Trois semaines se sont écoulées. Tu as perdu la notion du temps entre ces murs Atlas. Tu as perdu un peu de poids, car te nourrir n'avait aucun sens à tes yeux. Tu as perdu le goût du divertissement, le goût du risque, les sens de la traque - car il n'y avait rien à chasser en ce lieu. Tu as pu passer du temps à lire et à réfléchir, à jouer aux échecs aussi. Tu ne sais pas si Elijah te manque ou si c'est sa manière de te traiter comme un surhomme plutôt. Ici, tu es un être tout à fait ordinaire. Invisible, presque.

Les médicomages t'escortent au travers du couloir pour te rendre tes effets personnels. Le verdict est tombé dès lors qu'on a retrouvé le corps mort de Steven chez lui, pendu au lustre du salon, une lettre de suicide avouant le meurtre de sa femme Jane et la maltraitance de son fils ainé - toi. Tu es donc libéré sur le champ, une note de ta psychomage, Rose Fawley, attestant d'aucun trouble de la personnalité, hormis des traumatismes évidents.

En passant devant l'accueil, tu aperçois pendant un instant la silhouette d'Elijah qui attend devant le comptoir. Tu tournes rapidement la tête pour ne pas que vos regards ne se croisent trop longtemps. Tu n'es pas à l'aise qu'il puisse te voir dans cet uniforme blanc. L'impression d'être un criminel ou un fou. Les deux surement.

Dans une petite pièce, on te rend tes vêtements propres ainsi que tes affaires. Tu te changes en silence, et une fois sorti, une seule personne seulement te ramène à l'accueil. Pendant ce temps, Elijah avait pu signer ton bon de sortie.

— « Strauss. »

Tu ne lui feras pas l'affront d'être familier avec lui en public. Tu adresses aux femmes derrière vous un sourire angélique, hoches la tête pour les remercier.

— « Merci d'avoir pris soin de moi pendant ces longues semaines. »

Celle de l'accueil répond sobrement qu'il n'y a pas de soucis, avant de retourner à sa paperasse. Il y a la queue derrière vous et dans la salle d'attente sont assis plusieurs patients, victimes de maux différents. L'un est couvert de pustules, un autre est désartibulé. Tu manques de percuter un médicomage en sortant.

Dans la rue, tu humes l'air frais et humide de la vie londonnienne.

— « Comment te portes-tu ? »

Demandes-tu presque timidement.

Enfin il est là. Si seulement tu pouvais lui dire à quel point son absence t'a affecté. Si seulement tu trouvais les mots - mais tu ne peux rien lui témoigner au milieu de tout ces moldus répugnants et putrides. Non, tu as toujours le rictus coincé et innocent vissé aux lèvres.

A mesure que vous marchez sur le trottoir, tu l'écoutes s'inquiéter. Tu réprimes un ricanement mystérieux et taquin. Ne réponds pas pour autant. Tout ce dont tu arrives à te concentrer, c'est cette odeur qui te pique le nez. Tu n'aimes pas qu'il se salisse à ce point.

— « Tu as fumé. Tu sens la nicotine. Je déteste ça. »

Tu grondes. Tu te doutes que toi tu sens le désinfectant et l'antiseptique.

— « Je vais parfaitement bien voyons ! J'ai passé trois semaines revigorantes qui m'ont forcé à réfléchir sur moi-même. J'ai pris beaucoup de recul. »

T'as encaissé cette haine au point d'en devenir malade. Elle grouille encore en toi, elle te remue les tripes et agites ton esprit.
Une fois devant la porte de sa maison, tu te décales sagement pour le laisser déverrouiller. Il rentre le premier et tu le suis, refermes derrière toi.

