Malgré le manque d’enthousiasme de Lancelot vis-à-vis de la victoire des Griffes, Naomi ne pouvait pas s’empêcher de garder cette joie sincère. Elle ne faisait pourtant pas preuve d’inconscience, comprenait pertinemment la crainte de son grand-frère compte tenu de ses antécédents avec les joueurs de l’équipe, mais ne pouvait tout simplement pas tourner la page. Aujourd’hui n’était pas demain, ils n’étaient pas sur le terrain à se confronter, alors ne pouvait-elle pas rester une amie qui était heureuse de leur victoire ?

Mais bien impossible à corrompre, qu’elle avait réussi à se faufiler pour lui échapper. Eux qui devaient pourtant rentrer, Naomi n’avait pas pu se résoudre de retourner en Irlande sans passer voir et féliciter les joueurs pour leur match. Le problème de cette attente, d’avoir été ainsi confrontée à Lancelot était que les journalistes avaient eu le temps, eux aussi, de sortir des gradins pour prendre d’assaut les vestiaires afin d’interviewer les joueurs. Pour leur victoire, comme pour leur défaite.

L’avantage alors, d’avoir elle aussi fait partie des Griffes pendant plusieurs longues années. Naomi connaissait le coin comme sa poche et n’ignorait en rien les chemins discrets qui lui permettrait d’atteindre son but. Du moins, telle était l’idée première.

« Ooooh Didier ! Tu n’as toujours pas arrêté de fumer à ce que je vois ! »

Bras grand ouvert en sa direction, qu’elle s’approchait un grand sourire aux lèvres. S’apprêtait à l’enlacer sans la moindre gêne, quand bien même Naomi savait qu’il n’apprécierait pas le geste. Mais elle ne s’était pas imaginée qu’il lui répondrait avec une telle violence lorsqu’elle se retrouve dos au mur, le poignet attrapé. Stoppée net dans son élan.

« Attends, attends. »

Calme toi peut-être un peu, respire un bon coup. L’adrénaline du match n’est pas encore passé, il ne fait aucun doute que tes nerfs soient encore à vif. Mais elle savait très bien, que lui dire ces mots n’aiderait en rien son état actuel. Alors, elle à les yeux plissés, le regard interrogateur. Ne comprend pas, bien qu’il lui soit terriblement facile de savoir, presque instantanément. L’instant T, montre qu’elle n’aurait pas besoin de chercher bien loin et n’aurait donc pas besoin de baguette pour comprendre le sens de ton emportement.

« Tu veux bien me lâcher et m’expliquer clairement de quoi tu m'accuses ? Avec des mots. »

Car elle n'irait pas chercher. Alors elle garde pourtant cette voix douce et terriblement calme. Presque inquiète finalement, que Teddy soit capable de l’accuser d’une telle infamie.

Elle lâche un petit aïe d’inconfort, n’a pas l’habitude d’être pied au mur -littéralement- et plus encore que la force soit utilisée contre elle. Mais Naomi est perdue, désorientée. Elle avait beau avoir un humour bien à elle, assez particulier pour un grand nombre, ses propos ne lui avaient jamais fait subir pareille confrontation. Pourtant si une chose était claire, elle ne se moquait jamais des gens, elle n’était tout simplement pas le style de personne qui cherchait à faire du mal, à blesser quiconque.  

Alors soit ils étaient face à un malentendu, soit Naomi avait agit inconsciemment, des répercussions qu’elle n’aurait pas remarquées, étaient apparus jusqu’à Teddy. Elle tente alors de se débattre un peu pour libérer son poignet car ce genre de pression l’inconfortait. Profite alors de son recul pour regrouper ses deux bras contre sa poitrine, cette main libre qui vient masser délicatement le poignet anciennement prisonnier.

« Mais enfin, je n’ai rien balancé ! »

Qu’elle le coupe, les sourcils froncés. Bien que Naomi ait signé dans une nouvelle équipe, tous les secrets et les plans d’actions des Griffes, de l’équipe tout comme des joueurs, s’étaient scellés dans sa tête. Elle en avait bien sûre les connaissances, des souvenirs clairs comme l’eau de roche. Pourtant, rien n’étaient sortis. Rien n’avaient été révélés, que cela soit envers son entraîneur, les membres des météorites et même son frère. Pourtant capitaine de sa nouvelle équipe.

Leurs secrets étaient les siens et Naomi avait toujours agit de cette manière. Que cela soit par ses connaissances acquises par sa legilimencie que par des confidences. Alors lorsqu’il évoque sa condition, son existence. C’est sa mâchoire qui aurait pu s’en décrocher, ouverte et surprise. Tous comme ses yeux qui eux aussi, donneraient cette impression de pouvoir sortir de leur orbite.

