En réalité t'es pas capable de résister à grand chose quand ça le concerne lui. Parfois il n'a même pas besoin de se soumettre à la violence pour te soumettre toi. En l'occurence, celui qui s'arme de violence à ce moment précis c'est toi. Tu t'accroches à lui comme une sangsue déterminée à lui pomper la veine. Il a beau secouer son bras tu n'en démords pas. Et s'il t'écarte tu le mordras à un autre endroit. D'ailleurs, tu t'attends à ce que ça soit exactement ce qu'il fasse, malheureusement pour tes plans il se laisse faire et profite d'avoir le champ libre pour s'amuser un peu.

Tu peines à rester concentré. Sa main entre tes cuisses, tu manques de boire de travers et de t'étouffer. Tes yeux pourpres et étincelants le foudroient du regard, se noient dans un océan dont la surface est couverte d'or. Tu hoches la tête entre deux déglutitions pour acquiescer. De toute façon ce n'est pas comme s'il allait te laisser partir, si ? Tu finis par cambrer le dos dans un râle étouffé et relâcher la prise sur à son bras.

— « Putain ! »

À la tâche de sang sur ton vêtement tu grondes et tentes de te redresser sur les coudes.

— « De quel vêtement tu parles chéri ? »

Le surnom affectueux est prononcé à la pointe de l'ironie.

— « Oui des mecs imaginaires qui vivent dans la forêt comme des hippies... Bien sûr ceux-là même... »

Tu manques un hoquet au jeu tendancieux de ses doigts. À ton tour tu viens l'agripper, pour que sa bouche se pare d'onomatopées et cesse de t'insulter.

— « Je ne te crois pas du tout. »

Quels amis ? De quels amis il parle en fait ? À cette pensée, tu te pares d'amertume. Tu grognes entre tes lèvres. Tu n'aimes pas du tout qu'il se moque de votre isolement. Car si tu as perdu quasi l'entièreté de ta vie sociale, lui aussi. Et tu n'assumes pas d'éprouver autant de jalousie à le voir se faire des nouveaux potes. Pire, qu'il les invite à la maison alors que tu en entendrais parler pendant littéralement des semaines si tu venais à faire de même.

— « T'es vraiment un bâtard. »

Et pour le punir, encore, de se croire tout permis... Tu croques la zone supérieur de son bras à porter de ta bouche. Tu n'aspires pas de sang (repu) mais laisse la plaie ouverte sans prendre la peine de lécher pour aider à cicatriser.

— « Ah ça te plait hein... De te faire passer pour un sain à côté de moi alors que t'es vraiment le pire de tous. »

Il en a conscience, tu trouves ça fou.
Il en est fier et ça, ça te rend fou !

— « MON HAUT ! »

Tu as l'air scandalisé.

— « Mais putain JE VAIS DEVOIR EN RACHETER UN T'ES CHIANT ! »

Tout ça pour faire son petit effet. Voir ses mains se diriger dangereusement à ton pantalon tu tapes violemment sur le haut de son crâne, dans l'espoir naif de le réveiller de sa transe.

— « Je te préviens Noah Priest si tu déchires mon pantalon je te ... je te ... »

T'es déjà haletant de rage.

— « Je déchire l'entièreté de ta garde-robe. »

Et ce n'est pas une menace que tu juges suffisante.

— « Et je vide toutes les bières cachées dans la maison dans l'évier. »

Tu tiques quand il parle de ta mère. Tu baisses les yeux comme un enfant coupable, ravales en secret toutes tes appréhensions à son sujet. T'aimes pas fermer les yeux et la voir. Depuis combien de temps n'y avais-tu pas pensé ? Heureusement pour tes cauchemars, Noah les balaie bien vite en acceptant officiellement ta déclaration de guerre.

— « Tu as très bien entendu. »

Tu tentes de résister, de ne pas te laisser impressionner même si c'est exactement l'effet qu'il espère te faire. Tu restes digne.

— « T'as plus accès à mes comptes, cause toujours. »

T'as tout bloqué depuis des mois et changé les mots de passe. Il peut aller se faire voir, il a qu'à racheter avec SON argent, vu qu'il en a autant !

— « T'es vraiment... »

Insupportable.
Immorale.
Mauvais joueur et mauvais perdant, assurément.

— « T'as pas intérêt à faire ça. »

Il sait très bien dans quel état déplorable ça pourrait te plonger. Tu pourrais tenir l'alcool à l'infini sans en ressentir les effets, mais on parle de sang - le plus alcoolique des deux c'est toi.

Baisse ton froc.
Tu fais ouvertement la gueule mais tu t'exécutes, trop attaché à ta tenue pour qu'il la dépouille avec ses griffes. Au passage t'en profites pour l'asséner de coup de pied dans le ventre et dans le torse. C'est lui qui cherche, il a qu'à te trouver.


A peine a-t-il fini qu'il se précipite vers toi pour t'assommer de baisers et de caresses doucereuses. Tu te racles la gorge et tournes la tête.

— « Ne m'appelle pas comme ça... »

S'il y a bien des personnages auxquels tu ne t'associes pas du tout, ce sont les contes de fées. Tu lèves tes bras pour l'enserrer et masses son dos.
La perspective de ce qu'il t'annonce arrive à te ravir et à t'effrayer en même temps. Tu imaginais peut-être la perspective d'un week-end plus tranquille - et en même temps tu sais que tu vas relancer une guerre en mettant ta menace à exécution.

Il n'y a que sur les draps que vous vous affrontez.

— « Pousse-toi ! Je vais me laver ! »

Tu l'écartes sur le côté, aussi bouillant que chancelant. Bordel. Tu manques cruellement de bienséance. Au diable la bienséance, t'as mal partout !