marche rapide, mâchoire serrée, entre deux, toujours entre deux chaises, entre deux choix, entre deux pensées deux rêves deux envies deux idées
deux âmes qui se suivent et s’entrechoquent dans une brutale explosion
et les baleines chanteront
les voix qui
loin de là
furent un jour douces
comme les caresses qu’il déposait sur ta joue
loin
de là
les souvenirs étaient doux

tu ne veux pas qu’il te suive et lui semble décidé, il n’a jamais été décidé pourtant, si sûr de son erreur, si sûr de son sacrifice égoïste. quand il agite les mains devant toi pour t’expliquer ô combien tu comptes, ô combien ton bien être est important tu ne peux pas t’empêcher d’accélérer le pas et c’est presque si tu courrais.
ton manteau qui fouette l’air, le visage sombre et lui dans ton sillage et il ne s’arrête pas.

et inconsciemment tu es devant chez lui.

… merde. MERDE. tu veux pas juste. TE TAIRE ? deux secondes. genre. DEUX SECONDES ? pour voir, je t’assure, l’air est plus frais ainsi. c’est comme les vipères, c’est comme les vipères … tu tapes du pied relativement fort devant la porte , fais semblant de peiner à faire tourner les clés dans la serrure
Croyance.. je peux savoir ce que tu fais ? C’EST COMME LES VIPERES ??? la colère te rend impatient, tu n’as pas envie d’expliquer à cet homme que tu fais toujours ainsi pour éviter une situation délicate entre toi et ton père, que toquer ne permet pas suffisamment de temps alors tu ajoutes toujours quelques minutes de plus en jouant la maladresse. Tu fais fuir les serpents en faisant du bruit. un serpent à la chevelure rousse que tu ne veux surtout pas voir dans les bras de ton paternel.

Enfin tu toques l’autre âme qui semble bien confuse t’observes, hésite, avale difficilement mais il ne semble pas abandonner et s’incruste dans ton sillage. Son monologue qui continue

le silence n’est pas une option chez toi c’est ça ? et dans un éclat de lumière éblouissant un sort est lancé, un sort de pétrification qui fait lentement tomber l’homme plus âgé sur le sol
à bout de souffle, comme si tu venais de courir un marathon, tu laisses tomber l’arme au sol, observant ton méfait.

… c’est quoi ton nom déjà … ne le prend pas mal, j'oublie même les noms des patients que j’ai soigné. où est Notre Père ? tu peux convoquer sa Sainteté tu penses ?  tu prends appuis contre un meuble, les bras croisés, tu attends l'arrivée de Savoy, le regard perdu sur la carcasse immobile d’Olivier Halloway alors que l’elfe t’observe.

Le voilà. Comme l’animal farouche que tu es tu braques ton regard sur lui, enregistre le moindre de ses mouvements, plisse les yeux.

Comment veux-tu que je le sache.

tu remontes tes manches et t’approches de lui, de l’inconscient, littéralement. Penché au dessus de son corps tu fronces les sourcils, une fatigue qui monte en flèche chez toi cela ne te réussit que très rarement.

Tu m’aides à cacher son cadavre si je venais à l’achever ? ta main glisse dans ses cheveux, venant dévoiler l’immense plaie que tu lui as offerte lors de tes 12 ans. Tu t’en étais tant voulu.
C’était la première plaie qui marqua ton corps
la première injure
puis après ça tu n’as fait que sombrer dans la culpabilité puis la colère, la rancœur.

et le coupable te demande pardon, une nouvelle fois
mais pardon de quoi.
d’avoir tué ta mère par amour
d’avoir tué ton frère sans même que tu sois au courant
d’avoir tué ton amour propre ?

trop de crimes sur ses épaules. pas assez d’excuses.

Désolé de débarquer ainsi je n’ai pas … vraiment réalisé que c’était chez toi que je me dirigeai

le verre d’eau qu’il glisse entre tes mains et ton regard s’y égare l’espace d’un instant. tu te tournes vers le corps immobile d’Olivier, versant le contenu de celui-ci sur son visage.

