Ces lieux sont bien ses préférés.
Le silence des endroits où l'on ne fait que contempler. La douceur du sol dont la moquette étouffe le bruit de ses pas. L'odeur de la poussière qui date d'autrefois.
Peut-être était-ce la nostalgie qui te poussait à toujours revenir là. Une ritournelle sempiternelle qui refusait de s'éteindre dans ton esprit. Il y avait peut-être plus que ça, mais tu te contentais de cela. De cet attrait.
C'était déjà bien trop, et à la fois pas assez.
Elle te donnait toujours rendez-vous ici. Peut-être était-ce un défi pour voir si tu arriverai à la trouver. Si tu arriverai à l'atteindre dans ce dédale poussiéreux que tu avais tant de mal à traverser d'un pas rapide. Comment ne pas céder à l'appel de la contemplation ?
La montre et ce qu'elle indiquait étaient des choses qu'ici, tu oubliais.

Bonsoir mon amie.

Elle aussi, elle était intemporelle. Pourtant, à peine plus âgée que toi, elle paraissait bien plus jeune. Plus jeune, mais plus ancienne. Cette dualité, tu ne pouvais que l'apprécier. Elle était une oeuvre d'art, elle aussi. Une oeuvre que la nature a peint sur une carcasse humaine.

Il se peut que je le sois.

Les soirées étaient difficiles dernièrement - le Ministère secoué par les récents évènements. Comment retrouver la paix quand tout était remis en question ? Les ennemis ne se comptaient pas en nombre mais en idéologies. Lorsqu'on en abattait un, il devenait martyr.
T'asseyant doucement aux côtés de Maxine, tu te permets d'effleurer son avant-bras de ta main.

J'attends de voir le jour où tu ne m'attendras plus.

Tu l'as toujours faite patienter - et jamais tu ne t'en es excusé. Impolitesse ou témérité, tu ne savais pas. Tu avais toujours eu le sentiment que certaines choses avaient le droit d'être transgressées avec elle.
Peut-être que les années que vous avez partagées y étaient pour quelque chose.
Ton regard se pose sur la tapisserie, observe ses précieux détails, ses déchirures comme ses fils d'or toujours aussi brillants. Tu ne te lassais jamais de ces spectacles - comme tu ne t'es jamais lassé de les partager avec elle.
La dame vous porta un regard pensif avant de détourner les yeux.

Combien de temps cela fait que tu m'attends ?

Un sourire fleurit sur tes lèvres en réponse au sien. Peut-être devrait-elle trouver un autre à attendre. Parfois, tu te demandais si à tes côtés elle ne perdait pas du temps.
Mais elle choisissait ces instants d’attente consciemment. Alors tu acceptais son choix sans l’interroger. Trop d’années s’étaient écoulées pour que tu le remettes en doute.

Un jour pourtant il le faudra. D’ici un trois-quart de siècle encore, je dirais.

Ni elle ni toi n’étiez immortels, mais ton sablier coulait bien plus vite que le sien. C’était ainsi, dans l’ordre des choses. Mais un jour viendrait où toi, tu ne serais plus en capacité de la rejoindre. Tu la ferais patienter plus longtemps que jamais tu ne le voudrais.
Tu tournes ton visage vers elle au moment où elle tourne le sien vers toi. Tu lui offres un sourire qui se meut en un rire amusé. De ta main tu quéris la sienne, la porte à tes lèvres, dépose un baiser sur ses phalanges.

Je dirais que c’est une exagération subjective.

Tes doigts la libèrent, ton poignet se tournant alors que tu contemples ta montre - rougis.

Une dizaine de minutes. Voilà que je vieillis à te faire attendre encore plus qu’avant.

Malgré ton ton sérieux, ton regard est taquin en se redirigeant vers elle.

Comment vas-tu, Maxine ?

Tu la contemples avec une oeillade sensible, amusée et pourtant triste. Ne pouvait-elle donc pas, elle non plus, vivre dans le présent ? Chaque instant semblait le prouver.
Elle était déjà dans le futur, là où tu chérissais encore le passé. Le présent vous unissait, mais vos pensées en étaient loin. En étais-tu triste, Savoy ? Ou aimais-tu voyager dans le temps ?

