La première fois que tu l'as vu, tu l'avais noté 4/10. Charmant, tout à fait ton style, le genre d'homme auprès desquels tu aimes te perdre, ce petit charme si exotique auquel tu n'es pas insensible. Mais un appétit trop fort, du genre à vouloir jouer au plus gourmand. Et tu sais, Ariana, que ce genre d'homme est dangereux pour toi. Car tu n'aimes pas perdre. Tu te demandes encore, Ari, à quel moment tu avais décidé que lancer cette guerre serait une bonne idée.

— J'aime beaucoup les roses, pourtant.

Tu le fixes, tires ta moue la plus triste de ton répertoire, joue la petite fille déçue, tourne en ridicule ses menaces. Voilà bien longtemps qu'on se tournait autour à coup de promesses de violence... Et tu dois avouer aimer ça. Voilà un jeu stimulant que ton très cher papa trouverait bien immoral.

Tu tournes lascivement la petite baguette en plastique dans ton cocktail hors de prix. Ta tête qui repose au creux de ta paume, pencher contre la table, les jambes croisées, dans une posture que tu sais trop délicieuse pour qu'il ne la regarde pas. Et tu aimes, c'est vrai, voir ses yeux te scruter alors que sa bouche, elle s'efforce à balancer des insanités. Ton regard dérive sur sa cravate, un petit sourire si plein de condescendance qui creuse ta risette.

— Je ne peux pas nier qu'elle est à l'image de ton style, Alex... Inexistante.

Tu tends la main vers sa cravate que tu soulèves du majeur comme-ci tu observais un vulgaire torchon. Pli dégoutté qui vient creuser ton front. Tu l'observes de toute ta grandeur, constante dans ton envie de réduire cet homme à l'état de tapis.

— Hm, je peux te rendre service et la brûler à l'extrême limite.

Souffle du nez.

— Ou alors je peux te ramener chez moi ce soir et te repasser tout entier. Ta peau est dans tel état ! Ce n'est pas parce que tu fréquentes des cadavres à longueur de journée que tu devrais te laisser aller.

Tu t'empares de ton verre, te demandes encore pourquoi tu réponds à ses invitations, lance les tiennes quand les siennes se font trop tardives. Tu demandes encore, pourquoi tu t'empresses de le combattre même quand tu as quelqu'un de plus charmant à inviter à ta table. Ah.

— J'imagine que mon travail doit te sembler bien moins stimulant que tes partouzes avec tes macchabées, en effet... Oh, mais je viens de comprendre ! Voilà pourquoi tu veux me voir morte.

Tu lui souris, adorable. Ne manque pas de lui envoyer une goutte de toi boisson sur le visage alors que tu agites la baguette de ton verre devant toi.

Menace, Menace, Menace. Vous ne fonctionnez qu'à ça. Pourtant tu penses que tu serais sincèrement déçue, voir effrayée, s'il avait l'audace de te donner autre chose que la promesse de tout brûler. Tu bats légèrement des cils, considères une seconde sa capacité à venir mettre le feu à ton salon... Puis tu secoues la tête, condescendante, un brin maternelle, comme-ci tu étais la moins folle et la plus mature de votre duo.

— Oh, Alex, encore faudrait-il que tu aies la carrure pour.

Tu t'autorises à baisser les yeux sur sa jambe frôlant la tienne. Regarde cette approche d'un œil morne, alors que le cœur se fait, lui, joueur. Ah, tu reconnais bien là sa bassesse. Des mots tranchants et violents mais ça ne peut s'empêcher de chercher ton contact à la moindre faille que tu laisses entrapercevoir. L'idée t'amuse, tu te demandes si à ses yeux la victoire justifierai de ramper un peu plus... Une idée à creuser. Tu remontes ton regard rosé vers lui, perds soudain ton sourire.

30 ans...

Tu ne les as pas encore, mais la barre fatidique de la troisième décennie arrivera bien assez tôt. Ton regard ombrageux, soudain furieux. 30 ans. Tu as horreur qu'il te ramène à ton âge, car tu sais précisément ce qu'il sous-entend. Alexander n'est ni un amoureux des femmes, ni un homme ouvert à l'idée de l'égalité. Comme ton père, il te regarde comme-ci sur ton front était gravé une date de péremption. Tu juges le verre qu'il vide d'un trait, observe dans un silence inquiétant ton poignet qu'il saisit. En silence, tu viens doucement glisser tes doigts entre les siens et planter tes ongles dans sa main.

