plaintif. Tu ne partagerais pas ta pizza avec n'importe qui... mais Sol n'est pas n'importe qui. Tu reviens dans le salon avec deux tasses propres et un regard interrogateur.

▌Sol habite loin, c'est ce que tu retiens, raison de plus pour ne pas le renvoyer tout de suite chez lui dans le froid. Tu as tellement d'autres questions: comment se déplace-t-il? Combien de fois par semaine livre-t-il des pizzas? As-tu de fortes chances de retomber sur lui au détour d'une commande? C'est facile d'oublier la culpabilité au profit de la curiosité. Tu te demandes ce qu'est devenu ce garçon qui était un de tes meilleurs amis à l'époque où vous étiez tous les deux des poufsouffles à Poudlard.

Ah euh, merci! C'est beaucoup de la récup hein...

Tu sais bien qu'il ne va pas juger la déco ou le bordel, mais c'est plus fort que toi. La salle commune, c'était différent. Vous la partagiez avec tant de gens, dès votre plus jeune âge. Poudlard était votre maison, mais maintenant tu es grand. Et quand on est grand, on est ordonné. Un peu. Tu essayes de faire des efforts, en tout cas.

Dans la cuisine, tu t'affaires pour préparer un café. Deux, en fait. C'est une bonne idée. Tu sors le sucre, Sol proteste pour la pizza. Tu secoues la tête avec petit rire amusé, parce que tu viens d'entendre la réponse inverse de son estomac. Les poufsouffles ont l'oreille pour ça.

Peut-être, mais je te jure que je te mettrai pas une mauvaise note sur l'appli! La rapidité et la qualité du service étaient au top.

Ce serait ironique de partager la pizza avec le livreur, oui, mais personne ne le saura. Tu sucres ton café, dose d'énergie supplémentaire, parce que t'as plus envie de dormir. Ensuite tu apportes les deux tasses dans le salon:

Et je plaisante pas quand je dis ça! Tu fais ça depuis longtemps? T'as un balai ou un scooter?

Peut-être même qu'il transplanait, mais les balais comme les scooters avaient l'avantage de permettre aux jambes de se reposer. Tu ne pourrais jamais t'imaginer vadrouiller d'un bout à l'autre de la ville à pieds. Cela dit, Sol a toujours eu plus d'énergie que toi (pas difficile). Pour éviter de l'entendre protester davantage, tu prends une part de pizza avant de tourner résolument le carton dans sa direction. Le regard que tu lui lances est déterminé. Quand un poufsouffle partage sa bouffe, y'a pas à discuter.

J'ai d'autres plaids dans ma chambre si t'as froid. Il fait super froid, non? Mais si je les laisse ici Olga les mange... Olga, c'est le canapé. Elle est gentille mais faut pas l'insulter.

Tu débites ça en mangeant ta pizza, gêné et en même temps étrangement galvanisé. C'est que Sol a de l'énergie à revendre et même sur toi, elle fait son effet; t'es un peu comme le ficus. Rangé dans le coin du salon, à l'ombre, ça ne t'empêche pas d'attraper quelques rayons du soleil quand ils passent à portée. Il te semble que Sol brille encore plus fort qu'avant, mais c'est peut-être parce que tu ne l'as pas vu depuis longtemps. T'étais dans le noir et maintenant, t'es aveuglé.

▌Tu apprends que Sol enchaîne des petits boulots depuis l'obtention de son DEMA. Tu ne peux pas dire que ce soit choquant, après tout, c'est aussi ce que tu as fait juste après avoir quitté Poudlard. Ce n'était pas une fin en soi, mais ça aurait pu l'être si tu n'avais pas trouvé de travail dans ton domaine de recherche. Il doit avoir ses raisons. C'est tout de même surprenant. Tu te rappelles de lui comme d'un élève brillant. Presque trop brillant, au début, tu te souviens t'être senti un peu jaloux. Il avait débarqué en seconde année et il était déjà parmi les meilleurs de votre volée. C'était avant d'apprendre à le connaître, bien évidemment. Est-ce que tu avais continué de l'envier? Oui. Est-ce que tu pouvais t'en agacer? Jamais de la vie. T'en es persuadé, Sol fait partie de ces gens qu'il est impossible de détester.

