Ses pas avalent la distance qui le sépare encore du café. Dans sa poche, le pineapple qu’il triture, distraitement. Pas qu’il soit stressé de te voir, loin de là, mais plutôt stressé de ce dont vous allez discuter. Parce que c’est ce que vous allez faire, pas vrai ? Tu t’es tenu distant, après la dernière fois chez lui. Depuis sa discussion avec Jasper, Vanitas tourne et retourne les mots dans sa tête. Et il ne sait pas, il ne sait plus vraiment ce qui est la vérité, ce qu’il nie, ce qu’il lit, ce qu’il invente. C’est difficile, Neal, il le sait. C’est difficile pour toi, pour lui, il est temps d’en parler.

Il entre dans le café en faisant tinter une sonnette et, aussitôt, il te repère à une table située à l’écart. Putain, Neal. Quand tu le regardes comme ça, il a juste envie de t’attirer. Il veut t’enlacer, t’embrasser. Te rassurer. Il veut oublier tout ce qui vous entoure, le monde, les médias, même Jasper. Il ne veut que toi. Libres.

En arrivant à ta hauteur, c’est instinctif, son sourire est aussi doux que ton visage. Il retire sa veste caban, laissant apercevoir son pull noir et la chemise blanche au-dessous.

- Hey. Une main glissée dans ses cheveux presque désordonnés. Merci. Tu es superbe aussi.

Il s’assoit, rit doucement quand tu parles d’Hysteria.

- Il n’a pas l’air de mal le vivre, ne t’en fais pas pour lui. D’ailleurs, encore félicitations pour votre victoire, ton but était magnifique.

Son regard ne t’a pas quitté du match. Presque pas. Quand tu as marqué, tu ne l’as sûrement pas remarqué, mais il était le premier debout parmi les supporters.

Une fois installé, ses longues jambes s’étirent sous la table, à la limite de frôler les tiennes. Et il t’observe, silencieux un instant. Juste le temps de laisser son coeur s’emballer. Le temps de sourire, malgré la légère boule dans son estomac. Il n’a pas besoin d’entrer dans ta tête pour savoir que tu es stressé. Tu es stressé, mais il n’ose pas aborder de but en blanc le sujet. Un soupir, doucement, avant de parler :

- Alors cette fête, hier soir ? Comment va ton bras ?

Il se penche un peu au-dessus de la table, sa main qui serpente jusqu’à l’une des tiennes. Ton contact, rien qu’un peu. Il en a besoin.
De toi.

ft. @Neal Wright | Novembre 2031

Ses épaules qui se haussent doucement à propos d’Hysteria. Il n’en sait pas beaucoup plus, Vanitas, les Flèches ont passé la soirée ensemble, simplement que son meilleur ami avait l’air content de son équipe. A la suite de tes questions sur le match, il hoche doucement la tête.

- C’était tout sauf ennuyeux. J’ai trouvé les Flèches déchaînés, au début, mais vous êtes bien remontés au score. La façon d’attraper le Vif d’Or de Teddy était... originale.

Un léger rire, avant qu’il ne s’installe. Avant qu’il ne te regarde, qu’il tente d’engager la conversation en ignorant son cœur battre la chamade. C’est difficile de se retenir, de ne pas aller fouiller dans ton esprit, pourtant Vanitas se contente de t’écouter. Tu as l’air ailleurs. Tu l’es, pas vrai ?

Vos doigts s’agrippent, un court instant le battement se calme.

Si court.

Est-ce que tu couches toujours avec Jasper ?
Il se fige, comme s’il venait de prendre une claque. Et ça fait mal. T’entendre te justifier après ça, lire les émotions sur les traits de ton visage, tes doutes à son propos, ça lui fait tellement mal. Et tu sais pourquoi ? Parce que c’est légitime. Tout ce que tu ressens, Neal, tu en as tous les droits.

