Tu esquisses un sourire, incorrigible, tu l'es. Tu sais très bien à quoi tu joues et tu t'en galvanises. À le sentir plus investit, contre toi, tu sais que tu as gagné. Et ses tentatives de sauver les apparences n'y change rien. Comme prévu, il te donne ce que tu voulais vraiment en pensant te punir de ce que tu lui a fait croire vouloir. Ton regard pétille, tu caresses son dos, souffle.

— Tu veux de la romance, bébé ?

Tu as l'air le plus heureux des hommes.

— Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait à mon emo-gothique prude de mec ?

Tu souffles du nez, cherches sa bouche pour doucement l'embrasser. Tu glisses tes mains contre ses hanches, comme dans les slow des bals d'écoles.

— Ok, romantique.

Et tu te laisses ballotter sur ton petit nuage. Il te semble que c'est la première fois que tu t'arraches une telle victoire. Tous les bals que tu as manqué à faire danser Ezra sur la piste sous les yeux de tout tes rivaux. Enfin tu prends ta revanche. Tu es trop heureux de ce moment, trop en demande de le voir durer. Tu as la sensation que vous vous comportez et apparaissez comme un vrai couple aux yeux du monde et cette validation tu en étais dans le besoin depuis longtemps. Mais soudain, Ezra te sors de ta rêverie. Tu n'as aucune idée du temps qui a passé, mais sa lueur panique te fait froncer les sourcils.

— Quoi ?

Tu tournes la tête dans la direction qu'il t'indique et quand tu vois le type de tout à l'heure flanqué d'un brigadier tu tiques.

— Putain de bordel de merde.

Ezra vous tire hors de la piste et tu le suis. Tu avises un petit renfoncement menant à des galeries s'enfonçant dans les entrailles du bâtiment. Tu vous y pousse sans la moindre délicatesse en râlant.

— Je vais péter mon crâne ce fils de chienne pourrit ma soirée en amoureux.

Tu pourrais remonter t'expliquer. Ce type à de la tourmentine sur lui ! Tu pourrais le faire plonger, tu caresses l'idée. Mais tu te souviens presque aussitôt en avoir en grande quantité sur toi et, surtout, si les aurors tombaient dessus maintenant... Merde.

— Ramène-toi, on va filer par l'arrière.

Tu serres sa main, mais ta bonne humeur à disparu. Tu es furieux, bougon, frappes dans la moindre caisse à portée.

— J'aurai dû butter ce fils de pute, j'aurai dû lui arracher la langue et la lui faire bouffer putain ! Si t'avais pas fait ta chaudasse aussi ! Merde !

Tu sors ton pinneaple "pro" pour envoyer un message à Oswin, sans te soucier d'Ezra. Tu lui expliques que ton boulet de mec à attirer l'attention sur vous et qu'il à tout intérêt à être prudent. Tu lui mentionnes le gars. Tu lui annonces pas sa mort, juste la consigne que tu veux que ce gars-là, peu-importe qui il était, devienne esclave de votre drogue.

— Je vais le pourrir. Les putains de dieux m'en soient témoin, je vais le pourrir.

Tu le foudroies du regard. Il n'a rien demandé, il n'empêche que votre soirée est écourtée à cause de lui. Tu n'en démordras pas. Silencieusement, tu le dissuades de continuer sur ce terrain-là. Tes colères sont vives et explosives, il sait très bien ce qu'il engendrera à te provoquer. Mais la main sur ton épaule t’appelle à soupirer. Tu lâches sincèrement déçu, attristé.

— Pour une fois qu'on pouvait faire un truc normal, comme les gens normaux. J'suis dégoûté.

Ta mâchoire se crispe. Dégoûter, c'est le mot. T'as l'impression qu'il ne percute pas l'importance qu'était ce genre de moment pour toi.

Il t'interpelle sur ce pinneaple qu'il ne connaît pas. Contrairement à lui, tu n'abordes pas l'air du coupable. Calmement, tu balances.