Tu prends une gorgée de café, manque t'étouffer. Tousse pour dissimuler ton embarras. Bien sûr qu'il ne peut pas transplaner. Parce que Sol, aussi doué soit-il, n'est pas un sorcier. Il avait toujours été brillant, peut-être ses origines avaient-elles eu une influence sur ses résultats, tu ne sais pas. Dans ton regard, elles n'avaient jamais eu d'importance. Au point que tu oublies votre différence. Vous étiez tous les deux de bons élèves. Vous aviez tous les deux subi des moqueries à votre arrivée à Poudlard. Vous étiez tous les deux des camarades de classe et de maison. Jamais ton jugement n'avait été au delà de ça, et peu importait si la couleur de l'uniforme sous vos écharpes jaune et noir n'était pas la même.

Oh merde, j'suis désolé. J'oublie...

... tout le temps. J'oublie que t'es pas un sorcier. Ta phrase reste en suspens.

Mais... t'as une moto? Je pourrais la voir? La mienne est au garage, chez ma mère.

Il fait trop froid et puis le sol est glissant.  Surtout, elle attend son heure. Le fameux road-trip que tu n'as jamais fait et que tu ne feras peut-être jamais. Tu repousses ta tasse pour prendre une nouvelle part de pizza.

J'ai pris une année sabbatique après le DEMA, j'ai travaillé un peu et j'ai économisé pour faire un road-trip mais... bon, pour faire court, mon grand-père maternel est décédé alors j'ai accompagné ma mère en Turquie.

Tu ne te rappelais pas avoir jamais mentionné ta famille maternelle à Sol. Tu n'en parlais jamais. Et pour cause: ils ne s'étaient jamais intéressés à toi. Jusqu'au décès du patriarche. Le manque d'intérêt était réciproque, cela dit; la seule raison pour laquelle tu es allé en Turquie, c'était pour ta mère. Les choses avaient pris une tournure inattendue une fois là-bas.

J'y suis resté plus longtemps que prévu. J'ai étudié la magie sans baguette, mmh... ce qui était cool parce que j'avais cassé la mienne.

Tu pinces les lèvres, pensif. Pas ton meilleur souvenir, ça. Maintenant, tu y es habitué. On peut s'en sortir sans baguette, même sans magie, mais pour quelqu'un qui s'en servait à chaque fois qu'il avait la flemme de faire les choses façon moldue, ça avait été un coup dur. Tu ne sais pas ce que tu aurais fait sans l'aide de tes cousins. Tu hausses les épaules et mords dans ta pizza:

Je chuis rentré chet été. J'ai commenché à chercher un appart et un job à Ste Mangouste, hichtoire de... rentabiliser les trois ans de purge du DEMA. Du coup maintenant, je vis ici et je bosse au département des empoisonnements.

Ça ne paye pas un loyer mirobolant mais ça te plaît et vivre en colocation aussi. Surtout avec Beckett. Si tu avais dû choisir, il n'y aurait probablement que deux personnes dans ta vie avec qui tu aurais plaisir à partager ton logement. Trois peut-être? Sol devant toi, les souvenirs de votre vie à poufsouffle refont surface et tu ne peux t'empêcher de ressentir un pincement au cœur lorsqu'il t'avoue que tu lui as manqué. C'est un sentiment étrange. De ceux qui réchauffent et qui glacent à la fois. Parce que Sol est de ces gens-là, qui n'hésitent pas à ouvrir leur coeur. Et parce que c'est de ta faute, n'est-ce pas? Si tu lui as manqué.

Désolé.

C'est la première chose qui te vient. Tu devrais t'excuser. Tu aurais dû le faire il y a longtemps. Et le déni, ce vieil ami, t'en avais préservé, pour mieux te torturer le moment venu. Tu le savais. Les choses ne restent pas cachées éternellement. Il faut les affronter, éventuellement. Alors peut-être auras-tu le droit de répondre

tu m'as manqué aussi

en attendant, tu souris derrière ta tasse de café. Ton ultime bouclier. Et une pirouette, pour dire ce que tu penses en préservant ta conscience:

C'est trop bizarre de te revoir comme ça. Mais je suis content... ça faisait longtemps.