— « Enfin. »


Tu prends une large inspiration. Éclates finalement d'un rire profond et caverneux. C'est la folie qui te consume Atlas. Tu peux enfin la laisser exploser en mille fragments d'absurdité. Tu t'en prends d'abord à la table du salon que tu renverses, l'envoies ensuite contre la télévision. Puis c'est au tour de chaque objet qui tombe dans tes mains d'être détruit et jeté au travers de la pièce. C'est un carnage, tu en es devenu le dieu.

La seule chose qui arrive un tant soit peu à te calmer, c'est d'entendre sa voix derrière toi. Il jubile et tu n'as même pas besoin d'en douter à un seul instant. Tu te concentres sur lui pour ne pas exploser davantage, bien que chaque objet semble te faire de l'oeil pour être jeté au travers de la pièce. Tu as envie et besoin de tout ruiner ici, pour calmer la frustration latente de n'avoir rien pu saccager là-bas. A chaque instant ça te travaillait. Tu as trop pris sur toi et ce n'était plus vivable. Chaque respiration ici est aussi douloureuse que vivifiante.

Ezra ne viendra plus.
Tu abaisses lentement le bras dans lequel tu tenais fermement un vase vide. Tes sourcils se froncent à mesure que tu le dévisages. Que s'est-il passé quand tu n'étais pas là ? Tu n'as pas arrêté d'y penser, ça t'a ravagé. La perspective qu'il te trahisse ou qu'il se rapproche de son frère en ton absence...

— « Parle-moi Elijah. Je veux savoir ce que tu sous-entends. »

Tu étires un sourire glaçant.

— « As-tu enfin réussi à t'en débarrasser ? »

Tu imagines un instant dans la tête la douleur et le désespoir qui s'éprendraient d'Hyperion si c'était le cas.
Pas le temps d'y penser davantage qu'Elijah s'est rapproché.

— « Hm ? »

Tu passes une main à ta nuque pour vérifier que ta peau est toujours aussi lisse. Déglutis.

— « Oh. C'est vrai. »

Grimace. Le rictus machiavélique disparait. Tu vas devoir refaire ce pacte de malheur comme tu l'as promis.

— « Vas-y. »

Puisque de toute façon tu ne pourras pas y couper. Tu as presque oublié la sensation de ses canines perçant ta peau. Et en cherchant à la recouvrer, te vient un autre souvenir.

— « Une de tes congénères est venue me rendre visite à la clinique. Cette sale chienne... m'a menacé. Elle a dit qu'elle prendrait plaisir à te rendre fou si jamais elle se penchait pour boire mon sang. »

Ça t'excite d'attiser sa jalousie.

— « Qu'est-ce que ça t'aurait fait si elle avait vraiment réussi ? »

Il est venu ici sans autorisation. Et voilà. Ce que tu craignais qui arrive est arrivé. Tu fulmines de colère, Atlas, mais silencieusement. Tu lui laisses une chance de s'expliquer avant de le corriger. Mais quand il déroule les évènements dans son ensemble, ça te fait grincer des dents. Il a réussi à te décevoir autant de fois ? C'est un prodige dont tu ne l'aurais pas cru capable. Magnifique.

— « Donc ton sale frère est venu fouiner ici, il a tout découvert, puis s'est enfuit ? Prodigieux Elijah, vraiment prodigieux. »

Tu ravales ta frustration. Si tu t'étais écouté, tu lui aurais tranché la gorge le soir où il a préféré t'arrêter. Des beaux discours de fraternité pour en arriver là.

— « Donc Hyperion est au courant. S'ils se sont enfuis, c'est qu'ils craignent qu'on viennent les cueillir. Je m'absente trois semaines mon amour, et voilà le résultat. »

Tu vas devoir t'en occuper.
Mais avant tu lui fais payer autrement. En sentant la pointe de ses canines sur ta peau, tu l'interromps pour le provoquer un petit peu. Sa possessivité exacerbée t'arrache un rire mauvais.

— « Maxine Vermandois. De ton espèce. Une vieille ennemie des Priest. Cette putain est venue se pavaner devant moi. Elle riait ouvertement de me voir interné. »

Elle paiera.

