Une simple goutte de parfum qui s’écrase dans ton cou. Tu as mis du parfum. Reflet qui perd son éclat dans un miroir bien trop grand et tes mains se crispent. Tu as simplement mis du parfum, cela n’avance rien, cela ne change pas l’immense orage, l’immense fissure. Les images deviennent encore plus brumeuses et c’est un violent éclat qui gronde alors que la fiole vient voler pour s’écraser contre le mur, dégageant sa violente flagrance et tes doigts se plaquent contre ton visage.
Une simple goutte de parfum suffit à te faire chuter à genoux. Toi qui ne désire rien, toi qui n’est pas désiré.

Les mots ont résonné dans la voix d’Ellair, tu es convié dans un royaume qui porte son souvenir. Brutal, il est comme le tonnerre et pourtant sur ta peau il semble n’éclater qu’à moitié, sous la mélodie d’un autre visage et tu le hantes sous les traits d’une morte. Chevelure partagée avec le premier fantôme.
et dans le ruisseau tu viendras sûrement t’échouer
et tu maudiras les cieux, tu maudiras Hamlet de n’être jamais revenu et tu mourras, Ophelia, tu mourras.

ton corps deviendra recueil pour les impétueux, pour les parasites, bras de la mort autour de ton cou pour t’attirer dans les profondeurs, dans les gorges du Styx pour y dériver à jamais.

et pourtant
tu n’as pas détourné le regard et tu plonges dans une étreinte maladroite, une étreinte pleine de maladresse vers l’homme qui parle ton langage, qui parle tes mots, qui les élève et en fait des étoiles.

porte immense, ombre minuscule, une main qui passe une dernière fois dans ta chevelure quelque peu organisée, respiration tremblante. que lui dire. vous m’avez manqué. vous m’avez manqué est la vérité la plus limpide mais la plus odieuse. manquer sa violence, manquer une simple apparence, un simple sourire qui ne t’était pas adressé, manquer des idées brûlantes, des secrets effrayants. c’est la lumière qu’il projette sur toi qui t’a manqué, dans le berceau de son mal tu y trouves un certain attrait, un réconfort mélodieux au creux de son palpitant. dans ses idées il y a la mort et dans ses draps une salvation interdite.

par deux fois tu toques et dans le froid grandissant tu fais des nuages, tes cils humides par l’humidité de ton souffle et les joues roses sous la fragilité de tes sentiments.

ft.baron

On t’a ouvert et c’est un ange au parfum du paradis qui te laisse entrer dans le mausolée de ton propre fantôme. On t’a ouvert et ce n’est pas les traits durs de l’homme que tu cherches qui t’a accueilli. l’homme vers qui tu cours sans même t’en rendre compte pour mieux chuter dans ses bras, pour mieux en mourir; de manière tragique pour rendre jaloux les dramaturges, pour que Corneille s’en morde les doigts.

quelques mots échangés sous tes cils qui veulent étouffer le regard curieux, le regard plein de regrets. La voix qui résonne comme le clairon de ton soulagement alors qu’il t’arrache une respiration de surprise. Ton attention est volée et tu ne vois que lui. Tant que tu le peux, sa grande ombre qui découpe la lumière, son air sévère , immense oiseau de proie qui vient s’approcher de toi et tu le laisses t’arracher la peau de ses serres.

Salerno. Et ça sonne beau, dans ta gorge, ce nom qui te manque tant, la chaleur qu’il t’inspire, l’accent d’ailleurs qui revient. un sourire qui ose faire rougir le vivant de ton cœur et il te faut bien cette tape dans le dos pour te remettre à ta place. Je suis arrivé quelque peu en avance, de 12 minutes pour être précis, j’avais peur du retard alors le trop tôt m’a semblé plus adéquat.

tu fais un pas en avant, ne parvenant pas à décrocher tes iris de ce qu’il dégage, de son cortège funèbre qui t’observe dans son dos. Mon inspiration est une préoccupation, je suppose, sans elle votre plumage en est moins sublime.

Il y a dans son rire quelque chose de déchirant, une fissure qu’il te provoque, tu veux lui demander de l’entendre plus souvent, tu veux t’y accrocher pour écrire une mélodie, accorder tes notes à ses éclats et le réaliser te fait détourner le regard, une gêne qui t’agace, une faiblesse qui n’a pas lieu d’être.

