Tu les avais traqués sans relâche, jour après jour. Des occasions manquées, une absence irréfutable finalement quand après avoir parcouru Londres durant des heures tu n'avais plus senti leur odeur. Elijah et Atlas n'étaient pas en ville mais tu n'as pas abandonné pour autant. La meute t'avait bien aidé, piste après piste, échec après échec. Tu ne leur en voulais pas personnellement mais ta colère avait finit par prendre le dessus tellement tu étais à cran. Les mots de Zina n'avaient pas aidés, ni la présence d'Ezra d'ailleurs.

Alors t'as continué de chercher, de fouiner encore et encore. T'es passé chez Constance, t'as fais le tour du Ministère pour refinir sur le chemin de traverse. L'allée des embrumes. Rien. Encore.




Encore.




Encore.




Ils n'étaient nulle part.
Jusqu'à aujourd'hui.

Il y a cette odeur faible que tu ressens parmi une myriade d'autres. Une flagrance que tu reconnaitrais entre mille par sa délicatesse. L'odeur d'une vie tranquille malgré les mensonges. Semence de honte malgré sa senteur d'ange. Tu revois son visage épuré alors que tu le supplies d'arrêter. Tu le revois te tuer -tu te revois t'échapper. Atlas. Il est celui qui t'a brisé, celui que t'as rêvé d'assassiner. T'y étais presque quand cette putain d'Elijah s'en est mêlé.

Elijah et Atlas sortent ensembles.
Et rien qu'à y penser tes iris se parent de cet or animal qui te sied si bien.
La vérité c'est que t'enrages de les savoir encore en vie tous les deux. T'enrages d'avoir été incapable de les buter quand t'en as eu l'occasion, t'enrages de t'être laissé berner et de les sentir aujourd'hui dans cette putain de rue. T'imagine qu'ils s'amusent sans s'imaginer un instant que tu puisses les traquer. S'il savaient.

Tu entre dans le cinéma sans te soucier d'avoir acheté un ticket pour les chercher des yeux. L'odeur est plus forte ici, t'es sûr qu'ils y sont alors tu te fais discret. Si Atlas ne peut pas te sentir, Elijah le pourrait lui, avec un peu d'attention. Tu avances lentement, te mêles à la foule pour t'éviter d'être remarqué trop vite. Tous ces gens pourraient te brouiller l'esprit mais t'as apprit à discerner ce que tu cherchais du reste, avec le temps.

Et ce que tu cherches aujourd'hui c'est Atlas.
Les odeurs se séparent au bout d'un moment, celle d'Elijah part vers les salles de projection tandis que celle d'Atlas conduit aux wc. Alors tu pousses la porte baguette en main, la lenteur la fait grincer. Et tu le vois.

Tu le retrouves enfin, Atlas.
Toujours aussi propre sur lui du savon plein les mains.

— Salut. Je t'ai manqué ?

La voix rauque de toute l'explosion que tu contiens, tu vas faire la peau à ce fumier.
Bienvenu au dernier jour de ta vie.

Une main dans le dos qui s'appuie naturellement contre la porte pour t'assurer quelle est correctement fermée. Tu devines facilement qu'il n'y a que vous ici et ça t'arrange que le danger ne puisse venir que de l'extérieur. Asterion. Il est bien le seul à t'appeler comme ça -le seul qui te force à te souvenir, encore et encore. Les cris. La douleur. Le feu et les os. L'odeur de chair calcinée du lendemain.

Ta baguette en main alors que tu t'avances, le pas lent et monstrueux, tu pares le sort qu'il te lance rapidement. Donne l'illusion que tu es en retard alors que la force de sa magie te fait reculer brusquement sans pourtant tomber. T'imaginais bien qu'il attaquerait le premier, t'attendais que ça.

— Tout doux chaton, on t'a pas apprit les bonnes manières à l'asile ?

Sourire mauvais à tes lèvres, tu ricanes.

— Comment va ta mère au fait ?

T'avances d'un pas.
Puis deux.

Lentement, sur tes gardes.

— Tu sais, va falloir que tu m'expliques.

Pourquoi tes iris luisent si fort mais que ta voix ne s'emporte pas. Pourquoi tu souris, presque comme si tu t'amusais.

— T'es là devant moi et- Il se passe rien.

Rien de plus fort que les élans de rage qui brûlent jusque ta peau. Rien de plus fort que la folie qui s'étire jusque dans ton sourire, n'en rendant ton calme que plus malade encore.

— Je pourrais te tuer. Je pourrais te bouffer mais j'ai seulement envie de t'entendre hurler. Tu veux bien faire ça pour moi ?

Un pas.
Puis deux.
Qu'il hurle à t'en faire oublier tes propres hurlements.

— Comme avant.