Il te laisse le temps de finir, Vanitas, et quand tu termines, c’est comme si son souffle s’était coupé dans sa gorge. Inspire. Expire. Ses yeux se ferment doucement, ses doigts resserrent la prise sur les tiens qui s’était faite plus lâche à mesure de tes paroles. Jasper avait raison, finalement. Depuis le début, tu étais simplement trop gentil pour oser dire que rien n’allait.

- Non.

Sa voix est rauque, il se racle un peu la gorge avant de répéter.

- Non, Jasper et moi on… on n’a pas couché ensemble depuis qu’on a commencé à se voir, toi et moi.

Il déglutit, repasse en mémoire tout ce que tu as dit. A l’idée de ce que tu as ressenti, à chaque fois, il se demande ce qui a bien pu te pousser à revenir. Sa main libre qu’il passe sur son visage, glisse jusqu’à ses lèvres pour les frotter.

- Je suis désolé, Neal. Je pensais pas…

Que tu pourrais l’apprécier comme ça.
Que ça te ferait si mal.
Qu’il importait autant, à tes yeux.

Pourquoi ? Putain, Neal, pourquoi ? Il est désaxé, Vanitas. Dysfonctionnel, déséquilibré. Qu’est-ce qu’il a pour t’attirer ? Toi qui semble si parfait, si doux, qu’est-ce que tu viens rechercher ? Il regarde autour de vous, brièvement, avant de monter vos mains liées jusqu’à son front. Les yeux fermés, le temps d’ordonner ses pensées avant de parler.

- J’ai jamais connu ça. J’ai du mal à imaginer… Ce que tu ressens, ce que je ressens, c’est la première fois.

Il se mord l’intérieur de la joue, puis glisse ses lèvres sur tes doigts avant de reposer vos mains sur la table. Ce n’est pas facile, pour lui. Non qu’il voudrait se justifier, mais Vanitas n’a jamais eu de réelle relation. Il n’a pas connu l’amour, pas celui qui voudrait le lui rendre en retour. Et qu’il le veuille ou non, ça complique votre situation. Il se sent con, tellement con. Parce que quand il regarde en toi, fatigué de se retenir, quand il glisse entre les méandres de ton esprit, il comprend. Enfin, il comprend tout ce que Jasper a voulu dire. A crever de peur à l’idée de se faire aimer, il est en train de tout gâcher.

Alors il se lance, la douleur au fond de la poitrine à l’idée que tu choisisses de partir.

- C’est fini, avec Jasper. Le sexe, tout ce qui était malsain entre nous, on en a discuté ; c’est terminé. Il n’y a que toi, Neal. C’est toi qui me manque, c’est à toi que je veux raconter ma journée, que je veux toucher. Il n’y a qu’à toi que je pense, quand on le fait. Tu me crois ?

Il n’y a qu’à toi qu’il veuille penser. Et ça le terrifie. Sa jambe se décale pour coller la tienne, il étouffe, il a besoin de plus de contact entre vous. Dans tes yeux, son regard qu’il fixe.

- Dis-moi ce que je dois faire pour que tu aies confiance. Je veux pas que tu partes, je peux plus te laisser partir, c’est trop tard.

Il ne veut pas te perdre.

ft. @Neal Wright | Novembre 2031

Ne pars pas, Neal. Ne le laisse pas. C’est trop tard, tu sais ? Vanitas s’est attaché. Et au cours des années, ce n’est pas si souvent, que son cœur s’est ainsi donné. A vrai dire, certainement jamais. Prudent, précautionneux, personne en dehors de Jasper n’a eu l’occasion de le connaître mieux.

Il termine de parler, son regard planté au tien pour attendre ta réponse. Et tu te redresses alors, tu viens chercher ses lèvres en faisant fi du monde. Tant pis, on s’en fout des autres, non ? Instinctivement, il pose sa main libre sur ta nuque pour te retenir, quelques secondes de plus. Pour inspirer contre tes lèvres, frémir des mots cachés derrière ce baiser. Brûlure lascive de l’interdit quand il tourne la tête et qu’il embrasse la paume de ta main, brièvement.

