Comment ? Lui, donner envie de s'intéresser aux potions juste en parlant de ce sujet si cher à son cœur ? Aurait-il raté sa vocation ?
De toute façon, on ne le laisserait pas non plus exercer cette profession.
Puis ce maudit clin d’œil.
Cela l'aurait presque agacé s'il ne mentionne pas l'absence de limite.

Le concept l'intéresse. Bien qu'il sonne comme un piège. Eamon est sur le qui-vive depuis son entrée catastrophique dans la vie active, et sa visite chez Leonid lui a confirmé que chaque écart pris devait être mesuré.

-C'est-à-dire ?

Qui durerait toujours ? Un amour sans limite ? Inconditionnel ?
Eamon voulait se mettre au travail tout de suite : trouver ce filtre d'amour si fort qu'il en serait interdit immédiatement. Une potion pernicieuse que personne ne comprendrait d'abord, avant de se rendre compte que ce ne sont pas des sentiments soudains pour quelqu'un au hasard, mais bien la décision de quelqu'un d'autre.

Eamon prend une grande inspiration et s'enfonce dans sa chaise. Cette question n'est pas si simple, il aurait fallu d'abord comprendre ce qu'est un sentiment. Et là, la magie peine, la question devient philosophique. Les moldus et leurs sciences pourraient donner des pistes de réponses. Si leurs trouvailles passent seulement les frontières de leur monde.

-C'est ce que je me dirais aussi...

Et s'il s'agit de vrais sentiments, cela reviendrait à jouer avec ceux des autres. Heureusement pour eux... Ce n'est à un crime. Pas encore.
Fascinant.
Aurel le détourne presque de sa création de remède miracle, bien que, quand on prend du recule, cela revient toujours à jouer avec la vie d'autrui, depuis son atelier.

- Serait-ce une expérience que tu aimerais tenter ?

Qu'il le veuille ou non, il lui fera goûter à sa propre médecine de toute façon.

- L'amour ? Ou tiens tu à observer de loin, et prendre notes ? En fait...

Ses sourcils se froncent légèrement, et le voilà qui revient s'appuyer sur la table, plongeant les yeux dans les siens.

- Jusqu’où irais-tu pour comprendre ?

A quel point cette alliance allait-elle l'amuser ?

 Un amour qui durerait l'éternité.
Eamon prend le temps de répéter ses mots à voix basse, le regard perdu à travers les fenêtres du salon de thé.
Plus facile, la vie ?
Peut-être...
L'amour ne lui mettait personnellement aucun bâton dans les roues, alors il ne pouvait tout simplement pas comprendre. Eamon ne courait pas derrière non plus, et se satisfaisait de nuits courtes en compagnie d'autrui, avant de disparaître et poursuivre ses ambitions.
Puis Aurel ne lui avait pas donné cet impression fleur bleue, à force de sourire bêtement, de chercher les autres... Bien qu'il ne se laisse pas non plus approcher. Eamon n'avait pas cherché à en savoir plus sur cet énergumène, et que Merlin l'en préserve ! Cependant... Il n'ouvrait pas son cœur facilement, pas vrai ? Ses airs de bout-en-train,  au final, c'est tout ce qu'il voyait de lui.

- Ne me dis pas que tu as peur de te faire briser le cœur...

Il n'y a aucune arrière pensée, Eamon le voit à travers ses yeux brillants. Sa tête vient se poser dans le creux de sa main, cherchant aussi sur son visage s'il y avait une once de malveillance.
À priori, il n'y a que lui.

- Parfait.

Un peu d'aide ne fait pas de mal.

- Je me demande juste comment tu vas trouver des gens volontaires pour tomber amoureux à vie...

Après tout, n'est-ce pas toute la partie à tourner autour l'un de l'autre que les gens préfèrent ? Aller directement à la cause 'amour' grâce à une potion ne semblait pas fort romantique.
Mais qu'en sait-il ?

Il acquiesce. Pas d'attention, sous le radar. Comme toujours. Mais il ne voulait pas s'ennuyer non plus;

- Par mollo, tu entends quoi ?

Finalement, Davies le surprend à son tour, réussissant à lui faire ouvrir un peu plus les yeux, puis un léger sourire espiègle étire ses lèvres.