C'est sincère. Et ce n'est pas tout, mais tu ne sais pas si tu peux t'appesantir sur ces sentiments sans paniquer intérieurement. Olga est une bonne diversion. Tu lâches un rire; tu es sûr que Sol va adorer l'idée des meubles hantés:

On a aussi Jérémy le miroir dans l'entrée. Il critique tout le temps nos tenues, alors on le recouvre avec un linge... Ma théorie c'est qu'il est hanté par un ancien designer de mode. Oh, et il y a aussi Spoutnik, c'est le furet de mon coloc, mais elle doit être dans sa chambre là. Elle hanterait l'appartement à elle toute seule si on la laissait faire!

Tu souris, sarcastique. Si Sol se souvient bien de toi, il saura que tu n'es pas fan des animaux. Comme quoi, t'es capable de faire des concessions. Tu devrais en parler à ton déni, tiens, il aurait peut-être un avis différent sur la question. Tu reprends une part de pizza en évitant le regard de ton ancien ami. Tant qu'il y a de quoi parler, c'est plus facile d'ignorer l'évidence.

C'est marrant parce que c'est Sol qui débarque chez toi... pourtant c'est toi qui a l'impression que tu n'as rien à faire là.

▌La perspective de découvrir la moto de Sol te met un peu de baume au cœur. Après toutes ces années, cet éloignement, c'est rassurant de voir que vous avez encore quelque chose en commun. Ça et les souvenirs de Poudlard. Vous n'avez peut-être pas les mêmes, cela dit. Sans même parler du deuil qui a frappé Sol alors que vous étiez en cinquième année, il y a son statut de sang, que tu te rappelais bien différemment. Ça avait été en quelque sorte la raison de votre rapprochement (les victimes s'entraident, en général) mais après c'était devenu quelque chose de très banal pour toi, alors que la problématique existait pour ton ami bien au-delà d'une différence dans les matières étudiées, la couleur de l'uniforme ou la possession d'une baguette. Alors même s'il ne semble pas se vexer, tu te sens un peu stupide pour ça.

Sol, toujours aussi empathique, qui s'excuse pour la perte de ton grand-père. Le sujet des deuils, c'est assez délicat, mais là t'es pas apte à accepter ses condoléances de façon hypocrite. Tu préfères dire la vérité, même si c'est un peu brusque:

Oh, t'en fais pas... je le connaissais pas. Il a renié ma mère quand elle a épousé mon père, il n'a jamais voulu me voir. C'est pour ça que j'ai jamais parlé de lui. C'était... bizarre d'aller là-bas dans ces circonstances, mais j'ai pu rencontrer le reste de ma famille, qui est plutôt sympa... ça, c'était bien.

Étrange de se dire que tu avais trouvé du positif dans cette situation, et pourtant... Comme quoi, tu avais bien fait d'y aller finalement. Surtout pour la magie sans baguette, ça t'avait vraiment sauvé la vie. En parlant de ça... Tu grimaces, embarrassé:

Euh, sans commentaires.

T'as pas envie de lui servir la version mensongère où elle s'est brisée lorsque tu t'es battu avec un autre sorcier, et la vérité est trop dure à avouer. Tu ne l'as racontée à personne, celle-là. Personne ne sait ce qu'il s'est passé, à une exception près. Vraiment pas ta plus grande fierté. À propos de fierté, t'es pas sûr de pouvoir accepter la comparaison de Sol. Elle t'arrache un rire amusé, un peu gêné aussi devant la réalité de ta situation:

Ah, je sais pas... c'est pas comme si je sauvais des gens sur une base régulière. Je suis pas en contact avec les patients. Je crois pas que ça me conviendrait...

Contrairement à Sol, tu n'aurais pas l'empathie nécessaire ou le tact qu'il faudrait pour annoncer des nouvelles ou un pronostic difficiles. Tu irais droit au but, pour ne pas tergiverser mille ans sur la formulation, quitte à égratigner les patients. Tu avais compris assez tôt que travailler dans la recherche serait plus profitable pour tout le monde... à commencer par toi. Tu secoues la tête, imaginant te confronter à des dizaines de patients par jour. Ton ancien camarade de Poudlard, pour le coup, serait probablement plus à l'aise que toi.