— C'est donc là ton ambition ? Que je te ramène chez moi et que je te dessine dessus ? Je ne te connaissais pas une fibre artistique.

Tu te lèves, le domines sur tes talons hauts. Ton visage que tu approches au creux de son oreille, ta main libre qui vient doucement pianoter dans le creux de sa nuque. Tu ne t'autorises jamais une telle proximité entre vous... Or, c'est qu'il t'a mise en colère, Alex.

— Ceci dit, je pourrais me laisser tenter...

Tu traces du bout de l'ongle un trait rouge. Appuie un peu plus fort, veut voir son sourire trembler juste l'espace d'un instant.

— Mais tout ce que je dessine est irréversible, tu sais... ?

Tu souffles contre sa joue, va pour frôler sa peau de tes lèvres mais au dernier moment tu le pousses violemment contre son siège et viens te rasseoir avant de faire signe au serveur de te servir la même chose. Tu pointes du doigt la baguette tombée au sol.

— En bon gentleman que tu es, tu iras ramasser cette baguette, n'est-ce pas ?

Croise les jambes, croise les bras.

— Ramasse, Alexander.

Son prénom en entier, c'est rare dans ta bouche.

— Je vais t'apprendre qu'en ce qui me concerne il va te falloir également faire preuve de temps et d'acharnement.

Ton regard dérive vers la main qu'il te rend. Marquée de tes griffes et tu n'exprimes pas le moindre remords. Qui d'autres irait l'observer si ce n'est ces cadavres ? Qui d'autres que toi irais lui faire la remarque ? Après tout, ce n'est pas comme-ci Alexander pouvait séduire sérieusement qui ou quoi que ce soit.

Pourtant, on ne joue plus. Dans ses yeux (magnifiques, quel dommage qu'ils appartiennent à un homme comme lui) il y a la lueur sombre et dangereuse que tu as toujours soupçonnée. Ça aussi, explique peut-être le pourquoi du comment dans votre relation. Il est plein de poison, Alexander. Il est fait de ce bois toxique, de cette sève invasive si semblable à la tienne. Petit anglais... Est-ce pour ça que votre jeu se poursuit depuis aussi longtemps maintenant ? L'un des rares à avoir la trempe de Koldovstoretz en ayant grandi dans ce jardin moue et trop clément qu'est celui de Royaume-Uni. Tu ne souris pas, son regard inflexible, le tien l'est tout autant. Vous vous combattez en silence une seconde. Tu redresses le menton. La prudence voudrait que tu mettes ta fierté de côté, que tu t'excuses. Ou alors, tu pourrais chouchouter sa paume tout en le tournant en ridicule, encore. Il y a tant de façons de le prendre à son propre jeu. Pourtant, il y a une tentation plus forte encore, Ariana. Tu es curieuse. Horriblement curieuse. Cette curiosité bat en toi, rend le besoin impérieux de prendre un risque que tu ne devrais pas prendre. Sans doute est-ce à cause de l'alcool.

— Alors acharne-toi.

Tu le fixes, intense. Défi que tu lui poses sans savoir à quoi t'attendre si ce n'est le pire. Il est fort, sans doute plus que toi physiquement. Mais tu as confiance, tu ne viens pas de n'importe où, tu n'as pas éduqué n'importe comment, ni par n'importe qui. De plus, toute tentative de maîtrise directe est à exclure. Il ne prendrait pas le risque de te frapper au milieu des gens, non ? Non. Il n'a pas envie, il ne fera rien qui provoque la fin de vos entrevues, tu mises tout sur ça.

— Je ne serais pas l'une de tes potiches rêvée qui s'effondre à genoux pour te supplier de la pardonner.

On vous apporte de nouveau vos verres. Tu prends le tien, trempes les lèvres en attendant que le serveur s'éloigne, puis tu reprends.

— Je sais pertinemment ce que tu penses de moi... Ou plutôt devrais-je dire de nous. Tu aimes le contrôle, tu aimes la soumission. Seulement les trop dociles te lasses et les trop vaillantes t'insupporte parce qu'elles font trop de bruit.

Tu lèves la main en signe d’apaisement.

— Je ne te le reproche pas, Alex, j'ai moi aussi horreur des donzelles qui hurlent trop fort. Elles sont ridicules au mieux, détestables au pire.