Il ne sait pas pourquoi tu le veux, lui, mais il ne peut pas te le refuser. Il a beau être terrifié de te voir partir, il ne peut pas nier.

- Tu me plais aussi. Tu me plais vraiment.

Comme un souffle, juste avant que tu ne te remettes en place. Il regarde autour de vous, Vanitas, surveille que personne ne vous ait épié. Un sourire, au moment où le serveur s’approche pour prendre la commande. Il avait oublié.

- Un brunch, c’est parfait.

Pourtant il n’a pas faim. Il te regarde, et il ne veut que toi. Vos jambes se trouvent un peu mieux, s’entrelacent. C’est toujours la même chose, finalement, vous n’êtes pas sérieux. Vous craquez, comme des adolescents en pleine effervescence qui ne peuvent pas se retenir. C’est con, mais Vanitas adore ça. Il adore le goût de l’interdit sur ta peau qu’il caresse, dans vos regards, dans ta tête.

Le serveur repart, et quand tu reprends la parole, il ne peut pas s’empêcher de rire.

- On reste debout, je pense que tu peux y aller.

Il le sait déjà, ce que tu vas dire. Et ce serait mentir, de faire croire qu’il n’y avait pas pensé. Parce que depuis le gala, depuis qu’il t’a vu arriver au bras d’Hisao… Il se souvient encore de cette vague de jalousie qui l’a envahi, alors que vous ne vous étiez rien promis. Alors que quelques heures plus tard à peine, tu as eu la force de ne pas partir. Qu’aurait-il fait, à ta place ? Il n’ose pas y penser, certainement quelque chose avec beaucoup moins de classe et de dignité. Égoïste, tellement égoïste Vanitas.

Son regard parcourt ton sourire, il s’imprègne de tes mots, de ce qu’ils veulent dire. L’exclusivité. Son cœur s’emballe, ses doigts qui se resserrent autour des tiens. Et il lâche prise. Pour le moment, tout de suite, il arrête de douter.

- Neal ?

La tête qu’il penche légèrement sur le côté, le coin des lèvres étiré. Malicieux et pourtant, quelque part, profondément sérieux.

- Est-ce que tu me demandes, de façon outrageusement détournée, de sortir avec toi ?

Un souffle du nez, mais pas pour se moquer, plutôt pour évacuer. La surprise, la plénitude, le soupçon d’angoisse, aussi. Il se redresse à son tour, se penche au-dessus de la table pour approcher ses lèvres de ton oreille.

- C’est d’accord. Dans l’ombre de vos visages, ton lobe qu’il mordille. Nous sommes officiellement exclusifs.

Les mots roulent sur sa langue, c’est presque étrange. Nouveau. Bien vite cependant, son visage recule, Vanitas se réinstalle sur sa chaise. Il ne veut pas te mettre mal à l’aise ; le café a beau être presque vide, vous n’êtes pas seuls pour autant. Que se passerait-il, si on vous reconnaissait ?

- Rien qu’un détail. Il joue avec tes doigts, ça l’aide à chercher ses mots. Si tu as des doutes à propos de moi, un jour, ou si tu as peur… N’hésites pas à m’en parler. N’hésites jamais, d’accord ? Je ne le prendrai pas mal. Je préfère que tu me dises tout de suite quand les choses ne vont pas, je veux pas que tu fasses semblant pour me rassurer.

Comme tu l’as fait lors du gala. Parce que même s’il est profondément touché, Vanitas ne supporte pas l’idée de t’avoir blessé. Il ne supporte pas l’idée d’avoir été con à ce point. Putain.

Un profond soupir, hanté. Puis il te regarde, et aussitôt le sourire fleurit à nouveau sur son visage. Distraitement, les doigts de sa main libre qui pianotent sur la table.