— « ASSEZ ! »

Tu le foudroies du regard.

— « J'ai besoin de ton sang-froid. »

Culotté après que tu aies passé plusieurs minutes à tout retourner dans la pièce. Autour de vous, c'est un champ de bataille.

— « Fais le pacte si ça t'importe. Je suis prêt. »

Tu n’avais qu’à pas t’absenter. Il y a des baffes qui se perdent. Elijah t'avait manqué mais pas ce côté là. Immature et têtu. Te viennent des pensées invasives et perverses : un petit recadrage s'impose avec lui. Est-ce que les semi-vampires se tiennent en laisse ? Est-ce que les monstres se dressent ? Tu ricanes pour toi, avant d'être brusquement collé contre le premier mur. Pas le temps de réagir que ses canines t'arrachent un cri de douleur.

Tu t'accroches à lui, gémissant à chaque gorgée. Tu plantes tes ongles dans ses épaules, de plus en plus faible. Bordel. Ça par contre, ça ne t'avait pas manqué de te faire sucer le sang comme une vulgaire réserve. Tu murmures des Arrête c'est trop... à son encontre mais tu sens qu'il ne t'écoute pas. C'est à la dernière limite de tes forces qu'il prend la peine de se stopper. Il t'embrasse et tu grimaces, te laissant faire pour goûter à l'infamie de ton propre sang.

— « Ça aussi je l'ai mérité ? »

Tu avances la tête vers la bague qu'il te tend pour y déposer un baiser. Glisses ensuite sur le sol, la main levée devant tes yeux - se forme la bague du calice, celle qui se greffe à ton auriculaire pour sceller votre pacte.

— « Oui... »

Tu restes quelques secondes au sol pour recouvrer un peu d'énergie puis t'appuies contre le mur pour te relever.

— « Je veux leur faire payer ce qu'ils viennent de nous faire subir. »

Tu fronces les sourcils. Tu es vraiment remonté Atlas.

— « Tu as réglé les honoraires de Lune ? Je dois l'appeler pour la remercier, je n'ai pas eu l'occasion quand j'étais là-bas. »

Ça t'a vraiment affecté.
Tu ne veux même plus le prononcer.

T'as le regard mauvais quand il parle de mordre quelqu'un d'autre. Tu détestes ça, c'est vrai, mais tu détestes encore plus quand il se détourne de toi pour aller saliver devant un.e autre. Tu fixes une dernière fois la bague à ton doigt avant qu'il te soulève comme une fleur. Sa force physique t'étonnera toujours. Tu te laisses tomber mollement dans le canapé, épuisé (après les meubles, après la morsure) mais Elijah te rejoint bien vite. Il te colle, te serre. Tu te sens étouffé par un trop plein d'affection. Tu ne lui rends pas son étreinte, trop crispé. Tu grimaces.

— « Le jour où tu n'auras pas envie de tuer quelqu'un tu m'appelleras. »

Tu retrouves un petit sourire malicieux. Si certains peuvent s'offusquer ou se sentir heurté par des paroles aussi lourdes et pesantes, toi ça t'amuse. Elijah ne te fait pas peur un seul instant. Parfois même, tu te rends compte que sa folie meurtrière t'excite.

— « Sinon tu m'enfermes... »

Tu fronces les sourcils. Le toises comme si c'était lui le traitre depuis le début.

— « Je te l'avais demandé en sortant. Tu ne m'as pas écouté. Tu m'as forcé à le faire, pour qu'on soit mis hors de cause. Pour nous protéger de tout ceux qui cherchaient à nous faire tomber ! »

Ce qui est fait est fait.
Il énumère ensuite la liste de tous les noms qui le dérangent. Si la mention d'Hyperion et de son petit ami vampire te satisfait grandement... que celle de Lune Choi t'indiffère, tu gardes des réserves sur Fallen et Attila. D'ailleurs... comment diable est-il au courant pour Attila ? Tu ne penses pas qu'il sache qu'il est venu te rendre visite à Sainte-Mangouste. Si tu lui partages ça, alors tu perdras ton petit jouet à jamais.