T'imagine le stress? Mais si ça t'intéresse, ils cherchent toujours des stagiaires!

Tu lâches ça comme une petite pique amicale, puisqu'il trouve l'hôpital trop cool, mais... ça n'a pas l'éclat de ton sarcasme habituel. Tu as de la peine à faire semblant d'être détendu. Tu es mal à l'aise et ça se sent. Quelqu'un qui ne te connaîtrait pas aussi bien croirait peut-être que tu es aussi calme qu'à ton habitude, mais Sol t'a côtoyé trop longtemps pour ne pas percevoir la différence. Tu savais bien que ça finirait par se remarquer, tu espérais juste... avoir un peu plus de temps? Ça fait des années que tu repousses l'inévitable, et quand il vient toquer à ta porte tu es désemparé. Comme si tu n'avais jamais eu le loisir d'y penser. De retourner la question dans ta tête, dans tous les sens, jusqu'à y trouver du sens. La vérité, c'est que tu n'avais jamais compris comment tu avais fait pour t'éloigner autant. Ça avait été tellement subtil, presque involontaire, que tu n'avais vu que trop tard le fossé qui s'était creusé entre vous. Et alors, il t'avait semblé impossible à traverser. Maintenant encore, il paraît difficile à franchir. Il suffirait pourtant que tu dises les mots que Sol prononce à ta place.

Je suis désolé.

Tu le fixes comme s'il avait prononcé une absurdité. Il te faut quelques secondes pour saisir ce qu'il essaye de dire, et où va sa pensée. La façon dont il retourne la situation pour que, dans ta tête, tu ne sois plus le seul coupable. Tu entends ce qu'il dit, mais tu ne comprends pas pourquoi il s'excuse. On s'excuse quand on est coupable. Quand on a fait quelque chose de mal. Rien de ce qui n'était arrivé n'était de sa faute. Il devait le croire, sincèrement, et partager cette culpabilité aurait dû alléger ta peine, mais tu n'en es pas capable alors c'est pire. Ça ne fait que la renforcer.

L'idée qu'il ait pu se sentir aussi coupable que toi, pendant toutes ces années, est encore pire que ce que tu imaginais; parce que tu l'avais imaginé, bien sûr, se posant mille questions, cherchant à savoir pourquoi tu t'étais éloigné, avec tes excuses bidons évidemment. Simplement parce que tu étais incapable de gérer la réalité brutale de la situation. En cela, Sol avait vu juste. Et il a raison. Vous n'avez pas à vous raccrocher éternellement à vos erreurs, à les traîner derrière vous comme des boulets qui vous empêcheraient d'agir normalement vis-à-vis de l'autre. De redevenir amis? Tu serres ta tasse entre tes mains, pensif.

Tu as de la peine à reconnaître ouvertement qu'il n'a pas tort. Tu aimerais plutôt crier qu'il devrait t'en vouloir. Te poser en bourreau plutôt qu'en victime au même titre que lui. Ce serait plus facile. Tu es incapable de te mettre à son niveau. Rien de ce que tu as vécu à ce moment là (ou dans ta courte vie) n'égale le drame qui l'a frappé. Alors partager ta culpabilité? Même pas en rêve. Tu essayes d'écouter jusqu'au bout, de trouver les bons mots, d'exprimer ce que tu ressens sans t'énerver, contre toi-même évidemment. Mais à l'entendre, c'est de sa faute, parce qu'il était déprimé et chiant, et ça te tue qu'il te demande de bien vouloir être son ami comme si c'était de sa faute. Ça te tue qu'il parle de lui en ces termes. Quand tu lâches finalement ta tasse de café des yeux, c'est pour te tourner vers lui et lui dire ouvertement ce que tu penses de sa façon de parler. Mais son regard un peu brillant fait écho au tien et tu te retrouves incapable d'aligner deux phrases cohérentes:

T'as... t'as pas à t'excuser, et parle pas de toi comme ça!

Les mots sortent, désordonnés, un peu trop vifs et rapides pour que tu puisses les contrôler.

T'as jamais rien fait pour mériter ça! C'est pas de ta faute si... si j'étais incapable de gérer ce qui s'est passé. J'étais ton ami, j'aurais pas dû te lâcher au pire moment de ta vie!