- Azur de Moon Mauve, mh ? C’est plutôt ça, ton type habituel ?

ft. @Neal Wright | Novembre 2031

Un rire lui échappe, à Vanitas, attendri par les tribulations de tes pensées. Se date, l’exclusivité, mais ne pas sortir ensemble. Il hausse le sourcil, incapable de réfrener son sourire.

- Oh. Pardon, j’ai dû mal comprendre.

Mais il sait parfaitement ce que tu veux dire, ce que tu n’oses pas réellement penser. Alors il se penche vers toi, te promet l’exclusivité demandée. Pour lui ça ne change rien, tu sais ? Il n’y a que toi. Uniquement toi qu’il souhaite toucher.

Taquin, une vague de chaleur au creux de l’estomac quand il t’entend gémir comme ça. Instinctivement, son regard tout autour de vous, déjà en train de se demander ce que vous risqueriez à craquer. Trop. La réponse est toujours la même. Alors quand il se recule, il préfère reprendre la conversation, avant qu’il ne te tire jusqu’à n’importe quel coin tranquille pour assouvir ses pulsions. Tu es adorable.

- Bien, je te fais confiance.

Il le voit, quand il y repense. Et plus jamais il ne souhaite déceler dans tes yeux la lueur devinée lors du gala.

Revenant à un sujet plus léger, il fait mine de s’étonner quand tu le décris. Se désigne d’un geste de la main, amusé, au moment où le serveur vient déposer votre brunch sur la table. Remerciements glissés, et le ton malicieux quand il reprend après son départ.

- C’est dingue, je corresponds en tout point. Excepté le charme, peut-être. On ne peut pas être trop charmant. Léger rire. Je vais surveiller mes collègues scarifiés, on ne sait jamais qu’ils aient un faible pour les blonds avec un sourire à tomber.

Clin d'œil retourné, il attrape la cafetière, t’en sers une tasse avant de faire glisser le sucre et le lait vers toi. Il sait que c’est ainsi que tu le bois. Puis il prend une tranche de pain brioché, un peu plus gourmand maintenant que la tension dans son ventre commence à se dissiper.

- Au fait, j’ai oublié de te dire.

Il croque dans son pain.

- Tu as une fervente supportrice au manoir, ma sœur n’a pas arrêté après le match. En fait, c’est depuis qu’elle t’a rencontré qu’elle n’arrête pas. Elle t’aime beaucoup, tu sais ?

Depuis ce lendemain de soirée, après votre première fois. Elle n’a pas cessé de lui rabâcher à quel point il devait tout faire pour te garder, sans parler du moment où elle a appris que tu savais cuisiner.

- Il faut croire que tu fais de l’effet aux Cornwell. Alors dis-moi, c’est quoi ton secret ?

ft. @Neal Wright | Novembre 2031

Il y a ce que tes lèvres énoncent et ce que ton corps raconte. Il fronce des sourcils amusés, Vanitas, resserre un peu ses doigts qui emprisonnent toujours les tiens. Pour te faire passer un message silencieux, une pensée peut-être un peu égoïste, même s’il est persuadé que tu le devines déjà. Il ne te partagera pas.

- Non. Pour leur balancer un maléfice cuisant s’ils s’amusent à t’approcher d’un peu trop près.

Sa lèvre inférieure qu’il coince entre ses dents, un peu gêné quelque part d’assumer sa jalousie à ton égard. Il amène tes doigts jusqu’à ses lèvres avant de les relâcher.

- Je ne peux pas me permettre de laisser filer quelqu’un qui trouve les borgnes sexy.

Il rit, puis ton sourire fait appel au sien, lumineux. Si seulement tu pouvais te voir comme il le fait, peut-être aurais-tu moins de problèmes de confiance.

Vous vous servez, puis tu détournes le regard quand il parle de sa sœur et de son obsession pour toi. Fort heureusement, elle n’en est pas à un stade réellement embêtant, simplement amusant. Ton doigt sur tes lèvres, ça lui donne envie de l’écarter pour t’embrasser, mais à la place il répond :

- Le pain perdu, oui. Je ne vois que ça.