« Pardon ? »

Qu’elle avait pourtant très bien compris, très bien entendu. Mais tout cela sonne pourtant si faux, si improbable à ses yeux.

« Tu dis que je. »

Elle se pointe du doigt.

« Serais aller voir la gazette pour révéler tout ça ? Moi ? »

Et pourquoi j’aurais fais ça. Qu’elle se questionne elle-même. Ignorant vraiment ce que cela pouvait lui apporter de dire au monde que ce cher Theodore Hingsley était en fait un loup-garou. Elle qui ne vit jamais dans cette violence qu’est la réalité mais bien pour le bon plaisir de tout chacun. Ne comprend même pas que pour n’importe qui, cette révélation pourrait être normale, de se débarrasser d’un attrapeur talentueux pour permettre à son équipe de gagner les futures saisons. Car c’est ce que beaucoup pourraient penser, qu’il n’est pas normal qu’une personne de son espèce soit un joueur officiel, compte tenu des avantages que sa condition pouvait apporter. Tout comme les potentiels risques encourues.

« Tu dis ça par rapport aux rumeurs qui courent, c’est ça ? »

Qu’elle se mort la lèvre inférieure en écho au discours d’ouverture du président de la ligue. Elle n’avait pas apprécié, tout comme les quelques rumeurs qu’elle voyait de tant à autre.

« Pourquoi est-ce que tu penses que c’est moi ? Je veux dire, je pourrais balancer le Monde, mais NON, je déciderais d’aller voir la gazette pour leur dire que tu es un loup-garou ? D’autant plus que je suis déjà harcelée comme ça par eux, entre ma relation avec mon p’tit ric, les secrets de familles, alors je sais ce que ça fait. »

Bien qu’au fond Naomi comprenait que tout cela était leur travail et qu’ils devaient bien faire tout ça pour pouvoir continuer à vivre. Elle avait pris l’habitude de tourner certaines questions aux ridicules. Bien que les interviews étaient beaucoup plus faciles pour elle, d’une part grâce à son enthousiasme mais surtout parce qu’elle était capable de retourner la chose avec une grand naïveté. Alors quand bien même on cherchait à la questionner, rare étaient ceux qui s’y aventurait plusieurs fois.

« Mais puisse encore que je sois aussi mauvaise que tu le penses, pourquoi je te ferais subir tout ça, à toi ? Alors que tu as bien d'autres problèmes à gérer. »

Une pointe de tristesse dans sa voix.

« Je t’assure que ce n’est pas moi. »

Tente de confirmer avec simplicité, car Naomi n’était tout simplement pas connu pour ses mensonges. Bien que toute sa réalité semblait avoir été anéantit par le simple fait que Teddy puisse en venir à l’accuser. Elle aurait alors bien envie de trouver le sens à tout cela, comprendre l’arabesque de cette vérité qui a fini par éclater. Car elle pouvait percevoir l’envergure de cette nouvelle par son teint bien plus blanc et crémeux qu’à l’habitude, n’avait même pas besoin d’aller plus loin, ni même d’entrer dans ces pensées que de se trifouiller l’encéphale.

Sursaut léger lorsque ce poing vient s’écraser contre l’un des piliers. Multitude de poussière qui vient briser l’air dans ce geste de violence.

« Je n’ai jamais été très claire parce que je savais que cela inquiéterait Nini plus que toi. »

Parce qu’elle savait bien que Neal aussi était au courant de cette information, qu’il craignait au quotidien que Naomi vienne à l’apprendre en lisant en lui. Que c’était aussi pour cette façon, qu’il avait été si soulagé d’apprendre son départ en Irlande et qu’il semblait toujours aussi réticent d’un face à face.

« Désolé que ça t’est autant fait douter, c’était surtout pour te faire comprendre que je savais mais… »

Une suite suspendue à ses lèvres. Maintenant qu’elle y réfléchissait, Naomi se rendait compte à quels points ses propos avaient toujours été nébuleux quant à sa condition. S’approche avec douceur et précotions afin de saisir sa main quelques peu blessé par le coup porté. Prend alors cette grande respiration pour concentrer sa magie entre ses mains, incante un « Episkey » pour réparer le malheur qui aurait pourtant pu attendre. Mais Teddy faisait partie de ces étoiles montantes, alors elle ne pouvait simplement pas rester inactive.

« Tu n’as pas été con, tu es simplement allé là où tes pensées te guidaient. Tu as porté ta conclusion avec les informations dont tu disposais. »

Qu’elle arrive à comprendre cette confrontation était une chose, bien que la pression sur son cœur ne pourrait jamais s’effacer aussi simplement.

« Ce n’est pas moi et ça ne fait aucun doute que Nini est aussi innocent. »

Lâche alors sa main, respire une nouvelle fois avec force pour faire disparaître la crispation de ses épaules.

