Il fallait que tu lui parles. Absolument.
Alors tu avais dépêché un hibou pour qu'il lui porte ta demande. Un dîner, pour discuter.
Tu ne ferais pas la cuisine. Pour sa sécurité.
Maintenant, toujours aussi bien habillé qu'à ton habitude, tu tournes en rond. Elle n'aimerait pas ce que tu aurais à lui dire. Toi-même tu détestais ce que tu avais à lui dire. Mais il fallait que ce soit dit. Qu'elle sache. La laisser dans l'ignorance... Non, non. Ça ne pouvait pas se faire.
Tu fais les cent pas, chassé de la cuisine par Mobby qui supportait pas ta tendance à marcher près de lui pour regarder ce qu'il faisait. Décidément.
Si même ton ami ne te supportait plus, quid d'elle ?
Il fallait l'admettre, les choses étaient un peu... Différentes, depuis que tu t'étais déclaré. Plus subtiles. Plus...
Tu avais des frissons en sa présence maintenant. Comme un adolescent. C'était sûrement de ça que parlaient les gens lorsqu'ils mentionnaient les amours.
Un sentiment dévorant de tension qui te parcourait.
Tu es trop vieux pour ça, Savoy.
On sonne à la porte et tu y vas pour ouvrir d'un pas déterminé. Un sourire se glisse sur tes lèvres lorsque tu l'ouvres et l'aperçois. Tes doigts saisissent sa main pour y déposer un baiser.

Merci d'être venue, Maxine.

Elle semble prête à t'engueuler comme un de ses enfants - et tu ne peux t'empêcher de sourire tout du long, alors que tu la fais glisser à l'intérieur, refermant la porte derrière elle.

Il n'y avait pas à paniquer ma chère, vraiment. Ce n'était qu'un hiboux, rien de grave. Je sais qu'elle est vieille et laisse des plumes traîner, mais ce n'est pas une raison de la craindre.

Taquinerie amusée, ta main vient caresser son poignet - incapable de résister à l'effleurer. Tes sourcils se froncent, alors que tu penches la tête, l'observes attentivement.

Mais j'ai un téléphone. Mobby pourra te donner le numéro - c'est lui qui s'en occupe. Il suffisait de demander, tu sais.

Tu sais très bien que ce n'est pas la réponse qu'elle attendait - et que tu risquais de rendre les choses pires. Est-ce que cela t'empêchait de quoi que ce soit ?
Depuis quand étais-tu aussi taquin, Savoy ?

Il existe d'autres moyens d'urgence.

Doucement, tu sors ta baguette, prends sa main pour tracer quelques symboles dessus, avant d'y dessiner un simple petit coeur - qui apparaît presque instantanément sur ta propre paume.

N'en parlons pas dans l'entrée - j'espère que tu as faim, je crains que nous n'ayons un festin à partager à deux, et avec toute la volonté du monde je ne serais pas capable de tout dévorer.

Ta main vient saisir la sienne alors que tu l'entraines vers la salle à manger.

Il te semble bien que si les regards pouvaient tuer, tu aurais déjà rejoint ta tombe. Pourtant, elle ne te refuse pas sa douce voix, et tu la regardes avec un doux sourire, écartes les bras.

J'ai éhontément volé quelques poches de sang au ministère mais je ne sais pas si elles te conviendront... Ni comment les conserver.

Grimace sur tes lèvres, tu tentes tout de même de te racheter, indiquant la table qui est mise plus loin, aux chandeliers éclairant les plats. Mobby en avait trop fait et tu avais presque le rouge aux joues à l'idée d'ainsi dîner à ses côtés.

Apparemment les plats sont réhaussés.

Expiration à son léger baiser, tu en profites pour caresser sa joue, la regarder avec une affection profonde - comme si tu la voyais une première fois.
Comme si chacun des regards qu'elle t'offrait était à jamais enregistré dans un esprit.

C'est Éléonore, Maxine. Elle a ... On l'a attaquée, au Ministère. Il lui a...

Tu serres la mâchoire, secoue la tête. L'idée même te détruit. Tu n'avais pas été là, tu n'avais pu l'aider, l'épargner de ce sort.

Il lui a limées ses canines, Maxine.

Un soupir, lorsque tout s'effondre.
Tu es fatigué, Savoy, que l'on te blâme. Mais tu peux la comprendre. Toi-même tu te reproches de ne pas avoir été là plus tôt. De ne pas l'avoir su plus tôt.
Tu as été laissé dans le noir et ça te dévore autant que ça semble la dévorer elle.

Dès que je l'ai su j'ai envoyé la lettre. J'étais au travail, Maxine, et ce n'est pas quelque chose que j'avais très envie de t'annoncer par écrit.

La colère lui va étrangement bien. Tu la contemples, découvres cette émotion sur son visage. Toi, il n'y a que la lassitude, Savoy.
N'était Éléonore pas que la suivante sur la longue liste des victimes de la haine ? Ce pour quoi tu travailles d'arrache pied depuis des années ne porte pas ses fruits - et te jette les graines semées moisies au visage.
Ta douleur s'est amoindrie parce que tu es fatigué. Mais tu n'as pas de place pour la colère, pas lorsqu'elle peut mettre à risque autrui.

J'ignore pourquoi il a fait cela. Mais sache que cela date, Maxine. Ce n'était pas aujourd'hui, ce n'était pas hier. C'était en février. Je ne l'ai découvert que maintenant aussi. Alors que c'était sous mon nez.

L'amertume transparaît dans ta voix alors que tu passes une main sur ton visage.
Tu es à court de cigarettes. C'était une nouveauté.

Asclepios Cavendish. Je doute que sa soeur soit au courant - j'ai pris rendez-vous avec elle dans la semaine pour m'en assurer. Il a un accès... Un peu trop illimité au Ministère. Je vais devoir renforcer certaines règlementations.

