▌Non franchement il abuse. Tu es rentré tard. Après de longues heures de travail il a fallu enchaîner sur une réunion en fin de journée, réunion qui dépassait le temps règlementaire mais qui s'en préoccupe puisque tes heures supp' ne sont pas payées? Voilà. Pour couronner le tout le chef d'équipe a proposé d'aller au pub pour clôturer tout ça, alors tu as suivi le mouvement en supposant qu'il aurait au moins la décence de vous offrir à boire. Un verre de bière, t'as eu. Le second, tu l'as payé de ta poche. Quand quelqu'un a proposé une troisième tournée, t'as prétexté un mal de tête pour t'éclipser. C'est plus de ton âge ces conneries.

Oui, t'as 22 ans dans deux jours mais c'est un détail.

L'appartement est très calme quand tu pousses la porte. Même Jeremy le miroir hanté a l'air endormi. En tous cas, il ne trouve rien à redire sur ton air fatigué. Tu poses ton manteau et ton écharpe sur Olga le canapé, en la remerciant de bien vouloir ne pas les manger, tu retires tes chaussures neuves qui font mal aux pieds et tu vas dans la cuisine pour prendre un verre d'eau. Là, tu bugue. Y'a du champagne, des bières et... deux kebabs? Tu refermes le sachet, perplexe. Ce n'est pas extraordinaire que Beckett ramène à manger pour deux, mais tu l'avais prévenu que tu rentrerais trop tard pour manger avec lui alors... bizarre. Tu jettes un œil dans le couloir. La porte de sa chambre est fermée. Il doit être couché. Mais pourquoi le champagne? Surtout que ça a l'air d'être une grande marque, très chère. Beck l'a gagnée? volée? Y'avait un truc à fêter? Tu restes quelques secondes dans la cuisine, perplexe, avant d'ouvrir le réfrigérateur. Il y a des boîtes de caviar.

OK non là c'est vraiment pas normal.

Il est beaucoup trop rempli, ce frigo.

Pris d'un sentiment étrange, presque malaisant, tu te diriges vers ta chambre. Tu ouvres. T'arrêtes sur le pas de la porte, la main crispée à l'endroit où devrait se trouver ta baguette si elle n'était pas cassée. Oh putain. Tu viens de frôler la crise cardiaque.

Y'a quelqu'un dans ton lit.

Y'a quelqu'un dans ton lit et t'étais à deux doigts de hurler comme dans un film d'horreur, mais ce n'est que Hysteria. Pourquoi ça ressemble toujours à un film d'horreur quand il est là?

Tu recules en refermant la porte. Là, tu prends une inspiration sifflante. Bordel mais on n'a pas idée de faire des frayeurs pareilles! Il vient sans s'annoncer maintenant? Il se TP directement dans ton pieu? C'est quoi ce délire? Bon d'accord, tu te doutais bien que ce grand lit tout neuf, livré il y a deux semaines en provenance d'une source anonyme, ne pouvait venir que de lui. Il avait tenu parole. Tu n'y croyais qu'à moitié. Ce n'est que maintenant, après l'avoir vu dans la pièce d'à côté, que tu acceptes pleinement la vérité: Hysteria Dragan t'as offert un lit XXL et un matelas ultraconfortable, tous neufs, pour... se faire pardonner? de squatter ton pieu depuis toutes ces années. Et maintenant il est en train de le tester.

Non franchement il abuse.

La bouffe et les boissons... tout s'explique. Il avait retenu ton message. Mais s'il a ton numéro, pourquoi il prévient pas avant de débarquer directement dans ta chambre? Tu es très confus, Argus. T'es tenté de retourner dans le salon, te servir un verre de whisky et t'asseoir sur Olga en attendant que ça passe, mais tu as meilleur temps de prendre une douche. Plus raisonnable. Ensuite, tu y retournes, et tu revendiques ton territoire. Non mais.

Quand tu ouvres à nouveau la porte de ta chambre, cette fois, c'est pour enfiler ton pyjama et te diriger vers la lampe de chevet. T'allumes et tu tires le duvet. Il est peut-être en train de dormir... c'est pas ça qui va t'arrêter, oh non. La douche t'a peut-être calmé, mais t'es encore un peu choqué.