— « Et bien Elijah ? Que se passe-t-il ? Tu sembles tendu. On dirait que tu as peur. Tu n'as plus confiance en toi ? »

Tu étires un sourire denté. Plisses les yeux.

— « Bien sûr que non. »

Un mensonge, comme d'habitude. Tu as déjà prévu d'aller rendre visite à un certain ange... Et de traquer tous les êtres impurs qui peuplent votre terre.

— « Sinon... tu m'enfermes. Je sais. »

Tu passes tes doigts sur sa gorge.

— « Et si c'est moi qui te mettait en laisse pour une fois ? Je dois toujours me venger salement de cette fois où tu m'as trainé comme un chien. Je te déteste encore pour cela. »

Évidemment. Il le prend mal. Cet homme est si prévisible qu'il en devient lassant de vouloir le provoquer. D'abord amusé par la situation, tu perds rapidement ton sourire en entendant le venin qui s'écoule de ses lèvres enragées. Ah ! Tu lui tordrais bien le cou à celui-là pour le faire taire, tu lui couderais bien la bouche pour qu'il ne s'échappe de sa gorge qu'un flot censuré de gémissements bestiaux. Tu le méprises.

— « Je n'ai... »

Il te coupe à hurler. Tu serres les poings... Quand il vient saisir ta gorge, tu plaques immédiatement tes mains à ses poignets pour lui faire lâcher prise - et même si c'est vain, tu veux protester pour lui faire entendre que tu ne te soumettras pas à ses caprices.

— « Je ne t'ai PAS abandonné Strauss ! Je me suis sacrifié pour sauver notre couverture, pour protéger mon image et pour t'éviter d'être mêlé à mon erreur. Pour ne pas que tu en paies le prix. Tu sais... Azkaban ? »

Ça t'écorche la bouche de devoir admettre que tu as failli. Aller à ce rendez-vous seul avec Hyperion et Steven, c'était de la folie.

Pour te traiter comme un chien, il aurait fallu que je les laisse te transformer en c h i e n.

— « Quoi ? »

Une gifle tombe. Tu abats ta main sur sa joue, l'air aussi choqué que furieux. Le souffle suspendu, tu restes figé à le fixer comme si tu venais de déclencher un nouvel acte de votre guerre perpétuelle.

Tu n'as pas oublié comme avant de te sauver généreusement, il t'a laissé moisir sur cette chaise pendant des jours, à la merci de ton frère et de ce chacal d'Astérion. Sauver, oui... mais à quel prix ? Pour t'enfermer ici, pour faire de toi son calice.

— « J'ai été plus que généreux avec toi. »

Tu l'as frappé. Tu l'as juste... frappé ? Ce n'est pas si grave, si ? Tu voulais juste que ça s'arrête, qu'il arrête de hurler, qu'il arrête de t'accuser. Qu'il arrête d'essayer de te faire mal - alors tu lui as fait mal en retour. A la vue de sa réaction, tu as un mouvement de recul instinctif. Sourcils déjà froncés et traits tirés, tu te mords la langue et déglutis. Il a l'air profondément choqué. Est-ce la solution miracle dès qu'il se met à crier ?

— « Elijah. »

Tu tentes de faire appel au calme. C'est trop tard. Il bondit, vole ta baguette dans la poche de ton pantalon au moment où il se lève. Tu te précipites à sa suite - il est en train de s'échapper.

— « ELIJAH ! Reviens-ici ! »

La porte claque. Tu frappes dessus du poing, une vague de colère, cavalière de ta frustration.

