Debout dans l’entrée du manoir, ses doigts pianotent rapidement un bref message sur le clavier du pineapple à l’intention de son amant : “Je pars de chez moi, à tout de suite.” Le portable glissé dans la poche de son manteau anthracite, Vanitas se fait face un instant devant le miroir. Cheveux noirs coiffés, toujours de manière à masquer en partie la balafre sur son oeil gauche, rasé de près, pull noir à col en cachemire, pantalon gris. Il inspire, expire.

              Tout va bien se passer, pas vrai ?

Quand il s’est vu annoncer qu’il pourrait rencontrer Teddy, et si vite, Vanitas n’a pas hésité : il a immédiatement accepté. Son manteau qu’il ferme avant d’enrouler une écharpe autour de son cou, puis il attrape d’une main une bouteille de bon vin, sa baguette trônant sur la commode de l’autre avant de sortir dans le froid mordant de l’hiver. Simple pensée pour l’immeuble devant lequel il t’a déjà raccompagné, Neal, puis il transplane sans bruit.

Face à la lourde porte, il lève les yeux sur la façade tandis qu’il range la baguette dans la poche de son pantalon. Toujours à portée de main, c’est une habitude. Non qu’il pense en avoir particulièrement besoin au cours de cette rencontre, mais quel auror serait-il s’il n’était pas préparé à toutes les situations ? Il s’avance, sonne à l’interphone qui porte vos noms.

- C’est moi.

Glissé quand il reconnaît ta voix.
La porte s’ouvre, il gravit les escaliers jusqu’au bon étage. Une fois arrivé, il prend un temps sur le perron pour se préparer. Nouvelle inspiration, les yeux fermés un court instant pour se concentrer. Il ne doit pas aller fouiller. Ne pas fouiller, ne pas fouiller. Aussi simple que cela puisse paraître pour des non-initiés, c’est un effort pour lui de ne pas regarder.

Il déboutonne son manteau, retire son écharpe. Puis, enfin, il toque. Trois coups brefs, le léger stress balayé d’une pensée. C'est inutile. Tu ouvres, Neal, son sourire fleurit aussitôt. D’après l’odeur qui s’échappe depuis l’intérieur, il est évident que tu es déjà aux fourneaux.

- Salut bébé.

Bref coup d'œil dans le couloir pour s’assurer que personne n’est là, puis il pose une main contre tes reins, presse pour t’approcher quand il se penche pour t’embrasser. Pas trop longtemps, il sait que vous n’êtes pas seuls.

- Tu sens très bon, qu’est-ce que tu prépares ?

Il n’a même pas besoin de plonger en toi pour savoir à quel point tu es stressé ; raison de plus pour lui de se calmer et de tenter de te faire penser à autre chose. Un sur deux, c’est largement suffisant. Il t’écoute répondre, en profite pour t’observer, appréciant comme toujours le simple fait de te voir. Puis il s’avance, Vanitas, les yeux déjà à vaquer autour de la pièce qu’il découvre. Simple, propre, il n’en attendait pas moins.

- J’ai apporté le vin, j’espère que vous aimez le rouge.

Il montre la bouteille, s’avance pour la déposer sur ce qui semble être la table du repas. Le couvert est déjà mis, mais c’est sur toi, Teddy, que son regard se pose immédiatement. Tu n’es pas différent de ce qu’il s’était imaginé, il faut dire que la presse ne fait pas de toi un inconnu, loin de là. Alors il sourit, Vanitas, s’avance pour te tendre une de ses mains.

- Le fameux Teddy, j’imagine ? Enchanté, je suis Vanitas. Vanitas Cornwell.

Amical, engageant. Tout ce que Neal lui a demandé, et d’ailleurs tout ce que d’ordinaire il est. Néanmoins quand il te regarde, Teddy, il ne peut pas s’en empêcher. Il te scrute, cherche à deviner tes pensées sans venir y fouiller. Il en a déjà trop vu dans l’esprit de Neal, ou pas assez.