— C'est un téléphone.

Et toujours avec le même flegme tu continues.

— Un gars du boulot. Cet enfoiré ne va pas s'en tirer à si bon compte. Il a ruiné ma soirée, je vais ruiner la sienne.

Tu t'enfonces dans les couloirs et finis par tomber sur une porte à battant menant à l'extérieur. Tu entraînes Ezra dehors et, une fois sortie, tu l'emmènes quelques rues plus loin. T'es excédé.

— J'comprend pas pourquoi t'es pas hors de toi. T'en avais rien à foutre de danser avec moi ?

Tu le toises du regard, il est lourd de reproches.

— Si tu me dis de me calmer les dieux m'en soient témoin je te démonte. Me dit pas de me calmer, Ezra.

Tu frappes dans un mur. Combien d'années avant d'avoir l'occasion de passer un temps similaire avec ton mec.

— Fait chier.

Tu ignores volontairement la question technique. Tu ne sais toi-même pas comment vous allez vous y prendre mais tu fais confiance à Oswin pour te retrouver cet enculé. À partir de là, et bien, t'en fera un très très bon client. S'il était invité au Wizgala, c'est qu'il devait avoir de la thune. Quel mal a ponctionné un riche. Tu jubiles d'avance de voir son coffre vide.

Mais la perspective d'une douce vengeance ne t’apaise pas dans l'immédiat. Le mal est fait, ta soirée est gâchée. Tu ricanes d'Ezra et de sa mauvaise foi. Tu te retournes, balayes d'un claquement de langue ses arguments.

— C'est toi qui m'as menti en allant agiter ta queue pour coller ton patron. Putain, j'espère qu'il est pas gay parce qu'il t'aurait probablement proposé de le sucer pour une augmentation.

Et tu es persuadé qu'il aurait dit oui. Tu t'approches de lui pour avaler les mètres qui vous séparent et arriver à sa hauteur.

— Tu me l'a fait à l'envers. Ensuite t'es allé te pendre au bras du premier type venu et t'as été assez con pour te faire droguer.

Tu le pousses contre le mur pour l'arrêter. Tu pointes un doigt rageur et inquisiteur vers lui.

— T'es celui qu'a tout ruiner, comme d'hab, alors ferme bien ta gueule.

Tu t'éloignes et tournes des talons avant de faire marche arrière.

— Et je gueule si je veux, t'as pas idée d'à quel point ça me pèse de pas pouvoir passer du temps normalement avec mon mec.

Tu fronces les sourcils.

— Dès que t'as l'occasion de faire un truc qui pourrait nous changer tu t'empresses de proposer à quelqu'un d'autre que moi. À croire que t'as pas envie qu'on s'affiche ensemble. Mais t'inquiète, ça durera pas.

Tu vas te faire tellement de fric que c'est toi qui le traîneras sur des tapis rouges à n'en plus finir.

— Je te ferai danser sur toutes les pistes de danse que je veux et t'aura pas ton mot à dire, tu verras.

— J'sais pas, t'as l'air de nettement plus apprécier la compagnie du reste du monde que la mienne, donc.

S'il pense pouvoir te faire céder, il se trompe. T'en démordra pas. T'as pas confiance en lui, pas sur ce point. Trop dégoûté de le voir plus sociabiliser que toi, alors qu'avant, c'était toi, le roi. Trop effrayé de le voir potentiellement partir, car qu'est-ce que t'as à lui offrir, pour le moment, que votre cabane et ta passion ? Tu complexes de cette liberté de monsieur tout le monde qu'ils ont tous. Cette liberté qui t'est refusé, on te l'a bien fait comprendre. Bien pour ça que tu vas retourner le système, Noah. Si tu ne peux pas t'intégrer à la société, alors tu la contrôleras.

— Je te culpabilise parce que t'as été stupide. C'est bien parce que t'as été élevé en chouinasse surprotégée que t'es un boulet.