- Moi ? Jamais...

Agrémenté d'un clin d’œil, comme ceux qu'Aurel lui sert jusqu'à plus faim depuis le début de leur rencontre.

- Ce n'est pas mon genre.

Ses yeux se plisse, après son mensonge. Personne ne préfère observer. Certains ne sont pas intéressés, mais personne ne fait que regarder de loin. Ce n'est que pour les gens qui ont peur. Cela ne l'étonnerait pas d'Aurel.
Aujourd'hui, il lui laisse le bénéfice du doute.

Ce sera un slow burn pour l'ancien camarade de Poudlard. C'est peut-être nouveau pour lui, ces histoires de potions, et rater les bases lui fait peur ? Soit. Pourquoi pas.
Si c'est pour la rigueur scientifique, il veut bien s'y plier.

- Si tu le dis...

On verra ça.
Oui.
Bien sûr, on verra ça trop tard. Eamon baisse légèrement la tête, cachant par la même occasion un début de moue alors qu'il cherche une solution.
Sans rémunération, c'est déjà plus compliqué. Mais...

- Cela doit se trouver.

Il y a toujours des gens désespéré, au fond des allées des embrumes. Pour un peu qu'il ait un fond de Felix Felicis, ou autre potion intéressante, il pourrait échanger quelques services. Cela lui revient cher, à lui.
Aurel pourrait débourser de sa poche également.
Ou bien, il reste la méthode la plus facile : ne pas prévenir les sujets et leur faire boire la potion à leur insu, puis observer tranquillement. Ou, mieux encore, Aurel Davies.

- Après... C'est plus facile de convaincre s'ils y gagnent quelque chose.

L'amour de leur vie lui semblait un peu trop fantaisiste pour convaincre qui que ce soit de servir de cobaye.
Puis finalement, Eamon relève la tête et l'observe.
Juste à temps pour voir que son clin d’œil a l'effet désiré, et laisse un sourire satisfait étirer ses lèvres.
Le serveur se redresse, et sa main s'apprête à se tendre vers lui, pour sceller le deal. Pourtant, elle s'arrête à mi chemin et s'écarte, alors qu'Eamon réalise un détail.

- J'ose espérer que tu y mettras du tiens. Tes clins d’œil et tes sourires ne suffiront pas à me faire faire tout le travail... Soit tu m'aides avec les recherches, soit tu les testes.

Ou il le rémunère. Mais c'est difficile à juger, la profondeur de son porte feuille, quand il porte des vêtements aux couleurs aussi excentriques. Eamon part du principe que les financements seraient faibles.
Déjà, il se senti bien trop gentil, tout de suite... Il pourrait lui dire non et faire ses recherches de son côté.
Mais Aurel semblait si attaché à l'amour magique. C'était bien trop intriguant pour laisser filer cette obsession entre ses doigts.
Alors il plante son regard dans le sien, attendant une réponse.

Il n'a aucune idée de ce dans quoi il s'embarque, ce dans quoi il l’entraîne également. Mais cela ne l'inquiète pas plus que cela, calmement installé, bras croisés. Cela sera d'autant plus facile de diriger les rennes sans même qu'il ne s'en rende compte, avec son détachement légendaire.

Même lorsqu'il s'agit de réfléchir à une récompense, Aurel le lui délègue ! Du pain béni, s'il parvient à le convaincre tout au long de l'expérience que c'est son opération de a à z, sa responsabilité, sans avoir à faire un effort. Le responsable, à blâme en cas où cela tourne au vinaigre.
Alors Eamon sourit légèrement, et lui offre un léger haussement d'épaules accompagnant sa réponse. Le travail prémâché lui sera apporté sur un plateau d'argent tant que son acolyte lui mange dans la main.

- De l'argent. Certaines recherches officielles paient pour expérimenter sur des volontaires de toute façon...

On ne teste pas les potions sur ses amis.
Et c'est dur, d'éclater de rire. Tout ce qui surgit est un sourire et un souffle, vestige d'une bonne tranche de rigolade, qu'il vient cacher avec sa main alors qu'il regarde ailleurs.

- Tu as raison... Mais tu sais ce qu'on dit :  à situations désespérées, mesures désespérées.