                      Que caches-tu, derrière ton air ennuyé ?

Un bref coup d'œil en direction de la cuisine, car il sait qu’à force de te fixer il risque d’entrer dans ta tête sans vraiment l’avoir souhaité.

- Est-ce que tu as besoin d’aide, Neal ?

ft. @Neal Wright & @Teddy A. Hingsley | 10 décembre 2031

Un léger rire, destiné à te détendre, quand tu annonces que tu en as certainement trop fait. A vrai dire, si tu n’avais pas autant stressé, c’est peut-être ça qui l’aurait inquiété. Il sourit, Vanitas, attrape ta main pour déposer un baiser au creux de ta paume avant de te laisser prendre son manteau et son écharpe.

Vous vous avancez jusqu’au salon, là où toi, Teddy, tu attends. Neal immédiatement à tes côtés, déjà ses doigts sur tes épaules comme pour te calmer ; la couleur est annoncée. Sa main qu’il te tend en se présentant, accompagné des paroles de son amant, il lève le regard sur toi quand tu te mets sur tes pieds. Il n’y a absolument aucune sympathie dans tes prunelles, encore moins dans ta putain de poigne d’enragé. Pourtant il garde le sourire, Vanitas, et presse ta main à son tour car il n’est pas question de céder.

Les yeux brièvement détournés sur toi, Neal, quand tu t’approches pour demander ce qu’il veut boire. Instinctivement, ses doigts contre les tiens pour répondre à la caresse.

- Gardons le vin pour le repas. De l’eau, ce sera très bien.

L’air attendri, il te suit du regard jusqu’à ce que tu aies disparu dans la cuisine. Tout va bien se passer, pas vrai ?

Ah, ah. Personne n’y croit, même pas la peine d’espérer.

Quand tes mots lui parviennent, Teddy, comme ceux d’un amant jaloux et possessif, il te regarde à nouveau sans même s’empêcher de sourire. Il n’aura pas fallu longtemps avant que tu commences ; les types comme toi, il connaît. Ses yeux qui se plissent, s’empêchant pourtant encore de glisser dans tes pensées.

- Pardon ?

Il a promis.

- J’ai du mal à comprendre, est-ce que tu préférerais que je sois un enculé, Teddy ?

Le langage tenu, c’est bon pour ceux qui lui montrent du respect. Il hausse le sourcil, Vanitas, scrute chacun des traits et des recoins de ton visage. Tu es grand, indubitablement plus fort que lui. Pour éviter de lever le menton à te regarder, il recule d’un pas. Ne crois pas, des durs à cuire, il en a déjà côtoyé ; à l’école, au boulot, dans les rues.

- Ou bien une grosse brute, c’est peut-être ce que tu aimerais pour lui ?

La voix mesurée, il ne faudrait pas qu’on vous entende depuis la cuisine.

De tous les types qui auraient pu vivre avec Neal, de tous ceux qui auraient pu avoir le rôle de son meilleur ami, c’est sur toi que c’est tombé. Génial. Il inspire, Vanitas, fait tout pour ne pas perdre patience aussi tôt dans la soirée. Pourtant quand tu le regardes de cette façon, ce n’est particulièrement pas aisé. Il porte déjà des soupçons à ton égard, Teddy, et tu ne fais rien pour les enterrer.

- Puisqu'on en est déjà aux vérités, je suis curieux de savoir ce que toi tu essaies de prouver. Ou de cacher.

Souffle du nez, provocation assumée.
Parce qu’il sait, Vanitas, que s’il s’amuse à regarder il y aura fort à trouver.

ft. @Neal Wright & @Teddy A. Hingsley | 10 décembre 2031

Vos regards qui ne se quittent pas, sa mâchoire se contracte, comme deux chiens qui se font face. Tu parles de ne pas le sentir, tu dis qu’il n’est pas assez bien pour Neal. Ces mots, ce que tu soulèves… Oh, Teddy. Ça n’a rien de nouveau. Il le sait, Vanitas. Il n’est certainement pas assez bien, pas assez sain ; crois-tu qu’il ne connaisse pas ses revers ? Peut-être que ça aurait pu fonctionner, quelques temps auparavant. Peut-être aurait-il pu entendre tes mots, puis les tourner en boucle jusqu’à choisir de s’éloigner. Il aurait été misérable un temps, pour finalement se perdre à nouveau dans les bras de Jasper. Oublier.
Mais c’est trop tard. S’il est ici à te confronter de la sorte, c’est justement parce qu’il n’a pas l’intention de céder, partir ou le quitter.

