Le temps avait passé depuis cette rencontre catastrophique. Moi qui voulus bien faire, je me suis pris les pieds dans le tapis. Une erreur qui n’eut l’air de rien sur le moment, mais qui me fut plus couteuse que tout ce que j’aurais pu envisager. Un vrai coup de massue.

Néanmoins, passé la désillusion, il fallait toujours aller de l’avant. Certes, la rencontre avec Lénore fut un désastre et j’en étais la première responsable, pour autant, alors que je pensais être dépossédé de tout espoir de te revoir, qu’elle ne fut pas ma surprise lorsqu’Ema, l’elfe de maison providentielle, revint vers moi pour m’annoncer cette merveilleuse nouvelle.

Un dialogue retrouvé, c’était tout ce que je demandais. L’opportunité de revenir sur ces événements et réparer les pots cassés. J’avais conscience de la difficulté de la tâche, mais malgré la peur et l’appréhension, je n’avais d’autre choix de me jeter à corps perdu dans cette bataille.

Mais avant que tu n’arrives, je bénéficiai d’un coaching bienvenu de la part de ma petite créature préférée :

─ Tu as bien compris, Louise ?
─ Ema… aurais-tu l’extrême obligeance d’arrêter de me prendre pour la petite ingénue de service ?
─ Quand tu te comportes en tant que tel, ce n’est pas comme si j’avais le choix. Darya m’a bien fait comprendre à quel point tes mots l’ont heurté, qu’elle voit ce que tu as fait comme une trahison ; c’est tout à fait logique. Je me demande encore ce qui t’a pris.
─ On se le demande tous… tu sais à quoi je dois m’attendre ?
─ Aucune idée, tu me disais l’autre jour qu’il est plus facile de demander pardon que la permission… mais avec la fille de Canopus il faut s’attendre à tout.
─ Le fait qu’elle revienne vers moi et qu’elle soit prête à discuter, c’est déjà un pas de géant. Un long soupir… elles font la paire toutes les deux. Dis-je alors que j’eus une pensée pour ma fille, un sourire gêné aux lèvres, le rire jaune.
─ Tu peux parler…

Un gloussement que nous partagions, un baiser déposé sur le front de l’elfe qu’elle me rendit. Et j’attendis, patiemment ton arrivée, Darya. Non. Totalement faux. Je ne tenus pas en place à vrai dire ; les cent pas que je fis dans mon salon, il fallut que mes deux félins viennent me tenir compagnie pour commencer à calmer mes nerfs.

Lorsque tu fis ton arrivée, je ne fus pas celle qui t’accueillit, mais bien Ema. À la suite d’une grande inspiration et malgré mon palpitant dansant la gigue, je vins enfin à toi. Beaucoup de choses avaient changé depuis la dernière fois ; le malaise que je ressentais en ta présence s’était accentué. Je ne sus quoi faire, que dire. Mon visage s’étira dans un sourire énigmatique ; je fus incapable de mettre des mots sur ce que je ressentais. Il y a toutefois quelque chose que je voulais absolument te dire, alors je commençai par là :

─ Bonjour. Je… je suis contente de te voir, Darya. Black ou Lestrange cela ne faisait aucune différence à mes yeux. Tu restais la même. Paradoxalement c’était aussi déroutant que rassurant. Je savais à quoi m’attendre sans réellement en être certaine. Dans l’inconnu le plus total. L’esprit embrumé, mais le but clair : Tout… tout va bien ?

Effarant à quel point malgré mon âge, je me comportais encore comme une enfant lorsque je savais que j’avais fait une bêtise et que j’ignorais comment la réparer. Incapable de retenir ce rire nerveux qui s’échappa de mes lippes.

─ J’ai… j’ai besoin de te parler. Mes doigts qui s’entremêlèrent dansèrent entre eux. Que c’était compliqué… j’avais beau l’avoir anticipé, c’était encore plus ardu que je l’avais envisagé. Tu veux bien qu’on s’installe dans le salon ? Ema a préparé un petit quelque chose pour nous.