Pendant quelques secondes tu t'interroges, Savoy. Est-ce ainsi que tu veux voir la justice égrenée ? Par la main vengeresse de la femme que tu aimes ? Dans tes yeux se dissimule l'hésitation, le doute - mais il disparaît bien vite.
Tu sais ce que souffre Éléonore. Tu n'étais pas juste un politicien à la tête vide. Tu avais étudié les vampires, comme leurs enfants à demi-mortels. Comme ces deux femmes, mère et fille presque.
La souffrance que la plus jeune vivait était inimaginable. Et cela, la justice, si seulement elle se préoccupait de riches joueurs de Quidditch, elle n'en aurait que faire.
Doucement tu t'approches de Maxine, tendant la main.

Je sais. Je sais bien. Ne laisse juste pas de traces. Je t'en supplie.

Tu saisis ses doigts pour les porter à tes lèvres - avant de glisser au creux de sa paume un papier.

Tu n'auras pas besoin de le chercher longtemps. Je ne savais pas qu'il était un donateur à l'orphelinat. L'hypocrisie de certains ne connaît pas de limites.

Tu soupires, lourdement, entames un geste pour caresser sa joue - que tu avortes, te reculant d'un pas.

Pardonne moi de ne pas l'avoir appris plus tôt.

L'odeur du papier brûlé ne dure qu'un éclat de seconde.
Toi aussi tu t'étais assuré que personne ne retrouve ta recherche. Le Ministère avait encore énormément de documents papier - qu'il n'était pas difficile de soutirer le temps d'une journée avant de les remettre à leur place.
Comme s'ils n'avaient jamais été déplacés.
La fougue de Maxine te fait frissonner lorsque tu poses tes mains sur ses poignets, alors qu'elle s'appuie contre toi pour t'avouer ses intentions. Tu n'en attendais pas moins d'elle. Elle était un incendie dévorant, et rien ni personne n'avait dans son intérêt de se trouver sur son chemin.

J'attendrais ton pardon avec impatience, alors.

Un léger sourire - alors que tu lui laisses ainsi comprendre qu'à aucun moment tu ne comptais l'empêcher d'agir, bien au contraire. Tu savais parfaitement ce que tu faisais -bien que ces méthodes n'étaient pas les tiennes.
Doucement tu appuies ton visage contre sa paume - tressautant légèrement d'une douleur fantôme.

Tu peux m'écrire sur ta paume pour me contacter désormais. C'est un très léger sort que j'y ai posé - il est à double sens.

Tu lèves la main pour saisir la sienne et déposer un baiser au creux de son poignet.

Cela ne te suffit-il pas, peut-être ?

Tu étais prêt à faire des concessions - après tout, ne lui faisais-tu pas la cour, Savoy ?

Sous tes doigts, il te semble que son pouls est un peu plus fort que d'habitude - aussi faiblement perceptible soit-il. Alors tes yeux s'accrochent aux siens et tu frissonnes lorsqu'elle vient déposer un baiser sur ta gorge - avant de baisser les paupières pour accueillir ses lèvres contre les tiennes. Et lorsqu'elle se recule, ça a un goût de trop peu qui te fait légèrement soupirer.
Mais ce goût de trop peu est parfaitement délicieux lui aussi.
Surtout lorsqu'il te semble que tu n'es pas le seul à soupirer, et que tes doigts viennent très légèrement effleurer ses lèvres avant de s'écarter.

Pour ça faudrait-il encore que je sache décrocher... Mais je ferais installer un de ces plus anciens appareils dans mon bureau si tu y tiens tant. Mobby m'a dit qu'il suffisait simplement de soulever l'objet.

La technologie avait toujours été ton point faible - tes intérêts concentrés trop ailleurs durant trop d'années pour que tu puisses rattraper les progrès moldus.
Maxine change de sujet et tu ris légèrement, indique la table dans la pièce d'à côté.

Si ce n'était pas évident, oui...

Doucement tu l'entraînes dans la pièce, repousses un siège pour elle en l'invitant à s'y asseoir. La table n'est pas très grande et vous permettra d'être non loin l'un de l'autre tout en étant déjà recouverte des plats - et d'un chandelier bien trop ornemental.

Pour le sang, comment veux-tu procéder ? Une préférence...?

Tu t'écartes d'elle pour t'approcher de la caisse que tu avais subtilisée au Ministère - et qui contenait quelques différentes poches.
Tu n'avais honnêtement pas osé demander à quiconque de l'aide sur le sujet - et tes connaissances s'arrêtaient à la consommation directe.

Un rire t'échappe face à sa moquerie, alors que celle-ci détend l'atmosphère, te détend toi, te permettant de reprendre un peu tes esprits.

Je t'avoue que je pensais à quelque chose comme la température, par exemple.

Tu secoues la tête, sourire aux lèvres, t'avances pour saisir une petite fiole sur le comptoir - dont tu avales le contenu avant d'aller la rejoindre, t'installant près d'elle avec un sourire.

Je suis navré que tu n'aies jamais pu connaître le goût des aliments. J'ai longtemps cherché sur ce sujet... Mais je n'avais jamais réussi à trouver de solution viable. J'espère que cette addition est suffisamment plaisante pour combler le manque.

Tu souris légèrement, soulevant une des cloches qui, au creux de sa vapeur, dissimule quelques morceaux de viande encore rouge. La déposant sur le côté, tu te saisis de la bouteille de vin désigné, venant en verser dans le verre de Maxine - lui laissant la place pour le mélange, avant d'en verser dans le tien.

Eh bien, dans ce cas à la saveur des choses ? S'il y a du vin, autant en profiter.