Un léger rire franchit ses lèvres, il secoue doucement la tête.

- Il me semble que c’est à lui de décider qui est assez bien pour lui.

Puis il te provoque, il te met en garde silencieusement, sans même une once de remord. Gentil, Vanitas, patient et compréhensif ; mais comme pour tout, il y a une limite. Il s’avère que rencontrer le bestie louche de son mec, et se faire agresser à peine la porte passée, est la sienne ce soir. Ses muscles se tendent, son regard posé sur le poing que tu as déjà serré. Tu vas le frapper ? Immédiatement, sa main se porte à la poche de laquelle dépasse sa baguette. Tu oserais. Bien sûr, qu’il oserait. Et plus tu continues, Teddy, plus Vanitas risque de craquer.

Par chance (pour qui ?), Neal choisit ce moment pour revenir. Bordel. Sa main quitte le manche de sa baguette, puis il te regarde, Vanitas, fait un effort pour te sourire chaleureusement. Il déteste que tu le découvres ainsi. Inspire, expire, son regard aussi noir envers toi, Teddy, que celui que tu lui balances avant de t’installer comme un grand prince. Si tu savais comme il crève d’envie de serpenter dans les recoins de ta tête d’enragé.

- Tu as raison.

Ses yeux s’adoucissent en se posant de nouveau à toi, Neal. Ses dents apparaissent dans son sourire quand il prend le verre que tu lui tends.

- Asseyons-nous, ça a l’air délicieux. Comme toujours.

Un clin d’œil, puis il s’installe dans le fauteuil que tu lui désignes. Jamie arrive, il l’observe avec attendrissement s’étaler au soleil, image-même de ce qu’aucun de vous n’êtes dans la pièce : détendue. Puis tu parles de Quidditch, son attention revient vers vous. Si tu savais comme il s’en veut quand il devine le stress dans le fond de tes yeux.

- Bien sûr, oui, je me souviens. Tu étais populaire.

Mais évidemment, Teddy, tu n’en as pas fini. Vanitas te regarde boire, comme un rustre, presque un animal. Plus ça va, plus il déteste l’idée que tu vives avec Neal. Et quand tu mentionnes ces quelques mots « joueur de Quidditch raté », il sent la veine sur sa tempe pulser, sa cicatrice soudainement gratter. Instinctivement, il frotte son œil aveugle et scarifié, se force à boire une gorgée pour se calmer.

- Je suis auror.

Oui, Teddy, s’il lui prenait l’envie de savoir qui tu es, il pourrait fouiller non seulement dans ta tête mais aussi dans des tonnes de dossiers. C’est exactement ce que son sourire te dit.

- Ca ne fait qu’un an, avant ça je me consacrais uniquement au business familial. Mais depuis que je suis patriarche, j’ai délégué une partie de mes responsabilités pour entamer une carrière au ministère.

Un besoin de justice, certainement, après ce que sa famille avait fait.

Il te regarde Neal, puise en toi la force de ne rien provoquer. Il s’avance un peu sur le fauteuil, suffisamment pour que sa main vienne se poser sur la tienne. Désolé. Pourtant c’est plus fort que lui, il se force à ne rien sonder mais ne peut s’empêcher de demander :

- Et toi, Theodore, dis-moi. Où as-tu grandi pour savoir si bien voler sur un balai ? Ça te vient de tes parents ? Tu dois avoir une vie passionnante.  

