Nouveau client, qu'il ignorer comme d'habitude.
Bien que depuis un moment, ils ont l'habitude de s'annoncer. Qu'elle n'est pas sensée être ouverte, mais les vrais savent.
C'est pourquoi Eamon ne semblait pas trop inquiet. Et qu'il se moquait royalement de sa présence. Souvent, cela fait partir les clients stupides.

Lieutenant
Le lieutenant a toute son attention. C'est imperceptible, mais Eamon est vite passé d'indolent à tendu. Sa main se range à ses côtés, bien ouverte; elle doit être prête à se saisir de sa baguette magique à n'importe quel moment.
Ses yeux ne la quitte plus, bloqué sur chaque mouvements à venir.
Elliott...
Elliott vient poser une fiole entre eux. Eamon reste sur ses gardes, dévisageant la fiole pendant de longues secondes, puis faisant de même avec l'intrus, alors que ses sourcils se froncent légèrement.
Et quoi ? Il avait l'air de faire la charité ?
Son autre main va lentement chercher la fiole, pour l'inspecter plus en détail.
En gardant un œil sur elle.
Le comble serait que cela vienne de son propre atelier...

- Bien sûr que je peux vous renseigner, lieutenant...

Cette fois, ses yeux se braquent sur elle.

- Il y a un endroit qui pourrait vous intéresser, peut-être en avez vous déjà entendu parler... C'est Sainte Mangouste. Ils ont un département spécialement pour ce genre de chose.

Si c'est l'autre détective qui l'envoie ici...
Trouver un remède une fois, d'accord. Servir tous ses amis policiers ? Hors de question ! Eamon a un commerce de poison à faire tourner, et la seule présence d'Elliott entre ses murs menace ses affaires !
La fiole reste cependant entre ses doigts : il aimerait savoir comment elle en est arrivé à franchir ces portes avec autant d'assurance, comment elle pourrait savoir si elle est au bon endroit ou non, qui a vendu la mèche et surtout... Savoir ce que contenait cette fiole.

- Vous avez dû vous perdre.

Sa main vient envahir son espace.
Eamon se tient un peu plus droit, plus dédaigneux. Ses yeux se plantent dans les yeux, comme une vipère prête à se défendre.
Pas perdue.
Oh, ce n'est pas bon signe...
L'un des meilleurs ?
On en arrive aux flatteries.
Eamon la dévisage longuement.
Elle connaît son nom. Définitivement pas perdue. Qu'elle se soit présenté en tant que lieutenant, cela ne le rassure que très peu. Mais elle l'a cherché lui. Soit c'est un piège, soit c'est un avantage contre elle.

- Ça dépend qui le demande, vraiment...

Son regard se décroche d'elle, sans pour autant baisser sa garde ou sa méfiance envers elle, pour se poser sur le flacon. Il le tourne, le penche; regarde à travers le verre la consistance du liquide. Ah, il tombe si facilement dans ce genre d'embrouille... Ce genre de mystère l'intrigue, il veut tout savoir.
Surtout, les effets...

- Je ne fais pas dans la charité, lieutenant. L'expertise a un prix.

Et si cela lui déplaît, elle peut aller se faire voir à Sainte Mangouste. Et comme c'est à priori quelqu'un avec un grade, elle peut bien payer un supplément.
Alors son doigt vient tapoter doucement la surface de l'établi qui les sépare, alors que ses yeux viennent se planter dans les siens à nouveau. Un acompte, tout de suite. Et pas des moindres.

- Cent cinquante gallions. Sinon, vous pouvez toujours vous arranger avec Sainte-Mangouste.

Les temps sont durs, les ingrédients chers et son temps précieux. On ne vient pas chercher ce genre d'informations au fin fond de l'allée sans être prêt à payer le risque.

Pendant un instant, il retient son souffle.
A l'affut, pas encore sûr de ce qu'elle allait sortir de sa cape.
Et bien vite, il se détend. Tout cela pour que son cœur manque un battement juste après, au poids qui s'abat sur son comptoir et l'annonce de la valeur de la bourse. Ses yeux remontent bien vite vers les siens, soutenant son regard, feignant d'être à peine surpris; ce qui n'est pas dur, quand beaucoup de question se pressent dans son esprit. La curiosité submerge sa surprise, la méfiance remonte, différente encore de celle qu'il lui témoignait dès qu'elle a ouvert la bouche.