Je sentis son regard moqueur sur moi, cette petite elfe de malheur. Elle pouvait être certaine qu’à la moindre occasion je te le ferais payer. Néanmoins, dans son petit rire goguenard je sentis aussi toute la chaleureuse attention qu’elle avait à mon égard. Comment je pouvais lui en vouloir après cela ? Si Darya était là, c’était grâce à elle.

Certainement pas grâce à moi.

J’avais déjà été dans l’embarras ; mais là... il m’était difficile d’imaginer une situation plus intimidante que celle-ci. Pas seulement parce que c’était toi, Darya – encore que – mais aussi pour ce que tu représentais, ce que je ressentais pour toi ; ainsi que l’ampleur de ma faute.

Comme souvent lorsqu’un dialogue entre deux personnes se brisait, il y avait une autre qui venait se mêler à la fête pour initier une réconciliation. Qui aurait cru que ce rôle serait joué par une elfe de maison, lorsque l’on savait à quel point le traitement réservé à ces êtres était… inégal pour rester polie.

Passé les enfantillages dont je fis preuve, il fut temps de revenir sur un même pied d’égalité avec toi et me comporter comme l’adulte que j’étais. Raison pour laquelle, une fois installée et ta première tirade écoutée avec attention, je réfléchis longuement avant de reprendre la parole. Les saphirs pivotèrent vers l’elfe, un signe de tête pour l’inviter à prendre place auprès de nous tout en servant à boire.

Je ne sus si elle put lire la gratitude dans mes yeux… mais avec du recul, c’était tellement évident qu’il fut superflu de l’évoquer.

─ Non. Tu n’as pas à t’excuser ; que la réaction soit disproportionnée ou pas, je suis celle qui l’aura provoquée. Tu ne peux pas en vouloir au feu de te brûler lorsque tu déclenches toi-même l’incendie.

J’avais eu faux sur toute la ligne et il fallait simplement avoir le courage de l’admettre. Peu importe les circonstances, qu’elles fussent atténuantes ou pas. Le résultat était le même.

─ Néanmoins… je tiens à te rassurer sur un fait bien que ce soit sans doute le cadet de tes soucis : Lénore scellera ses lèvres, peu importe ce qu’il adviendra. Un soupir, tu n’avais aucune assurance qu’elle ne le fera ; à part mes propos, rien ne te le prouvait. Mais j’avais confiance en elle pour garder le silence. Ce que je partageai avec toi : je sais qu’elle peut être… obstinée, difficile, caractérielle ; parfois même avec les pires manières qu’on puisse envisager. Un sourire vint se former sur mes lèvres à cette pensée. Mais elle est aussi courageuse, elle peut être adorable quand elle le veut et surtout… elle est d’une loyauté sans pareille.

Et bien qu’elle eût toutes les raisons du monde pour me trahir, qu’elle détestait les Black pour lui avoir ôter la chance de m’avoir rien que pour elle… je resterai toujours d’une fierté sans égal de l’avoir pour fille. Et même si ça devait me prendre le restant de mon existence, je ferai tout pour me racheter auprès d’elle, de la même façon que je le tentais auprès de toi, Darya.

─ Je sais que le problème ne vient pas seulement de ce que j’ai dit… mais surtout du fait que cela soit sorti de ma bouche sans que tu n’aies ton mot à dire. Mais ce n’était pas dans l’intention de te nuire. À vrai dire, ce fut tout l’inverse…

Parfois l’on faisait du mal aux autres sans le vouloir. Lorsque le mal était intentionnel bien entendu il fallait sévir. En de rares occasions, le mal était commis avec de bonnes intentions. Et le cas échéant, pardonner était possible certes… mais ô combien difficile, je le savais.

Il y en eut autre qui le vivait de la même façon que toi, Darya.
Et moi je ne faisais que récolter ce que j’avais semé.

Tu avais parfaitement raison, Darya. D’ailleurs à mes yeux, ton passé n’était pas ce qui te définissait, mais ce qui t’avait façonné. La nuance étant que ton présent ainsi que ton avenir t’appartenaient. C’était tout ce que je souhaitais pour toi : te voir aller de l’avant.