C'était peut-être pas la façon la plus délicate de le dire, mais tu ne peux pas t'empêcher de revenir sur ce moment difficile, puisqu'il est à l'origine de tout. Tu te sens soudain encombré par ta tasse, maladroit dans tes gestes comme dans tes paroles. Elle claque un peu quand tu la reposes sur la table.

Moi, je t'en veux pas, je t'en ai jamais voulu! T'avais le droit de prendre tes distances aussi quand les choses ont commencé à partir dans tous les sens à Poudlard. De toute façon on sait tous que c'était géré n'importe comment. On a tous fait au mieux sur le moment...

Tu secoues la tête. Les élèves qui s'étaient dressés contre the crow, ceux qui l'avaient rejoints, et ceux qui n'avait pas pu choisir un camp... tout ça, ça ne comptait plus maintenant. Ce n'étaient que des étudiants qui essayaient de gérer la situation du mieux qu'ils le pouvaient, compte tenu de la menace et de l'inefficacité de l'école ou du gouvernement. Des jeunes qu'on avait laissés à la dérive sur leur navire, comme quand tu avais laissé Sol sur sa petite barque proche de couler. Toi et ta bouée de sauvetage, vous aviez sauté en premier. Magnifique, Gus. D'un coup, la frustration et la tristesse se mêlent dans ta voix:

Je suis... pas capable de me justifier devant toi sans te dire l'inverse de tout ce que tu crois, parce que tu es persuadé que tu es aussi coupable que moi.

Tu secoues la tête, et ce faisant, tu prends une grande inspiration pour chasser les larmes. Ça vaut ce que ça vaut. Tu as sérieusement besoin de t'excuser, mais tu as besoin qu'il te croit quand tu affirmes que tout est de ta faute. C'est ta vérité contre la sienne. Mais celle-ci est bien trop difficile à accepter. Même si tu mérites peut-être plus d'être son ami dans sa version à lui.

Alors je veux juste que tu acceptes mes excuses, s'il te plaît.

Dans un geste presque agressif, tu désignes la pizza:

Et je veux... qu'on mange cette pizza en parlant de trucs débiles, comme le top 5 des pires clients que t'as eu, que tu rentres super tard chez toi et qu'on soit claqués demain matin, comme quand on faisait des soirées pyjamas dans la salle commune, et... et je veux que tu reviennes quand tu voudras, pas juste quand je commanderai des pizzas, parce que c'est ce que j'aurais aimé qu'on fasse ensemble comme... comme avant.

Tu ne manques pas d'idées pour rendre votre soirée plus nostalgique, mais tu es incapable d'aller plus loin. Ta voix refuse simplement de sortir sans s'accompagner d'un flot de larmes auquel tu n'avais rien demandé. Tu pinces les lèvres, décidé à batailler contre elles, à les renvoyer d'où elles viennent avant qu'elles ne gagnent le duel.

T'es potentiellement en train de perdre.

Mais t'es peut-être aussi en train de regagner un ami, alors tant pis.

▌Tu avais réussi à contenir tes larmes pour parler, mais lorsque tu réalises que l'émotion de Sol est au moins aussi forte que la tienne, le combat est perdu. Il se met à pleurer, toi aussi, il s'excuse, tu essuies tes yeux avec la manche de ton pull en ravalant un rire nerveux. Vous êtes beaux, là. Tu secoues la tête, incrédule, alors que tes larmes coulent.

J'y crois pas... Quels blaireaux...

Et dans ta bouche cela sonne évidemment comme une marque de grandeur. Parce qu'il n'y a que deux Poufsouffles pour rendre leurs retrouvailles aussi émotionnelles, pas vrai?

Ton ami insiste pour que tu acceptes ses excuses, en échange des tiennes. Tu pinces les lèvres, contrarié (les larmes n'ont pas encore cessé de couler) mais incapable de le lui refuser.

Deal.

