Sous l’or et la chaleur tu te sens enfant roi
tu te sens héritier quand il te sourit
tu te sens enfin vivant au creux de son palpitant, et ce qu’il est tendre, avec toi.
toi qui avais appris à aimer la cendre, toi qui n’attendais plus rien, du monde, des autres, des hommes. il t’a offert une confiance qui, fragile entre tes doigts, prenait petit à petit son envol.
Dans cette immense maison tu tentais, tant bien que mal, de la faire tienne. les couloirs sont trop longs, les chambres trop grandes et c’est dans son lit que tu venais te recroqueviller quand la fatigue était trop lourde sur tes épaules. coussin dans tes bras alors que les larmes sont chaudes sur tes joues mais étrangement; tu étais enfin heureux
tu n’avais pas peur

alors tu essaies de sublimer tes rêves, de sa voix en écho qui réchauffe ton corps meurtris, tu essaies de t'inonder de son odeur, comme un enfant se cachant dans les bras de son parent. Tu oses jouer un rôle que tu te donnes toi même car il n’est pas là pour détourner le regard.

quand tout semble le plus parfait
c’est là que la lance s’enfonce le plus profondément dans ton psyché
et ce bruit discret te fait sursauter
tu es de ceux qui ne dorment jamais à poings fermés, tu es de ceux qu’on a brisé

…. Antoine ? assit dans ce grand lit tu sembles déjà effrayé, ta main crispée sur les draps, ta baguette est trop loin, tu espères, tu pries, que ce soit lui
uniquement lui

La peur comme monstre qui vient te bouffer
quand cette silhouette apparaît
c’est ton coeur entier qui prend flamme
tu te recules dans le fond du lit, comme si tu venais de voir le visage du diable, tu te mords l’intérieur de la joue si fort pour étouffer le hoquet de surprise et tu sens tes mains trembler

tu es vulnérable
dans cet immense lit qui sent ses souvenirs
mais il n’est pas là pour te protéger
et tu te refuses de faire sonner le galion pour elle
elle est ta peur
ta blessure
elle est dangereuse et tu le sais, tu as déjà joué avec les lycanthropes, ton père a déjà perdu un oeil par ta faute, hors de question qu’elle ne t’arrache la santé de celui que tu aimes tant.

Je ne sais même plus votre nom. C’est si dur de rester droit face à elle et tu aimerais que quelqu’un vienne, Alexander, Isaac, vous êtes si loin quand il s’écroule cependant je vous retourne la question, que faîtes-vous chez mon père.

la mâchoire crispée sur une peine qui se fait plus grande, sur la peur hurlante dans le fond de ton psyché alors que ton regard ne se décroche pas de la baguette pointée vers toi. elle est une intru dans ton nouveau paradis, dans un tableau qu’il t’a offert et que tu osais arpenter sans perdre ton souffle

quittez… quittez cette maison, tout de suite, vous me faîtes peur.

Mon… je vous demande pardon ? Amant ? Un frisson de dégoût qui court le long de ton corps Antoine Savoy n’est absolument pas mon ama-.... ta voix qui se brise alors que tu réalises la fin de la phrase et tu sembles chuter. une longue et silencieuse chute. mais tu ne peux pas lui faire confiance, pas maintenant, pas alors qu’il semble t’avoir offert ses bras, qu’il t’a serré contre lui et t’as demandé de rester.

un fils ? ses plantes ?! mais de quoi parlez vous bon sang, ne me forcez pas à demander aux aurors de venir ici, vous qui tenez tant à votre image  

et si tu montres les crocs c’est simplement pour prétendre
c’est comme si tu tentais de gonfler ton pelage pour paraître plus grand, plus fort alors que tu n’es qu’un enfant qui aimerait qu’on le protège
si beau dans tes sacrifices
si faible cependant pour te sauver toi

il ne m’a jamais parlé de vous, je ne l’ai jamais vu avec vous, vous n’êtes qu’un mirage. Que voulez-vous, me tuer ? finir le travail ?  

le simple fait que tu te trouves dans un lit te terrorise, elle est allé trop loin la dernière fois et le souvenir de ses mains sur ton corps te donnent la nausée

s’il vous plaît allez-vous en.  