Bien sûr, il ne fallait pas oublier ; c’est en se souvenant de l’avant qu’on améliore l’après. Et ça, tu l’avais compris, et ça me réchauffait le cœur. Ironique alors que lors de ta rencontre avec ma fille, j’ai tout fait pour te rappeler ces événements douloureux, comme si j’étais persuadé qu’ils étaient le seul lien que tu pouvais entretenir avec elle. En y repensant… c’était tellement stupide.

Malheureusement, une idée qui nous parait intelligente sur le moment s’avère souvent ne pas l’être au final ; tu le reconnaissais aussi bien que moi. Pourquoi chercher à vous rassembler par la douleur lorsque je pouvais le faire par son contraire ? Peut-être qu’à l’instant je me disais que cela aurait pu être le plus efficace ? Comme quoi, improviser, cela ne m’apportait pas que du bon.

─ Je comprends. J’assume ma faute, Darya ; je ne voulais pas te faire du mal… je tiens à ce que tu le saches, peu importe si tu ne me pardonnes pas. La gêne dans mes traits, le stress dans la tonalité de ma voix, je vins coincer une cigarette entre mes lippes pour y remédier. Expirant la fumée en te tournant la tête, tout pour éviter d’affronter ton regard. Je ne sais pas quoi faire avec elle. J’ai l’impression qu’à chaque moment que je passe avec elle, j’avance d’un pas pour en reculer de trois. Elle ne m’écoute pas, elle gâche sa vie dans l’oisiveté et la médiocrité malgré son immense potentiel. Et pour couronner le tout… je n’ai aucune idée de ce qu’elle veut parce qu’elle ne me le dit pas.

De mon côté je m’imaginais le pire à chaque fois. Je me disais qu’elle maintenait cette distance entre nous pas uniquement parce qu’elle en était habituée, mais aussi parce qu’elle n’attendait plus rien de moi ; que ma présence dans sa vie était superflue. J’étais terrorisée à l’idée de la voir disparaître pour de bon. Ironique alors que j’étais la seule responsable de son attitude vis-à-vis de moi. Mon souhait de réaliser mes ambitions ne m’avait pas apporté ce dont j’avais besoin… mais ce que je voulais.

Les temps avaient changé. Il n’était plus question que de moi maintenant. Mais de nous tous. La famille Black et cette merveilleuse jeune femme qui je voulais y greffer. Seul bémol : ça ne dépendait pas que de moi. Je me souvins alors de l’époque où j’avais considéré ma grossesse comme une malédiction, de la même façon que mon amour pour son père : Matthew. Si seulement j’avais su à l’époque… à quel point j’avais tort.

─ Plus de vingt ans après… je suis aussi perdue que le jour où j’ai compris que j’étais enceinte d’elle. Un rire nerveux, une nouvelle fois la fumée qui s’échappa de mes lippes. J’ai dû recourir à tous les subterfuges pour la dissimuler aux yeux de mon père… de Canopus. À cette époque je savais déjà l’homme qu’il était, j’avais tellement peur. Orion a fait ce qu’il a pu, mais… ce n’était pas son fardeau à porter, uniquement le mien. Le père de Lénore était ma seule échappatoire lorsque je sentais que tout m’échappait. Lorsque mon monde s’est retrouvé sens dessus dessous.

Et il l’aurait été jusqu’au bout. Jusqu’à son dernier souffle. À cette pensée je sentis mon cœur se serrer si fort dans ma poitrine que certains battements vinrent à manquer. La rage qui me montait au ventre parce qu’il n’était plus là… c’était injuste, inapproprié, mais il n’était plus là au moment où j’en avais le plus besoin.

─ Matthew… était, est, et restera, la personne la plus importante de sa vie. Peu importe les efforts colossaux que je fournirai, jamais je ne rivaliserai avec lui. Jamais. Il était l’homme de nos vies… et il le sera pour toujours.

Et je réalisai une fois de plus aujourd’hui que je ne lui arriverai jamais à la cheville… et que c’était sans doute pour cela que ma fille ne m’aimera jamais comme elle l’aime lui. Rien n’était plus douloureux que de le savoir. Rien.

Une fois encore, tes mots sonnaient justes, Darya. Pas question de me brosser dans le sens du poil, pas question de me donner raison lorsqu’il était clair que j’avais tort. Me voyant faire fausse route, tu essayais malgré ta faible expérience de m’orienter dans la bonne direction.