Elliott désire l'analyse, la discrétion et le silence.
Ses sourcils se froncent légèrement. Encore quelques secondes à soutenir son regard, avant qu'il ne rompe le contact visuel lentement, pour s'intéresser à la bourse. Posant la fiole à ses cotés, il vient ouvre et vérifier le contenu, estimant s'il y avait peut-être bien 500 gallions dedans, ou si elle bluffe.
Tout à l'air correct.
Gallion entre les doigts, le faisant glisser entre eux, il reste un moment silencieux. Son regard passe de la fiole à Elliott.

- Hmpf.

Pouvait-on véritablement refuser un client aussi généreux ?

La fiole et son contenu reprend toute son attention à nouveau, l'amenant à la hauteur de ses yeux, inspectant sa viscosité, son opacité... Cela ne le lui rappelle rien. Ses yeux se plissent légèrement, avant de venir fermer sa main autour du flacon tandis que l'autre ramasse la bourse.

-Elliott, c'est ça ? Qu'est-ce qui vous fait dire que cette solution aurait tué votre collègue ?

Juste pour le contexte.
Ses pas le mène ensuite vers l'arrière boutique, son atelier, débordant de plantes, quelques chaudrons en train de mijoter en bout de table. Perdu au milieu de tout cela, sa chouette, toujours aussi agitée et sur la défensive en présence de nouveaux visages.

- Ne touchez à rien.

Eamon s'affaire, déposant deux trois fioles supplémentaires sur la table de travail, déterminé à diviser le contenu en plusieurs échantillons.

L'instinct...
Elliott vient le déranger, par instinct ? Et si son instinct lui soufflait de lui coller un stupéfix vite fait bien fait, elle ferait quoi, elle qui fuit son regard.
Il y a des choses qu'on sait.

- Vous m'en direz tant.

Eamon sait que cette somme le motive à céder à ses caprices, fondés ou non. S'il savait que c'est l'argent des Smiths, il serait hilare.


La baguette l'arrête dans sa lancée et capte toute son attention. Eamon relève le menton, plisse les yeux, agacé. Un client qui ose le menacer dans son atelier ?!
Elle est sur ses gardes, fait attention au peu d'information qu'elle donne et insiste pour qu'il tienne sa langue. Plus louche que cela, c'est compliqué.
Alors il ne se démonte pas devant cette baguette braquée sur lui et vient plutôt lui lancer un regard noir. Fiole encore en main.

- L'instinct. Vous avez payé pour mon silence et ma discrétion, vous l'aurez. Mais libre à vous de payer un supplément pour me menacer ainsi.

Son pouce vient ouvrir la fiole d'un geste, et il ne la tient plus que de deux doigts. Il pourrait laisser tomber la fiole, perdre le précieux indice qu'elle cherche tant à analyser.
Prêt à dégainer lui même sa baguette si elle osait récupérer sa fiole.

- Maintenant, si vous voulez bien rangez cette baguette avant qu'un accident arrive... J'ai une analyse à faire, et elle me déconcentre.

Une pause, jaugeant du regard le client, avant de resserrer tout ses doigts sur le flacon, de doucement lever l'autre main en l'air et entamer un pas en arrière; Eamon désire juste accomplir son travail, sans craindre la paranoïa d'Elliott. Impossible de le faire sans lui tourner le dos, impossible de lui tourner le dos avant qu'elle ne range son arme.

La paranoïa la prend, et lui n'en rate aucune seconde. Elle a baissé sa baguette, mais la méfiance continue de la posséder. Normal. Eamon n'inspire pas confiance.


Loin d'être la plus sage des décisions, mais l'occasion est trop belle.
Son regard se plante dans les yeux d'Elliott, alors qu'un léger sourire étend ses lèvres. Comme s'il voulait offrir un peu de réconfort, ou plutôt, donner cette impression mais sans y arriver, volontairement.


La fiole toujours en main, mais qui ne l'obnubile plus.


Un léger silence comme pour rendre ces mots plus authentiques. Puis, il hausse les épaules, las, et détache son regard de la demoiselle.

Un nouveau sourire, moins faux, un nouveau regard, moins lourd.


Puis, sourcils froncés, yeux baissé vers la baguette.


Eamon rassemble ensuite son matériel, la gardant toujours à l’œil. C'est qu'elle a l'air d'agir plus vite qu'elle ne réfléchit, et c'est problématique.