Lève toi et marche
t'as été éduqué à aimer
parfait soldat, tu ne t'effondres pas
même quand en ton estomac réside un immense trou béant
ton sang qui dégouline le long de tes cuisses
lève toi et marche
ils ordonnent, si tu t'arrêtent, tu meurs, continues d'aimer, même quand on te dit fou
oui
on t'a bercé en te donnant le nom de ce sentiment en te disant Croyance mon ange aimer c'est vivre, aimer c'est être libre, aimer c'est doux, Croyance mon ange
lève toi et marche

il fait nuit
les lumières veillent sur ton corps qui allongé dans ce lit, attend
que la lune s'éloigne, que le matin prenne place, qu'elle s'active, la mécanique de ton cœur, qu'elle s'active et vite, tu te sens vide

c'était sa dernière volonté
aime
aime aime aime
aime
croyance ne t'arrête jamais, aime les étoiles, le soleil, le thym qui aromatise tes infusions, le miel qui adoucit le tout, aime les sourires nerveux, les sourires tristes, aime les soirées d'été, à fixer les feux d'artifice, aime ta solitude à toi quand tu te perds entre les pages de tes livres

aime parce qu'on finira tous pas mourir
et que la haine ne fait qu'une chose, elle rend le corps laid, elle rend le visage hideux, sous les draps de la faucheuse et ça fait peur
''c'est comme ça que naissent les fantômes mon cœur ''
et tu veux pas en devenir un
tu veux partir pour de bon
et dire je t'aime
je t'aime

je t'aimais.
Oui, Savoy, je t'aimais
quand dans la nuit tu annonces, juge, sans hésitation, pose ton verdict
je t'aimais

tu t'étais levé, pour accueillir un père qui revient, mais il n'a fait qu'arracher tout le reste alors tu tombes à genoux. C'est le premier coup, la lame qui passe à travers toi, dans ce gouffre déjà bien trop important qui trône, sur ta poitrine
puis tu baisses la tête
un poids immense qui s'acharne, ton corps est si lourd, si lourd
et tu ne sais plus ce qu'il se passe, tu as déjà perdu le contrôle de ton âme, mais ce soir, tu as peur, peur de ce que tu fais

les vitres de la chambre explosent mais tu n'as pas bougé alors que les ampoules clignotent frénétiquement, les meubles qui tremblent.
Les anges se cachent dans les recoins de la pièce, effrayés

cela ne peut pas être vrai
il n'est pas cruel, non, Savoy n'est pas cruel.
Eamon non plus, ne l'est pas. Tu lui avais promit, de le protéger à jamais, de marcher à ses côtés, de le cacher dans ton ombre, dans un brin de folie tu lui as même promit ta main
et ta vie
parfois tu pouvais voir ses sourires, ceux qui ne sont pas joués et alors là, il était si beau
si lumineux, il perdait enfin ses cornes, il perdait enfin ce rôle qu'on lui a mit sur le dos, et il était si beau
et tu tombais amoureux un peu plus, à chaque fois que sa main rejoignait ta joue

il te l'a arraché
si tu t'approches, il mourra, tu le tueras, toi qui dois le ((sauver)) protéger
Savoy tu as joué exactement comme Eamon

Une nouvelle chaîne autour de ton cou
les hommes ils viennent pour te marquer et ils s'en vont en te laissant dans la suie
et dans sa douceur tu y avais trouvé du réconfort
mais c'était peut-être comme tout le reste, un mensonge aussi bien déguisé que joué

une nouvelle chaîne autour de ton cou
tu aurais fini par mourir à traîner trop avec un faiseur de mort liquide, il te sauve, n'est-ce pas ?
Tu lui as demandé de l'aide
alors il t'a sauvé
n'est-ce pas ?

..quoi ?

Avant que la rage explose, observe, Père, comme ton fils est brisé
observe le pleurer, à tes pieds
alors que les lumières éclatent à leur tour
écoute les battements de son cœur se faire de plus en plus faibles
écoute, son souffle s'étrangler, cherche de l'air, il cherche de l'air, il s'étouffe
ses mains qui tirent les vêtements
((elle est trop serrée, ta chaîne))

est ce que ça te fait du bien, de jouer au dieu ? Te sens-tu puissant, Savoy ?