C’était tout à ton honneur et je l’appréciais. Je ne sus moi-même pourquoi j’eus cette folle idée de me comparer à lui… maintenant qu’il n’était plus là, je ne pouvais plus m’appuyer sur lui. C’était encore bien pire pour Lénore, surtout quand on savait l’importance qu’il avait pour elle et tout ce qu’il avait fait pour moi, pour ce que nous avions vécu.

Je me rendais compte une fois de plus que je n’étais pas prête d’aller de l’avant après sa mort ; même devant le fait accompli je cherchais des réponses qu’il ne pouvait pas me donner. Tandis que toi de ton côté, tu confrontais ta vision des choses à la mienne et l’intransigeance dont je pouvais faire preuve, prétextant que c’était pour le bien de Lénore… alors qu’au fond ; faisais-je vraiment tout cela pour elle ?

─ Je suis fière d’elle. Malgré mon furieux désir de la voir s’élever plus haut… je reste fière de son courage face aux épreuves qu’elle a dû affronter. Je souhaiterais simplement qu’elle réalise son potentiel parce que je suis convaincue qu’elle gagnerait à le faire.

Je ne comprendrais jamais. Comment se satisfaire du nécessaire lorsqu’on pouvait avoir plus… ce n’était pas simplement le fait de se contenter de peu, mais de m’assurer sa tranquillité une fois que je ne serais plus là. Je ne voulais pas la voir lutter avec acharnement rien que pour survivre ; ce que je voulais d’elle, c’était qu’elle puisse profiter de sa vie sans craindre le chaos.

Ce faisant j’oubliais ce que tu n’hésitas pas à me rappeler : il s’agissait bien là de sa vie et non de la mienne, peu importe le lien que nous partagions. Sa vie, ses choix, son avenir. Si je décidais tout à sa place… je n’étais pas mieux que mon père, que Canopus. À croire que c’était plus fort que nous, que nous ne pouvions pas nous empêcher d’interférer dans la vie de nos enfants.

Que nous pensions bien faire ou que nous voulions flatter notre égo… au final quelle importance ? Le résultat était le même. L’enfant finira par en pâtir, par en souffrir. Exactement ce qui se passait avec elle.

Après t’avoir écouté longuement, un long soupir s’échappa de mes lèvres alors que je réalisai que je faisais fausse route. Un maigre sourire s’esquissa sur mes lèvres alors que je pris une gorgée de mon thé, puis une bouchée de ma pâtisserie. Le temps de me laisser réfléchir.

─ Ce qu’elle aime faire… tu veux dire à part me rendre folle ? Rire jaune, ça repartait de plus belle : je… je n’en sais trop rien à vrai dire. J’aimerais le savoir, j’aimerais qu’elle me parle comme si je n’étais pas une étrangère. J’ai l’impression qu’elle me tolère, mais rien de plus. Elle m’appelle « maman », parfois avec un tel dédain. Je ne sais pas ce qu’elle attend de moi, je n’arrive pas à la comprendre.

À chaque fois que nous étions dans la même pièce, nous nous parlions comme si nous n’avions pas le choix, plutôt que par envie de le faire. Je ne savais comment changer cela… j’espérais simplement que ce n’était qu’une question de temps, qu’elle finira par me faire confiance un jour. De la même façon qu’avec toi, Darya. Et du reste de cette famille.

─ Tu te souviens du jour où je t’ai dit qu’une mère n’a pas d’autre choix que d’aimer ses enfants ? La formulation était incorrecte. Une mère qui n’aime pas ses enfants n’en est pas une. Ce n’est qu’une génitrice, rien d’autre. Tu n’en as peut-être pas conscience maintenant Darya… mais tu feras une excellente mère. Quant à moi… bien qu’il ne soit peut-être pas trop tard, j’ai encore beaucoup de travail avant d’y prétendre.

La simplicité en mot d’ordre, érigé presque comme une maxime que tu prônais devant cette inquiétude saupoudrée d’un nuage de désapprobation. Cette notion de choix que je voulais ôter à ma propre fille alors que je m’étais battue pour être en mesure de faire les miens.