Tes doigts viennent tapoter ton coude.

— Je te prierais donc de ne pas me confondre avec ces gamines qui se disent guerrières sans en avoir l’étoffe. Je ne suis pas cette petite minette que le sale ira rebuter. Ton objectif est de me terrasser, non ? Alors ne me ménage pas, Alex, ou je vais commencer à me lasser de toi.

Et ça te chagrinerait. Mais ça, tu sais qu'il le sait.

Tu es belle. Dans sa bouche, ça veut dire quelque chose de particulier. T'es assez intelligente pour ne pas le relever, assez intelligente pour ne pas abattre à coup de sarcasmes ou de bouffonnerie son "compliment". Tu l'observes en silence, tes doigts qui pianotent sagement contre le creux de ton coude. Alexander soudain dangereux, soudain prédateur. Tu tempères le sentiment de triomphe qui te prend. Quand il est aussi sérieux, quand il se fait aussi terrible, c'est que tu as réussi à la pousser dans ses derniers retranchements. Tu le laisses s'approcher. N'esquisse pas un mouvement de recul, ne fais rien pour chercher le contact non plus. Sous ses doigts une mèche rosée de tes cheveux que tu observes en silence, derrière l'abri de tes cils. Et les menaces tombent, une à une. Tu l'imagines sans mal capable de marquer ta peau, l'imagines sans mal hurler parce qu'il est de genre là, Alex. Si débecté par le monde qu'il se dégoûte des gens.

Tu fermes sagement les yeux. Les choses deviennent peut-être trop intenses. Non, voilà longtemps qu'elles le sont. Ce qui était un petit jeu sympathique au départ a pris une tournure dramatique il y a plusieurs années déjà. Sans doute devrais-tu fuir cet homme (ce qui ne serait pas très compliqué). Contrairement à lui tu as le statut et le pouvoir.... Alexander serait un nom si simple à faire disparaître. Et tu comprends alors le propre vide ton existence. À quoi rime ton bonheur si pour te sentir un tant soit peu vivante et forte tu dois te frotter à ce que tu qualifies toi-même de déchet humain. Parce c'est ce qu'il est, Alexander. Un déchet, un ennemi, le genre d'homme qui ne te donnera rien de ce que tu attends.

— C'est là que tu te trompes.

Tu poses ta main sur la sienne, celle que tu as meurtrie de tes ongles il n'y a pas deux minutes. Pas de griffure, cette fois, juste une geste autrement plus tendre. Parce qu'il crève de ça aussi, hein ? Tu pourrais rire de ta propre connerie. De vous deux, tu n'es plus si sûr que ce soit lui, le taré de service.

— Je ne cherche pas à t'être supérieure, Alex. Je cherche à être ton égale.

Tu rouvres les yeux, cherches les siens. C'est immonde et dangereux. Tu te demandes pourquoi tu t'efforces à poursuivre quelque chose dans lequel tu ne t'épanouira pas. Tu te sens un peu triste. C'est que ton désir de fuir tes propres contradictions n'est jamais aussi voyant que quand tu t'acharnes à jouer avec lui.

— Je ne te trouve pas bête. Insupportable, misogynes, indélicat, lunatique très certainement. Mais stupide ? Idiot ? Bête ? Non, certainement pas.

Il est au contraire très intelligent.

Tu viens mordiller distraitement le bout du nouveau bâtonnet présent dans ton cocktail. Réfléchis à comment formuler ce qui traverse ton esprit. Tu le considère du regard une seconde, décide de ne pas y aller par quatre-chemins. Tu fronces les sourcils, sérieuse, l'heure n'est plus aux faux sourires.

— Je veux te faire avouer, très chers, que je suis ton égale. Je veux te faire comprendre que tu peux considérer toutes les autres femmes avec condescendance tu ne pourras jamais le faire avec moi. Je veux t'arracher le fait que tu ne trouveras jamais compagnie plus stimulante que la mienne, y compris chez les tiens. Ce n'est pas toi que je cherche à descendre, mon cœur, mais ta fierté mal placée. Tu me considères comme ta petite chose avec laquelle tu joues au prétexte de mon sexe. Je veux te battre en te faisant réaliser que tu n'as même plus besoin d'y prêter attention parce que je suis plus, bien plus que ça.

Tu n'as pas retiré ta main, l'observe en silence quelques secondes avant de hausser les épaules.

