Une goutte de sang essuyée d'un revers brusque tandis que tu quittes rapidement la scène de crime. T'avais pas prévu d'aller aussi loin mais les ordres étaient les ordres, et si ce type ne devait pas mourir étant donné ce qu'il devait à Oswin, il ne t'avait pas interdit de t'amuser un peu. Fais ce qu'il faut pour qu'il me paye. C'était bien tombé, t'avais grand besoin de te défouler.

Parce que quoique tu fasses le visage d'Ezra ne quittait pas ton esprit. Il était désespéré et toi t'avais la rage -t'avais juré de la retrouver, la vampire. En vain jusque-là. Tu pianotes brièvement un sms à destination d'Oswin pour lui indiquer que t'as fais ta part du boulot. Le type est inconscient mais bien vivant et t'as une partie de ce qu'il te doit avec toi. Tu vas pour lui donner rendez-vous quand tu t'arrêtes brusquement en sentant une odeur familière pour loin dans l'allée. Elle est faible, pourtant tu la reconnaîtrais entre mille vu les efforts que t'as fais pour la mémoriser. Elle s'est gravée dans ta mémoire avec le visage et les larmes d'Ezra, chez son père.

C'est elle.
Cette grosse pute.

Alors tu te mets à courir dans sa direction pour ne pas la perdre, laisse son effluve t'agresser et te guider des embrumes à la lumière en oubliant tout le reste. Tu ne penses plus qu'à ta traque et à cette odeur, plus qu'à Ezra. Plus qu'à elle et à ce que tu lui feras quand tu l'auras retrouvée. Cette putain de suceuse s'en est prise à la mauvaise personne et elle va payer. T'as juré.

T'as pas fais attention en sortant du croisement menant au chemin de traverse. Tu courais si vite que le choc t'as fait reculer jusqu'au mur à quelques pas derrière toi.

— Putain !

Tu grognes quand ton corps s'y cogne, prends quelques secondes pour capter que t'as percuté une gamine.

Pas n'importe quelle gamine, en vérité.
Tu passes un bras sur ton visage pour en essuyer la sueur qui coule à ton front.
Sens sur ta peau cette odeur que tu pourchasses -c'est elle.

La vampire.

— T o i.

À peine un regard alors que tu profites de son étourdissement pour la relever violemment par le col et la plaquer contre un mur de l'allée d'où tu viens. À l'ombre des grands bâtiments personne ne prêtera attention à vous malgré la proximité du chemin. T'as un bras qui appuie sa gorge et le regard doré de la bête prête à dévorer.

Tu vas la tuer.

— N'essaie même pas.

La voix rauque et menaçante pour la dissuader de tenter quoique ce soit.
Elle ne t'échappera pas.