De ton regard las et effrayé tu les avais observés se détruire encore comme ils le faisaient toujours lorsqu'ils étaient là. Des masques fissurés pour en construire d'autres, des réflexions, des cris souvent, des coups parfois. Mais toujours le même dénouement -et Friday avait quitté la table en même temps que ton coeur t'avait lâché sûrement. Les poings serrés forts sous la nappe pour que personne ne remarque rien, tu n'avais pas eu d'autre choix que de prendre sur toi pour le reste du dîner. Sourire un peu pour empêcher les larmes de monter, fuir les regards coléreux des tes frères pour te concentrer sur ton assiette. Il n'y avait que les mots que tu entendais encore et encore, incapable de t'arracher les oreilles pour ne plus avoir à les écouter.
Un jour de semaine classique chez les Stuart, rien qui ne change du lundi jusqu'au dimanche depuis que ta mère n'est plus là. Et à chaque fois que tu les vois elle te manque un peu plus, parce que Patty avait toujours eu les mots pour calmer les tensions. Alors malgré les disputes les fins étaient rarement catastrophiques.
Mais elle n'est plus là, Patty.
Et toi comme une idiote t'as décidé de reprendre son rôle.
Faire comme elle pour ne pas l'oublier et rejoindre le grenier après avoir salué ton père. Parce que tu sais qu'il n'est pas ailleurs. Que cet endroit est sûrement autant son refuge que le tien lorsque l'un ou l'autre n'est pas là.
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Friday ?Tes doigts pour ouvrir doucement la fenêtre en même temps que tu l'appelles. T'es sur le point de le rejoindre sur le balcon quand sa voix t'arrête.
Casse-toi. Si implacable que tu sens ton estomac qui se tord et tu te mord la lèvre pour ne pas déjà craquer. C'est fou ce que t'es devenue encore plus sensible depuis la disparition de ta mère.
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Je-Tu manques d'air pour continuer, ça te fait toujours souffrir ces réactions qu'ils ont. Qu'est-ce que t'as bien pu faire pour mériter tout ça ? Va savoir, c'est vrai que malgré tous tes efforts tu n'as jamais été à la hauteur. Alors au final ça n'a rien d'étonnant.
Lentement, tu prends une grande inspiration puis glisses à tes lèvres un petit sourire fébrile. C'est bien parce qu'il est ton frère que tu n'es pas déjà partie en courant.
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Je suis bien ici, je ne veux pas partir.Puis tu t'avances alors avec précaution pour le rejoindre sur le petit balcon. Tu ne lui demanderas pas s'il va bien, vu comme il est tu sais qu'il va encore t'envoyer bouler et t'es pas sûre d'être en mesure de le supporter. Tu t'accoudes contre la vieille rambarde pour laisser ensuite ton regard parcourir le ciel. Les étoiles sont toujours aussi belles, ça t'étire un sourire plus tendre et apaisé.
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On peut partager, non ?