« J’imagine que le nouvel entraîneur est au courant aussi ? »

Une idée comme une autre, elle n’avait pas souvenir qu’à part elle et Neal, d’autre personne de l’équipe avait connaissance de cette information. Peut-être en était-il autrement des nouveaux arrivants après son départ.

« Je ne dis pas que c’est lui. »

Qu’elle se dédouane alors avec rapidité, n’avait aucun désir d’accuser à tort qui que ce soit ou d’amener de telle pensée dans l’esprit de Teddy.

« Mais j’imagine que ce n’est pas connu de tout le monde, alors faire une liste serait peut-être déjà un bon départ ? »

Sourcil qui se hausse, peut-être que la gazette n’avait aucune information, mais tentait de déstabiliser les joueurs au culot cette année.

« Je ne peux pas vraiment dire que je comprends, mais si ça fini par arriver comme tu le dis, c’est tout bonnement ridicule. »

Presque tranchante, non pas à l’égard de Teddy mais bien de l’avis du reste du monde. Il était vrai que les loup-garous étaient connus pour posséder quelques atouts physiques, permettant alors de surplomber le genre humain. Et quand bien même Naomi ne pouvait pas comprendre les difficultés que son état pouvait entraîner, elle ne pouvait confirmer que l’unique point qu’elle avait subi. La crainte de certains, bien souvent injustifiés. Que cela soit des adversaires que l’avis biaisés des journalistes qui n’avaient rien à gagner, hormis des gros titres sur la gazette des sorciers.

Après tout, une gardienne legilimens pouvait être considérée comme une triche sur certaine mesure, car rien ne pouvait confirmer si oui ou non, elle usait de sa particularité pour avoir un aperçu des pensées du poursuiveur qui détenait le souffle. Bien que possible, à ses yeux, il s’agissait là d’une perte de temps plus qu’autre chose ; et une meilleure condition physique était plus quotidien, plus simple à cacher et à utiliser.

Alors elle avait soupiré.

« Le drame apporte bien plus dans notre milieu. »

Parce qu’ils étaient connus, personnalités publiques qu’ils étaient des lors la signature du contrat. Les gens aimaient parler et les adversaires aimaient faire chuter.

« Pour l’instant, ce sont surtout des rumeurs. Alors j’ai envie de dire qu’il te suffit de faire profil bas, et quand bien même tu réagis par réflexe, tu es gagnant car pas spécialement connu pour ton beau sourire. »

Cherchait des mots simples qui expliquaient sa pensée, sans pour autant blesser Teddy. Si Naomi était dans sa situation, le sujet aurait été un peu plus délicat. Mais lui était plutôt noir et mécontent au quotidien, pas vraiment charmeur ou papoteur. Grognon depuis toujours, le public ferait difficilement le rapprochement s’il l’était soudainement un peu plus qu’à l’habitude.

Acquiesce alors au retour de Teddy, heureuse de voir que d’avoir soulevé l’entraîneur n’avait pas forcé l’accusation. Après tout, à ses yeux, il serait ridicule de sacrifier ainsi son attrapeur qui était destiné à bien des choses.

« La question est de savoir si tu fais confiance à toutes les personnes qui sont au courant, ou si tu as pu avoir des frictions avec quelqu’un récemment. »

Le passé et l’oublie pouvait parfois revenir au galop, plus encore lorsqu’on s’y attendait le moins.

« Bien sûr, sans me prendre en compte. »

Parce qu’elle avait bien compris que la confiance entre eux était bancale pour ce sujet spécifique.

« Il n’y a pas de soucis, c’est déjà oublié. »

Brasse le vent de sa main qui se secoue de haut en bas. Sourire timide, parce que quand bien même elle le souhaitait, Naomi savait qu’elle n’oublierait pas réellement du jour au lendemain.

« Ecoute ça se passe plutôt bien. J’imagine que tu es au courant qu’Ily a rejoint l’équipe aussi, en tant que capitaine. Alors j’ai un peu l’impression d’être à la maison. »

Plus qu’une impression, car elle y était enfin réellement, après plusieurs années de vadrouille lorsqu’on y réfléchissait vraiment.

« Ça ne change pas grand-chose pour moi, outre le fait que les tactiques sont un peu plus différentes mais bon. J’ai l’avantage de rester dans mes buts. »

Alors elle n’était pas trop dépaysée non plus.

« Et chez vous, même si vous gagnez toujours, je suis convaincue que je vous manque tous, n’est-ce- pas ? »

Rigole alors, car elle connaissait déjà la réponse.

« D’ailleurs, j’ai rencontré votre nouveau poursuiveur il y a quelques semaines lorsque j’étais passée ! Il à l’air de bien se débrouiller. »

En écho avec son souaffle marqué.