Tu refuses toujours de lui reconnaître des torts dans toute cette histoire, mais tu n'as pas de raison de lui refuser le pardon, si c'est ce dont il a besoin. Il n'est pas question qu'il reste un malaise ou des non-dits entre vous. Tu veux reprendre votre relation sur des bases saines. Les soirées, les aventures, les nuits sans fin... tout le reste. Il y a beaucoup d'émotions qui passent sur ton visage, mais si tes yeux restent humides c'est surtout de joie qu'ils brillent. Une joie enfantine. Ta main fermée trouve celle de Sol dans un geste à la fois solennel et familier. Ça te rendrait nostalgique si ce n'était pas plein de promesses. Et puis, le rire de Sol est contagieux, impossible de continuer à pleurer bien longtemps. Le poing en l'air, tu réfléchis quelques secondes à ce que tu pourrais répondre à cette promesse.

Aux conneries d'adultes non-répréhensibles par la loi.

Sourire sarcastique. C'est que la dernière fois que vous aviez fait des bêtises ensemble, vous n'étiez pas majeurs, et la chose la plus risquée à faire était sûrement de braver le règlement de l'école.

Tu te laisses tomber en arrière sur le canapé. Les émotions, ça vide de toute énergie. La pizza est encore plus méritée maintenant!

Ah oui, attends... j'ai des mouchoirs quelque part... je crois.

Tu fouilles tes poches, puis la table basse, à la recherche d'un paquet. Lorsque tu le trouves, tu le lances à Sol, avant de rapprocher le carton de pizza. Tu la pose entre ton ami et toi et tu t'assieds en tailleur face à lui. Un canapé, c'est fait pour manger dessus, non?

Bon, maintenant que t'as agréé à tous les termes de notre contrat, t'es obligé de me dire... est-ce que tu tombes sur des clients bizarres des fois? Raconte-moi tes aventures, je veux tout savoir!

▌Vous êtes à peine réconciliés qu'il t'attaque avec un paquet de mouchoirs. Tu fais mine de vaciller sous le coup (risible), mimant une chute au ralenti.

T'es toujours aussi violent, à ce que je vois!

C'est évidemment l'inverse. Même si Sol, contrairement à toi, s'est retrouvé plus souvent embarqué dans des règlements de compte à coups de poing. Toi, t'étais plutôt du genre à piéger discrètement tes ennemis en glissant des bombabouses dans leurs sacs de cours ou de la poudre à vomi dans leurs jus de citrouille. Chacun ses armes de prédilection... Et quelque chose te dit que maintenant encore, la vie de Sol n'est pas de tout repos. Tu écoutes le début de ses aventures d'une oreille attentive en mangeant ta pizza. Mais plus il avance dans son récit et plus tu oublies de manger, fasciné par ses histoires.

Non?

Tu es un auditeur très impliqué. Comme Sol continue de manger, il ménage de petits suspenses, très efficaces en ce qui te concerne. Tu fronces les sourcils quand il explique qu'il s'est retrouvé face à un client qui s'est fait tabasser sous ses yeux.

Non mais sérieux!

Tes interventions sont très utiles. Tu hoches la tête au fur et à mesure, impatient de connaître la chute de l'histoire.

Sa carte de visite...

Tu répètes, sidéré. Ce genre de scénarios, c'est pas que dans les films alors? Si tu avais su que le métier de livreur de pizzas était aussi dangereux... Tu aurais été plus généreux sur les pourboires. La partie où Sol explique que le dénommé Mads le prend pour son livreur perso te fait rire:

Il te paye au moins?

Au final il mentionne qu'ils ont été à la plage et tu crois comprendre qu'il y a de l'amitié entre eux. Ce qui est bien pour Sol. Quelque chose te dit que ce genre de personnes, il vaut mieux l'avoir dans ses amis plutôt que dans ses ennemis. Tu jettes un oeil à ta part de pizza (froide), avant de soupirer en prenant une bouchée:

Pas des trucs aussi épiques que toi!

Tu mâches quelques secondes en silence, avant de préciser:

Je fais beaucoup de recherche, je suis pas trop au contact des patients... mais j'entends raconter de sacrés trucs parfois. Tu serais étonné du nombre de produits du quotidien avec lesquels on peut accidentellement s'empoisonner.

De quoi vous convaincre de mettre tous vos liquides de ménage et de vaisselle sous scellés. C'est sans parler des accidents de magie, évidemment!

Le nombre de sorciers qui ont des serpents ou des araignés venimeux comme animaux domestiques... bref.