Paradoxal, mais pas surprenant, nous n’aimions pas la facilité chez les Black ; et bien que nous faisions mine d’être sobres et austères… nous étions aussi acteurs du changement. C’était un comble de m’entendre dire que je voulais la voir s’élever au-dessus des autres sans penser une seconde à ce qu’elle voulait faire de sa vie.

Un de mes travers que je peinais à corriger. Cette projection de ma propre vie sur elle, comme si l’enfant devait être une copie conforme de son parent. Mais non, Lénore était bien plus qu’une pâle imitation de sa mère. Et toi Darya tu l’avais déjà compris alors que tu n’avais passé que quelques minutes avec elle. C’était mon rôle de l’accepter… aussi difficile que ça pouvait l’être, c’était tout simplement la meilleure des choses à faire.

Et pourtant… la frustration subsistait.
─ Tu… tu n’as peut-être pas tort. J’ai toujours eu du mal à envisager de se contenter de si peu alors qu’on peut avoir toujours plus. Mais elle ne devrait pas avoir à subir mes ambitions. C’est si délicat… de concilier mon envie de la rendre heureuse à celle de la voir s’élever. Dans un sens, c’est peut-être le désir de la voir reconnue à sa juste valeur qui aveugle mon jugement.

Le savoir était un grand pas, mais de là à agir contre ma nature, il y avait encore un travail à faire. Titanesque certes, mais nécessaire surtout. Si je ne voulais pas la perdre à jamais… la nécessité devenait un impératif.

Tes suggestions notées dans un coin de mon esprit, acquiesçant à chacune de tes paroles que je buvais avec la même avidité qu’un vampire et sa boisson d’hémoglobine préférée. L’idée du temps dont j’avais la fâcheuse impression de croire qu’il m’en manquait ; mon impatience qui marquait mes traits dans une moue enfantine, comme si j’étais privée de dessert.

La sagesse de tes propos, le sourire aux lèvres alors que j’avais devant mes yeux une jeune femme que j’avais vu grandir de loin ; qui me surprenait de plus en plus à mesure qu’elle parlait. Je me rendais compte qu’au-delà de t’aimer, Darya, je te respectais. Tu avais tes failles, tes lacunes ; nous avions nos disparités… mais nous nous entendions sur le plus important. Pour le moment je n’avais besoin de rien d’autre.

Dans un élan de tendresse, malgré une certaine maladresse, je vins chercher ta joue de la paume de ma main, la caressant avec cet amour presque maternel, un air de nouveau serein, un sourire qui l’enjolivait. Puis une pointe d’humour :

─ Lavender n’est pas le meilleur exemple de ce qu’une mère doit être… j’ai beau dire, je ne suis pas mieux de mon côté non plus ; qui suis-je vraiment pour juger on se le demande. Un mouvement de recul. Puis, d’un geste, une cigarette vint se coincer entre mes lèvres ; un claquement de doigts pour l’allumer. La fumée expirée, puis les mots : tu mérites d’être aimée autant que ton frère, ma chère. Je suis peut-être aveuglée par les sentiments que j’éprouve pour toi… mais si Lavender a choisi de ne rien ressentir à ton égard, même si je ne pourrais sans doute jamais la remplacer, sache que tu trouveras en moi ce qu’elle ne voudra jamais t’offrir.

Et ce même si un jour tu venais à me haïr ; si tu en venais à ne plus jamais désirer être en ma présence, au même titre que Lénore ou Izar ou bien même tes cousins, vous aviez tous une valeur inestimable à mes yeux. Je ne troquerais ce lien que j’ai avec vous pour rien au monde.

─ Une Lestrange ou une Black… cela n’a aucune importance pour moi. Ce n’est pas ton statut qui fait de toi ce que tu es. Une enfant Black tu es née, tu le resteras. Tes enfants auront ce même sang qui coule dans tes veines. Ne fais pas comme moi, Darya, ne leur fais jamais l’affront de leur faire croire que ta vie vaut plus que la leur.

C’était sans doute ce qu’elle pensait… Lénore. Tout ce que j’avais fait, je ne l’avais pas fait que pour elle. Elle le savait aussi bien que moi ; me pardonnera-t-elle un jour ? Rien n’était moins sûr.