Et l'image est ridicule
toi, dans le noir de son ombre, car il bloque la lumière du couloir, les yeux rivés vers une drôle de divinité qui brise l'âme à la source même de ses croyants

je t'en supplie, oui, pitié, dis moi que cela te fait te sentir grand, que ma peine illuminera tes journées, que cette image de moi fera rougir tes joues, que tout ça ait un but, que je ne pleures pas l'homme que j'aime pour rien.

Tu aurais du le tuer
sous tes crocs
tu aurais du le tuer avant qu'il ne te tue toi
ta voix est si froide, elle tremble, tu fais de ton mieux pour te //retenir//
tu perdras, mais qu'importe, maintenant qu'il t'a volé ta vie, il pourra te tuer encore et encore, ce serait comme crier dans un océan
rien n'en sortira
tu es immortel maintenant, la peur de mourir c'est être en vie, maintenant toi, tu joues aux damnés

et t'es furieux
maintenant, t'es furieux
maintenant que t'as retrouvé ton souffle, t'es furieux
((et ton cœur s'épuise, tu finiras sûrement à la place de tes patients))
qu'importe
tu aimes
tu aimes

tu aimes

Au milieu des débris et de ta violence tu ne peux qu'éprouver un immense dégoût en le voyant poser un genoux à terre, en le voyant s'effondrer. Oh Savoy, quand on ôte la vie il faut rester droit. Et les rêves sont gourmands.
Tu te voyais à ses côtés, à jamais. Peut-être aurais-tu apprit à sourire pour de vrai. Comme lui. Mais t'as tout brûlé, Savoy, dans ta sainte guerre tu n'as laissé que les cendres et les cadavres
et il fait peine à voir, ce mort

tu te redresses et comme un éclair
qui éclate dans le ciel
tu attrapes le col de sa chemise, le force à te regarder
oui
regarde moi
regarde ma fureur, elle n'est que risible aux yeux des diables mais toi, toi l'ange, elle est là pour creuser des trous dans tes ailes
pour que plus jamais tu ne puisses t'élever
jusqu'à la fin
tu ne choisiras rien, Croyance
même pas ta mort

Tu ne le connaissais pas

il y a des morceaux de verres dans ta voix
et ils se plantent dans la peau de ton Père
est-ce dans la nature humaine de briser les liens
est-ce dans la nature humaine de pleurer les amants
mais toi t'es plus tout à fait humain, toute ta vie t'ignorais le reste, ce qui fait de toi

un maudit
tu fuyais son ombre pour pouvoir rester aux côtés des chérubins. Tu y avais trouvé un semblant de bonheur, dans l'enfer on t'autorisait à vivre noyé dans la violence et le jour tu sauvais les brisés, les blessés les brûlés
et c'était parfait

l'équilibre se brise et maintenant la voix de Renard résonne encore plus violemment
mettre le feu au monde, mettre le feu au monde
jouer les rôles qu'on vous donne sans rechigner
mettre le feu au monde
son monde

j'avais confiance en toi. je pensais que tu serais le seul à ne jamais me blesser.

Tu lèves le poing
tu veux l'écraser sur son visage

mais Croyance
t'as jamais été violent.
Tu peux pas, c'est plus fort que toi, sous cette forme, quand la lune ne te regarde pas, t'es incapable de voir ceux que tu aimes souffrir.
Et ça te frustre tant. Les yeux noyés tu veux simplement que tout ça s'arrête, tu veux qu'il rit en te disant ''je plaisante''
mais il n'a jamais été un maître de l'humour, Savoy.
Alors tu baisses la main.

Ne veilles plus sur moi, ne t'approches plus de moi, s'il devait mourir en me voyant je veux que tu considères ce serment réciproque pour toi aussi.

Un autre parent qui meurt
ton cimetière commence à être grand
et tu n'arrives même plus à lire les noms sur les tombes
tout est flou, vague, abstrait

va trouver le réconfort d'un enfant dans un autre monstre, Savoy, toi qui les aime tant.