Tu réfléchis encore un peu en mangeant, parce que tous ces ragots ne sont que des récits de seconde main. Tu n'as rien d'aussi original que l'histoire de Sol, mais tu aimerais lui livrer quelque chose qui soit un peu personnel aussi.

J'ai rencontré un gars du département des mystères récemment. Tu savais qu'ils pouvaient pas parler de leur travail? Physiquement, je veux dire. Ils ont un espèce de sort qui les empêche de... bref. J'avais des questions à lui poser. Je t'épargne le moment où je l'ai stalké comme un psychopathe dans les couloirs de l'hôpital...

Tu lèves les yeux au ciel. C'était complètement ridicule, et c'est encore trop récent pour ne pas être gênant.

Eh bah il était très cool en vrai. Mais je croise pas beaucoup d'employés du ministère dans la vie de tous les jours, alors si ça se trouve, c'était une exception.

Ce qui t'amène à poser une nouvelle question:

T'as déjà livré des gens famous? T'sais genre... les politiques ou les stars de Londres là... J'étais au Wizgala à Halloween, c'était trop bizarre de les voir partout.

Nous les gens du peuple, on ne croise pas des célébrités sur une base régulière.

Enfin je connais des joueurs de quidditch, mais c'est des potes d'avant tu vois, je les considère pas comme des célébrités. Trop bizarre...

Tu répètes en mâchant un bout de pizza, pensif. Sol, c'est sûr, il doit croiser des gens tellement différents à longueur de journée... Sûrement qu'à force, on s'habitue.

▌Stalker un employé du ministère... c'est encore plus ridicule quand on le dit à haute voix. Tu grimaces, hausses les épaules, moitié gêné et moitié amusé:

Me juge pas, c'était mon premier stalking!

Et vu la réussite du projet, tu ne risques pas de recommencer. Le carton de pizza commence à se vider et ton ventre à se sentir plein. Pourtant t'as pas mangé tant que ça. C'est peut-être l'émotion. Ou le café. Tu t'installes en arrière dans le canapé, avec un soupir de vieux fatigué. Puis ton regard s'attarde sur Sol, scrute son expression. Tu n'oses pas demander... ce qui l'a décidé à ne pas suivre la voie qu'il avait commencé à tracer à Poudlard. Ca t'intrigue, mais c'est peut-être un peu trop personnel. Mais si tu ne lui poses pas la question maintenant, alors ce sera plus tard, et tu n'as pas envie de traîner le passé derrière vous sur des semaines et des semaines. Ce qui compte, c'est maintenant, ce que vous allez pouvoir construire dès à présent. Alors tu te lances, doucement, en souriant gentiment:

Qu'est-ce qui t'a mené sur le chemin palpitant de la livraison, finalement?

L'ironie pour lui laisser une porte de sortie.

Tu connais des directrices au Ministère? Mais t'es trop famous! En même temps ça m'étonne pas... Impossible de ne pas succomber à ton charme ravageur.

Entre le détective chelou et la directrice de département, ça ne fait plus aucun doute. Sol se fait des amis partout où il passe. C'est peut-être dit avec humour, mais ça te fait réellement plaisir pour lui.

Tu grimaces au souvenir de la soirée de gala, pas très fan de ce que ta mémoire fait remonter maintenant. Elle a oublié le concert et les moments funs, elle ne se rappelle que du drama.

Non, j'étais sauvé: c'était soirée déguisée! J'avais une veste en cuir, du maquillage et un saxophone en plastique. Euh... oui, hors contexte c'est ridicule, mais je te jure que c'était stylé!

Tu secoues la tête pour chasser les mauvais souvenirs, amusé.

Je suis resté avec mes amis presque tout du long... mais on peut dire que ça compte, vu qu'ils sont un peu célèbres? Je serai pas entré sans eux, en tout cas!

Tu lui souris.

L'an prochain, tu demandes une invitation à ta pote directrice, comme ça on ira ensemble! Je suis sûr que ce sera marrant si t'es là.

Pas que tu ne te sois pas amusé, mais... mmh. La fin de soirée avait été un peu moins drôle pour toi. D'ailleurs, tu ne te rappelais même pas comment tu étais rentré. Juste d'une vague histoire de sandwich volé... Ouais. Peut-être bien que Sol avait raison. T'aurais dû prendre des photos.