le donner à mes compères, qu’ils le dévorent. trop amer pour trouver une véritable raison tu soupires et viens finalement t’assoir sur son torse, lui-même étant posé sur le canapé. les jambes croisées tu réfléchis l’espace de quelques minutes

je ne suis pas venu pour lui, il m’a simplement suivi. Il craint de me voir rejoindre une meute. tu croises les bras il semble oublier que j’ai la capacité physique d’un nouveau né et un talent magique inexistant. un léger mouvement de tête pour renforcer le ridicule des agissements d’Olivier. La vérité est qu’il ne veut que ton bien, qu’il veut sûrement te maintenir dans ses bras, qu’il souffre bien trop, qu’il te voit mourir lentement sans aucune lutte. Mais c’est plus simple de le tourner au ridicule.

et toi … la .. morsure ? ça va mieux ? tu te lèves de ton siège humain, t’approchant du Directeur, tes doigts qui viennent effleurer son cou, tirant légèrement le col de sa chemise, observant les souvenirs que tu lui as offert. je continuerai d’affirmer que tu l’as bien mérité mais … c’était trop violent.

ta main qui vient remonter pour se poser sur sa joue, un léger sourire gêné sur les lèvres parle moi un peu de toi, de tes aventures.

des histoires pour te faire fuir, des histoires pour s’approcher, pour se blottir dans le fond de son âme et parfaite l’illusion.
cette illusion brûlante qui n’apparaît que quand les incendies sont proches
tout va bien, il te sauvera sans cesse
((alors que tu sais qu’au fond ce sera sûrement ta vie pour la sienne))
il a déjà trop offert
tu as déjà trop volé, il est temps d’inverser les rôles

Quand sa main prend la tienne tu peux sentir ce sentiment d’impuissance qui prend le dessus à nouveau. C’est amusant, Croyance, de te voir ainsi. Fragile devant ton erreur, fragile devant tes failles. Devant un soleil que tu ne peux pas blâmer.
Sous tes yeux il n’y a plus que ce sable brûlant, les coraux que tu avais placé dans tes iris pour paraître plus beau sont morts, l’eau est croupie et tu n’es que ce petit oiseau blessé
accuse en chantant
hurles ta peine, tu es si beau quand tu pleures
ainsi on ne se doutera jamais
que l’oiseau est trompeur
que ce ne fut jamais la faute du loup

dans le tribunal on t’observe
j’ai mal et je ne sais faire que ça, souffrir, c’est plus facile, j’ai mal et je suis doué pour ça, j’ai mal et j’ai trop peur de ne plus exister
dans le tribunal on se penche, on murmur, c’est complexe
s’il vous plaît ne me retirez pas ma douleur sans ça je ne suis rien
un coup bref, un mouvement de main
quel coupable
quel tueur
qui est tué

c’est l’enfant qui te pointe du doigt
((lui, il sera toujours roi))

Non, je ne suis pas prêt pour une meute, pas maintenant tout du moins. Plus tard, pourquoi pas. Quand j’irai mieux. tu te frottes le bras, à défaut de ne pas pouvoir te mordre la lèvre, te la dévorer, elle est trop abîmée. Attends ta baguette qui vient glisser dans tes doigts une nouvelle fois et tu t’approches du pauvre homme trempé
penché au-dessus de lui, tu viens essuyer l’eau de ses cheveux du revers de ta main. Je ne suis pas cruel au point de te laisser ainsi, tiens, mes clés, tu peux m’attendre chez moi, on en discutera. toujours pas libéré de l’emprise de ton sort, tu en profites, glissant l’objet dans sa poche tu connais l’adresse. S’il te plaît ne soit pas insistant, tu pourras me dire tout ce que tu as sur le cœur quand je rentrerai. mot prononcé à la volée et le corps reprend de ses couleurs dans une complainte étouffée alors qu’Olivier se redresse, le regard dur qui se pose sur toi.
((lui, il ne sera plus jamais roi))

Debout dans ce grand salon, c'est vers Savoy que son attention s’égare. Tu essaies de comprendre la signification de cet affront, pourquoi sa mâchoire se crispe de colère mais que dans ses yeux il n’y a que du chagrin, pire, du regret. Quand il fait un pas vers lui ton corps s’active de par lui-même et tu te mets dans sa trajectoire, lui interdisant de l’approcher.