« Disons qu’on pourrait dire que j’ai l’habitude comparé aux autres joueurs. Avant même d’être membre d’une équipe, parfois des journalistes venaient nous voir simplement parce qu’on était mystérieux et Avery. »

Elle hausse des épaules. Quand bien même Naomi comprenait la curiosité qui pouvait animer les Hommes, ils étaient bien souvent plus ridicules qu’autre chose. Un sang dit pur n’avait aucun intérêt d’être ainsi questionné. Tout comme l’héritage d’une famille. D’autres étaient bien plus intéressantes et pourtant, personne ne leur courait après.

« Du coup je suis surtout gagnante, maintenant on me considère comme une personne à part entière, en tant que joueuse de Quidditch. Même si mon nom est toujours là et que les interrogations subsistent. Ça avait été soulevé aussi, que j’étais rentrée chez les Météorites grâce au sponsoring de ma famille car si j’étais partie des Griffes, s’étaient parce que je n’étais pas douée. »

Et qu’elle n’avait jamais mérité sa place, quand bien même elle y était restée durant de nombreuses années. Le drame et les mensonges, un monde que Naomi n’avait jamais apprécié et cela, depuis sa plus jeune enfance. Alors un gout d’amertume au travers de la gorge, elle ne pouvait que comprendre les sentiments de Teddy.

« Mais notre vie privé est bien plus amusante ! Alors qu’au final, on est comme monsieur tout le monde. Peut-être qu’il faudrait tenter de forcer les questions en fonction de la personne qui interview… Demandez nous même comment ils ont trouvé notre jeu. Mais bon. »

Elle n’était pas très convaincue de son idée. Surtout que cela pouvait transmettre l’idée comme quoi on pouvait avoir quelque chose à cacher. Vérité ou non, on pouvait être sûr que cela puisse nous retomber dessus un jour ou l’autre à cause de cette curiosité, bien mal placée.

« Ouais c’est ça, mon contrat se terminait et une place était libre en Irlande alors bon… »

Dans d’autre circonstance, sans doute que Naomi aurait renouvelé son contrat chez les Griffes.

« Ma grand-mère est décédée peu après que je sois rentrée, comme on l’avait vue venir. C’était une façon comme une autre que de retourner auprès d’elle. »

L’étrangeté de ses paroles, Naomi qui pourtant adorait sa grand-mère qui l’avait élevé. Aucune tristesse de prenait vit en ses mots, car après tout, la mort ne rimait pas avec disparition dans leur famille. Une différence qui était parfois difficile à comprendre et à accepter. Mais malgré tout, une nostalgie envers ces deniers mois qu’elle avait pu passer à ses côtés grâce à son changement d’équipe. Têtue qu’on aurait pu l’imaginer, que d’avoir fait le choix de changer de couleur plutôt que d’avoir décidé de se mettre en pause.

« Et puis ça à aussi permis à mon frère de me rejoindre. Je ne pense pas que les Griffes étaient préparées à accepter deux Avery. »

Qu’elle rigole alors, car l’opportunité aurait pu être présente. Comme un nouveau poursuiveur avait lui aussi rejoins l’équipe d’Angleterre.

« Oui Bell. Je pensais qu’il aurait un peu de difficulté à s’y mettre, tu sais pour son premier match officiel. Mais j’ai été assez bufflée ! »

Et elle était aussi heureuse, de voir qu’ils avaient pu trouver de très bonne recrus malgré les différents départs. Le savoir aussi, qu’un jour ou l’autre, ils finiront tous par être remplacé.

« Ça ne te fait pas bizarre ? De voir des gens arrivés et partir, comme ça ? »

Parce que pour elle, les Griffes faisaient toujours partie de sa famille, quand bien même l'énervement que cela procurait à Lancelot lorsque Naomi en parlait.

« Parce que tu vois, en ayant été deux fois la nouvelle j'ai eu des impression bizarres. Même lorsque d'autres venaient nous rejoindre alors que j'étais déjà là, l'ambiance, les personnes. C'est assez... »

Elle n'arrivait même pas à y mettre un mot.

« Et ça, même quand je connaissais les nouveaux. »

Qu'il aurait pu être amusant qu'un ancien Griffe rejoigne lui aussi les Météorites, mais elle pensait surtout à son frère. Un déclique alors.

« Merde ! »

Sans le moindre filtre.

« Il va me tuer, je suis désolée. C'était un plaisir, tu passeras aux autres mes félicitations ? J'essayerais de les attrapes plus tard mais bon... »

Mine triste alors, au final, elle ne faisait que refléter les craintes qu'avait évoqué Lancelot. Attendant l'acquiescement de Teddy, elle entama le chemin dans le sens inverses.