Tu guettes au son qu'il te suit. Manquerait plus qu'il essaye de revenir à la fête, retrouver son Arthur et tu ne sais quel autre mec. Il avoue que l'idée d'aller à cette soirée lui avait plu. Et quand il le confesse, tu entends qu'il confesse que l'idée d'y aller sans toi lui avait plu.

— En dehors de la maison, sans moi.

C'est ça la nuance. Tu siffles de rage entre tes dents, lui lance un regard blessé et lourd de reproches par-dessus ton épaule avant de t'arrêter brusquement dans la rue.

— Pour le moment.

Tu te retournes, t'as jamais eu une expression aussi déterminée et sérieuse.

— Toi tu peux rester un petit journaliste de merde qui a besoin de se faire pick me pour exister, mais ce ne sera pas mon cas.

Tu pointes du doigt la rue devant vous, en direction de l'Alexandra Palace.

— L'année prochaine, j’arriverai à ce putain de gala par la grande porte.

Tu poses un regard animal sur lui, dangereux. Tu saisis son menton et le baisses vers toi, quitte à lui faire courber le dos.

— Alors n'essaye même pas de remuer du cul face à ton connard de chef. Parce que l'année prochaine, c'est moi qui te traînerais.

Tu fourres tes mains dans tes poches en le relâchant sans douceur et tu tournes des talons en le sifflant pour qu'il se bouge.

— Arthur, pff, même son nom fait p*dé.

T'aurais pu le gifler s'il n'avait pas transplaner. Tu restes l'espace de quelques instants seul dans cette rue à fixer le sol, le poing serré. Tu digères frustration et colère. Tu le tiens responsable de tout ça. T'es furieux et ne parviens pas à gérer. Tu étais tout, désormais t'es plus rien. La façon qu'il a de décrire ta situation te débecte. Tu transplane quelques secondes plus tard et tu t'engouffres dans la maison. Tu ne retires pas tes chaussures, tu passes devant Ezra sans lui accorder le moindre regard.

— Va te faire foutre.

Tu montes les escaliers et tant pis si la boue sous tes semelles dégueulasse tout. Van's aboie derrière toi, d'habitude, tu l'accompagnes. Il semble hésiter entre te suivre ou aller, en effet, faire pipi. Finalement, il grimpe derrière toi en agitant la queue. Tu vas à la salle de bain pour débarbouiller ton torse et ton visage du sang avec lequel tu t'es peint. Tu jettes un regard à ton chien.

— Qu'est-ce que tu mates le clebs ? Tu me juges ?

Pour toute réponse, l'animal vient se frotter à ta jambe et aboyer à tes pieds. Tu t’accroupis pour le soulever de terre. Il vient lécher ton visage. Pour lui, t'es un genre de dieu vivant et c'est bien la seule chose qui t’apaise un tant soit peu. Si Ezra pouvait te regarder comme ça, arrêter de te prendre de haut. Mais tu te forces à tempérer ta colère. Il a aucune idée de ce qu'Oswin et toi alliez devenir. Il ne te prend pas au sérieux. Il va tomber de haut. Tu vas écraser son ego, peut-être même que tu rachèteras son journal de merde pour virer son boss et lui apprendre les bonnes manières. Tu descends avec ton chien pour le guider jusqu'à la porte. Tu passes de nouveau devant Ezra en l'ignorant. T'as envie de lui dire un truc, tu sais pourtant que ton ignorance est la pire des punitions. Tu devrais même rester dehors ce soir pour boire, aller voir Oswin, juste pour qu'il se sente con et culpabilise d'avoir foutu en l'air votre soirée. Mais t'es trop faible, tu te tournes vers lui pour lancer.

— Quoi, qu'est-ce t'as à me regarder comme ça sac à merde ?

Tu lâches Van's sous le choc qui aboie en sautant sur place, fortement désorienté. Ezra te pousse jusqu'au bar en hurlant. T'en avais pas eu conscience, mais c'est pile ce que tu attendais. Tu le regardes une seconde, stupéfait, avant de répondre.