Tu le lâches, détourne le regard
tes pieds qui marchent sur le verre
tout est mort
tout est mort
alors pourquoi t'as mal
qu'une envie, courir, fuir, le retrouver, te blottir dans ses bras et l'entendre dire que tout va bien
tout va bien
au milieu de ses plantes et de ses mensonges

toi, l'objet

tu retournes t’asseoir sur le bord du lit
et si tu jouais avec le sort
et si tu allais dénoncer Eamon
tu en perdrais la vie, tout comme le serment le stipule tandis que lui s'en sortirait vainqueur, car Savoy a offert la sienne, d'existence pour que jamais il ne pourrisse derrière les barreaux.
((mais ça, tu l'ignores, et heureusement que tu l'ignores sinon plus rien ne te retiendrais à exécuter ce plan))

quel crève cœur
quelle tragédie

Le rocher sur lequel tu reprenais ta respiration est devenu glissant
tranchant
et tu commences à te dire que tu y perds peut-être un peu trop ton sang, lui qui était supposé être un abri, réconfortant, chaleureux
en dehors de l'eau
en dehors du cyclone

et il pleure
c'est comme un râle de colère, ça vient du plus profond de tes entrailles
voir un parent pleurer, tu n'en peux plus, t'as passé ta jeunesse à essuyer les larmes d'une mère qui ne répondait même plus de ce titre
t'as passé ton adolescence à ignorer les sanglots d'un père qui cherchait le pardon
et maintenant en voilà un autre
((arrêtez de me briser))
((arrêtez))

tu n'as pas le droit de pleurer Savoy ! Pas devant moi ! Cache toi, maintenant, dans les jupons de tes prétendantes, homme tout puissant, si tu veux te plaindre. Mais pas devant moi.

Parce que ça fait trop mal de te voir comme ça
parce que je risque encore une fois de tout oublier pour juste te prendre dans tes bras

et c'est ce que tu te fais, tu laisses le sang tâcher le sol, t'ignores cette douleur là
tu l'attrapes et le prend contre toi, ta main dans ses cheveux n'est pas douce, cependant, elle tire ses mèches, l'autre tremble trop et pourtant le maintient contre toi

je me déteste, je déteste ce corps qui ne peut pas s'empêcher d'embrasser les vices. Je te déteste. Tu es comme eux, maintenant, et comme pour eux je ne peux m'empêcher de te garder dans mes bras.

Il a rejoint leur rang, Savoy
ceux qui ont laissé une immense marque sur ton corps
((tu lui faisais confiance))

tu m'as retiré l'homme que j'aime et mon père. Et je t'en prie ! Ne me sort pas tes complaintes, tes, je ne te mérite pas, tes, ne m'approche plus , en fait, ne parles plus. Tu as assez parlé comme ça, tu ne penses pas.

Tu regarde dans le vide
les larmes ne se calment pas et ton corps grelotte
t'es seul maintenant
((non, regarde autour de toi, il te reste Renard, Alcyone, Silas, Anthem, oui, tu n'es pas seul))
mais arriverais-tu à leur dire
''je crois qu'il ne me reste pas beaucoup de temps''
arriverais-tu à leur dire
''j'ai peut-être les mains recouvertes de sang''
non bien sûr, tu as trop peur de voir la peur sur leur visage

t'as l'impression de t'être vidé de tout ton sang
t'es plus qu'un cadavre maintenant
un bien déplaisant cadavre qui se morfond sur son sort
ô disgrâce pourquoi ne m'emportez-vous pas avec vous , pourquoi ne puis-je pas marcher à vos côtés

je ne peux pas te tuer pour rompre le serment, je n'en suis pas capable, je t'aime trop pour ça. A mon plus grand dam. Mais je peux rendre ta vie suffocante, Savoy, tout comme tu as rendu la mienne invivable.

Alors ton emprise dans ses cheveux lui fait incliner la tête de côté et d'un élan de violence
tu plantes
tes dents dans son cou
oh et tu n'es pas un vampire
toi t'es un véritable animal
alors ça fait mal
ce n'est pas tes crocs qui prennent place sur le tableau, c'est ta mâchoire entière
une effusion de sang, comme croquer un raison, le liquide qui rempli rapidement ta bouche

enfin tu te recules, le souffle court
((parce que c'est immonde))
mais toi aussi tu voulais le marquer à jamais
comme une promesse
je n'oublie pas, Savoy
je n'oublie pas

les pleines lune je ne te traquerai pas, non, toi par contre, tu devras me maintenir, c'est ton métier après tout. Fini les chaînes. Fini les potions.

Et si tu meurs
tu veux que ce soit de ses mains
il a prit le rôle de ton père
mais il vient aussi de prendre le rôle d'Eamon
le bourreau

Tu entends, il est désolé Savoy
oh toi aussi, tu l'es
de devenir une nuisance, de devenir quelque chose qu'il devra suivre dans la nuit car il en sera obligé. Et peut-être qu'avec un peu de chance il fera verser ton sang sur le sol

je ne te verrai pas.

