Les documents couvrent ton bureau comme s'il avait plu de la paperasse.
C'est une longue journée, tu ne peux le nier. Tout le prouve - de ta cravate défaite, à tes stylos éparpillés partout, aux deux cafés non finis perdus parmi les liasses.
L'arrivée de Ephraim, courant d'air moustachu au sourire narquois, est comme l'arrivée du printemps pour les terres assoiffées de vie.
Mais tu n'es pas une agriculture, et il n'a rien d'une douce et chaleureuse pluie.
Sa magie enveloppe les lieux, et tu te dis que peut-être que si, peut-être qu'il s'en rapproche plus, du printemps, que tes pensées fatiguées le soupçonneraient.
Doucement, tu te relèves, ne cherchant même pas à finir la phrase que tu étais entrain de rédiger. D'un geste ferme, les documents volent, se rangent d'eux mêmes dans un tiroir que tu es le seul à pouvoir déverouiller - et tu récupères la veste froissée sur ton siège, la lissant d'un coup de baguette en souriant doucement.

Cela me fait plaisir de te voir Ephraim.

Et tu t'avances vers lui pour le serrer d'un bras ferme - te laissant aller à fermer les yeux lorsque ton menton se repose un instant sur son épaule.
Puis, tu te recules, remets ta cravate convenablement, soupirant.

Je pense t'avoir déjà tout raconté, à vrai dire. Mais rien ne t'empêchera de bavarder pour combler mes silences, pas vrai ?

Et ce n'est en rien un reproche, seulement une silencieuse reconnaissance. Qu'il était bon d'avoir Ephraim dans sa vie, de temps à autres.