((ta lèvre, tu l’as trop abîmée.
lui aussi, d’ailleurs
trop de fois blessé))

Il prononce ton prénom, comme perdu dans ses pensées, comme s’il parlait à quelqu’un d’autre, un vieux fantôme aux cheveux longs qui s’endort encore à ses côtés. Sa main qui se tend et cette étreinte qu’il te dérobe. Te voilà contre lui, les yeux grands ouverts. Tu inspires longuement et le laisse faire, tu as décidé de laisser tomber tes armes.
alors peut-être tu pourras commencer à enfin soigner
les autres
toi même
qui sait

Sans un bruit son corps perd sa forme et il transplane, te laissant encore plus affligé de ses émotions
une vague immense qui vient de s’écraser sur ton corps
et c’est dans un hoquet que tu reprends ton souffle, ta main qui vient passer sur son front

voilà voilà……………… excuse moi pour tout ça, herm. tu viens ranger ta baguette dans ta poche et en sors une petite fiole, buvant son contenu d’une traite en fermant les yeux.
délice liquide
salvateur sur ta langue quand ça fond
pour rejoindre ton mal
le contenir, le dompter, le rendre plus calme et silencieux
((on attend toujours un nom pour la victime, Croyance))

et j’aimerai bien que tu me parles de toi. comment vas-tu ? le ministère doit être un champ de guerre. tu tiens .. le coup ? tu as l’air fatigué, Savoy. je suis inquiet. tu lui mets le contenu vide de ta potion entre les doigts tiens, j’ai commencé à les prendre, enfin, ça ne fait qu’une semaine mais c’est … bien. ça m’aide. c’est en attendant de trouver quelqu’un qui m’aidera pour… ça. ta main qui vient douloureuse se poser sur ta poitrine, tes doigts qui tirent légèrement sur le vêtement. Je demanderai sûrement des conseils à ton ami… qui est aussi mon supérieur, pas Ephraïm. C’est un homme remarquable mais je pense que je ne t’apprends rien.


le coupable c’est moi. Le coupable c’est lui. celui qui m’a traîné dans ses pensées alors que je n’étais qu’un élève. le coupable c’est un loup-garou qui a décidé de se défouler sur l’enfant de son ennemie parce que c’était plus simple ainsi. le coupable c’est ceux qui m’ont laissé ce chiffre sur le poignet le coupable c’est. au final
qu’importe
corps plein de conséquences
plus personne pour porter le blâme
ne pardonne personne
n’accuse personne
ne cherche pas de réponses
observe un astre différent
nettoie le sang sous tes ongles
enfant détesté par la vie elle-même
si jeune quand tu as décidé de lui en vouloir, de lui tourner le dos

((tiens, il enlève sa couronne))
((elle a toujours été trop lourde pour sa tête))
((il commençait à fatiguer))
((tu pense que ça ira))
((tu penses qu’il vivra))

Tu déglutis difficilement, l'air devient lourd. T’oublies de respirer, tu viens t'asseoir sur le canapé. Nager sans se noyer. Comme c’est étrange. Doux mais si effrayant. Tout devient crucial, maintenant tu peux t’attendre à autre chose que la violence de tes actes. comme c’est étrange.

La surface de cette tentative est fragile et pourtant
il y met toutes ses forces. tremblantes comme de timides flammes
elles naissent dans un milieu aride elles ne parviennent pas à réchauffer son corps
tout est mort
tout est mort
mais il essaie
sûrement pour rester debout à tes côtés, pour t’écouter parler, pour te voir briller. sûrement, oui, il se dit, comme j’aimerai vivre un peu plus pour voir son sourire.

le problème avec Croyance
c’est qu’il se sabotait pour avoir moins mal. venant de sa main les déchirures sont plus facilement réparables. quand cela vient des autres. les plaies sont immortelles, sur sa peau, sur son âme, sur tout son être.
le problème avec Croyance
c’est qu’on ne l’aime pas
on le désire. on le jalouse. on le possède. on l’étouffe.
et après avoir donné tout son éclat
on laisse la carcasse flotter, dériver, se noyer, qu’importe.

sur tes plages, Savoy, il vient s’échouer.

il te dit qu’il est heureux. un sourire qui fend en deux ton visage, un sourire qui fait mal, un sourire qui ne devrait pas être là. il te dit qu’il est heureux, ce que tu fais le rend heureux, oui, il est heureux. tu n’as pas besoin d’être là pour qu’il porte le titre de paladin, Savoy, il aura toujours l’épée à la main, Savoy, il n’a pas besoin de toi mais pourtant
il te le dit
il est heureux.

un pas vers lui, tu te redresses du canapé et t’approches de cette figure floue. ta main qui se dresse pour se poser sur son front
((ta peau est toujours si froide, comme un mort))
je suis désolé. comment vont-ils ? veux-tu que je t’accompagnes ?

tu te retiens
tu as envie de t’excuser bien plus
pour tout les problèmes que tu lui causes
mais tout ne tourne pas autour de toi, n’est-ce pas.

j’ai une maison en france. elle appartenait à ma mère. ils pourraient y loger le temps que … tout se calme ? oh c’est un bâtiment modeste bien sûr, nous n’étions pas bien riches.

comme ton coeur est douloureux, Croyance, quand tu ne te laisses pas couler et que tu dois remonter à la surface
que tu vois tout le mal que tu as causé.