Allez, vas-y. Donne-lui une raison de craquer.

ft. @Neal Wright & @Teddy A. Hingsley | 10 décembre 2031

Neal est aveugle. Sa mâchoire se contracte, ses yeux te mettent en garde. Il n’aime pas ta façon de parler de lui, ni la place de grand-frère que tu t’octroies. Tu ne sais pas tout, Teddy, tu n’as pas la science infuse sur la vie.

Vous vous installez, la conversation peut continuer. Et même si tu tentes d’aplanir les choses, Neal, malheureusement ça ne fonctionne pas. C’est trop tendu, de plus en plus difficile pour Vanitas. Sa seule raison de venir ici, de rencontrer ton meilleur ami, c’est parce qu’il craint pour toi. Ce qu’il a cru voir dans tes souvenirs, ce qu’il s’est promis de ne pas fouiller… Putain, est-ce que t’as idée de ce que ça lui ferait de te savoir en danger ?

Et tu as beau le soutenir, ses doigts rapidement arrimés aux tiens, il n’y peut rien. Tendu, tendu, tendu. Il annonce être auror et ta réaction, Teddy, c’est la plus belle façon de te trahir. Ses yeux s’étrécissent, curieux, il capte la lividité de ta peau et ton regard en direction de Neal. Furieux.

Coupable.

- Il ne m’a pas emmené, c’est moi qui le lui ai demandé.

Ne t’avise pas de rejeter la faute sur lui.

Il y a quelque chose, il le sait. Et davantage que son instinct de petit ami protecteur, c’est celui de l’auror que tu es en train de réveiller. Pourtant même si l’envie est grande de glisser, il se retient. Pas encore, non.
Il a promis.

Pose ses questions, attrape le petit four que tu lui tends, Neal, pour le goûter. A chaque fois qu’il te regarde, son visage se détend, son sourire s’élargit. Il aimerait que ce soit tellement plus facile, il aimerait que tout soit parfait, juste pour toi. Mais c’est impossible, pas vrai ? Car il est legilimens et que Teddy a visiblement des choses à cacher.

Son regard revient à toi, Teddy, quand tu choisis de répondre. Sourire forcé, acquiescement quand tu parles de l’importance du travail acharné. Oui, ça, Vanitas le comprend. Mais l’accalmie est de courte durée. Aussitôt que tu mentionnes ses parents, son visage se ferme. Il est pourtant habitué aux détracteurs, à ceux qui l’accusent, ceux qui ne le croient pas, à sa propre famille qui l’insulte. Mais venant de toi, là, c’est trop. Son verre claque quand il le repose sur la table, son regard est planté sur toi.

- Oui, ils sont en prison.

Et il serpente.

- Ils ont fait des choix, regrettables, et expient leurs fautes.

Serpente, serpente dans le flot désordonné.

- Je n’ai pas honte de ce que j’ai fait. Tu n’as aucune idée de jusqu’où ils sont allés.

Et c’est si facile, pour un homme qui a grandi avec ce don. Tellement facile, car à force de vouloir tout cacher, tout lui est exposé. Tout.

Il voit la meute. Il voit ton père. Il te voit, toi. Les crocs, la lune, les hurlements, les odeurs. Il voit les cadavres, ceux qu’il a déjà aperçus dans l’esprit de Neal, mais aussi d’autres. Il goûte la potion (le poison), il entend sa voix. Sombre et caverneuse, effrayante. La lune est ronde, tu as mal, tu as faim, tu cours et c’est lui qu’il voit. Enfant, si doux, et pourtant reconnaissable. Terrifié. Son hurlement. Brisé.

Quand il ressort de là, Vanitas, il est muet. Il n’ose pas te regarder, Neal, car il sait qu’il vient de franchir la limite que vous vous étiez imposé. Ses doigts se crispent sur les tiens, puis les relâchent. Non, tout ce qu’il fixe, Teddy, c’est toi. Toi et tous les dangers que tu pourrais représenter. Et c’est plus fort que lui, comme tout ce qu’il se passe depuis le début de cette soirée.