D’un mouvement léger tu te débarrasses de ton manteau bien trop lourd pour tes épaules frêles. Il porte ton odeur, il porte l’odeur de la peinture, d’une effusion de sentiments et derrière le col de ta chemise, dans le creux de ton cou s’expose la marque même du désir, rouge vif pour prouver que tu appartiens à quelqu’un, tu n’es qu’objet et elle savait que tu comptais rejoindre les tremblements de son âme, que tu allais perdre une guerre sans même t’armer. Alors elle a posé son sceau à même ta peau.

Je suis ravi de vous revoir.

c’est la belle surface, celle qui est acceptable car derrière le charme de ta politesse il y a cette infection, l’acmée de ton impatience, le tapotement de tes doigts sur ton bureau alors que ses mots comme mantra viennent s’échouer sur tes rives.
Après avoir déposé ton manteau, tu viens passer ta main sur son bras alors que tu t’avances complètement dans sa demeure, observant enfin la beauté de ce lieu.

Vous avez cependant raison, Sir, votre manoir est … tu te tournes vers lui et affiche un sourire discret sublime. tu dis ça alors que tes yeux sont rivés sur lui

toujours lui

ft.baron

Tu pourrais porter les armes et partir sur ce champ qui porte l’odeur du sang mais voilà, toi, Beau, tu n’es qu’un poète, tu ne fais que raconter les corps qui s’entrechoquent dans un bruit horrible, tu ne fais que chanter la mélodie des os qui viennent se fracturer sous le regard plein d’effroi.
Tu es de ceux qui marchent sous la neige de cendre après la guerre, après les morts et qui viennent se pencher sur les défunts, les aimés, les amants, les frères, les pères et tu pleures. Tu es de ceux qui sont plus beaux le visage humides de larmes que d'ecchymoses.

Alors tu n’as pas de réponse à cette remarque, tu ne fais que bloquer l’air dans tes poumons quand sa main se serre sur ton épaule. Tu penses secrètement; pourquoi suis-je venu.
((et son rire en écho comme réponse))

Tu as laissé au seuil de sa porte le titre qui le hante et voilà que sa voix s’échoue contre ton oreille comme un murmure, comme un mantra pour te donner envie de le suivre toujours plus loin. Une caresse aérienne qui provoque dans ton corps un violent frisson, véritable foudre qui te parcourt et tu en fermes les yeux.

Je tâcherai de m’en souvenir. Tu es doué pour satisfaire les grands esprits mais il y a dans le fond de ta gorge un certain regret. Une envie de jouer avec le feu quand il s’agit du grand Baron. Oh et tu t’en brûleras les ailes, c’est certain.

Quand il s’éloigne c’est un vide grandissant qui prend place dans ton estomac et tu détestes ça, tu as presque envie de lui hurler ; reprenez votre passion, reprenez votre intérêt, reprenez tout car je vais en mourir.
Tes doigts qui font tourner l’alliance autour de ton annulaire, ancre violente qui porte l’amertume du poison, car tu ne peux simplement pas oublier.

Quand il fait rouler ton nom sur sa langue tu ne peux t’empêcher de souffler un léger rire. Il vole si haut depuis que tu as changé de visage et tu ne peux t’empêcher de rêver de son envole, de ses chants aériens, de ses battements d’ailes dans cet odieux ciel.

Avec plaisir. Vous me faîtes me sentir privilégié, je risquerai d’y prendre goût. sa marche est élégante, la tienne est silencieuse, comme si tu n’étais qu’un simple fantôme dans l’ombre de cet homme. devant les tableaux tu t’immobilises un instant, l’air se fait plus rare et tu retires tes lunettes pour feindre un simple dépoussiérage. En réalité tu espères retrouver un peu de netteté, forcer tes iris à trouver un peu de force pour chasser le vague, le flou. Tes doigts qui passent sur ceux-ci, les frotte avant de reposer ta monture sur ton nez.

En effet, ils sont charmants. Vous devez être fier. Tu croises les bras, un petit sourire aux lèvres alors que tes yeux cherchent son portrait, sa présence. Sans le trouver tu te contentes de tourner la tête vers lui
tournes ta langue trois fois dans ta bouche avec de te laisser tenter par la curiosité, Beau, mon Beau

Vous n’avez pas de portrait, vous ? attention toute nouvelle et particulière pour une figure qui se démarque Oh, votre femme je présume ? Son sublime s’est merveilleusement transmit. bref oeillade aux enfants, instant de clarté dans ta vision et tu pointes du doigt Saturday et Sunday. Tu es peintre du vivant, tu es peintre des humains, tu connais les traits, l’ombre qu’offre les cils sur les pommettes, tu aimes les visages et pourtant tu commences à ne plus pouvoir les admirer.