Je ne sais pas. Combien de temps te faut-il pour mettre une robe ? Je ne t'imagine pas en prendre davantage pour aller à mes funérailles.

Un sourire se glisse sur tes lèvres. Ton attention dévie d'elle à nouveau pour se concentrer sur l'oeuvre devant vous.
Votre conversation semble désintéresser la dame.

Mon pragmatisme teinté d'une obscurité faisant concurrence au Radeau de la Méduse ? Maxine !

Tu pars d'un grand éclat de rire - étouffé pour ne pas dérangé d'autres visiteurs.

As-tu sacrifié le temps à m'attendre ici pour trouver cette métaphore, ma chère ?

Cela l'amuse grandement - surtout que l'oeuvre en question relevait du romantisme, en tous ses aspects. L'obscurantisme, au final, elle en était bien gardée.
Mais le temps présent, lui, n'en est pas gardé. Même si la notion devrait être réévaluée, et qu'elle n'est pas complètement en adéquation, l'état d'esprit conservateur, lui, était bien présent.

Oui. L'orage approche.

Son approche tu l'accueilles d'un sourire, d'un effleurement d'une de ses mèches rousses qui tombent près de toi. Tes yeux cherchent les siens, au lieu de s'accrocher à la tapisserie, alors que tu soupires légèrement.

Je ne vais pas te cacher que j'y étouffe. Ou peut-être est-ce juste l'accumulation - je l'ignore. Ta présence m'apporte l'air frais dont je manque.

Un rire, tu secoues ta tête, hausses les épaules.

Eh bien. C'est quelque chose que je devrais essayer un de ces jours, alors.

Rien que s'imaginer ne serait-ce qu'essayer de porter de telles guenilles te fait légèrement soupirer d'un amusement à peine dissimulé - tu avais sûrement la taille suffisamment fine pour qu'elle puisse être joliment soulignée, non ?
Peut-être que tu te faisais des idées, Savoy.

Les secrets sont donc éventrés... Mais tu n'as pas besoin de tant pour avoir mon attention. Tu as la priorité sur toutes les oeuvres... Une fois dans mon champ de vision.

Petite taquinerie alors que tu fais une moue boudeuse lorsque la mèche s'échappe avant que tu n'aies pu la toucher - soupirant d'aise lorsqu'elle pose son front contre ton épaule. De ta joue, tu t'appuies contre son épaisse chevelure, fermant les yeux.

Mhm, je le devrais oui... Mais j'ai peur que tu me renvoies chez moi un bambin dans les bras.

Un sourire orne tes lèvres une nouvelle fois. Près de Maxine il ne s'éteignait que rarement.

Nous sommes dans la fleur de l'âge mon amie ! Ne te dévalorises donc pas ainsi, je ne te le permets guère.

Un petit regard en coin, alors que tu retiens toujours ton rire, et ta main vient doucement effleurer son genou alors que tes yeux remontent le long de sa silhouette taquinement.

Je pense que toges et kilts devront faire l'affaire car je risque de ne pas réussir à me glisser dans ce qui épouse ta fine silhouette.

Oeillade curieuse et à la fois perplexe, tu te demandes qu'est-ce qui se cache derrière ses paroles. Et lorsque tes pensées refusent de te fournir réponse, tu cèdes et finis par aller la chercher.

Pourquoi devrais-je éviter les moutons ?

Elle te fuit et tu laisses ta main claquer contre le banc, alors que tu secoue la tête, faussement outré de son comportement de grande dame.

Tu as toujours été plus qu'un souvenir, Maxine, voyons, je t'ai dit que tu étais résidente permanente de mes pensées.

Un sourire glisse sur tes lèvres, et lorsqu'elle se rasseoit, tu viens très doucement effleurer sa hanche de ta paume, comme d'un geste d'affection qui se termine assez tôt pour ne pas paraître trop insistant.

