Il avance, avec l'assurance des personnes qui veulent changer le monde.  Son regard n'est pas droit, n'est pas méprisant, n'est pas fier. Il est compatissant, miséricordieux et empathique. Il ne lève pas la tête vers le ciel, non. Ludwig, il baisse la tête, et il les voit. Les enfants hybrides, les orphelins, les miséreux, les délaissés par cette société profondément injuste et discriminante. Le Ministère fait de beaux discours, assure être préoccupé par la cause - tout en se gavant de champagne et de caviar, dans leurs belles tenues.

Il s'est juré de mettre un terme à cette élite répugnante et corrompue -  ils paieront le prix réservés aux tyrans exploitant les peuples magiques. Il avance, Ludwig, au sein de la bâtisse. Il adresse des sourires aux gamins, leur fait signe. La plupart le reconnaissent, c'est un invité fréquent désormais. Il se plaît à les divertir, à les instruire et leur narrer des anecdotes sur ses voyages dans le monde.

Malheureusement, aujourd'hui n'est pas pour eux. Ludwig se dirige vers le bureau de la matriarche des lieux, la figure d'autorité de ce paradis. Il doit l'admettre, il admire Maxine. Elle est en quelque sorte un modèle pour lui - engagée politiquement en luttant férocement contre les adversaires, tout comme une mentor.

Il toque à la porte, avant d'entrer.

- Mes salutations distinguées, madame. Il prononce ce dernier mot en français, rictus goguenard aux lèvres.

Son rictus s'agrandit face aux paroles de la directrice de l’orphelinat, lui rendant son étreinte chaleureuse. Il est vrai que garder son sang-froid lorsqu’il assiste à des injustices est une tâche ardue pour le blond, et il lui est arrivé d’avoir été trop… Véhément dans ses paroles. Pour lui, il était resté correct et n’avait émis que faits évidents. Maudit soit ce gouvernement corrompu et pourri jusqu’à la moelle.

- Allons, j'apprends de mes erreurs, que crois-tu. La prochaine fois, je ne me contenterai pas d’insulter ces pleutres. Regard malicieux qui croise celui de la maîtresse des lieux.

Il observe brièvement la pièce, avant de remarquer le manuscrit qui semblait préoccuper Maxine avant son arrivée impromptue. Haussement de sourcil curieux, Ludwig désigne la chose qui captive son intérêt pour le moment.

- Tu écris un nouveau livre ? Tu vas encore faire couler l’encre des idiots qui refusent de voir la société avancer, tss. Il fait une moue volontairement exaspérée, avant de rire. - Tu es aussi incorrigible que moi, finalement.

Ce qui n’est pas rassurant, au fond.