ft.baron

Tu n’as pas donné le mémo à ta femme sur l’héritage que tu devais offrir. Tu es mort de peur, tu trembles comme une feuille et ce monde te déchire en deux alors comment, oui, comment peux-tu songer à élever un être que tu aimerais tant. Dans tes bras le soulever dans un ciel orageux pour espérer que la foudre l’épargne. Tu restes donc silencieux, l’écoutant parler de ses enfants avec un amour qui te donne d’étranges frissons. Puis vient l’attrait de ton propre mal. Tes yeux se voilent d’un étrange reflet, d’un chagrin palpable. Tu ne parviens qu’à peindre l’immortel, le figé, le stagnant. Toujours dans l’ombre des sorciers, tu commences à pourrir de l’intérieur. Et ça fait presque du bien, de se savoir mourir car jamais tu ne pourras atteindre leur niveau. Tu feras de ton mieux, bien sûr, mais c’est au-delà de tes forces.

Je suis désolé. Tu ignores le pardon que tu viens de donner, tu ignores tout du sang qui s’est posé sur les mains du fruit de tes rêveries, tu ignores qu’il a la mort aux trousses. Elle était très belle. Les grands hommes aiment s’écouter parler pour ne pas perdre leurs idées, les charmants parviennent à tomber amoureux de leur voix, il faut beaucoup de force pour séduire son reflet. tu te penches un peu plus sur les portraits pour observer les absents, les morts, les vivants, les enfants victime d’une colère, victime d’un chagrin, puis doucement tu te retournes à nouveau vers lui “ tu as un tel visage de février, si plein de givre, d'orage et de nébulosité ” Shakespeare. le silence qui s’installe comme un roi solitaire et il t’offre un sourire qui vient s’accrocher sur le bout de tes lèvres puis enfin tu te détournes, continuant ton avancée, ta main glissant sur le mur, sous les peintures

J’aimerai voir le votre. Voir s’il sourit comme vous le faîtes. J’aimerai que vous me fassiez prince à vos côtés, dans ces murs que vous veniez peindre l’immortalité de mes sentiments. Mais tout ça ce n’est qu’un souhait teinté de désespoir, comme accrocher les pans d’une étoile filante alors qu’elle se meurt. Elle a trop rayé le ciel d’une lueur fugace, maintenant tout perd en saveur, tout devient bleu océan. Tu ne peux plus compter les astres alors que tu te surprends à le regarder lui; brillant, proche de toi, proche de tes doigts.

ft.baron

Une nouvelle brûlure sur ta peau. Il peut se montrer si brutal, comme si ton corps devait se plier sous ses doigts alors que ses caresses peuvent prendre le goût du miel, le goût du tout, du désir, de l’allusion. Il ne fait que voler et toi
toi tu ne peux rien prendre.

Un regard qui lui est tout adressé en réponse à sa mélodie et tu te veux droit. Droit pour cacher la couleur qui se pose sur tes joues, tu essaies de chasser la remarque, la chevelure de tes cheveux n’a rien à voir avec le fond de ses pensées, avec ce qui brûle dans son palpitant. Tu n’es rien, Beau, tu n’as jamais été qui que ce soit, quoi que ce soit, tu es objet que l’on expose avec pudeur, on cache les fissures on expose le sublime.

Je n’aurai pas l’audace de me présenter à vous sans connaître les mots d’un tel nom. puis un rire qui s’échappe, innocent rouge gorge tu voles bien trop proche des morts La littérature et les arts doivent venir d’une passion, ainsi le traitement de la matière, du psyché, n’en est que plus raffiné.

Ta marche légère qui ne peut s’empêcher de suivre le grand roi, le regard qui s’aventure sur les portes des enfants puis une fois dans cet immense bureau tu t’autorises enfin à respirer. Comme si là, au creux de ses secrets à lui tu pouvais exister.