— COMMENCE PAR ARRÊTER DE ME MÉPRISER !

Tu pousses sur son torse pour te dégager avant de le saisir à la gorge et de traverser le salon avec à grandes enjambées pour venir le plaquer contre le dossier du canapé. Dans ta rage tu n'entends pas Van's aboyer, ni le chat d'Ezra craché dans l'escalier en vous suivant du regard. Quand son dos heurte le canapé, tu hurles.

— J'EN AI RAS LE CUL QUE TU ME PRENNES POUR UN BON A RIEN, RAS LE CUL QUE TU ME PRENNES DE HAUT !

Tu te penches sur lui, t'écrases contre lui avec colère et fracas. Votre violence toujours tintée de lascivité.

— J'AI PAS DE DIPLÔME, PAS DE TRAVAIL ET TU CROIS ÇA M'AMUSE ? TU CROIS QUE JE PASSE MA MEILLEURE VIE À BRICOLER DES TRUCS POUR M'OCCUPER PENDANT QUE T'AS LE LUXE D'EXISTER ? MAIS TU NE CROIS PAS EN MOI ! T'AS JAMAIS CRU EN MOI !

Et c'est bien ce que tu lui reproches. Tu lâches sa gorge pour saisir ses épaules et le secouer.

— Toujours à pleurer pour la compagnie des autres, toujours à te plaindre, toujours à m'exclure, toujours à râler, TOUJOURS A TOUT SABOTER ! MAIS DIS LE SI T'ES PAS HEUREUX ET QUE TU VEUX TE BARRER ESPÈCE DE SALOPE !

Tu te frappes le torse avant de frapper le tien.

— JE SUIS TON MEC ET J'AI L'IMPRESSION QUE TU T'EN FOU !

Tu t'éloignes brusquement avant de donner un coup de pied bien senti sur le canapé.

— Tout ça pour ensuite venir chialer et me faire passer pour le bâtard de service ALORS QUE LA SEULE PUTAIN DE CHOSE QUE JE VEUX C'EST VIVRE HEUREUX AVEC TOI !

Tu ne mets pas longtemps avant de fondre sur lui, crachant à moitié, les yeux rouges de colère et d'humidité.

— POURQUOI TU ME FUIS TOUT LE TEMPS ? Pourquoi faut toujours qu'on soit comme ça à se disputer, se baiser, s'ignorer ? Pourquoi tu peux pas faire en sorte que ce soit NORMAL ?

Tu appuies sur sa tempe, la main tremblante de rage.

— Qu'est-ce que je dois faire pour être assez bien pour toi, hm ? Ressembler à Hermès ? T'appeler frangin comme Elijah ? Te dire que t'es un bon garçon comme ton patron ? Qu'est-ce que je dois putain de faire, hm ?

Tu secoues la tête, passe une main sur ton visage, avant te poser tes mains sur le haut du canapé, de part et d'autre de son corps acculé.

— Tu sais quoi ? Ça n'a aucune importance. Si on ne peut pas exister qu'à deux alors je vais éliminer la concurrence. Je serais plus riche que ton boss, plus important qu'Hermès, plus dangereux que ton frère. Et à ce moment-là t'aura plus ton mot à dire, t'aura juste à te mettre à quatre pattes et dire merci. C'est ce que tu veux, hm ? J'ai essayé d'être sympa. J'ai essayé d'être comme toi ce que tu veux. Alors on va passer à ma méthode. Je vais plus te laisser le choix.

Fou tu l'es peut-être, mais ça aussi c'est de sa faute. Il était censé te guérir et voilà où tu en es ! Tu secoues la tête, répètes dans un souffle agité.

— Tu crois pas en moi, tu crois pas en moi, t'as jamais cru en moi...

Tu psalmodies des horreurs dans l'espoir vain qu'il entende. Fou tu l'es peut-être, c'est vrai. Mais c'est spécialement quand il dit ce genre de chose que tu le deviens encore plus.

— Ça veut dire quoi, tu crèveras bien après moi ?