Et les mots sont violents, comme des brûlures sur ta peau et t’as envie de hurler
j’en ai assez
assez de souffrir, assez d’avoir le goût du sang dans la bouche, assez de recevoir les éclats de mes actions
qu’on me pardonne, que les dieux se lassent, qu’on me laisse me vider de mes forces dans cet immense champ, qu’on m’oublie car j’en ai assez car je suis épuisé.
entre tes plumes le mal se propage
au sein de tes omoplates y fleurit les fleurs du mal qui se font grandes, qui se font lichen sur ta peau opaline et tu te fissures

alors quand le poison de son âme atteint la tienne tu te sens te briser un peu plus et t’as envie de pleurer
de pleurer
oui
mais t’en as assez

il ne m’aurait pas caché cela, il ne m’aurait pas proposé de rester… non, Antoine est quelqu’un de bien, de bon, il ne se serait pas lié d’amitié avec quelqu’un comme vous, pardonnez mon langage mais … vous n’êtes que violence et vous ne laissez sur les autres que des plaies.

tu te redresses, tu essaies d’ignorer les tremblements. Cette longue chemise qui tombe jusqu’à tes genoux alors que la lune s’amuse à découvrir ton corps frêle qui tente de se faire plus grand, debout dans son lit car tu n’es pas assez brave pour t’approcher

Vous m’avez terrorisé une fois et je refuse de revivre cela.

Tes poings qui se serrent mais en vain, tu sais que tu n’es qu’un oiseau effrayé prit dans l’essence, ailes coupées, ailes engluées

Ne vous approchez pas de lui.

lèvre mordue, les questions comme des hurlements dans le fond de ton psyché, l’enfant qu’il t’aurait caché, une amie qui a peint sur ton être une terreur palpable, non, impossible.

Elle vient plonger ses mains dans tes entrailles, elle fait chuter la confiance fragile qui prenait forme dans le fond de ton âme. Une confiance qu’un homme a piétiné, une confiance tremblante et juvénile.
T’as même pas la force de soutenir son regard, tu sais, Moira, que tu es affreusement ridicule, que ton ombre ne se projettera jamais sur elle.
Le combat n’est pas contre la louve
il est contre toi-même

quand elle s’éloigne tu descends du lit, enfile un pantalon avec hâte et attrapes enfin ta baguette que tu braques sur elle alors qu’elle revient arroser les plantes comme si tu n’étais pas là
et même si ta main tremble tu te veux inquiétant

vous avez évoqué un fils, de quoi parliez vous.

l’amertume dans ta voix, tu aimerais que ce soit un mauvais rêve
un atroce, cruel, mauvais rêve

et d’où connaissez-vous Savoy.

tu fais un pas en avant, toi l’enfant qui n’est pas courageux, toi qui n’a rien d’un battant, rien d’un soldat, tu as perdu ta colère d’autant, elle est morte sur le torse d’Atticus, dans le cou d’Earl, maintenant il n’y a plus rien et c’est peut-être mieux ainsi
purgé de toute haine tu n’es que l’amant
celui qui meurt
celui qui veut le bonheur dans les bras des absents

expliquez vous pour l’amour de merlin

La douleur qui grandit dans tes poumons et ça devient dur de respirer
tu craches ton air
tu craches tes mots et elle, elle plante sa mâchoire dans ta  gorge pour rendre la suffocation plus théâtrale, plus plaisante aux yeux des dieux qui, penchés sur les balcons des cieux, observent ta mise à mort.
le poignet se baisse, abattu alors que tes yeux se remplissent de larmes et tu te sens
misérable
et tu n’as qu’une envie c’est le rejoindre, le prendre dans tes bras et lui dire
je suis là
je suis désolé
s’il te plaît ne souffre pas.