Hyste, t'abuses! Tu peux pas faire ça sans me prévenir, imagine si j'avais ramené quelqu'un, on t'aurait trouvé là...

Tu penses à Dorothy, même si ce n'est pas le même contexte. Pas du tout en fait. Tu ne devrais pas penser à Dorothy.

Est-ce que moi je transplane dans ta chambre pour dormir dans ton lit avec ta meuf? Je suis sérieux ça se fait pas! C'est la première et la dernière fois que tu fais ça... Pousse-toi.

Oui parce que pendant que tu râles t'es aussi en train de t'installer pour te coucher. S'il croit que tu vas encore dormir sur le canapé... Le nouveau lit est assez grand, et si ça le gêne de partager, il n'aura qu'à squatter Olga lui-même! Assis contre la tête de lit, les bras croisés sur le duvet, tu ne peux qu'apprécier le confort du matelas. C'est un peu à contrecœur que tu ajoutes:

Merci pour le lit.

C'est un peu à cause de lui si tu ne peux plus retourner vers Olga. Pas maintenant que tu sais ce que ça fait que de dormir dans un matelas de très grande qualité.

▌Gussin. Tu fais la moue. Gussin. C'est ça. L'homme oreiller qui prête son lit, c'est la vie que t'as choisie. Tu fais l'impasse sur le fait qu'il est à moitié à poil, on n'est plus à ça près... mais il a pas froid? T'as ton pantalon en coton, ton tshirt XL et t'es à ça de mettre un pull en pilou par-dessus. T'espères au moins qu'il a pas les pieds gelés. Quand il râle à son tour, tu te penches légèrement de son côté en reniflant. Ça ne sent pas l'alcool. Ça ne veut pas dire qu'il n'est pas bourré... t'es tenté de lui demander directement mais tu te retiens. Tu fais bien. C'est d'abord son regard vers toi qui te surprend. Puis ses mots.

Hein?

Ses mots qui ne font aucun sens, mais qui ont au moins le mérite de te calmer d'un coup sec. Tu fronces les sourcils. Comment ça... Comment ça il n'est plus avec... Tu n'oses pas prononcer son nom. L'idée est absurde. Complètement irréaliste. Hysteria tu ne l'as jamais connu sans Crystal. Hysteria sans Crystal dans ta tête ça n'existe pas.
Alors imagine dans la sienne.

Ah.

Petit, tout petit pathétique ah. Il t'a échappé, et la vague de culpabilité qui va avec. Tu l'engueules alors qu'il en est là. Ah. Merde, Argus. Tu remontes le duvet sous tes bras, par réflexe, faut dire que t'as un peu froid là. Qu'est-ce que t'es censé répondre à ça? T'es pas débile. T'avais bien saisi qu'il y avait un souci. Depuis le temps qu'il squatte, à chaque fois dans un triste état... mais bêtement tu pensais que ça continuerait comme ça. Que c'était normal. Parfois il y a des hauts et des bas. Très hauts, puis très bas. Peut-être qu'ils fonctionnaient comme ça.

Désolé. Tu veux en parler? Je... suis pas juste doué pour râler, je sais aussi écouter, si tu veux.

Les bras croisés par-dessus le duvet, t'oses pas le regarder. T'as pas envie de le mettre plus mal à l'aise qu'il ne doit déjà l'être.

▌Tu sens qu'Hysteria hésite à se confier. C'est vrai que ce n'est pas vraiment habituel entre vous. D'habitude t'es juste là pour lui ouvrir ta porte et le guider vers ton lit. Ce qui est déjà pas mal en soi. Mais il s'assied et tu tends l'oreille. Tu croises son regard, hoches la tête pour l'encourager à continuer.

Tu n'as jamais été très à l'aise dans cet exercice, pourtant tu sais que tu en es capable. Écouter. Être là. Parfois, c'est suffisant. Mais ce n'est pas toujours facile. On donne plus aisément des conseils aux inconnus qu'à ceux que l'on connaît depuis longtemps. C'est pas facile mais tu prends du recul, mentalement, pour être le plus objectif possible.