Comment devrais-je faire, pour le faire sourire. Question posé pour le portrait
question posé pour l’homme, et il sait sûrement que tu brûles d’envie
de voir le vrai, le sincère, celui qui rendra ton coeur en poussière

enfin tu te tournes et t’avance vers lui, ta main se pose sur son poignet, comme un crime premier, comme si la mort sera ton unique salut
((mais c’est ce qui la rend chose si prenante))
tes doigts qui viennent se glisser sous la manche pour remonter doucement le long de sa peau

vous ne cessez de voler mon contact, depuis notre première rencontre. tu sais que c’est probablement pour instaurer les choses, montrer qui possède le pouvoir; lui, sans même hésiter.

ft.baron

Dans la voix le sourire qui se craque, fissure, rapide et pourtant il est passé, comme un ange qui dépose son silence alors qu’il t’assène de grands mots qui sont comme les feux de l’enfer de Dante, les bouches des diables qui comme des amants, te laissent des baisers pleins de regrets.
Tes doigts qui redescendent de son poignet pour finir dans le creux de sa paume alors que ton regard s’y perd l’espace d’un instant.

Le problème étant; je ne suis rien venu chercher, bien au contraire. un souffle qui imite un rire alors que le chagrin prend forme dans le fond de ta gorge et tu fais un pas en arrière, brise ce lien que tu avais tant anticipé, simplement pour te prouver; ce n’était qu’une idée bête, il ne t’a pas autant marqué, sa peau n’était pas aussi agréable sur la tienne.
((et tu aurais tant aimé que cela soit le cas, pourtant te voilà à te languir))

sur la chaise présentée, tu poses enfin ta mallette et l’ouvre doucement, sortant de gros tas de papiers qui sentent l’encre, qui sentent tes idées, ton psyché, toute l'entièreté, le fondement même de ton âme. N’est-ce pas une idée bien stupide ? D’offrir ainsi le vif de ton palpitant, l’unique chose qui est encore en vie chez toi ?

Il ne me reste que quelques années, quelques mois. Je perds la vue, je finirai aveugle et les sorciers perdront alors tout intérêt pour ma personne. Qu’importe, les vaniteux et les égoïstes seront toujours victorieux.

Un frisson
un sursaut de tes épaules alors que tu te mords l’intérieur de la joue
la douleur comme ange jaloux
s’accroche à ton cou pour mieux dévorer l’angle de ta mâchoire
morsures pour prouver au monde que tu meurs
et dans ses bras peut-être tu y trouveras la fin des orages

alors je vous en prie, utilisez mes écrits. Un manque d’inspiration, un simple tas d'idées sur lequel poser votre encrier, diable, cela m’importe peu, je veux simplement les savoir près de vous.

tes sourcils se froncent alors que tu lui tends l’identité qui a prit tant d’années à fleurir entre tes poumons
et tes mains sont tremblantes et tu fuis son regard
tu aurais trop peur ainsi de lui offrir toute la peine du monde, trop peur qu’il prenne goût à tes larmes. Qu’il s’y noie pour sublimer ses sourires.

Votre portrait, il ne vous ressemble pas encore, pas assez. Il sonne faux. une légère pause et tu reprends Tandis que vous, vous me blessez à nouveau.

ft.baron

Vous m’en voyez désolé, qu’il murmure dans ton dos, le grand roi. même si tu venais y chercher le vice, l’arme plaquée sur ta gorge tu n’y trouverais rien. Le sel comme témoin dans l’océan de cette pitié qui t’assèche et tu ne fais que t’y noyer. Au fond tu devais même espérer un éclat de raillerie qui aurait fissuré un peu plus ton psyché mais il n’en est rien, il empêche la chute de quelques secondes seulement et te lâche à nouveau. Alors en suspension, avant de tomber à nouveau, tu as pris le temps de détailler son visage et tu y trouves à nouveau cet incendie interdit, cette envie de fuir, cette envie de rester à jamais.

Ce n’est rien, je l’ai déjà accepté, digéré.

Sa remarque qui t’arrache ton souffle, cette demande d’un duel que tu sais perdre d’avance
((à vrai dire tu gagnerais sûrement, Beau, car ton âme s’élève en même temps que les séraphins et tu ne t’arrêtes pas aux frontières de l’acceptable, tu ne restes pas devant le sublime de l’Académie, le juste des sorciers))
tu es cet horrible orage qui vient tout chambouler.

Respiration difficile qui reprend son cours quand il accepte, dépose les papiers sur son bureau, évoque les pensées à ton égard, elles doivent être rares quand les tiennes pour son être sont plus nombreuses. Parasites dans ton esprit, il vient ternir les journées ou les embellir, il parvient à faire les deux et cela t’agace.

Ton visage dérobé de ses doigts et tu ne peux que soutenir son regard. Alors ton cœur entier s'affole et tu te mords l’intérieur de la joue. Te voilà bien piégé.