Un léger rire avant qu’il ne considère tes mots en posant son menton au creux de sa main.

- Une nouvelle amie, toi, des pâtisseries… il ne lui en faudrait pas plus. Je pense que si tu lui proposais une soirée tournée des restaurants pour goûter tous les desserts de la ville, elle accepterait sans hésiter. C’est une vraie bouche sucrée. Nous y avons rarement eu droit, enfants, ça doit être une sorte de manque.

Ses épaules qui se haussent, puis d’une main, sa tasse qu’il remplit de café à son tour. A ta question, il écarquille un peu les yeux, l’esprit déjà en ébullition.

- Grands dieux, non ! Je n’espère pas.

Son sourire se fait contrit quand il boit une gorgée avant de reprendre.

- Mince, je dois passer pour le grand-frère surprotecteur. Disons que si elle a quelqu’un, elle le cache très bien. C’est une personne très indépendante, mais je suis persuadé qu’elle m’en aurait parlé.

Ils sont si proches, ces deux enfants Cornwell. Ces deux âmes égarées au sein d’une famille qui ne les a pas méritées. Ce frère, éduqué comme un héritier, dont la petite sœur n’était rien de plus qu’une honte pour leurs parents. Il est heureux, Vanitas, que sa soeur ait pu grandir malgré tout jusqu’à devenir une femme si forte. Il en est fier.

La tasse qu’il repose sur la table, puis attrape un couteau pour étaler de la confiture sur sa brioche. En te regardant faire, en entendant ton ventre parler, il ne peut pas s’empêcher de rire.

- C’est la victoire qui te creuse ?

Il glisse un doigt dans le chocolat fondu avant de le porter à ses lèvres, gourmand. Les yeux logés sur toi. Puis il change de sujet, met volontairement de côté ce jeu de séduction pour s’amuser à vous faire patienter.

- Dis-moi, Dorothy a quelqu’un ? Tu m’en parles tellement, je prends très à coeur de suivre chaque personnage du feuilleton “Wright and co”.

Un grand coup de dents dans sa brioche.

ft. @Neal Wright | Novembre 2031

Il est bien, avec toi. C’est tellement simple de parler, d’être sincère. Ses doigts qui glissent contre la céramique de sa tasse tandis qu’il réfléchit à ta question sur les desserts.

- Mmh, j’aime beaucoup le cheesecake. Et je suis un amoureux des framboises. Quant à elle, je dirais… n’importe quoi tant que c’est au chocolat.

Un léger rire, tari par cette curiosité à propos de son enfance. A quoi ressemblait-il ? Si tu savais, Neal… La question est compliquée mais son sourire subsiste. Doux, quelque peu hanté. Ce n’est pas souvent qu’il a eu l’occasion d’en parler.

- L’ombre de moi-même.

Le bord de la tasse qu’il frotte encore. Il a toujours eu honte, Vanitas. Honte de ce qu’il était, de ce qu’il a subi, de ce qu’il s’est laissé infliger. Pourtant il sourit, secoue la tête avant de continuer.

- Un enfant joyeux, je pense. Ou j’essayais. Je jouais avec les elfes et j’invitais des moldus en cachette. Sérieux, aussi, je n’avais pas vraiment le choix. Il se gratte la tempe, un peu hésitant. Je ne vais pas te mentir, j’étais loin d’être heureux. Souvent je me pliais surtout à ce qu’on me demandait pour éviter d’être puni.

Une vraie victime. Et ça le dégoûte.
Mais qu’y pouvait-il ?

Hausse les épaules, peu désireux de gâcher ce moment avec ses histoires. Il se demande, parfois, quand est-ce qu’il sera temps. Il se demande si en parler pourrait exorciser une partie des démons de son passé. Son père, sa mère, cette famille et son atmosphère. Il préfère glisser sur des sujets plus légers, éviter ces pensées qui l’enferment dans un monde de regrets. Qu’aurait-il pu faire différemment ?