Figure toi que tu dois sûrement avoir raison. Je ne sais pas si tu te souviens d'Oliver Halloway, mais il m'a en quelques sortes confié son garçon... Et je ne peux m'empêcher de faire ce que je ne ferai jamais pour rendre ce petit heureux.

Une tâche terriblement difficile lorsque ledit gamin est un loup-garou aux tendances auto destructrices.
Un léger soupir t'échappe avant que le changement de sujet ne te soulage et tu viens doucement pousser Maxine de ton coude entre ses côtes.

Tu seras dans la fleur de l'âge encore un bon moment, cesse donc tes âneries.

Sa curiosité s'apparente presque à un défi, et tes yeux viennent se plonger dans les siens, longuement.

J'imagine que je devrais te prouver en quoi tu as tord, si tu t'entêtais à le transgresser.

Tu soupires légèrement, ne pouvant être plus d'accord avec elle. N'était-ce pas, au final, pour cela, que beaucoup de personnes se décidaient à fonder une famille? Pour avoir quelqu'un pour qui tout faire, à qui tout offrir ?
Il y avait sûrement plus que cela.

Croyance, son petit nom. Et... Il me mène complètement par le bout du nez. Mais ses relations sont si compliquées, que cela m'est presque impossible de le regarder s'enfoncer davantage dans ses ennuis.

Un moment de réflexion alors que tu essaies de te souvenir de l'âge exact de ton protégé, ta main venant couvrir celle que Maxine a posé sur ton genou.

Vingt-quatre, je crois.

Un sourire. Tu réalises qu'elle a pris un peu de couleur et cela te charme, te fait un peu pencher vers elle.
Ce n'est pas la première fois que tu te rends compte de l'attirance que tu lui portes. Mais ce n'était pas difficile d'apprécier Maxine - elle était d'une nature chaleureuse et douce, elle était d'une intelligence brillante et rusée, et par-dessus ses qualités, et ses quelques charmants défauts, elle était d'une particulière beauté.
Il n'était pas difficile de lui céder.

Est-ce une si mauvaise chose, Maxine ?

Un léger rire en réponse au sien, tu hoches la tête.

Il porte bien son nom, oui...

Tu hausses légèrement les épaules à sa remarque - ce n'était pas la première fois que tu l'entendais. Et ce n'aurait pas été la première fois que tu lui aurais donné les arguments qui faisaient que tu ne t'engageais pas là dedans. Des arguments qu'elle devait connaître par coeur.

Je l'espère. J'ai éloigné le pire de lui - ne reste qu'à attendre.

Un soupir, avant que ton attention ne se redirige sur Maxine, l'observant de près. Cette fois-ci, tu ne te recules pas, oses un geste différent - levant la main pour effleurer la joue du bout de tes doigts.
Elle a la peau douce.

C'est vrai. Laisse moi reformuler, alors.

Un instant pour réfléchir à comment te glisser dans un langage qu'elle apprécierait davantage - le monde n'était ni noir ni blanc pour Maxine, et elle passait son temps à te le rappeler.
Mais il te faut rassembler tout le courage dont tu es capable pour exprimer les mots que tu t'apprêtes à énoncer.

J'aimerais te faire la cour, Maxine.

Parfois les instants s'allongent lorsque la réponse tarde à venir. Et dans cet étirement temporel tu continues de la contempler comme si c'était une dernière fois. Comme si cet effleurement osé était le dernier dont tu aurais le droit.
Sa réponse est une sorte de délivrance.

Tu l'as donc remarqué.

Que jamais tu ne lui avais été indifférent, qu'elle avait plus de valeur à tes yeux que n'importe quelle autre personne que tu pouvais fréquenter. Pensivement, tu retires de ta veste une petite boîte en papier, délicatement rose, que tu glisses entre ses mains.
Les Sakura, ses cigarettes préférées.

Je t'avoue que je ne sais pas. Peut-être qu'à force que l'on me murmure à l'oreille que je ne peux pas me terrer dans ma solitude, j'ai réalisé que je voulais toujours répondre que je n'étais pas seul tant que je t'avais toi.