Vous me blessez car vos mots sont tranchants, Stuart, vous me blessez car vous occupez mes pensées, non pas pour me faire rougir et soupirer d’amour mais pour vous observer sous tous vos côtés; à me demander encore et encore qui êtes-vous vraiment. Pire encore vous me blessez par vos artifices alors que j’aimerai que vos tirades viennent du plus profond de votre être, là et uniquement là je rougirai d’amour en ayant mal pour vous.

Ta main s’était posée sur sa joue puis sur ses lèvres pour l’empêcher de vomir son venin, sa colère éclatante et brûlante
et le vert de tes yeux cherche le sien
et tu dois sûrement avoir peur car tu trembles
comme un enfant impatient

qu’importe. Je n’ai plus 20 ans, je suis marié, emprisonné, étouffé, je ne suis plus rien et vous devenez mon tout. Cela m’enrage.

tu le repousses alors et fais un pas en arrière, remettant correctement le col de ta chemise autour de ton cou, ôtant une poussière imagée de ton avant bras.

ft.baron

La peur attire l’attrait, on veut trembler, on veut être terrifié. Pour l’heure, je vous crains, alors je ne risque rien, je peux dire que c’est le simple vice de l’humain que de vouloir retrouver vos côtés et vous écouter parler.

Tu observes son corps s’éloigner, rejoindre son bureau et un monde vous sépare. Une pièce, quelques pas, une envie ou une fuite mais il y a ce vide que tu peux sentir sur le bout de tes doigts, brûlant.
Une seconde de flottement et ta main vient donner un peu d’ordre à tes boucles rousses, les iris qui se font brumeux sur le visage maintenant trop loin. Tu ne peux plus lire, d’ici, les tiraillements de ses expressions, tu ne peux plus savoir s’il se moque de toi ou s’il veut simplement te faire flancher.
Qu’il est dur de lire les hommes
Et pourtant lui, il se démarque, lui, tu veux le comprendre par cœur sur le simple ton de sa voix car bientôt tu n’auras plus ses regards pour t’y accrocher.

Allons. Comme une fillette ? Il serait temps d’élever vos mœurs, mon duc. Tu t’appuies contre le mur, les bras croisés, l’air presque farouche alors que tu n’es rien de tout ça Oui, je verserai des larmes pour vous et cela vous plaira car on me dit sublime dans mes peines. Vous les utiliserez comme encre et vous en ferez un chef-d'œuvre.

un rire qui roule dans le fond de ta gorge car c’est bien malheureux et pourtant
et pourtant comme c’est tentant
de souffrir ailleurs
de pleurer un autre

jouez avec moi, je vous l’autorise, vous le quémande presque, mais laissez moi vous garder dans mes bras ne serait-ce qu’une minute ou deux quand le silence sera tombé. Ensuite vous pourrez provoquer mes sanglots et laisser le froid de votre absence à mes côtés.

une respiration lourde qui gonfle ton torse d’une envie maladive de te noyer dans les inclinaisons des autres puis un regard jeté sur le tableau; et ce qu’il sonne faux. tu te décides enfin, t'approche et viens t’appuyer sur le bureau, tes bras toujours croisés sous ta poitrine alors que sous tes cils en cascade; la lueur de tes yeux émeraudes. Pas un mot de plus, le simple calme entre vous, comme roi solitaire et il y fait bon vivre, dans ce non-dit, dans cette simple observation. Le renard qui danse tout autour de ce grand corbeau prend enfin repos, s’allonge sous les plumes et attend que la nuit s’étouffe.

ft.baron

Comme un diable en boîte il se redresse et te fais basculer, t’arrache un hoquet de surprise alors que le monde devient pourpre, que l’envie monte dans ta gorge, soupir qui roule contre ses lèvres alors que tu réponds à son baiser. Tu n’en penses rien, pire, tu n’essaies de ne pas penser car tu as l’amour fragile, tu as le cœur candide et dieu que tu aimerais tomber amoureux.
Tes mains viennent chercher sa chevelure de jais, doigts qui s’enroulent dans les boucles avec une tendresse toute particulière, languissant car son corps t’attire, son parfum comme alcool, ivre de lui, ivre de la brûlure qu’il provoque en marquant ta taille de cette violence possessive.