Tu lui adresses un diffindo brutal et informulé visant à l'accaparer tout entier tandis que tu vas pour lui bondir dessus. Tu veux lui éclater la tête contre l'évier et les briser les os. Un à un.

Comme avant.
Parce qu'il était si beau quand il était misérable Atlas.

L'entendre parler de ton père fait monter en toi une rage sourde toujours plus forte. Pourtant tu n'exploses toujours pas, à la place étire ta nuque à l'en faire craquer. Tu roules des épaules tout en continuant son petit jeu. T'attends le meilleur moment pour attaquer. Tu vas le bouffer c'est sûr.

— Tant mieux. J'ai pas encore eu le temps de lui rendre visite.

Pas encore eu le temps de la profaner comme elle l'avait fait des années auparavant. Tu lui demandes d'hurler mais il refuse, et ça t'arrache un râle sincèrement agacé. Ce gosse est tout aussi pourri qu'il n'a été gâté. Tant de privilège ça t'écoeure.

Tu finis par lui sauter dessus, le diffindo ayant eu l'effet escompté. Ton corps sous adrénaline, ses griffent dans ta chair ne t'arrachent pas une grimace. Il insulte ta soeur juste avant que vous ne percutiez le mur derrière lui. Tu t'assures dans un grognement animal que sa tête y cogne le plus fort possible. La mâchoire crispée alors que tu luttes pour le contenir.

— Sale merde.. T'as perdu le droit de parler d'elle quand tu l'as buté alors FERME LA.

L'autorité naturelle d'un chef de meute dans ta voix, tu lui fais un croche-patte pour le faire tomber et lâcher sa baguette tout en tenant la tienne fermement. Tu forces pour le faire pivoter sur le ventre -ou à moitié qu'importe- avant de bloquer ses hanches de ton assise plus lourde. T'as prit en muscles depuis votre dernière rencontre, il devrait l'avoir senti. Et lui tout ce temps il a fait quoi hein ? À part se faire piéger comme une merde par son frère. À part baiser ce fils de pute d'Elijah et se complaire dans son luxe à vomir.

— Arrête d'hurler, tu voudrais pas qu'on nous remarque pas vrai ?

La porte n'est pas bloquée, mais ça il le sait pas. Tu immobilises au mieux ses bras non sans une claque humiliante à l'arrière de son crâne au passage. Ça te fait éclater d'un rire gras heureux. Un pied vient lui écraser le bras gauche alors que tu te concentres sur le droit que tu tends. Une main sur son biceps et l'autre sur son avant-bras. Tu serres ta prise au maximum.

— Laisse-moi t'adresser un cadeau pour nos retrouvailles. T'es droitier c'est ça ?

Tu tords, sans attendre de réponse, à l'inverse de la jonction de son coude pour le lui déboîter violemment.

— Tu m'as manqué Atlas.

Plus vrai que jamais.

Le faire hurler te rendrait presque euphorique. Tu ne le réalises que maintenant alors que tu sens ses os craquer sous la pression de tes doigts que tu articules pour le faire souffrir toujours plus. Tu jubiles. Te souviens alors de ces moments intenses que vous aviez vécus tous les deux. Lui sur la chaise, accroché au plafond, troué, charcuté. S'il y a bien une chose que tu dois lui reconnaître c'est que ses hurlements sont divins. Mais ce n'est jamais assez.
Et il gâche.
Encore.

Il pleure.

Quelle sombre merde.

— Come on... T'es ridicule. Pourquoi pourquoi pourquoi ouin ouin !

Tu l'imites vulgairement avant de lui déboîter brusquement la clavicule pour lui faire cesser ses geignements stupides. Puis tu lèves ton pied de sa main pour l'écraser avec violence du bout de ton talon renforcé. La vérité c'est que t'en as plus rien à faire qu'on vous entende, mais vu l'emplacement des toilettes tu doutes que quelqu'un se pointe avant l'heure de fin des films. Ça vous laisse le temps de jouer un peu.

— Faudrait déjà que t'arrive à te dégager nan ?

Tu provoques tout en ayant conscience de ne pas pouvoir le tuer ici.
Même si c'est pas l'envie qui te manque.
Ça t'attirerait trop d'emmerdes.

— Je pourrais t'éclater les poumons, te briser la nuque et te laisser moisir dans la pisse. T'aimerai j'suis sûr, t'es une p'tite pute vicieuse Atlas.

Timbre railleur alors que tu t'esclaffes comme un gamin après une blague vaseuse. D'une main tu uses de ta baguette pour envoyer la sienne valser à l'opposé près de l'entrée et tu le relèves brusquement sans lâcher ses bras, un immense sourire à tes lèvres alors que tu lui annonces la suite.

— Regarde-moi ça comme t'es crade, beurk.