Un sourire timide lorsque tu remontes ton regard vers elle, expires soudainement, avec un rire amusé, ta main se levant pour passer sur ta nuque.

J'ai l'impression d'être un jouvenceau maintenant.

Un sourire toujours aussi tendre alors que tu l'observes se réjouir. Elle n'était jamais exigeante, Maxine, et il t'avait toujours été difficile de savoir que lui offrir. Mais il y avait ces quelques petites choses que tu avais fini par repérer, et qui désormais formaient en quelques sortes ton arsenal secret. Ces cigarettes, commercialisées seulement au Japon et en Russie, en faisaient partie.
Mais tu ne t'attends pas à pareils remerciements, son odeur très légère t'envahissant lorsqu'elle se penche sur toi, ses mèches légères t'effleurant alors que tu fermes les yeux, une sensation douceureuse irradiant de là, où ses lèvres ont touché ta peau.

Promis je ne suis pas responsable de ce retard là.

Un léger clin d'œil d'amusement, avant que le sujet ne redevienne important et que tu ne soupires.

Je... Je mesure l'étendue que cela pourrait avoir. C'est pour cela que je ne tiens pas particulièrement à ce que cela soit connu, pour te protéger des retombées, tout comme éviter que l'on ne me considère subjectif. Cependant... Tu restes une sorcière, Maxine. Tu es aussi très influente politiquement. Ton orphelinat n'est pas un lieu aussi neutre que tu le voudrais. Je pense qu'on n'est plus à ça près.

Peut-être que la réflexion était lointaine mais sa conclusion n'était que récente. Et quelques douces paroles t'avaient peut-être guidé dans sa création.
La main de Maxine vient te faire fermer les yeux doucement, le temps d'un instant, avant que tu ne lui souris, saisis ses doigts pour les embrasser.

Je ne suis pas inquiet pour cela. Mais, dis-moi, est-ce là ce que tu souhaites toi aussi ?

Car au final, tu avais été le seul à exprimer tes ressentis.

Son sourire te ferait presque fondre si tu n'avais pas déjà le coeur en déroute. C'est en arrière-plan que tu te demandes si tu risques les crises cardiaques au même âge que les moldus, et si oui, quels sont les signes avant-coureurs. Parce que face à Maxine tu as l'impression que c'est imminent.
Sa main se noue à la tienne et tu souris à ton tour, serrant ses doigts. C'est si instinctif, naturel. Agréable.

Je sais. En effet, j'y ai déjà réfléchi. J'ai déjà préparé nos arrières.

Mais a-t-elle réellement besoin de ta réponse à cela ? Elle se penche et tu réalises à quel point vous êtes bien plus proches physiquement. Cela te fait davantage sourire. Les jeux de séduction étaient si loin dans le passé, et pourtant, voilà où vous en étiez. Comme deux adolescents presque trop prudents à jouer aux regards en coin et aux non-dits.
Presque.

Encore une fois, je t'aurais fait attendre...

Un léger rire. Ta main vient se hisser pour caresser sa joue une nouvelle fois - cette fois avec bien plus d'entrain. Tu glisses tes doigts dans son épaisse chevelure, ferme les yeux avec un soupir momentané.
Cette fois-ci, tu sais que le courage ne manque pas. Tu te délectes juste de l'imminence de cet instant que toi aussi, Savoy, tu auras longtemps attendu. Sans te presser, tu rouvres les yeux pour la contempler.
Elle est si belle.
Tu cherches dans son regard un quelconque signe de refus - tu n'en trouves pas.
La tapisserie laisse échapper un petit rire. Tu l'ignores.
Doucement, tu te penches, vient d'abord déposer un baiser sur sa joue - son odeur te chatouillant les narines agréablement.
En te reculant, tu effleures son nez du tien. Le temps à l'air de se suspendre lorsque tu t'immobilises si près d'elle.
Le flottement est merveilleusement plaisant alors que doucement tes lèvres viennent étreindre les siennes.
Elle a goût de l'avenir.