Sous l'influence de la lune, sans le poison dans mes veines, je ne serai qu'animal sans conscience
et alors là
arriveras-tu à voir ton fils
arriveras-tu à me voir
à travers les crocs et la violence

son sang sur tes lèvres te donne la nausée
un haut le cœur
tu détournes le regard, la mâchoire crispée alors que tu essaies de lutter contre l'envie de vider ton estomac déjà bien trop vide depuis des jours
((de la bile))

essuie du revers de ta manche le carmin de ta bouche
horrible sensation
((le blesser c'est horrible))
((le blesser c'est un cauchemar))
regarde ce que tu me fais faire
moi
l'ange

Savoy.

Tes mains qui tremblent tellement
comme tout corps tout entier
tu tiens debout uniquement par l'adrénaline, quand celle-ci aura chuté
tu vas t'écrouler Croyance
et ça ne va pas être très beau à voir

Antoine Savoy. Je me demande où il est, Olivier. S'il aurait fait la même chose. Oui, je me demande. Il a toujours été lâche, Olivier. Lequel des deux est le plus idiot. L'abandonné ou le je rejeté.

Tu ignores tant de ton père
tu ignores ce qu'il cache
((et ce qu'il cache porte un nom))

et le pire dans tout ça c'est que j'ai envie de te pardonner.

Tu prends appui sur le mur parce que tu sens tes forces te quitter
tu te remets à sangloter
tout tourne autour de toi
ces sentiments qui explosent
comme des bombes
détruisent tout sur leur passage

En voyant son corps chuter en avant tu ne peux pas lutter
tu t'approches et l'empêche de percuter le sol, le maintenant contre toi
quel imbécile
quel idiot
tu restes un moment comme ça, le sentant s'éteindre entre tes bras et ça te fait bizarre. Il a pleuré et maintenant il s'écroule. Lui qui ne flanche jamais.

Et tu te demandes. S'il se vide de son sang, tu n'auras rien fait de mal. Tu n'étais pas en état de le soigner. Tu n'auras rien fait de mal.
Alors pourquoi est-ce que ton corps s'active.

Doucement ta baguette qui se pose sur son cou, le sang s'arrête de couler, tu te concentres
((mais tes crocs resteront là))
signature sur cette toile trop pleine de peintures sépia

sérieusement..

ton inquiétude tu essaies de l'ignorer
ton angoisse tu lui dis de s'en aller
c'est sa faute
pas la tienne
((c'est ta faute))
((pas la sienne))

tu tires son corps pour l'allonger sur le lit, t'éloigne de la carcasse pour revenir avec des bandages, les enroules délicatement autour de son cou, pose un gant frais sur son front
tu ranges les dégâts du déluge que tu as provoqué

et maintenant te voilà immobile face à ton choix
le laisser là et ne plus jamais revenir
être une simple créature dans ses petits papiers
être un désastreux échec
comme tu l'es pour Isaac
comme tu le seras pour Earl



quand Savoy tu reprendras connaissance, tu auras sûrement mal, tu verras l'obscurité de la pièce mais surtout une silhouette à tes côtés. Assit sur le lit, les genoux contre lui, les yeux qui brillent dans le noir, à observer le rien
t'as toujours pas fait ton choix

((ou peut-être que si, en fait))

Tu le laisses faire son manège sans bouger, immobile, trop plongé dans cet état intolérable , cette mort physique
c'est comme s'il bougeait au ralentis
et les battements de ton cœur sont si bruyants dans tes oreilles, tu les comptes, pour ne pas devenir fou.

Je sais

que tu murmures, à peine audible. Tu es un bon médecin, Croyance, mais un bien médiocre fils.
t'as l'impression que toute la fureur chute et qu'il ne reste plus rien en toi, tes pensées sont éparpillées et Savoy risquait bien plus gros sous tes mains si tu essayais quoi que ce soit maintenant que s'il se soignait lui même.

Ton regard ose un instant se poser sur son corps qui titube
((eamon, tu t'es laissé faire?))
lentement tu quittes le lit pour venir l'épauler, le soutenir, ta main sur sa hanche

que veux-tu faire dans la salle de bain

un distant écho
c'est ce que tu es devenu
tu n'es plus furieux
tu n'es plus triste
t'es juste
plus rien

J'essaie de l'ignorer. Ton sang me fait peur.