T'as l'air sérieusement dégoûté.

— On va nettoyer tout ça viens.

Un regard pour les cabines, t'essaies de définir la plus sale de toute pour l'y emmener.

Rictus mauvais qui s'étire à tes lèvres alors que tu t'accroupis derrière lui. Atlas est à genoux, piégé entre toi et cette cuvette crasseuse dont l'odeur ferait sûrement vomir n'importe qui. Il est à ta merci et c'est grisant. Tellement grisant. Le rire fou qui s'échappe alors que tu vas pour empoigner ses cheveux et le noyer dans la pisse. Le rire brutalement stoppé par ce coup de tête que tu reçois en plein nez.

— SALE PUTE-

Tu grognes sous la douleur, bascule en arrière prit par surprise mais te rattrapes in extremis sur le bord de la cabine pour ne pas complètement chuter.

La douleur soudaine de ton épaule te fait lâcher une main. Tu perds l'équilibre définitivement et tombes au sol quand lui se relève. Il te regarde de haut alors que tu grondes plus fort en te redressant à ton tour. Quand t'essaies de lever ton bras droit la douleur aiguë t'arrache une forte grimace et un grognement insatisfait. Allons bon. Tu passes ta seconde main sous ton nez pour en essuyer le sang qui s'écoule avant d'en cracher une gerbe sur le sol. Cassé. Tu t'attaques à la mauvaise personne qu'il dit.

— Je crois pas.

Tends ta baguette en signe de menace. T'avais pris soin de la glisser dans ta poche avant de t'accroupir un peu plus tôt. Qu'il ose seulement bouger. QU'IL OSE PUTAIN ! Ça te fera une belle occasion de lui trancher la gorge à cet enfoiré.

— T'es mort.

D'un sort tu le propulses violemment dans la cabine avant d'avancer de quelques pas vers lui.

— La question c'est comment ?

Comment le faire souffrir assez pour apaiser tes tourments.
Comment te retenir de simplement le tuer là, comme ça.
Parce qu'il ne mérite pas une fin aussi simple.

Alors face aux idées qui émergent à vive allure dans ton esprit, ton sourire se fait plus fou. Tu le laisses se relever et sortir assez de la cabine pour pouvoir l'envoyer percuter violemment tête la première le lavabo. Encore, encore, encore. À chaque fois qu'il se relève dans un ricanement malade et dissonant.

Tu ris comme un damné alors qu'Atlas n'est plus qu'une marionette entre tes doigts. Le plaisir de ses plaintes t'arrachent des frissons d'exaltation et tu le sais que tu pourrais continuer des heures, une vie entière même sans t'arrêter. S'il n'y avait pas eu cette putain de porte tu l'aurais d'ailleurs sûrement fait. Mais elle s'ouvre avec fracas cette porte et tu as à peine le temps de réaliser qu'Elijah se tient là que ta baguette s'envole, les liens t'enserrent.

— Encu-

Son poing en plein visage pour t'arracher un grognement de douleur intense à cause de ton nez brisé. Tu tombes à la renverse, incapable de te retenir sur tes jambes faute d'équilibre. Ta baguette dans sa main c'est la goutte de trop, tu grognes en te redressant comme tu peux mais il poursuit.

— Ramène-toi clochard, j'vais te rappeler si t'as oublié.

Quand il parle de rendez-vous t'as un rire nerveux.
Mais il te délaisse déjà pour s'occuper d'Atlas. Fort bien, ça te laisse le temps de te relever. T'avances de quelques pas vers eux qui s'éloignent déjà en les sommant de s'arrêter. Tu grondes, même si la menace est atténuée par tes bras liés.

— Rends-moi ma baguette fils de chien !

Il a rien à faire avec.
C'est ta baguette, et avec elle le dernier souvenir tangible de ta chère Rina. Il peut pas la garder, il peut pas et t'es sûr qu'Atlas a dû remarquer la véhémence avec laquelle tu te débats pour te détacher depuis que cet enfoiré d'Elijah l'a embarquée.

Les liens qui tombent soudain alors que la porte s'ouvre sur le couloir. Tu te précipites jusqu'à eux avant de te stopper brutalement. La bise à Ezra. Putain c'est vrai. Tu l'as mis en danger. Tu t'es laissé emporter, tu l'as mis en danger et en plus tu t'es fais prendre ta baguette.

— MERDE !

Ton bras valide qui cogne le mur de frustration, tu perçois de loin que des gens arrivent alors tu décides de ne pas rester là plus longtemps. Sans arme tu ne peux pas rivaliser de toute façon.

Tu transplanes dans une ruelle non fréquentée pour pouvoir t'échapper plus facilement, la rage au ventre. Vaincu mais pas à terre.

Ils paieront.