Je... je vois. C'est pas de ta faute, tu sais? Ça arrive à pleins de gens, même parfois qui sont mariés avec des enfants et tout. Les sentiments, ça évolue, et ça se contrôle pas malheureusement.

C'est peut-être un peu bateau et aussi parfaitement logique, mais ça te semble important de le dire. Parfois, quand on a le nez dans le guidon, on n'est incapable de prendre le recul nécessaire pour réaliser qu'il n'y a pas de raison de culpabiliser. Tu te doutes, pourtant, que les sentiments qu'il a dû éprouver jusque là étaient contradictoires. Qu'il a dû gérer des émotions qu'il ne voulait pas ressentir. Les refouler, probablement. Tu repenses à toutes les fois où tu lui as ouvert ta porte. Tu es sûr qu'Hysteria a fait au mieux. Tu ne sais pas comment le lui dire, ce serait peut-être trop présomptueux de ta part d'affirmer ça tout haut. Tu cherches tes mots. Tu as l'impression qu'il a besoin d'entendre quelque chose, tu ne sais pas quoi exactement. Sa situation fait remonter quelques vieux souvenirs désagréables aussi, auxquels t'as pas envie de penser. Tu te dis qu'il n'y a rien de comparable, même si naturellement, tu te sens un peu plus proche de ses problèmes de cette façon aussi. Après quelques secondes de réflexion, tu croises les bras en te tournant légèrement vers lui:

Je crois que je comprends en partie ce que tu dis. C'est normal de vouloir essayer d'autres choses mais...

C'est peut-être un peu tôt pour lui parler de Witcher, mmh.

t'es pas incomplet. Peut-être que tu te sens comme ça parce que tu as été en couple la majeure partie de ta vie. Mais que tu sois célibataire ou pas, t'es pas incomplet, c'est pas vrai. T'as besoin de personne pour être entier, Hyste.

Tu ne peux pas t'identifier à toute la partie qui concerne son couple, ça a duré tellement longtemps... Tu ne l'as jamais connu autrement. Pour toi, Hysteria et Crystal, c'était quelque chose d'acquis, pour toute la vie. Tu ne t'imagine pas à sa place, être avec quelqu'un pendant la moitié de ta vie, et du jour au lendemain... est-ce qu'on se souvient ce que ça fait d'être célibataire? Est-ce que ce n'est pas effrayant de se retrouver seul avec soi-même? Probablement que oui. Et tu comprends ça. Tu comprends qu'on puisse se sentir moins que rien, parce qu'on a perdu quelque chose d'essentiel à sa vie. Tu comprends qu'on puisse avoir l'impression de manquer un bout de soi, et peut-être même faire n'importe quoi après ça. C'est normal de se sentir perdu. T'aimerais bien lui dire que tu comprends, mais t'es à mille années-lumière d'avoir vécu tout ça alors tu n'oses pas. Alors peut-être que tu peux juste continuer à faire ça.

Écouter et être là.

▌Tu as beau essayer, peut-être que ton inquiétude transparaît dans ton regard, ou dans ta position un peu fermée, les bras croisés. Ce qu'Hysteria te confie là, tu sais bien qu'il ne l'avouerait pas à n'importe qui. Avec un peu de recul, tu en serais sûrement touché. Tu repenserais à toutes ces nuits où il a squatté ton lit et tu te cesserais peut-être de douter de toi, de ton implication dans tout ça et de son choix. Peut-être que tu étais simplement la bonne personne à un moment donné. Peut-être que ce n'était pas une décision consciente, et peut-être que tu n'avais pas à te demander, à chaque fois, putain mais pourquoi moi. Peut-être. Mais à ce moment-là tout ce que tu ressens c'est de l'inquiétude. Plus l'image qu'il renvoit s'éloigne de celle du Hysteria que tout le monde connaît et plus tu es préoccupé. Quelque part au fond de toi, une petite voix demande ça va s'arranger, n'est-ce pas? Demain il se lèvera comme si rien ne s'était passé, il transplanera chez lui et...