Tu frappes violemment dans le canapé au point de le faire trembler.

— ALORS POURQUOI TU ME LE MONTRES PAS ?

Tu frappes, frappes, frappes.

— POURQUOI J'AI. LA PUTAIN. D'IMPRESSION. QUE TU VEUX ÊTRE PARTOUT. SAUF AVEC. MOI ?

Tu finis par l'empoigner de nouveau par le col pour le tirer à toi. Dans son costume, il est superbe, mais sa beauté est bien la dernière chose que tu remarques. L'espace entre vous n'existe plus. Son dos meurtri par le canapé. Ton torse meurtri par le tien. C'est à peine si tu le laisses respirer.

— Si ça peut me garantir que tu me considères un peu plus, alors ouais.

Tu tends le coup pour siffler, plus menaçant que tentateur.

— Je vais te soumettre.

Tu éloignes un peu ton visage. Tes mains à son col, tu sembles vraiment désemparé. Tu pinces les lèvres, furieux, comme-ci tu te battais contre toi-même.

— Je voulais t'emmener danser. Je voulais vivre ce putain de cliché niais de p*dé. J'ai essayé, Ezra, j'ai vraiment essayé.

Tu désignes d'une main la pièce.

— Tout ça pour toi. Pour nous.

C'est pas dans de la détresse dans tes yeux, c'est du ressentiment.

— Mais tu m'as encore menti. Et ça... Et ça...

Tu secoues la tête, ricanes une seconde.

— Tu sais c'est quoi le plus drôle ? C'est que j'ai cru qu'on pouvait être heureux.

Tu le repousses avec force avant de reculer de quelques pas. Tu viens prendre ta tête entre tes mains, respires un bon coup avant de le pointer du doigt.

— Mais j'aurai beau faire ce que je veux ce sera jamais suffisant. Alors que je sois une tapette ou un bâtard, ça changera rien pour toi.

Tu siffles et Van's vient se nicher à ton pied.

— Alors tu vas te soumettre, ouais.

Tu siffles de nouveau en te dirigeant vers la porte, Van's lui lance un regard qu'on pourrait jurer désolé avant de courir vers toi.[/color][/b]

On peut l'être. Sûrement, mais tu ne vois pas comment. Tu ne vois plus. Il te semble que toutes vos tentatives se sont soldées par de lamentables échecs. S'en ai trop pour toi. Il y a eu une époque où tu gagnais tout. Elle te manque. Tu te damnerais pour elle. Un Priest qui essuie autant de défaites, dans leur tombe tes parents doivent être mort de honte.

Tu ignores ses remarques, bloques dans le fond de ta gorge la réplique qui te vient à l'esprit. Toi aussi, tu l'aimes. Mais lui aussi, il fait mal, tellement mal. T'en a ras le bol, il est censé te chérir, pas te meurtrir, pourquoi est-ce qu'il ne le fait pas ? Mais avant d'avoir pu franchir la porte, tu le sens te retenir. Tu te tournes vers lui, il vient écraser son front contre ton épaule et tu ne sais que dire. Tu hésites à la repousser, mais le voilà qu'il se glisse au sol pour poser genou à terre et enlacer tes jambes. Tu l'observes, muet, sans comprendre. Tu restes statique l'espace de quelques secondes avant de lentement tendre ta main pour enfoncer tes doigts dans ses cheveux.

— Vraiment ?

Tu plies doucement les genoux, pour cueillir de ta main libre son menton.

— Tu jures ?

Arrive à sa hauteur, tu souffles, viens glisser ta main à son poignet pour le tirer toi. Tu passes ton pouce au niveau des veines qui pulsent sous sa peau.

— Jure-le vraiment.

Tu ne quittes pas son regard. Tu veux un serment inviolable.

— Et je te jurais que moi non plus, je ne partirai jamais.

Tu laisses ta tête se nicher dans sa nuque. Rare moment de fragilité que tu lui offres, parce qu'il a besoin de se sentir grand et fort lui aussi, n'est-ce pas ? Tu serres son poignet.

