Le quartier magique s’exalte des oeillades qu’elle dépose sur ses contrastes alors qu’elle s’avance l’allure droite et le regard brûlant. Ses pas battent le sol et ses parures teintent au rythme de ses pas ; elle n’est pas le tyran, ni même le Diable et pourtant de ce regard trop dédaigneux certain ne perçoivent qu’un venin cuisant. Ils n’ont pas tout à fait tort, car si son sourire lentement convoite ses lèvres teintées, c’est bien car elle aperçoit au loin ce bâtiment se dresser. Et quel bâtiment ! N’était-ce pas simplement une pauvre bâtisse perdue. Comme là ses convictions, peut-être pour insuffler un peu d’aisance à des moins que rien, peut-être pour leur donner autant de reconnaissance que de connaissances. Le sourire qui enflammait ses lèvres n’avait rien d’autre à signifier que - qu’est ce que c’est minable ; Mnemosyne savait pertinemment où elle mettait les pieds. L’orphelinat se dressait et en dehors des pauvres sorciers sans accompagnements, Mnemosyne considérait toutes ces personnes ; faussement bienveillantes, qui tendaient la main aux hybrides. Ces créatures néfastes et abjectes, à ses yeux il ne s’agissait que d’infâmes créatures au sang impur. Aux identités floues, les supporter était une affaire bien trop troublante. Mais alors, leur porter main pour qu’ils tracent leur route toute nouvelle était impensable et ridicule.

Mnemosyne se sentait désespérément à l’étroit quand elle pénétra l’enceinte. Tant de tonalités oubliées - les enfants étaient déjà assez bruyants et embêtants de la sorte, pourquoi rendre le tout pire encore ? Elle n’imaginait pas même ces créatures ramper à ses pieds. Son visage se froissait de dégoût ; cette bête idée suffisait à la faire tiquer. Enfants, hybrides, c’était une association qui la tiraillait tellement qu’elle s’en sentait presque peinée.
Et quelle peine ! Si ce n’est de savoir qu’il n’y a plus superbe et solennel que son propre sang. Là, ils ne sont que des existences pitoyables. Mnemosyne, même auprès des enfants - appréciait se sentir supérieure, même auprès de ceux qu’elle savait ne pas encore avoir de valeur. Peut-être qu’il n’en aurait jamais.
Ses pas sillonnèrent les allées alors qu’on l’avait joyeusement accueilli ; ainsi énoncé, l’on avait été un peu surpris de sa présence ici. De toute évidence, Mnemosyne jamais ne se perdrait ici en joyeusetés. Il n’y avait qu’à constater cette stupeur qu’elle affichait à leur vue. Il était de toute évidence insoutenable que de telles créatures puissent se tenir ici, mélangées sans honte à ce pauvre monde.
Dans le coin de la porte, ses orbes se figèrent sur une silhouette ; il en affluait, des enfants et des hybrides - de cette petite personne à l’allure pourtant si délicate. Un plaisir qui n’était pas réellement partagé par la juge, qui détaille détaille et roule presque des yeux. Dans ses pattes pourtant, c’est une toute autre chose qui s’y colle ; et quelle désastre ! Son visage se froisse de dégoût, et si elle s’y osait, elle aurait probablement essayé de dégager l’enfant de ses propres mains.
Mais n’étaient-elles pas trop propres pour s’y essayer ?
Le regard suspendu, dur peut-être ; un mouvement simple de recul quand sa voix s’éveille.

— Va-t’en, allons. Ne vous apprend-on pas les bonnes manières, ici ? Les mélodies pourtant directes quand ses orbes s’implantent sur cette chevelure flamboyante - elle avait pourtant captivé son regard un simple instant, sans même en défaire l’impitoyabilité. Ou est-ce simplement le cas de ces créatures impolies ? Regard jeté sans honte à celle qui semblait occupée avec les enfants ; c’est qu’elle exigeait toujours, mais tout semblait en vain et déplorable, comme elle l’avait imaginé.

