Les coups frappés à la porte tire Sambre de son syndrome de la toile blanche, alors qu’il se perdait dans la contemplation du vide intersidéral laissé par sa créativité.
Se laissant glisser au bas de son tabouret, il amorce un mouvement vers la porte, éteignant la musique au passage, juste au bon moment pour entendre la voix d’un fantôme.

Figé dans son mouvement, l’artiste sent sa bouche et ses lèvres s’assécher soudainement et son cœur s’emballer dans un tumulte d’émotions qu’il a du mal à identifier : tristesse, colère, peur et résignation.
Il aurait bien fait semblant de ne pas être là, bien trop perdu pour assumer quoi que ce soit, mais Asclepios avait dû entendre la musique, puis le silence, trahissant la vie présente dans l’appartement.

Un soupir accompagne l’ouverture de la porte et à nouveau Sambre reste figé dans sa contemplation. Passé le choc de ces couleurs qui ont changé, il constate rapidement que même si cela n’avait pas été le cas, il aurait malgré tout eu l’impression de se trouver face à un autre homme que celui qui avait disparu de la circulation il y a deux mois.

En silence, le jeune homme s’écarte de l’encadrement de la porte pour laisser entrer Asclepios alors que d’un coup de baguette, il lance un sort informulé qui débarrasse une partie du chaos de l’appartement-atelier.
Une main dans ses cheveux blonds , trahissant le fait que le petit prince n’était pas très à l’aise. Parler sérieusement n’avait jamais été son fort. Il détestait avoir mille questions dans la gorge sans qu’aucune n’arrive à passer la barrière de ses lèvres.

- … Tu… Vas comment ?

C’était mieux que rien.

 @Asclepios A. Cavendish drama !

Leurs voix qui se superposent arrachent un sourire au jeune homme, en miroir avec celui qui se glisse sur les lèvres d’Asclepios, et un petit rire qui naît au fond de sa gorge. Mais contrairement à ce dernier, Sambre ne baisse pas les yeux, profitant de ne pas être sous l’emprise de son regard pour promener un regard curieux sur ses cheveux noirs.

La réponse tombe, évidente, intimant le silence au potionniste, et c’était mieux comme ça. Il n’aurait pas su quoi dire. On côtoyait rarement dans une vie un amant accusé du meurtre de sa propre sœur, et même s’il avait été innocenté, qui pouvait se vanter de savoir quoi dire, ou quoi ressentir, après une histoire pareille.
Sambre n’avait jamais été doué pour affronter les problèmes. Ce n’était pas différent aujourd’hui.

Il hoche la tête, lentement, avec l’étrange impression d’observer la scène qui se déroule devant lui comme s’il n’était qu’un simple spectateur. La sensation de détachement est étrange. Tout avait été si bizarre que la seule chose qui l’intrigue réellement, c’est d’avoir l’impression qu’Asclepios, face à lui, puisse avoir l’air gêné.

- Tu n’as pas à t’excuser Ascle. Vraiment. Personne ne t’en veut ici.  

Ses pupilles violines brillent avec sincérité et à sa plus grande surprise, sa voix ne tremble pas. Il n’avait jamais été en colère d’avoir été plongé dans le silence, simplement inquiet. Profondément inquiet en fait, au point qu’il avait assisté aux obsèques d’une morte qu’il n’avait même jamais rencontrée.  

Cette fois, c’est à lui d’être embarrassé, avançant dans l’appartement pour que le mouvement l’aide à paraître plus détaché, et l’aide à réfléchir.

- Et pour le reste… J’en déduis que je ne travaille plus pour toi alors ? Cela dit, on a quand même fait du bon travail, tu dois pouvoir continuer tout seul maintenant.

Sambre ne sait pas trop pourquoi il préfère se concentrer sur cet aspect là. Peut-être parce qu’il avait déjà fait le deuil de quelque chose qui ne devait pas être remis sur le devant de la scène. En avait-il vraiment fait le deuil ? Il l’ignorait.

- C’est gentil, d’être venu me le dire en face.

 @Asclepios A. Cavendish drama !

Le regard de Sambre quitte la silhouette de l’athlète quand la boîte apparaît sur la table alors, curieux, il s’en approche pour en découvrir le contenu rapidement. Ses lèvres se pincent légèrement, alors qu’il s’oblige au silence, ses yeux parcourant ce qui est facilement accessible. Il devine que la somme est bien supérieure à ce qu’il attendait, et entraperçoit des fioles mais la referme finalement sans fouiller totalement ce qu’elle contient.

Ses doigts plein de peinture caressent du bout des doigts le couvercle fermé, en trace les contours alors qu’il reste un moment interdit, sans savoir comme prendre tout ça : ce souvenir impersonnel qui pourtant, avait quelque chose d’intime à ses yeux, et la froideur dans la voix d’Asclepios.

- Si tu l’dis. Mais tu me déranges pas tu sais.

Abandonnant la boîte, il s’approche de son aîné avec un sourire au coin des lèvres. Quand il s’arrête, il est tout proche, et n’aurait qu’à tendre à peine le bras pour toucher le sorcier.
Il n’en fait rien, reste immobile, une main glissé dans une poche, l’autre bras le long du corps, le bout de ses doigts tapotant sur sa cuisse.

- Tu sais, t’as le droit de me regarder quand même hm ?

Un rire lui échappe, du fond de la gorge, mi-taquin, mi-gêné.

- Pourquoi tu le fais pas ?

Alors que ses yeux s’accrochent dans le dos d’Asclepios.

- T’as peur de quelque chose ?

 @Asclepios A. Cavendish drama !