Un éclat de rire quand tu surenchéris.

- Je le cache très bien, n’est-ce pas ?

Le chocolat fondu, son doigt entre ses lèvres. Il te regarde, et il voit pertinemment son effet. Il aime ce jeu entre vous, tes pupilles qui s’élargissent, ta moue. Mais quand tu es attiré par l’entrée, tout s’efface pour laisser place à une tout autre expression. Vos doigts se lâchent, son buste se détourne pour te suivre du regard.

Des journalistes.

Merde.

En se souvenant de ta réaction au lendemain du gala, quand tu as checké ton portable avec tant de panique, il se demande un instant s’il devrait intervenir. Mais tu t’avances avec une assurance étonnante, tu baisses l’objectif et commence à parler. Aussitôt, Vanitas sait qu’il est tout aussi bien à rester assis. Tu peux te débrouiller.

Tu peux même très bien te débrouiller. Un léger rire lui échappe, en voyant la tête déconfite des journalistes rappelés à leur bonne conduite. Ils finissent par partir, chassés avec brio, et tu reviens t’asseoir ; l’agacement bien dessiné sur tes traits. Le sourire mangé par ses lèvres pincées, Vanitas te voit détruire bien la moitié de ta brioche en une seule bouchée. Voilà un trait de ta personnalité qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de côtoyer.

Alors il se penche en avant, le coude sur la table, comme s’il voulait te confier un secret.

- Je suis embêté, je dois avoir un gros problème. Il se mordille la lèvre, regarde autour de vous avant de continuer. Tu es étonnamment sexy quand tu t’énerves.

Un clin d'œil et un doux sourire, avant qu’il ne se redresse pour te glisser une madeleine dans ton assiette. Comme une offrande, pour essayer de te calmer. Il se doute que ça ne doit pas être facile à vivre, que c’est en partie pour ce manque d’intimité que tu as d’autant plus de mal à t’assumer.

- Ne t’en fais pas pour Dorothy, je comprends. Et c’est normal, tu es un très bon ami.

Le bruit à l’extérieur, son regard attiré vers la porte vitrée. Ça se plaint, ça tente de prendre quelques clichés, mais quel intérêt ? Vanitas secoue la tête, revient à toi avec le sourire. Il ne veut pas que le rendez-vous se transforme en mauvais souvenir. Et à ta position, ta façon de respirer, il voit bien que ce n’est pas gagné.

- Eh, ce n’est rien. Sa jambe retrouve la tienne, discrète. Tu veux que je leur envoie deux trois elfes au cul ? Je suis persuadé qu’ils seront moins prompts à lever le micro après l’avoir repêché là où ils l’auront glissé.

Un rire, malicieux, puis plus séducteur quand il ajoute.

- Ou bien est-ce que tu préfères qu’on transplane quelque part ? On peut emporter tout ça, et je me ferai un plaisir de goûter le chocolat fondu à même tes lèvres.

A même tout ce que tu veux, d’ailleurs. C’est ce qu’il dit par un silence complice.

Il ne peut pas te reprendre la main, il n’ose pas. Mais à la place, ses doigts retracent quelques formes sur la table, un rythme lascif au bout des phalanges. Il attrape sa tasse de la main libre, boit une gorgée sans te quitter du regard.

ft. @Neal Wright | Novembre 2031

Tes mots le soulagent un peu, il se demande si tu serais prêt à l’écouter et comment tu réagirais. Toi qui a un passé déjà si difficile, comment tu le verrais, cet enfant qui se plaint alors qu’il avait un père, une mère, un toit au-dessus de la tête ? Comment tu le prendrais, quand tu saurais qu’il a été trop faible pour s’empêcher de se mutiler lui-même ?

Ça viendra. Il t’en parlera.