Il s’agissait toujours de ce même type de personnes, ceux qui se dressent pour défendre des causes déjà malades. Des causes qui n’avaient peut-être pas même lieu d’être, tant elles étaient incompréhensibles. En temps normal, Mnemosyne ne comprenait pas ces personnes qui - de façon ahurissante - propageaient leurs bêtes idéologies, c’était une propagande de la bonne conscience et personne à ses yeux, ne prenait conscience du véritable problème.
Pour certains elle n’était qu’une vipère agressive, pour d’autre elle avait une démarche à suivre. Mnemosyne se gaussait bien de savoir qui éprouvait motivations à suivre son chemin. Ceux qui n’en avaient pas la capacité restaient toujours loin derrière, voir même en dessous.
Elle en faisait définitivement parti, et c’était bien dommage. Aussi dommage que cette idée fut lorsqu’elle ressentit ce besoin de faire lire la juge entre les lignes. Un sourire aussi cynique que ses tonalités prit forme sur son visage, que Diable essayait-elle de lui faire entendre ?

— Ne pas s’abandonner à l’agressivité vous dites ; pensez-vous qu’il s’agit du meilleur moyen de les protéger ? Un questionnement qu’elle trouvait bien stupides. Ceux qui étaient incapables de répondre à plus acerbe que soi finissaient toujours blessés. Ils finissaient toujours par être les cibles, elle était bien placée pour le savoir. Les plus forts dévorent les plus faibles, ça c’est toujours présenté de cette manière. Et qu’elle essaie de lui prouver le contraire simplement ; il n’y en avait aucun moyen.
Ceux qui désirent pourchasser et planter leurs crocs le feront tout le temps. Les proies n’ont toujours qu’à se débattre, peu importe combien elles en finissent blessées. On ne peut pas fuir l’agressivité, simplement y répondre pour être un peu moins ensanglanté.

— Hélas, dans l’état actuel des choses, vous ne pouvez rien pour moi. Rire railleur - il était certain qu’elle ne pouvait rien faire. Ceux qui s’abaissaient à ce genre de pratiques ne suscitaient son intérêt que par désespoir. Ou faire clore cette branche malsaine de l’orphelinat. Parasite. Pourquoi donc fallait y mélanger ces enfants n’ayant rien demandé à des erreurs concrètes, fruits d’une union malsaine ? Dont je pense vous ne comprenez les enjeux. Car il y en avait, elle était certaine - aussi mauvais pour certains que pour cette société malade.

Elle est pourtant bien fade à ses côtés Mnemosyne, qui ne fleurit que par son mépris, peut-être par son ignorance. Elle ne connaît rien du vécu de ses créatures, car elle ne veut rien y connaître. À ses yeux, elles ne devraient pas même exister car leur existence est une souillure ; un tel union était inimaginable, et elle n’exagérait pas. De l’insensibilité que possèdent les plus moindres, elle s’expaspérait déjà de ce qui résonnait à ses oreilles.

— Ce ne sont pas des arguments mais bien des faits. À vrai dire, il ne s’agira pas d’arguments pour ces enfants non plus. Tout le monde se moque bien de savoir ce qu’ils peuvent penser, vous comprenez ? Qu’elle répète en écho à ses maux. Il n’est pas simplement question de moi. Savez-vous quel pourcentage d’hybrides sont battus chaque jour ? Bien trop pour que cela persiste. Et c’est sans doute à cause de gens comme elle. Bien qu’elle ne lèverait jamais la main ou bien même sa baguette contre l’un d’entre eux (sauf en cas d’agressivité) - il était indéniable qu’ils représentaient une menace considérable.

— Les bonnes manières ne sont malheureusement pas le point le plus important. Soupir las, alors que ses yeux étroitement observent l’un d’entre eux. C’est qu’elle percevait tant d’immondice chez eux, comme chez tous les enfants. Ils étaient si stupides et Mnemosyne se ravissait de ne plus en être une. Comprenez-vous, je parle des fléaux de notre société. Le monde magique est en chute libre, les naissances perpétuelles de créatures telles qu’elles n’aident en rien notre société à retrouver un semblant de sens. Notre société et le monde moldu sont immiscibles ; et je ne parle pas des hybrides que voici. De loin et simplement du regard ; jamais des doigts - elle effleure ses écailles qu’elle perçoit de loin. Pensez-vous qu’il vous est possible d’aimer une de ses créatures, ou n’est-ce pas une autre tentative de propagande progressiste ? La vérité c’est qu’elle ne peut le savoir Mnemosyne, pour quelqu’un qui n’a jamais vraiment aimé.
Pourtant elle marque un point en évoquant la liberté de ses créatures. Mais sa réponse était viscérale ; Si vous voulez mon avis, je pense qu’elles n’ont de place nulle-part. Sourire amer aux lèvres, parce qu’elle n’y peut rien, Mnemosyne ; si ce monde en ruine s’évertue à croire que les choses peuvent changer.