- Où vas-tu, lors des soirs de pleine lune ?

Quand tu perds le contrôle de toi.
Sa mâchoire se contracte, ressasse dans sa tête les images. Colère. Honte. Remord. Peur. Colère, colère, colère.

- J’arrive pas à le croire, putain, t'es vraiment un con. Il se redresse, les mains sur la table, pour te toiser. J’arrive pas à croire que TU me juges, TU me fais la morale, TU m’insultes, alors que toi !

Ses doigts se resserrent sur le bois, sa voix s'élève.

- Tu le lui as dit ? Que c’est toi, celui qui a failli le dévorer ?! Que c'est à cause de ta famille qu'il...

...a perdu la sienne.

Son regard enfin sur toi, Neal. Tu le savais, et tu n'as rien dit, pas vrai ? Tu es en danger, et tu n'as rien dit. Tu lui as sciemment caché des informations aussi importantes. Putain. Putain, putain, putain ! Il ne te dit rien, ne veut pas te blâmer. Mais il se redresse vivement, la colère sur les traits.

- Bordel, si c'est pas l'hôpital qui se fout de la charité !

Qui n’est pas assez bien pour lui, Teddy ?

ft. @Neal Wright & @Teddy A. Hingsley | 10 décembre 2031

Tout va trop vite, tout s’emmêle. Tu réagis immédiatement, Neal, tu te postes aux côtés de ton ami. A quoi d’autre aurait-il pu s’attendre ? Tu es furieux, mais il ne parvient pas à te regarder. Pourtant, dieu sait comme il est désolé, si tu savais. Il ne voulait pas, mais tu le sais, c’est plus fort que lui. Besoin, curiosité, nécessité. C’est pour toi qu’il l’a fait.

Les yeux plantés sur toi, Teddy, les mots qui lui échappent, flot d’injustices dont il se sent acculé depuis son arrivée. Tu hurles (quel comble) mais tu ne réponds pas. Tu ne réponds pas à la putain de question qui compte à ses yeux : où vas-tu, les soirs où tu te transformes ? Es-tu loin ? Neal est-il à l’abri ? Putain !

- ALORS QUE TU N’ES PAS MIEUX QUE MOI !

Il râle, frustré ; ses mains montent à son crâne, se mêlent à ses cheveux pendant que tu parles, Neal. Pendant que tu trouves des excuses, toujours des excuses. Tu es professionnel pour ça, pour trouver aux autres toutes les excuses du monde et te remettre la faute dessus. Ça le tue. Ça le tue que tu arrives à te blâmer pour ça. Les larmes au coin de tes yeux, ton visage crispé par la peine, par sa trahison. Il déteste te voir pleurer. Il se déteste d’avoir craqué. Pourtant il s’exclame, excédé :

- Arrête ! Tu n’es pas responsable, Neal !

Le regard furieux sur toi, Teddy.  

Et tu le laisses vraiment penser ça ?
Ça t’amuse, ça te rassure, peut-être, de le laisser se flageller ?

Sa tête qu’il ne parvient plus à contrôler, vos pensées qui affluent à tour de rôle comme une radio en pleine interférence bloquée au volume maximal. Pire, d’avoir ainsi lu tes souvenirs, Teddy, tes émotions l’ont submergé. Colère, colère, honte, colère. Tout ça, en plus de son propre bordel, c’est trop. Il a besoin de calme, il a besoin de respirer, sans ça, impossible de les stopper. Mais ça va trop vite, trop loin, déjà vous vous jaugez en sachant aussi bien l’un comme l’autre comment ça va se terminer. Pour preuve, tu le dis, tu lui promets que tu vas l’éclater. Sourire désabusé, souffle du nez.

- C’est pas comme si tu n’aurais pas trouvé une autre excellente raison de le faire.