Chez lui. Encore une chose à rajouter à la liste de tes préoccupations. Est-ce qu'il peut rentrer chez lui? Est-ce qu'il a un autre endroit où aller? D'autres amis chez qui squatter? C'est pas tant de le revoir se confronter à Beckett qui t'inquiète à ce moment-là. C'est juste pour Hysteria. Les yeux dans le vague pour ne pas croiser son regard, tu perçois juste un geste à la périphérie de ta vision et tu te figes. Pas tactile, Gus, c'est ta technique quand quelqu'un amorce un geste dans ta direction. Gêné mais touché aussi, tu souris légèrement. C'est un compliment et ta réaction est celle d'un petit garçon. Le gamin qui se sent enfin reconnu par celui qui fut un temps son modèle. Tu as grandi, oui... Pas tant que ça. Juste assez pour comprendre maintenant pourquoi.

Si comprendre la raison ne chasse pas ton inquiétude, elle te permet au moins d'accepter plus facilement ses gestes, parce que tu sais ce qu'il y a derrière. Une marque d'affection, quand c'est spontané, ça peut surprendre, ça peut être gênant aussi, mais ici tu sais que ce n'est à aucun moment ambigu. Ça ne t'empêche pas d'être surpris et de te retrouver contre lui, à marmonner:

OK?

Les gens autour de toi sont tous plus tactiles que toi, c'est ton destin on dirait, tu l'acceptes. Tu dégages un bras des couvertures pour tapoter maladroitement son dos, et tu laisses ta main là. Ce n'est pas gênant, mais tu ne sais pas pourquoi, tu n'es pas complètement détendu pour autant. Ce n'est pas comme avec Dorothy. C'est la seule personne que tu serres dans tes bras d'une façon régulière, ta seule base de comparaison, alors forcément, tu tires un parallèle. Peut-être qu'il y aurait matière à réfléchir là-dessus, mais tu n'as pas envie de penser à elle maintenant. C'est bizarre de comparer Hysteria à Dorothy, non? C'est différent. Évidemment, ton cerveau s'en fout et turbine quand même à cent à l'heure sur la question, alors que tu ne devrais pas. Tu préférerais être là pour Hysteria. Juste là.

Tu veux dormir comme ça?

Mauvaise idée de le formuler ainsi, puisque ton cerveau trace tout de suite tes souvenirs jusqu'à la nuit que tu as partagée avec ta meilleure amie, et tu t'en veux immédiatement. Putain Gus, focus.

▌C'est peut-être parce que ton cerveau est concentré à faire des parallèles chelous que tu ne remarques pas du tout le moment awkward, en fait t'es tellement déterminé à te dire que tu ne dois pas penser à Dorothy et à te demander pouquoi tu trouves ça bizarre de penser à Dorothy et... Hystera s'écarte comme si tu l'avais frappé dans ton sommeil et sort du lit.

Mais.

Le concept, c'était pas de dormir?

Tu te retournes, paumé, juste à temps pour le voir passer la porte.

Alors. T'es peut-être pas le plus délicat pour gérer les rapprochements physiques (disons quand c'est pas toi qui initie le mouvement, quoi) mais il te semblait avoir compris ses intentions. C'était plutôt clair, ou c'est toi qui te faisait des idées? Tu ne comprends plus. Tu remontes mentalement le fil de votre (courte) conversation, cherchant ce que tu aurais pu dire ou faire qui l'aurait perturbé. Rien ne te viens. Tu réalises alors que c'est peut-être simplement le fait de dormir avec quelqu'un d'autre. C'est sûr, ça lui a rappelé Crystal. L'idée ne t'avait pas traversé l'esprit plus tôt, puisque habituellement, tu lui laisses ton lit pour lui seul, mais c'était évident. Tu te lèves, franchement inquiet.

Une fois dans le salon, tu comprends qu'il préfère passer la nuit sur le canapé. Tu n'es pas blessé, juste frustré d'avoir fait quelque chose que tu aurais dû anticiper. L'idée n'était pas qu'il se sente encore plus mal qu'à son arrivée. Tu te penches par-dessus du canapé et tu chuchotes pour ne pas réveiller le Beckett potentiel qui sommeille dans la chambre de l'autre côté de l'appartement:

Non mais reste pas là, on échange si tu préfères dormir seul. Olga m'aime bien.