— Je dois cependant avouer que c'est assez vexant de te voir résumer notre petite guerre à quelque chose d'aussi puérile qu'un vulgaire concours d'ego. Nous sommes bien supérieurs à ça, n'est-ce pas ?

Ton regard balaye la salle.

— Hm, j'ai envie de danser.

Tu embrasses la salle du regard, tu n'es pas d'accord. Tu le sais, il le sait aussi, que vous êtes bien au-dessus de cette foule, cette masse de gens sans ambition, sans passion. Sûrement trop libre au point de ne savoir pas quoi faire d'autres que de se laisser vivre. Tu les jalouses. Tu les envies. Mais comme l'envie et la jalousie témoignent de ton infériorité alors tu te contentes de détester.

La caresse du doigt d'Alexander contre ta paume, sa tempe qui s'effondre contre ton épaule. Tu considères en silence cet élan de douceur aussi étrange que malvenu. Tu ne te fais pas avoir, il n'est pas celui que tu pourras bercer tendrement en plein cœur du soir. Tu poses ton verre, viens passer malgré tout tes doigts dans ses cheveux. Soupir lasse.

— Non, toi tu mates.

Tu le laisses se redresser, viens reprendre ton verre pour le siroter en t'enfonçant dans ton siège. Tu ne lui adresses plus un regard, observe la piste en silence. Sourire narquois qui vient naître face à sa petite démonstration. Tentative habituelle pour que tu donnes vie à ses fantasmes. Tu pourrais le surprendre. C'est tellement drôle de lui faire espérer du un peu pour au final ne lui donner rien du tout.

— Je crois que tu les effraies.

Tu secoues mollement ton verre, regardes, déçue, l'absence de goutte d'alcool dedans.

— Hm, mes homologues masculins sont déjà couchés à l'heure qu'il est. Ils sont d'un ennui...

Ils sont surtout pour la plupart déjà femmes et enfants. Une vie bien rangée qui empêche la multiplication de ce genre de petite soirée. Tu te dis, Ariana, que sans les canapés confortables de la pomme d'or la vie serait bien plus dire encore. Enfin, au diable les autres.

— Bien, alors si tu ne viens pas je danserai sans toi.

Tu vas pour te lever, le frôles pour le de passer quand tu te retournes. Tu portes ta main à ton menton dans un geste plein de condescendance. Revêts le manteau impérial qui est le tien en le toisant de toute ta hauteur, sourire gentil (humiliant) aux lèvres.

— C'est que tu t'entiches de moi, Alex.

Tu l'observes encore quelques secondes, finis par soupirer. Le sourire disparaît, le masque cruel aussi. Tu t'approches, viens dans toute ta grâce t'accroupir près de lui, ton coude contre le bas de son fauteuil pour poser ta joue dans le creux de ta main.

— Pour quoi faire ? Pour que tu pratiques mon autopsie ?

L'image est beaucoup trop simple à dessiner pour que ce ne soit pas alarmant. Tu l'observes, cherches, analyse, le moindre changement dans ses traits. Tu t'es volontaire assise à ses pieds, pour autant, tu restes digne et reine. À force de vous voir, tu as compris que ce paradoxe le rendait faible.

— Depuis combien de temps on blague sur les horreurs qui se passeront si l'un de nous franchit la porte de l'autre ?

Était-ce seulement des blagues ? Le doute est permis.
Et pour autant, tu songes que rien ne t'attend vraiment dehors. Et tu vas avoir trente ans.

— Je ne mettrais pas un pied chez toi.

Tu le dévisages, très sérieusement, avant de sourire.

— Si je rentre quelque part avec toi, ce sera chez moi. Mon appartement est, sans aucun doute, beaucoup plus confortable.

Et sûr. Nina n'aura aucun mal à te sortir d'affaire et tu maîtrises l'environnement.
Tu te lèves pour de bons, ton doigt frôle son genou, insolent, alors que tu gagnes la piste, le captes du coin du regard. Lueur de défi qui dit.

À prendre ou à laisser.

Alors qu'on te dévisage avec intérêt te prend l'envie d'observer si Alexander Louis Anderson est capable de jalousie.

