Elle s’attend honnêtement à ce que tu la laisses partir. Comme tu l’as toujours fait. Comme ça sera toujours le cas. Un duel, un combat et puis basta. Vous n’avez rien d’autre à partager. Rien d’autre qui ne vous relie. Elle pense honnêtement que c’est une bénédiction, vue l’aversion qu’elle semble avoir pour ta personnalité.

Les gens comme toi l’insupportent.
C’est marrant, en soi, parce que tu es une sang-pure. Tu fais partie de la seule classe qu’elle respecte à part la sienne, sur laquelle elle ne crache pas et qui n'attise pas naturellement sa haine et son dégoût.
Et malgré tout, même en ayant cet avantage face aux autres, tu as réussi à trouver une place sur sa liste noire.

C’est presque impressionnant.

Elle pense déjà au verre qu’elle pourra siroter chez elle une fois qu’elle aura retrouver sa liberté. Un bon verre d’absinthe légèrement sucré… Une cigarette parfaitement roulée. Un livre dans lequel se perdre jusqu’au fin fond de la nuit alors que le reste de la Terre est en train de sommeiller.
Ses moments préférés.

Mais voilà que tu te mets en travers de son chemin. Elle fronce d’ailleurs les sourcils à ta remarque. Tu t’amuses ? Effectivement, ce n’est pas son cas. Elle doit avouer que la corde autour de sa gorge y est pour quelque chose. Vraiment pas son passe-temps préféré. Tu glousses alors qu’elle te dévisage.
Elle a un très mauvais pressentiment.
Les gens comme toi ont une idée du fun souvent bien différente de la sienne. Taper des gens, c’est fun. Lire des livres, c’est fun. Boire aussi. A la limite, regarder un film en s’en fumant une. Tout ça c’est fun. Elle est particulièrement sûre que tu ne vas pas lui proposer quoi que ça soit de ce calibre, bizarrement.

L’air qu’elle tente calmement de respirer se fait encore plus rare alors que la corde s’encastre dans sa peau dans une sensation de brûlure désagréable. Elle devine déjà les marques qui y seront laissées. Ca va être une plaie à cacher au travail… Surtout qu’elle n’a pas envie de devoir s’expliquer.

Et tu veux sa présence à tes côtés.
Elle en cligne des yeux, l’espace d’une seconde.
Est-ce qu’elle t’a bien entendue ? Pourtant, sa présence est aussi agréable qu’un gardien de prison dans ses mauvais jours - soyons honnêtes. Même elle en a conscience. Elle hausse un sourcil, prête à demander (autant que sa gorge étranglée ne le lui permette) ce qui s’est atrophié dans ton cerveau pour qu’une telle idée y germe, mais elle n’a même pas le temps de formuler sa question rhétorique que tu continues ta tirade.

Avec un visage beaucoup trop proche du sien.
Vraiment. Personal space, s’il-vous-plaît.

Tu en profites pour à nouveau approcher ton visage du sien - et comme elle peut, elle se terre contre le dossier de la chaise, resserrant à nouveau les liens qui l’étouffent ; tout plutôt que d’être dans ta proximité. Tu te compares à elle - elle en rirait presque, si elle le pouvait.

Tu n’es pas comme elle.
Tu ne seras jamais comme elle.

Tu parles de contrôle mais tes pulsions ne sont que les torrents habituels de l’humanité. Le savoir. La puissance. L’envie. Son contrôle à elle se reflète dans sa destruction, dans sa manière qu’elle a de défigurer le monde. Dans son envie de tout brûler et de les brûler tous. Tu te penses semblable mais elle a l’âme d’une meurtrière. D’une tordue qui veut torturer et abîmer les chairs.
Tu ne lui ressembles pas.
Et tu ne lui ressembleras jamais.

Même quand tes lippes viennent se coller aux siennes - un brin surprise, bien qu’elle ait envisagé la chose à votre proximité.  Des pieds qui s’agitent dans le vide avant qu’elle ne soit libérée. Sa gorge se retrouve libre pourtant tu t’occupes de l’asphyxier, tout comme ta main se saisit de ses mèches bleues. Frisson dans sa nuque.
Elle ne supporte pas d’être touchée librement.
Alors elle fait ce qu’elle fait de mieux - blesser.
Elle mord ta lèvre si fort qu’elle doigt en saigner et repousse ton corps de toute sa force - et elle en a, à n’en pas douter. Le regard noir.
L’envie meurtrière grandissant en elle pour l’avoir touchée.
Sans permission.
Sans avoir demandé.
Elle crache sur le sol le peu de sang qu’elle t’a volé, comme si c’était du poison.

▬ Bas les pattes.

Elle crache presque autant ces mots. Se redresse de sa chaise, maintenant qu’elle est libre de ses mouvements.

▬ C’est ça, ta perte de contrôle ? Me fais pas rire. Si tu penses que c’est ça qui nous fait nous ressembler, tu te trompes lourdement.

Peut-être que d’autres en aurait été charmés.
Peut-être même qu’elle aurait pu en être excitée.
Mais quelque chose en elle coince - si elle est consciente qu’en duel elle ne te battra sûrement jamais, ailleurs elle refuse de céder.
Et surtout, étrangement.
Elle n’est pas sûre d’être intéressée.
Tu es belle, pourtant - c’est impossible à nier. Une sang-pure, qui plus est. Bien que ta personnalité soit horripilante, ce n’est pas le genre de choses qui soient dans ses critères (même si elle te préférerait muette, ça serait déjà ça de gagné.) Elle apprécie les femmes, en plus. Les préfère peut-être même aux hommes.
Mais toi ?
Non, toi, comme beaucoup, elle rêve surtout de te mettre au sol et ce n’est pas pour t’attacher. Elle rêve de planter sa baguette dans ta carotide ou d’y plonger une lame sans le moindre état d’âme.
Dans ses yeux est un mélange amer.
Elle pèse pourtant la situation.
Le pour et le contre.
Finissant par soupirer.

▬ Si c’est tout ce que t’as en tête, je rentre.

Elle croit bien qu’elle va passer.
Ta puissance, c’est ce qu’elle convoite.
Le reste ne lui est pas d’un grand intérêt.