Il est mignon, à croire qu'ils sont amis. Même à Poudlard, il ne le considérait que très peu comme tel. Eamon est plutôt fasciné par ce coté idiot, cette manie de se voiler la face et la bravoure de venir l’accoster comme s'ils avaient élever les cochons ensembles. Et puis, cette obsession pour les filtres. Ce besoin maladif d'y revenir. Rien que pour cela, il allait difficilement le laisser glisser entre ses griffes.

Aurel Davies continue de parler, s'estime incapable d'aimer son propre reflet... Ce qui, déjà, attire son attention. Il prend sa tasse, se doutant que le meilleur restait à venir, reprenant un air élégant, posé sur sa chaise et imperturbable, à siroter le thé de son client.
Sans vouloir t’offenser nous deux ça va pas le faire même avec une potion magique, t’es un ami voilà. N’est-ce pas ?
Ooooh il l'avait senti venir.
Le regard de son ami se fait plus lourd.
Alors il boit son thé en le soutenant de ses yeux brillants, et laisse le silence s'installer sans aucune gêne. Sa tasse se baisse, laissant découvrir un léger sourire venu courber le coin de ses lèvres. Encore un temps pour venir le dévisager de bas en haut, puis à son tour, penche légèrement la tête.

- C'est vrai. Comment pourrais-tu tomber sous mon charme, même si je fabriquais le filtre le plus puissant au monde ?

Ses épaules de soulèvent à nouveau, ses yeux plongent vers la tasse qu'il garde précieusement entre ses mains.

- Après... Vu ton scepticisme... Cela ferait de toi un très bon sujet. Et si tu préfères, seulement pour les premières étapes.

Petite pause, où son pousse effleure la tousse, comme s'il réfléchissait. Ce n'est cependant qu'une feinte.

- Bien sûr, si tu préfères éviter, par peur de développer de vrais sentiments, je comprendrais. Mais cela n'a pas l'air d'être le cas, si j'ai bien compris ?

Oh,bien sûr Eamon s'impliquerait si cela pouvait lui causer quelconque tourment !
Son regard vient finalement se plonger dans le sien, se voulant rassurant. Qui sait... Avec un peu de belles paroles, il parviendrait à lui faire boire ce filtre de lui même.

Ce rire n'est que musique à ses oreilles. Davies le cherche, avec ses clins d'oeils !  Et bien, il l'a trouvé, maintenant.

Honnêtement ?
Il est prêt, sous certaines conditions. Mais là, c'est arroser l'arroseur, et il estime ne rien avoir à y perdre, bien au contraire.
Alors il reste planté là, silencieux, à soutenir son regard avec un sourire satisfait.

Son regard fuit, et son sourire s’agrandit un peu plus. Oh, enfin ! Aurel est en déroute, cherche du réconfort dans une main glissant dans sa nuque nerveusement.
Et il devine bien où il veut en venir.
Et malgré cela, il y a de la réflexion à sa suggestion.

Victoire.
Aurel cède, et lui, ne cache en rien son air satisfait, s'accoudant avec toute l'assurance du monde à cette table.

- Bien sûr... Si tu est d'humeur.

Il sera d'humeur.

Un nouveau clin d'oeil, venant ruiner son moment de plaisir.

- Aucun regret, aucune plainte. Et pourtant, elles seront nombreuses. Je maintiens ma conviction que tu es le sujet le plus objectif qu'on pourrait voir, et donc le sujet idéal.

Bien qu'idéal... Reste un mot qu'il aurait aimé remplacé par autre chose. Satisfaisant, peut-être.
Puis, au coin de ses lèvres, la naissance d'un sourire plus malicieux.

- Il n'y a aucune raison que tu le regrettes.

Oh, Eamon, c'est toi qui va regretter.

- Dis toi que c'est pour un beau projet. Tu seras au cœur du sujet, même. En le testant, tu deviens celui qui s'y connaîtra le mieux sur le filtre lui même...

Il se pencher légèrement, et lui tend sa main, prêt à concrétiser ces futures recherches d'une poignée de main cordiale.

- Et moi qui pensait que tu ne viendrais que me pomper l'air en franchissant ces portes... Je suis ravi de m'être trompé.

Au final... Il n'avait pas tout à fait tort non plus...