— Je veux juste être heureux avec toi. Pourquoi on n'arrive pas à l'être ?

Tu respires son odeur, fixe le sol.

— Jure, Ezra. Jure que je puisse jurer aussi.

Et ainsi vous enfermé pour l'éternité.

Tu serres son poignet, tu ne tolères pas son refus. Tu ramèneras Oswin, il le fera sans hésitation. Tu veux inscrire votre relation au-delà des lois humaines. Au fond de toi, tu peines à lui faire confiance. T'enfermer avec lui ne te dérange pas, mais tu veux t'assurer de l'enfermer avec toi et de jeter la clé ensuite.

Il capture tes lèvres et tu te laisses faire. Il jure. Enfin. Tu respires son odeur, l'enserres dans tes bras. Ta bouche au creux de sa nuque.

— Je jure.

Tu glisses tes mains sous sa veste, cherches le contact de sa peau avec avidité. Tu l'écrases, l'oppresses. Monstre possessif qui refuse de lui céder le moindre millimètre.

— On va être heureux, Ezra.

Tu passes tes mains dans son dos, partout. Il n'y aucun espoir de ta voix, juste un ordre. Vous serez heureux. Tu ne lui laisses pas le choix.

— Tu es à moi.

Tu fermes les yeux, songes à tout ce que vas gagner, tout ce que tu vas lui offrir. Tu penses son avis versatile mais ça n'a plus d'importance, tu vas le gaver et il ne pourra que se rendre. Tu l'aimes à en crever. Alors quand il te dit qu'il jure, qu'il va rester, tu te persuades de le croire, ne serait-ce que parce que tu vas l'y forcer. Il restera, oui. Et vous serez heureux.

— C'est tout ce que j'ai toujours voulu, tu sais, être heureux avec toi.

Tu embrasses son cou, le cajoles. Van's ose faire un bruit et tu détournes le regard un bref instant vers lui. Il file dehors, il a compris. Personne n'a autorité à te déranger, même pas lui. Pas maintenant.

— Tu vas voir. Tu t'en fou des autres, ils pourront jamais te combler comme je te comble, ils pourront jamais te donner ce que je vais te donner.

Tu glisses à son oreille, embrasses tendrement sa joue, sa tempe son oreille.

— Le monde.

Tu reviens à sa bouche.

— Tu partiras jamais, jamais t'entends ? On va être heureux, ok ? Tu vas être heureux et fier, tu verras.

Tu te fais tendre, mais ta tendresse est toujours lascive. Tu appuies sur ses cuisses alors que tu le prends dans tes bras, l'embrasses, le touche.

C'est peut-être là, paradoxalement, la conversation la plus calme que vous n'ayez jamais eue. Tu fronces les sourcils dans le creux ce son épaules, accrochées à lui, à sa peau, comme à une bouée de secours. Tu ne peux pas t'empêcher d'être perplexe, il t'a toujours paru insatisfait.

— Vraiment ?

Tu redresses doucement la tête et la tournes légèrement de côté pour capter son regard. Tu viens te nicher un peu plus contre lui, te laisses cajoler avec plaisir. Ses doigts dans tes cheveux te font frémir. Tu te sens bien, apaisé. C'est de ça dont tu avais besoin.

— Mais moi ça ne me suffit pas.

Tu as soif de victoire, de domination, de triomphe !

— J'ai vu comment ces bâtards te regardent. J'aime quand ils te regardent comme un cul à farcir... Mais je déteste qu'ils te regardent comme une merde.

Tu te fronces les sourcils.

— Je vais les faire crever de jalousie, ils nous baiseront les pieds, tu verras.

Tu plantes un baiser sur sa joue, te redresses un peu, tu glisses à son oreille. Tu entends Van's revenir.

— Monte avec moi, mon cœur.

Tu glisses tes doigts entre les siens et l'invites à se lever avec toi. C'est ta façon de t'excuser, de lui montrer.

— Viens.