Tu souris brièvement, mais c'est vraiment juste pour tenter de détendre l'atmosphère, alors que tu te doutes bien que c'est vain. Tu croises les bras sur le dossier du fauteuil et tu poses ta tête là. Penaud.

Je voulais pas te mettre mal à l'aise. Désolé.

Tu n'oses pas lui demander comment il se sent, parce que ça te paraît tellement évident. T'es pas aveugle, mais à aucun moment tu n'es capable d'envisager ce qui peut en réalité le gêner.

▌Tu n'oses pas chercher son regard, tu crains trop d'y lire du malaise, ou pire... quelque chose comme du rejet. Tu te doutes bien que ça n'a rien à voir avec toi, il n'empêche que ce serait compréhensible... et douloureux. Mais ça va. Tu lui prêtes ton lit, un peu de ta dignité aussi, alors t'es plus à ça près. Tu te répètes que quoi que ce soit, tu sauras gérer. Tu peux assumer ce que tu as déclenché. C'est ce que tu crois.

Tu n'as rien fait de mal.

Oh, c'en serait presque rassurant, si ce n'était pas dit comme ça. Merlin, pas le coup du c'est pas toi, c'est moi, on sait tous que ça veut dire exactement l'inverse. Tu te retiens de l'interrompre. Tu sens qu'il hésite. C'est sûr que t'as fait une bêtise, mais t'es là, prêt à en découdre. Et peut-être que c'est vrai, peut-être que tu aurais pu entendre n'importe quoi. Peut-être que la vérité ne t'aurais pas choqué tant que ça, peut-être même qu'elle t'aurait fait sourire un peu. Vérité assumée à moitié pardonnée. Il y a des choses qui ne se contrôlent pas et tu n'es pas le genre de personne qui en ferait tout un drame.

Mais ce n'est pas la vérité qu'il te donne. Pas vraiment. C'est quelque chose qui s'en rapproche presque... et qui rejoint ton hypothèse. Tes doutes confirmés, tu ne peux qu'embrasser cette réalité qui est la tienne maintenant:

J'aurais dû m'en douter... t'excuse pas pour ça. Jeee...

C'est à ton tour d'hésiter. Tu tournes la tête pour fixer le mur, passe une main dans tes cheveux déjà ébouriffés.

... sais que j'ai pas autant d'expérience que toi, mais j'ai connu ça aussi, tu sais? Et si t'as besoin d'en parler je suis là. Ou juste si t'as besoin d'un câlin, quand ça ira mieux pour toi.

Tu comprends qu'il ait besoin de prendre ses distances pour l'instant. Tant qu'il sait que tu es là pour lui... L'important, c'est qu'il aille à son rythme. Toi, tu es patient. Alors après t'être assuré qu'il avait déjà un plaid (oui), tu recules en direction de ta chambre.

Tu marques un temps d'arrêt sur sa déclaration, surpris. C'est un peu la dernière chose à laquelle tu t'attendais, surtout venant de lui. Pas que tu le pensais insensible, mais tu ne te situais pas si haut dans son estime. Finalement tu souris, un peu malicieusement. Ça te touche mais tu ne sais jamais comment réagir directement à ce genre de choses.

Moi aussi. Au cas où c'était pas clair quand je te confie la chose la plus précieuse à mes yeux, a.k.a. mon lit.

Il faudrait que tu songes à le remercier sérieusement pour le nouveau lit, d'ailleurs, mais tu sens bien qu'il ne cherche pas la discussion. Il veut juste être tranquille. Tu fais un signe dans sa direction, avant d'ouvrir la porte de sa chambre. Chef, oui chef. Il promet d'être là quand tu te réveilleras, et tu te retournes une dernière fois, avec un air faussement sévère:

T'as intérêt!

Mais tu n'y crois pas toi-même. Hysteria, passer la nuit sur le canapé au risque d'être découvert par Beckett le lendemain matin? Jamais de la vie. Tu n'as pas le cœur de le lui faire remarquer, alors tu lui laisses cette porte de sortie. Tu lui dois bien ça.