Sa main reste sans réponse. Ses doigts se referme à leur aise, alors qu'il appuie son regard sur Aurel. Impoli, va. À lancer des promesses devant lesquelles il se dérobera à coup sûr. Mais qu'à cela ne tienne : s'il ose se dérober à sa parole, Eamon sera là, prêt à lui rappeler qu'on ne se moque pas de lui.
Une potion. C'est tout ce que cela prendra pour qu'il s'en rappelle.

- C'est vrai...

Dommage. Il est déjà impatient. Comme chaque nouveau projet sur lequel il se lance, prêt à démissionner pour se lancer corps et âme dans la confection de potions. Toujours là pour lui rappeler que cela aurait pu être son métier, s'il avait été plus prudent.

Aurel parle, laisse couleur un flot de parole qu'Eamon aurait bien fait sembler d'écouter. Cependant, il y trouve son compte, et ses yeux s'illumine à peine alors que son camarade s'arrête en pleine phrase.
Noté.
Enfin Bref, voilà.

- Oh, Aurel, Non ! Il s'est sûrement passé quelque chose d'incroyable, sinon tu ne me le raconterais pas, pas vrai ?

Convaincu du contraire, mais incapable de résister à cet appel. Quelque chose s'y cache, il le sent. Aurel l'éternel spectateur ? Peut-être que cela vaut le coup de voir ce qu'il s'y cache.

Puis un autre discours sur l'amitié.
Petit claquement de langue alors qu'il détourne le regard avec un vague sourire en coin. Il insiste lourdement quand même...

- Parfois cela arrive...

Comment penser une chose pareille ? Eamon plisse légèrement les yeux alors que ses iris se tourne vers lui, incrédule.
Il est sérieux, là ?
Eamon veut bien jouer le jeu par pur divertissement, mais soit il joue parfaitement l'imbécile, soit son ignorance n'a pas de limite.
Et il donne l'impression de se renfermer un peu, avant de lui sourire et de reprendre;

- Allons ! Tu me connais, à être toujours négatif ! Heureusement que tu es là pour me prouver que j'ai tort de penser ainsi à chaque fois...

Une nouvelle théorie germe dans son esprit alors qu'il parle, lui redonnant un peu plus d'assurance au fur et à mesure que les mots quittent ses lèvres.

- Cela fait si longtemps, j'avais tout simplement oublié. Merci pour cette agréable surprise.

Après quelques secondes, son regard se décroche de lui et se permet de vagabonder dans le salon de thé. Ce petit jeu l'amuse, jusqu'ici. S'il a raison, ce sera d'autant plus amusant.

 Bon sang, il a rien de mieux à faire qu'espionner des inconnus régulièrement et s'imaginer leur vie.
Eamon regrette sa question, mais garde un léger sourire, faux, aux lèvres le temps qu'il développe. Passionnant. Dis nous en donc plus, on meurt d'envie de savoir pourquoi ils tiraient la tronche le jour d'avant...
Enfin. Cela lui redonne un peu d'espoir.
Ses journées ne sont pas si vides, comparés aux siennes.

Prendre exemple sur Aurel Davies.
Le voilà qui ricane.
Ridicule.
Mais il voulait bien jouer le jeu, juste aujourd'hui.

- Ce serait radical comme changement, je n'oserai pas...

Eamon, positif. Un grand gars qui voit que les bonnes choses et qui sourirait presque à la vie ? Yikes.
Y a que Davies pour croire qu'il allait le faire.

Ah, le voilà surpris.
Son faux sourire s'étend, un peu plus carnassier. Cela payait ? Oh, intéressant... Jusqu'où pouvait-il allait, ainsi ?
Aurel revient vite à ses esprits, passe à autre chose.

- Oui. Une belle affaire.

Aller. Il le mérite un tout petit peu ! Il lui adresse un clin d'oeil, avant de se lever. Les clients s'agitent depuis plusieurs minutes, et il ne restait plus qu'à s'y mettre, à ce filtre d'amour...
De le tester. Peu importe sur qui. Mais, quand même... Surtout sur son ami.

- Dès que tu as du temps pour le mettre en route, contacte moi.

Puis, il désigne sa théière d'un léger geste de tête.

- Ce sera tout ?