c’est .. injuste tes mains qui viennent cacher ton visage, poignet tordu car ta baguette trône toujours entre tes doigts et entre tes phalanges tu murmures ton lamento il aurait dû me demander de venir, je sais que je ne suis pas un virtuose mais j’aurai pu aider.

tout en toi se tord
des noeuds dans les intestins
des brûlures sur le palais

et si cette fois quand il t’a tant serré dans ses bras, que son oreille s’est posée contre ton torse pour écouter le rythme fragile de ton coeur il espérait; que ce soit un autre, que ce soit celui qui partage mon sang, faîtes que comme toi, Croyance, il puisse respirer et qu’il vienne se loger contre moi.
imaginer ses larmes
c’est trop
trop pour toi

comment lui en vouloir alors, d’avoir vu en toi le visage d’un mourant. toi qui porte sur tes épaules les plaies des enfants, les malheurs des fils, les chagrins des jeunes amants. impossible, pire encore, tu aurais dû jouer le jeu, caresser ses cheveux en disant; je suis vivant.
tu n’as toujours été qu’une marionnette
mais entre ses doigts à lui
tu te sentais sincèrement aimé
et c’est sûrement parce que son amour était réel, fort, puissant

pour un autre
qu’il t’a pourtant quelque peu offert
et que tu en étais heureux
magnifique, tendre et innocent apôtre

oui, je ne peux que vous comprendre alors que tu t’accroupis sur le sol, tenant tes genoux contre toi, ton front posé il a l’amour réconfortant, il donne de l’importance, on se sent spécial quand il nous parle.

s’il te plaît reviens
alors je prendrais ta main
et je jouerais au souvenir  

ça suffit. Ta mâchoire se crispe alors que ses mots ne sont que du venin. Elle a réussi, cependant, en allant trop loin elle t’a fait réaliser une chose; elle ment pour rendre les choses plus douloureuses mais elle chante une vérité étrange. Antoine est bon, trop, même, et il a voulu t’aimer comme son fils, un fils qui se meurt. Incapable de te départager, incapable de choisir alors il s’est brûlé les ailes pour te maintenir en vie, pour que personne autre que lui-même ne se meurt.

quand vous parlez de lui il y a cette froideur, je vous interdit de vous glisser dans mes pensées, dans notre relation.

tu ne veux pas lui montrer qu’elle vient de gagner
tu ne veux pas qu’elle pense avoir raison sur lui
il n’est rien de ce qu’elle essaie de dessiner
Antoine porte l’amour dans ses bras
et tout comme toi
il s’en étouffe

égoïste comme tu feras un choix pour lui, tu le pousseras dans les bras de son enfant car tu es une étoile mourante, une étoile que personne ne peut sauver
toujours dans son ciel mais si fade
un sourire pour rassurer mais tes étreintes ne seront plus et tu deviendras immobiles à travers les fantômes. un de plus.
un de moins.

doucement tu te redresses, tu essuies tes larmes du revers de ton poignet
perdant dans ta propre guerre elle aura toujours le dessus sur toi

ne le blessez pas, oh si vous lui faîtes du mal, je n’aurai plus l’air si fragile.

l’espace d’un instant tu fais sûrement ne serait-ce qu’un peu peur
pas par ta carrure ni par ta voix qui tremble
mais par cette effroyable sentiment que ta vie n’aura plus qu’un but ; celle de l'éradiquer elle. car dans ta propre destruction tu viendras la tirer dans ta chute
longue
et silencieuse
chute.

ta baguette apporte tes affaires, tu enfiles ton manteau et sans entrer en contact avec elle (car son toucher est si douloureux) tu deviens ombre qui a cru au bonheur

et ne tuez pas ses plantes car vous n’apportez que la mort, vous n’avez aucune douceur en vous, vous êtes vide.

tu t’en iras sur ces mots
tu t’en iras de sa vie
étoile mourrante