Ses mains qui font plier ton corps sous ses attentes, ainsi installé tu ne réponds rien sous la surprise, le regard baissé sur lui alors qu’il te serre tendrement. Tu n’oses pas lui demander d’où lui vient cette douceur, de peur de briser l’instant, de peur qu’il réalise à quel point tu ne mérites pas cela. Avec hésitation, tu viens caresser l’arrière de sa nuque du bout des doigts à la naissance de ses cheveux et lève enfin les yeux vers le plafond.
Rester ici tel le chien que tu es.
Il n’y a pas meilleur garde que tes crocs, après tout.
Tu sais cependant que cela ne marche pas ainsi, pas avec Savoy. Si on te fait aboyer pour le plaisir, lui, il n’a jamais attendu cela de toi.

C’est d’accord. te voilà bien rêveur, perdu dans tes propres pensées. c’est sa caresse sur sa joue qui te tire un peu de ton monde et tu réponds à son sourire. Ce n’est rien pourtant. Après tout ce que tu as fait pour moi, c’est bien misérable à côté. J’espère qu’ils iront mieux.

mais les mots qui s'ensuivent te font un instant peur et ta main vient s’accrocher à sa chemise. Ton corps qui lui dit “ reste “ mais tes lèvres sont muettes.
Car quand il partira ton grand amour s’en ira sans toi
et tu resteras immobile au milieu de ses souvenirs
impossible d’en parler à qui que ce soit
en parler c’est rendre ça vrai
et tu ne veux pas de cette réalité
tu ne veux pas de ce monde sans elle
((mais la libellule est morte))
((et tu n’as jamais eu le temps de le lui dire))

tu devrais songer à prendre un pineapple tu sais, ce serait plus simple ainsi, je n’aurai pas la peur au ventre dès que tu t’enfonces dans un avenir dangereux et incertain -car je sais que c’est dans ces eaux là que tu nages le plus souvent.

Impossible de ne pas craindre le retour du père
impossible de ne pas craindre l’arrivé de quelque chose bien plus funeste
Olivier avait laissé sur son psyché une trace rouge, brûlante, odieuse. Il a laissé entrer un loup, il a dit, ne m’attendez pas pour le dîner.
((et c’est toi qui a failli être bouffé))

mais la chaleur de sa main sur la sienne te rassure ne serait-ce qu’un peu, tu réponds à son sourire, tu te veux fort. Oui. Chez moi. tu répètes ces mots, mantra pour ne pas oublier; tu n’es pas abandonné. la mort à l’âme, les os rongés par l’envie d’y passer mais tu n’es pas abandonné, pas encore. on s’éloigne, on ferme la porte, mais on laisse toujours
cette terrible
lumière allumée

je pourrai essayer de t’apprendre tu sais. tu as l’air peiné, quand il vient épouser ta joue d’une caresse aérienne tu as du mal à soutenir son regard. je ne parviens plus à matérialiser mon patronus.  ta gorge est douloureuse alors que tu avoues un nouvel échec, que tu avoues une nouvelle peine.

mais voilà que Savoy vient une nouvelle fois penser tes inquiétudes, faisant tomber au centre de ta main cet objet magique que tu ne peux t’empêcher de dévorer des yeux C’est …  

tu souris et viens te blottir dans ses bras, ton visage dans le creux de son cou, une douce étreinte, les mots ne sont pas suffisants
merci. tu me protèges sans cesse, merci beaucoup ..

c’est au loin que tu vois la lumière de ton téléphone s’allumer. un léger sursaut et tu te redresses, venant l’attraper tu peux voir un titre bien funeste s’afficher et un ordre, une demande, un supplice.
Alexander, Alexander, Alexander
Ton visage se fige dans une étrange expression et tu ranges l’appareil dans ta poche, tires la chaîne que tu portes autour de ton cou pour venir y accrocher le galion et te tournes enfin vers Savoy

Je devrais y aller... une urgence. un sourire navré sur tes lèvres. ((menteur))