Il te voit arriver, le visage déformé de colère. Sa main qui attrape instinctivement le poignet qui le prend à la gorge, l’autre qui va pour sortir sa baguette ; Vanitas n’est pas un bagarreur, il est un duelliste. Mais tu es rapide, tellement plus fort que lui, il finit par terre, le nez en sang, grognement de douleur au fond de la gorge. Putain ce que ça fait mal ! Il serre de toutes ses forces sur ton poignet, à l’endroit où les veines affleurent, et pointe sa baguette sur toi.

- Lâche-moi !

Comme un avertissement, rapide, il replie le coude pour te l’envoyer au visage. Mais il connaît les loups-garous, il connait votre force et votre résistance. A-t-il seulement une véritable chance ? Non, pas sans magie. Crache le sang accumulé dans sa bouche sur le côté.

- Tu crois vraiment que c’est moi, le problème ?!

Si tu savais, Teddy, comme il a conscience de ne pas être parfait. Comme il a conscience de ne rien mériter, ni Neal, ni le bonheur qu'il lui a déjà apporté. Mais toi, toi qui ne le connaît pas, tu oses venir mettre un doigt sur ça.

Il tente de lever un genou pour te frapper à l’aine, serre encore sur ton poignet pour te bloquer au moins une de tes mains sur le côté. Son visage le lance, le sang pulse, son nez sûrement cassé. Aucune idée de l’état dans lequel il se trouve quand il dresse sa baguette, le sortilège prononcé pour te repousser.

- Flipendo !

ft. @Neal Wright & @Teddy A. Hingsley | 10 décembre 2031

Les cris, paroles acerbes, les craquements de vos os, ceux du plancher sur lequel vous roulez en vous battant. Comment vous en êtes arrivés là, aussi vite ? Des regards, des paroles mal placées, un jugement immédiat. Le tien, Teddy, le sien aussi. Comme deux chiens, deux loups, qui se battent pour savoir qui aura l’aval, qui aura le contrôle, qui sera le meilleur des deux. Si seulement vous aviez l’audace de réellement vous regarder, peut-être que vous y verriez autre chose, peut-être que vous devineriez à quel point vous vous ressemblez.
Mais c’est trop tard. Les dés sont lancés, la partie a commencé.

Tu cries, Neal, déchire le tumulte de cette vaine bagarre, te lance pour tenter de les séparer. Mais Vanitas ne te voit pas, peut-être qu’il préfère ne pas te voir, trop déçu que tu n’aies pas voulu lui parler, mais surtout par lui-même d’avoir craqué. Stupide et immature, Vanitas. Finalement Teddy tu voles au travers de la pièce, et il se redresse sur un coude, reprend son souffle rendu lourd, la respiration sifflante par son nez dévié. Il t’observe, brièvement, puis tombe sa pupille vivante sur celui pour qui tout a commencé.

Il soupire, se passe une main sous le nez, ce qui a pour effet de seulement étaler un peu plus le sang qui coule à flot. L’idée d’un incarcerem ne le séduit pas, aussi se contente-t-il de te regarder. Le pardon dans les yeux, puis les tiens qui s’y croisent.

- Ça va, ne t’en fais pas.

Sous-entendu, peut-être, fierté mal placée pour dire qu’il en faudrait plus pour l’arrêter. La vérité, néanmoins, c’est que ça fait un mal de chien. Il tâte prudemment l’arête de son nez, frissonne de douleur, ferme les yeux, puis le remet en place d’un coup sec. Léger grognement - largement retenu compte tenu du mal réel -, et ta remarque, Teddy, qui lui vaut de t’envoyer un regard noir.

Tu sais quoi d’autre ne se remet pas en place ? Une famille décimée.

Et il hésite, si tu savais comme il se retient de ne pas glisser ces mots dans ta tête.

- Je ne compte pas me justifier auprès de toi.

La voix basse, puis son attention sur toi, Neal. Silence, de ceux qui veulent dire beaucoup. Puis un léger sourire contrit, désolé, il se passe une main ensanglantée dans les cheveux pour les repousser en arrière, lâche un soupir.

- Je veux bien… des mouchoirs. Ou quelque chose pour essuyer le sang, s’il te plaît. Je n’ose pas me servir.