Tu bouges entre les corps, grâce que tu veux incontrôlée l'espace d'un instant. Besoin de te perdre, rien qu'un peu, la pomme d'or à ce standing particulier que tu apprécies. Bien plus chic, bien plus noble que la plupart des cages à oiseaux dans lesquelles la faune puante et transpirante se presse. Tu balances tes hanches, passe une main dans les cheveux. Oh, ça ne vaudra jamais les bals et les réceptions mondaines que tu aimes tant. Seulement, ne s'organise pas de telle soirée sur demande et Alexander te demande toujours de rabaisser un peu tes standards.

Tu songes que tu l'as perdu de vue depuis quelques minutes maintenant. Il n'a pas cessé de te regarder, tu avais gagné. Puis il s'était levé pour ne plus reparaître. Était-il parti ? Oh, peu d'espoir pour ça, mais ce serait drôle. Pouvoir lui susurrer que c'est lui qui se défile, quel délice !

Soudain tu sens des mains, ses mains, se poser contre tes hanches. Souffle chaud contre ton oreille. Il suffit. Tu sens ses ongles essayer de percer le tissu de ta robe. Tu ne t'arrêtes pas brutalement de danser, le fait en douceur, lentement, comme pour ne pas lui laisser la satisfaction de t’interrompre. Tu viens laisser reposer ton dos contre son torse, glisse doucement.

— Un travail... Je pensais qu'il était convenu que ce soit moi qui te dessine dessus.

Il te lâche, se fait dominant en attrapant tes bras. Tu fronces les sourcils. Quand vas-tu arrêter ? Lune te dirait de te tenir loin et elle aurait raison. Ils te diraient probablement tous la même chose, mais non. Il faut que tu pousses le goût du risque encore plus loin. Il faut que tu tolères ses mains pour ta propre gloire et victoire. Soudain, te vient l'idée que tu es risible et cette idée te terrifie. Tu secoues vivement la tête. Pas tant pour le contredire que pour chasser de ton esprit les pensées assassines.

— Alors laisse moi récupérer mes affaires au vestiaire.

D'un geste vif du bras, tu te dégages, viens attraper sa main pour vous conduire hors de la piste et gagner les vestiaires à l'entrée. Tu tends ton petit ticket et on te rend veste et sac. Tu passes ton vêtement, prends le temps de remettre tes cheveux en place, comme-ci chaque détail avait son importance (c'est le cas). Sans un regard pour Alexander (tu sais qu'il suivra.), tu sors de la pomme d'or, tends la main.

— Je ne serais pas trop confiant si j'étais toi.

Tu attends qu'il pose sa paume dans la tienne.

— Chez moi j'ai les pleins pouvoirs.

Et quand enfin il te touche, tu vous fait transplaner. Tu ne donnes ni adresse, ni indication supplémentaire. Sans contexte, tu vous laisse atterrir au centre d'une grande cour intérieure d'un bâtiment ouvragé, chic. Tout transpire ici un mode de vie qui n'est pas celui des communs. La vérité, c'est que cette résidence ne comporte que quatre habitations... Et tu as la plus grande. La cours, d'ailleurs, t'appartient. Tu n'as pas le temps de faire un pas que Nina passe la porte, te salue avant de porter un regard surpris et méfiant envers votre invité.

— Maîtresse, vous êtes rentrée... Qui est Monsieur... ?

Tu lui tends ton sac.

— Alexander. Notre invité de ce soir.

Discrètement, tu signes quelques mots. Un moyen de communication établit entre toi et ton elfe de maison depuis bien longtemps. Une langue que vous n'êtes que deux à parler.

Méfie-toi de lui. Tu sais quoi faire.

Alexander l'a dit lui-même. Tu as des ennemis. Mais plus que tout, tu sais très bien comment les gérer. Tu te tournes vers lui, offre un sourire radieux (inquiétant) c'est dans l'antre du monstre qu'il se rend.

— Nina, mon elfe de maison. Elle veille toujours sur moi.

Le message est assez clair. Tu passes la porte en silence, le laisses te suivre pour passer dans le grand salon. Tu défaits ta veste que tu laisses choir sur un fauteuil, attrape la fermeture éclair de ta robe, cachée dans ton dos, pour te desserrer un peu de ta prison de tissu. Au mur, des tableaux, nombreux. Mais surtout un portrait familial. Jamais le regard inquisiteur des tiens ne te quitte très longtemps. Tu n'as pas allumé la lumière. Entre vous, tout s'est toujours fait dans la pénombre.

— C'est la première fois que tu viens... Est-ce à ton goût ? Veux-tu un verre ? A manger peut-être ?

Oh, tu imagines bien que non.