Une lueur d’inquiétude dans son regard quand il te voit tousser, réflexe de se pencher en avant pour glisser une main à ta nuque, le regard dans le tien, jusqu’à ce que tu le détournes. Il sourit, Vanitas, se remet à sa place sans oublier les vautours en chasse. Ça a l’air d’aller. Tu te détends visiblement, et il sait que son pari est gagné.

Tes jambes retrouvent les siennes, le goût du risque rush dans ses veines quand ton sourire s’étire. Là, c’est exactement ce qu’il recherchait. Du regard, il suit le chemin du chocolat, les pupilles un peu plus éclatées à tes mots. A ta langue. Putain ce qu’il aimerait la goûter. Il déglutit, attrape un bout de brioche pour ne pas mâcher son envie de toi dans le vide. La voix basse et grondante.

- Ça risque d’être beaucoup plus qu’un “brin” bruyant si tu continues.

Les idées, il en a mille. Il pourrait te tirer jusqu’aux toilettes pour te ravager. Vous pourriez vous rendre n’importe où, en plein air, dans un endroit abandonné, dans un bureau fermé, dans un hôtel, n’importe où, Neal. Et pour te le montrer, Vanitas glisse dans tes pensées. Il te montre des images, de toi, de lui, de vous, dans le simple objectif de te faire rougir.
Que tu aies chaud, autant que lui.

Ton portable finit juste devant ses doigts, Vanitas sourit. Sort de ta tête pour se concentrer sur la page ouverte. Il hausse les sourcils, l’air faussement surpris.

- Monsieur Wright, quelle audace ! Vos fans seraient ravis de vous savoir si passionné.

Il attrape le portable, glisse d’un ton ironique :

- Je vais faire défiler les photos de Jamie que tu me montres, si tu permets.

Un clin d'œil, tandis que du doigt il commence à scroller pour lire les descriptions. Les lieux. Il y a vraiment de tout et n’importe quoi, sur ce genre de sites. Avec un léger rire, il tourne le téléphone pour te montrer les photos d’un appartement entièrement décoré avec des affiches, des goodies et des photos du groupe Moon Mauve.

Sous la table, un pied qui caresse ta cheville.

- Je pense qu’on va aller au plus simple, mh ? Je commence à avoir vraiment très faim de ce chocolat.

Inspire en t’observant, à se demander comment il parvient encore à se contrôler. Tu le rends fou, tu sais ? Il sélectionne la fonctionnalité qui use de la localisation, check rapidement les offres avant d’en sélectionner une.

- Trois chambres, grand salon, douche à l’italienne. Un regard empli de malice. Ça te va ?

Le portable qu’il refait glisser vers toi, son corps qu’il étire avant de prendre sa tasse de café pour la finir. C’est revigorant, autant que ton sourire, que ta présence. C’est dingue, cet effet que tu lui fais. Cette confiance qui naît, à chacune de tes paroles. Il est capable de tout surmonter avec toi, pour toi, pas vrai ? Ses lèvres qui n’ont de cesse de s’étirer.

- Excusez-moi ?

Le serveur interpellé qui s’approche, sourire contrit aux lèvres en raison de la scène d’auparavant.

- Qu’est-ce que je peux pour vous ?

- Nous aimerions la note, s’il vous plaît. Ajoutez-y un pot de ce chocolat fondu, trois tranches de brioche perdue et ce que nous n’avons pas eu le loisir de terminer en doggy bag.

Le jeune homme vous regarde l’un l’autre puis s’éloigne, et Vanitas revient à toi. Glisse sa joue contre la paume de sa main, le regard qui se détourne brièvement en direction de la porte.