Il n’est pas chez lui, encore bien moins suite à ce qu’il vient de se passer. Puis quand tu t’exclames, Teddy, son regard remonte à toi. Les yeux plissés, à la fois surpris et ennuyé que tu te sentes le besoin d’encore le provoquer. Et plutôt que l’enjoindre au calme, ça ne fait que l’agacer.

- J’en ai rien à foutre de tout ça. Tout ce que je veux savoir, c’est s’il est en putain de sécurité. Ou si ça t’arrive de t’énerver contre lui comme tu viens de le faire avec moi.

Tic de la langue, il se redresse pour se lever. La douleur lancine un peu, mais Vanitas est un auror entraîné. Ce n’est pas ça qui pourrait réellement l’entraver. Il reste à distance, te jauge du regard en contractant la mâchoire.

- T’avais décidé dès le début que tu pourrais pas me piffrer. Et tu parles de le rendre triste ? Un faux rire. Je me demande qui juge qui, Theodore.

Et il s’en voudrait certainement plus tard de continuer à entrer dans ton jeu pour te provoquer.

ft. @Neal Wright & @Teddy A. Hingsley | 10 décembre 2031

Le ton est sec, Neal, il ne peut pas t’en vouloir. Jamais de mal, pas vrai ? Alors pourquoi cacher son identité ? Pourquoi tous ces secrets là où il n’y en a pas d’utilité ? Vanitas déteste les secrets, et ce qui est amusant, c’est qu’il n’est même pas le dernier pour en garder. Il soupire. Tu t’en vas chercher une serviette, ses yeux te suivent jusqu’à ce que tu disparaisses de la pièce. Il s’en veut, parce que l’idée de te rendre triste, ça le rend dingue. Putain. Il se passe quoi, là, exactement ? Comment ça a pu finir en tel carnage ? Il baisse le regard, le temps d’observer les taches de sang sur le sol, puis il revient à toi, Teddy. Tes mots lui font froncer les sourcils, continuent de l’exaspérer.

Il inspire, expire. C’est uniquement pour Neal si son ton ne termine pas de monter.

- Tu sais quoi ? Va te faire foutre.

Merde à la fin. Merde, merde, merde. Tu lui casses les couilles, tu le pousses à bout, ce qui met sa relation en péril… franchement, Teddy, tu pouvais pas commencer pire. Et si Vanitas est patient, s’il est gentil, il n’est pas un putain de pigeon pour autant. Il ne va pas te laisser lui marcher dessus sous prétexte que tu as des problèmes, parce que tu sais quoi ? Scoop : tout le monde a des problèmes, Teddy.

Tu reviens dans la pièce, Neal, il te prend la serviette des mains avec un léger sourire. Pas la peine de lire tes pensées pour savoir que t’es à bout. C’est trop, trop vite. Légère grimace quand son nez se remet en place, puis il éponge rapidement son visage à l’aide de la serviette qui finit écarlate.

Je vois pas ce que tu lui trouves.
Et pourtant, paradoxalement, il voit tout à fait ce que Neal te trouve, à toi. Son regard sur toi, tandis que tu prends ton sac comme un enfant énervé avant de te diriger vers la porte d’entrée. Il pourrait tenter de te retenir, mais il n’en a aucune envie. Alors il laisse ta colère partir avec toi, la porte qui claque.

Puis il te regarde, Neal. Tu n’as pas idée comme il est désolé.

- Je… vais y aller.

Il déteste te laisser, mais il ne peut pas rester. Trop tendu, déçu par lui-même, honteux, aussi. Il s’approche de toi, prend tes mains pour y déposer la serviette. Son regard te cherche, soupir à ses lèvres.

- Je t’appellerai. Ce soir, ou demain. Il se penche, trouve tendrement tes lèvres avant de souffler : Je suis désolé.

Son manteau qu’il attrape ainsi que son écharpe, avant qu’il n’aille passer à son tour la porte d’entrée.

ft. @Neal Wright & @Teddy A. Hingsley | 10 décembre 2031