Faîtes le partir, cachez-le de vos pulsions. Marquez moi encore et encore.

prise dans ses cheveux qui se fait bien plus audacieuse alors qu’une expiration tremblante s’échappe de tes lèvres sous ces mots, déclarations qui perdent du sublime de ta poésie alors que tu te permets un rire bien fébrile. Comme un chat, ton dos s’arque, agile quand il le faut, réactif car c’est bien trop.
Gourmandise que tu ne parviens plus à contenir dans le fond de tes pensées, tu délaisses ses boucles brunes pour faire glisser tes doigts sur son torse, tirant sur la chemise pour l’attirer plus à toi, défaisant les boutons qui ne sont qu’une entrave, avide de sa peau

Mes larmes sont votre, mes cris le sont aussi.

Tu viens réclamer à nouveau ses baisers, dévorant l’angle de sa mâchoire de tes lèvres, souffle chaud contre sa peau et tu marques son torse de ton propre toucher pour remonter dans son dos, dessinant les courbes de ses muscles, les inclinaisons de ses omoplates, véritable sculpteur car bientôt tu n’auras plus que ça comme souvenirs, ça comme preuve du réelle.

Baron je vous veux tant. Un murmure, une promesse, tu t’offres à lui et c’est presque navrant, navrant comme tes courbes ne sont faîtes que pour rendre les siennes plus parfaites encore. Tu te consumes complètement et l’envie dévore tes entrailles, fiévreux, tu te sais séduit par cet homme.

Je sais que le monde vous nomme ainsi mais est-ce véritablement- phrase qui se coupe alors que ton corps frissonne, lèvre mordue et ton regard ose se perdre sur ses clavicules, son cou et tu te sens rougir car il est effroyablement beau. est-ce véritablement votre titre ? Est-ce vraiment votre prénom ?
et si sa chemise fut victime de ta fougue, sa cravate reste accessible alors tu tires dessus pour sentir son corps se presser davantage au tien, désir qui se fait grandissant au creux de ton pantalon, faiblesse qui prend le dessus.

ft.baron

Si tu as autant peur de lui c’est sûrement
oui, c’est sûrement
à cause des battements de son cœur, qui sous tes doigts, deviennent tes favoris. La façon dont sa peau s’embrase contre la sienne, ses lèvres sur les tiennes, ce véritable ouragan qui te transi. Alors sous les ordres, sous l'égoïste demande tu ne fais que faiblir, les mains qui font chuter enfin sa chemise pour apprécier le bruyant de son palpitant. Mouvement imité et tu te retrouves terriblement nu, vulnérable sous les mains qui viennent quérir ta peau, t’arracher un léger grognement.

Je vous désire, je vous veux, je vous veux ..  répété comme un mantra, prêche le candide de ton âme qui se meurt, prêche l’obsession qui fleurit dans le fond de tes entrailles. Ses baisers sur ton torse alors que le morceau de tissu glisse le long de tes épaules pour chuter lentement sur le bureau, les boutons qui viennent rouler sur le sol, sous la porte, marquent vos secrets d’une présence interdite; la tienne.

Et il porte le nom du diable. Celui qui n’aime pas la lumière. Il porte un bien grand titre, même en enfer il sera prince. Tu te refuses de murmurer ce prénom, maintenant que tu le possèdes, gardé jalousement entre tes doigts, tu ne viendras pas le prononcer si aisément. Il est bien dangereux de chanter les prénoms des démons, tu en perdrais ton âme, tu le sais. Alors si un jour tu te dois de le dire; tu en seras sûr. Il pourra te voler complètement. Mais pas maintenant, pas ce soir, pas tout de suite.

Votre chambre .. Tes doigts dans ses boucles brunes après l’avoir débarrassé lui aussi de son haut viennent chercher à nouveau sa présence, tire dessus avec envie, dans le creux de ta voix il y a ce désespoir, cette envie de te noyer dans ses draps, d’en perdre toute raison. Menez-moi à votre chambre je vous en prie.. frisson qui monte le long de ton dos alors que ton regard se détourne, souffle court, ton dos qui s’arque pour épouser son bassin, roulement d’hanches explicites qui se veut suppliant Si je ne cesse de vous quémander, m’aimerez-vous jusqu’à ce que les astres se meurent ?

Tu ne sais pas si tu crois
à l’amour éternel
tu ne sais pas si tu crois à l’amour tout court
tu es mort tant de fois dans ses bras, à cet ange qui porte le nom des amants
alors tu ne sais plus
mais sous lui, sous son envie montante, sous son regard qui se veut brûlant, trenchant
peut-être qu’il aura, lui, la force d’ôter les derniers espoirs de tes sentiments
ainsi tu ne seras plus rien
et le rien
ne souffre
plus.

ft.baron