Tu déglutis
ce fut grogné entre tes dents, tu as encore son goût sur le bout de ta langue, oui, son sang te fais peur, pire, le sang te terrifie, maintenant. Quand il est provoqué par ta personne tu perds tes moyens, quand il est provoqué par la violence tu détournes le regard. Mais tu es médecin, tu ne peux pas fermer les yeux sur cela.

Une fois qu'il termine dans la baignoire tu observes les marques, les coups, d'autres l'ont dévorés. Tu n'es pas le seul. Tu n'es pas le seul. Oui, rassures-toi ainsi.
((ou trouves-tu un certain chagrin dans cette réalisation))

et enfin il te demande ce que ton psyché te hurle sans cesse depuis des heures
pourquoi es-tu toujours là, Croyance
pourquoi, oui pourquoi n'est-il pas mort

tu passes ta main dans tes cheveux, les yeux clos
tu essaies de trouver un peu de calme dans toute cette douleur, dans toute cette confusion.

Parce que

tu t'approches de la fenêtre, dehors c'est mieux, dehors c'est l'air, dehors c'est là où il se trouve, le diable qui a signé le contrat.
Alors il aurait accepté ?
Il doit sûrement déjà t'oublier.
C'est peut-être pour ça que tu souffres autant, toi devant ses iris tu ne pouvais être que dans son esprit
mais maintenant ?
Et comment oublier, toi, de ton côté
le goût de ses lèvres contre les tiennes, la douleur qu'il jouait à la perfection, et la libération quand il te demandait de traquer
((quelle  honte, tu ne pourras jamais l'avouer, mais bon sang, ce que tu aimais chasser))

je n'ai plus que toi. Ma famille, ce n'est plus que toi. Et je ne veux pas te perdre.

Tu ignores encore qu'un fantôme arrive
mais ça
comment le savoir
pour l'heure il n'y à que toi, Savoy
couvert de sang
parfait pour tenir à ses côtés, donc.

Tu te tournes vers lui
il se fait engloutir par l'eau
il se noie, lui aussi, sous tes yeux
il ne veut pas te perdre.

Les deux.

Ta mâchoire se crispe
l'enfer ça a toujours été la violence des autres, mais ce soir ça vient de changer
t'as jamais été un saint
mais là t'es devenu ce qu'il voulait faire de toi depuis le début
une arme à double tranchant
pour que lui ne jamais se blesse
et que tu brises les autres
et ton propre corps
petit à petit

pour qu'une fois la lame fissurée, il puisse la briser
((et tu préfères croire ça plutôt qu'une autre réalité ou il t'aurait aimé))

j'ai faillit te tuer. Tu ne m'en veux pas ?

Tes poings se serrent
tout dépendra de la réponse
alors ton souffle se met en suspension, sur une seconde, une minute, sur sa réflexion

sur son corps qui s’immerge un peu plus dans cette eau
qui perd se son transparent
pour devenir saumon

Tes yeux suivent ses mouvements
animal apeuré que tu es, la queue entre les jambes
((tu n'es pas comme eux))
tu n'es pas une créature qu'il surveille
tu l'espères
tu le désires
mais tu agis tout comme eux, indomptable, sauvage, égoïstement.

Alors quand il s'approche et que sa main froide se pose contre sa nuque pour t'attirer vers lui
tu ne peux que ressentir un immense creux se former dans ton estomac
la honte, la culpabilité, la douleur.

T'as l'impression de revivre en boucle les mêmes actions de ta vie
et tu te croyais sage, calme
ce n 'était jamais de ta faute
là pourtant tu étais maître de ton corps
quand t'as fait couler son sang le long de ta gorge, tu pourrais finir en prison et ne plus jamais voir la lumière du soleil
tu seras damné et c'est sûrement mérité
tu as trop joué avec le sort, il commence à se retourner contre toi

à force de vouloir aider les maudits
ça vient ronger ta peau, ton esprit, ton âme, tout
tu te fais dévorer de l'intérieur

et enfin tu te blottis contre lui, passant tes bras autour de sa taille pour le serrer faiblement dans tes bras

je crois que j'ai besoin de partir quelques temps ..

tu murmures contre son torse, prit de tremblements