— « Tu sais que je peux te rejoindre alors... »

Tu essaies de transplaner pour passer de l'autre côté. Mais rien ne se passe. Est-ce la fatigue ? La médication ? Tu n'entends plus rien, et pourtant tes sens affutés le perçoivent derrière la porte. Tu frappes dessus encore une fois.

— « Je perds patience Elijah ! Ouvre-moi immédiatement. Cesse de faire l'enfant et viens régler tes problèmes en face si tu en as. »

Rien.
Tu donnes un violent coup de pied.

— « PUTAIN ! TU FAIS CHIER ! »

Tu recommences à tout retourner, frappant le mobilier déjà bien amoché, cadavres décoratifs exposés au musée des horreurs. Tu prends une chaise et la balance contre la porte.

— « OUVRE CETTE PORTE JE T'AI DIS ! OU JE TE JURE QUE JE TE TUE DÈS QUE JE TE METS LA MAIN DESSUS ! »

C'est ouvert. Tu te calmes, reposes le couteau de cuisine que tu étais allé chercher dans un tiroir encore ouvert. Le regard glacé, tu traverses le champ de bataille que tu as provoqué pour lentement abaisser la poignée. Tu le vois, tapi dans l'ombre en face de toi. Le dévisages comme on juge un marginal. Mais t'en es un aussi, Atlas. Vous êtes tous les deux des fragments d'étoiles éteintes au fin fond de l'univers.

— « Je t'ai giflé. »

Tu verbalises là où il n'est pas clair. Tu as fait ça ? Tu l'as giflé. Tu avances vers lui, te stoppes quand il reprend la parole. Encore une fois, il te dépeint comme le pire des coupables, comme le traitre armé seulement pour le briser. Tu ne comprends pas pourquoi c'est que comme ça qu'il te voit.

Alors que tu es resté.
Tu aurais pu l'achever, ou le garder enfermé - mais tu es resté.

— « Tu es vraiment mort à l'intérieur. »

Tu penches la tête sur le côté.

— « Et tu es faible. »

Cette fois, tu le jauges comme tu le vois vraiment. Un être pleurnichard et traumatisé qui n'a de cesse de se débattre pour exister. Tu approches et lui tend la main.

— « Tu sais que je peux t'aider, hm ? Que je peux t'aider à devenir plus fort. »

Tu le toises, non sans étirer un sourire avide de dominance.

— « Le roi du monde ne pleurerait pas pour une misérable gifle. Il frapperait plus fort en retour, jusqu'à décrocher la mâchoire. »

Ose seulement.

Il refuse de l'admettre mais prend la main que tu lui tends. C'est parfait... C'est comme ça que tu l'aimes. Parce que tu l'aimes, n'est-ce pas Atlas ? Sinon tu ne serais pas là à ses côtés, à supporter tout ses caprices, à encaisser sa folie. Elle fait écho à la tienne. Vous êtes votre miroir, et par Merlin tu ne te pensais pas aussi putride.

— « Mon amour, voilà ce que nous allons faire. »

Tu ne fais pas fi de ses menaces, même si elles t'arrachent un frisson. La rancoeur s'alimente de la même manière que l'amour. Il y a le mot coeur dedans et le tien peine à battre correctement.

— « Nous allons traquer nos frères, les débusquer comme des rats. Et nous les éliminerons pour de bon. Cette fois l'échec n'est plus permis. »

Tu as la rage Atlas. Tu as cette putain de rage en toi. Elle est aussi insatiable que ton besoin de vengeance.

— « Je veux le clan Priest. »

C'est la première fois que tu dis la vérité. Si tu lui avais juré de faire cavaliers seuls, tu n'as jamais caché ton ambition de diriger les chasseurs.

— « Je veux ce qui me revient DE DROIT. »

Tu fronces les sourcils.

— « Je peux te faire Roi des mortels, je serais ta garde rapprochée. Mais je veux... j'ai besoin de retourner sur le terrain. J'ai besoin de me sentir vivant. »