-  Alors dis-moi, quel est le modus operandi ? Est-ce que tu passes par derrière tandis que je fais diversion auprès des journalistes ? Ou alors nous sortons, et nous transplanons directement sous leur nez. Il lève l’index, amusé. Mieux. Un bombarda maxima sur le mur, là-bas. Ce n’est pas pour me vanter, mais je suis un pro de ce sort. Je suis sûre que ça peut marcher.

ft. @Neal Wright | Novembre 2031

Tu as chaud, tes pensées et ton contrôle de toi-même commencent à s’égarer. Il le voit, Vanitas, même pas besoin de le lire dans ta tête pour s’en assurer. Il ne doit plus faire ça. Il doit apprendre à te faire confiance, à croire en votre histoire. Tes yeux hagards, la diction presque hésitante sous votre envie dévorante. Il sourit en coin quand tu mentionnes la douche, lit au travers des lignes. Ne t’en fais pas, Neal.

- En effet, tu as l’air d’avoir très chaud…

Taquin, comme une envie de tout oublier, te tirer par le col au-dessus de cette table pour t’embrasser. Te dévorer les lèvres. Si seulement il pouvait.

Ses idées de diversion refusées, Vanitas ne prend pas la peine de s’en formaliser. Il sourit, remercie le serveur en attrapant le sachet que tu lui laisses. Un court instant, son regard en direction de l’entrée, amusé. Dommage pour la presse, c’est un sacré scoop qu’elle laisse filer.

- A bientôt, c’était un délice.

Un poids sur son estomac qui tombe. Le rush dans ses veines, celui que tu embrases d’un simple regard, d’une simple main qui ne tremble pas quand tu l’embarques jusqu’à la porte de derrière. Il n’y a aucune hésitation en toi. C’est lui que tu veux, pas vrai ? Tu en es sûr. Tellement sûr qu’à peine êtes-vous sortis, immédiatement vous transplanez.

Le propriétaire parle, Vanitas se tient juste derrière toi. Discrètement, sa main qui se pose au creux de tes reins, glisse vers le bas tandis que tu réponds, que tu le prétends fiévreux. Si tu savais comme c’est vrai. Si tu savais comme il a chaud, lui aussi. Et quand enfin l’homme s’en va, quand enfin la porte se referme, il t’accueille dans un soupir soulagé. Sa main libre qui se glisse immédiatement sous ton pull, suit le chemin de ton flanc. Vos lèvres qui se pressent, vos dents qui s’entrechoquent d’empressement.

Putain. Putain, putain, putain.

Il tend le bras pour déposer le sachet sur un buffet, puis il te retourne contre la porte pour t’y plaquer. Personne. Il n’y a personne d’autre pour le faire vriller comme tu le fais. Goûte de ta bouche, sa langue brièvement sur tes lèvres avant qu’il ne recule, juste à peine. Les doigts dans tes cheveux pour écarter une mèche, le souffle court quand son regard pénètre au tien. Il se mord la lèvre, t’observe. Et il a un choc, Vanitas.

Tu es beau. Tu es tellement beau.

- Sors avec moi.

Comme un besoin.

Son bassin contre le tien, sa main qui file au travers des mèches blondes pour s’agripper. Renverse légèrement ta tête, reprend tes lèvres en inspirant. Le souffle chaud, si chaud contre ta peau. Enfiévré. Impatient. Empressé.  

- Sors avec moi, Neal.

Appartiens-lui.
Ne sois qu’à lui. Uniquement lui. Fais lui oublier tout le reste, prend la place de son monde, permets-lui de s’accrocher comme il l’a fait avec Jasper toutes ces années. Donne-lui des raisons d’espérer qu’on puisse l’aimer, lui, cet enfant qui aura tâtonné toute sa vie.

Une main contre ta nuque, plaquée, l’autre qui glisse jusqu’au creux de ton dos. Si proches, comme si vous cherchiez à fusionner. De ses lèvres qui t’embrassent, son front se pose au tien, puis son souffle contre ta joue, ton oreille, ta mâchoire qu’il parsème. Murmure perdu dans une litanie de baisers rythmés par sa respiration effrénée.

- Sors avec moi…

Tu auras tout. Tu pourras tout avoir de lui.

ft. @Neal Wright | Novembre 2031