Jeunesse Décousue

Les Insomnies.

Les amies indicibles des nuits qui semblent ne jamais finir. Calée dans le creux du rebord d’une fenêtre, une pile de livres à porté de main, potions, sorts, comme par peur de manquer, comme par ennui, d’années bien supérieure à celle en cours. Parce qu’il est stupide de rester sur des acquis faciles. L’ambition ne s’arrête pas à être premier.

Iris pour lorgner à l'extérieur.

Clovis.

Comme si le fait d’être Gryffondor ne suffisait pas, apparemment les balades nocturnes dans la forêt interdite, nues, venaient rajouter à la honte présente. A croire que les limites ne sont jamais atteintes. Mes doigts qui viennent graciles refermer mon livre, foudroie du regard ta chevelure blonde, ton sourire stupidement satisfait.

Uriel aurait honte.

Et ça me rend d’autant plus agacée. Parce qu’un jour, je le sais, ta famille sera la mienne, Uriel sera mon mari, parce que je fais tout pour, et je ferai tout pour. Pas question de te laisser entacher ce nom, pas question de te laisser entacher ta condition de sang pur. Je te regarde venir dans ma direction, vers les cachots des serpentards. A croire que tu n’attends que ça que je te mette en pièces.

Glisse hors de là où je suis juchée, appuie mes mains, entends la porte.

— Nouvelle lubie des Lestranges de partir en vadrouille de nuit dans la forêt interdite ? Ou c’est l’effet Gryffondor qui t’a s poussé à perdre tes vêtements ?

Le ton est piquant. Le sourire amusé. Mais mon regard quand finalement il se pose sur toi, il est réprobateur.

— Que je sache à quoi m’attendre si je me retrouve seule avec ton frère, si c’est de famille. Ou si il faudra juste prévenir ta future femme que tu ne sais pas à ton âge t’habil-

Les mots restent coincés à ma gorge, parce que t’es le premier garçon que je vois de si près si peu vêtu, alors j’ai du mal à tenir mes hormones à l’instant T et à me reprendre, racle ma gorge, soupire. Détourne mon regard.

— Heureusement qu’à part moi personne n’a rien vu.

Jeunesse Décousue

S’il n’est qu’on peut difficilement être plus agaçant. Le bâillement significatif en pleine figure, moins 10 points pour Gryffondor. La comparaison d’une jeune fille en fleur à une grand-mère grabataire ? Ouh. La palme pour Clovis Lestrange. Vipère naissante, l’égal d’un rictus qui vient se loger à la commissure de mes lèvres, inspire des mauvaises idées qui me traversent. La vengeance vaudrait le coup.

— Mais quelle révélation Lestrange, c’était donc ça mon problème depuis le début !

Un rire presque, mauvais, discret, désagréable alors que le rictus s’allonge, à mesure que mon sarcasme s’impose.

— Venant d’un type à moitié nu, qui ne vit que pour attirer l’attention de la pire des manières, au point que le reste de la plèbe le pense Sang-mêlé, je dois avouer que tu fais preuve d’une immense clairvoyance.

Darde sombre sur toi alors que tu déprécies ton frère.

— Uriel est très bien. Tu devrais t’en inspirer. On ne gagne ni le respect inéluctable des gens, ni leur admiration convenant à notre rang en se pavanant en serviette. Les groupies oublient Clovis, les gens que tu impressionnes, ou terrorisent par contre ne t’oublie jamais.

Y’a une part étrange qui en vient à t’envier parfois. Jalousie déplacée, car nullement je ne voudrais être vu de la façon dont tu te présentes. Mais ta liberté, je la hais. Mes joues que je sens devenir rosées, furieuse, alors que j’inspire pour me reprendre. Mouvement de recul de mon buste quand tu approches, avant de reprendre ma pleine constance.

— On a pas tous le choix. Tu n’auras d’ailleurs pas le choix non plus de m’inviter au tien, à ton grand damne.

En tant que femme je ne serais jamais héritière. Je serai toujours une pièce rapportée. Si je ne fais pas un bon mariage je serais oubliée. Sans intérêt. Les Blacks sont discrets, dans l’ombre, mais j’ai toujours voulu baigner même un peu dans la lumière. On veut toujours ce qu’on a pas. On a toujours voulu de moi la perfection, et je reste coincé dans ce rôle. Et ça me rends dingue que toi tu sois si libre.

— Je me ferai même le plaisir discret de te faire boire un sérum de vérité avant le jour du mariage. En espérant ne rien trouver de trop indécent.

Jeunesse Décousue

Langue qui claque au sombre du palais.

— Mais oui bien sûr, et devenons des singes qui se dénudent à la moindre occasion aussi finalement. Grande question de pourquoi j’ai toujours mes vêtements.

Affres d’une vie différente, toute ma vie est construite sur la base cette particularité, comme toi Clovis, je ne risque pas de la nier pour finir de me perdre.

— Quel intérêt il y a-t-il à être comme tout le monde ? A ne pas avoir d’importance.

Tu ne comprends pas. Tu ne comprendras jamais. Tu ne peux pas comprendre.

— Il remplit ce qu’on veut de lui. Comme je remplis ce qu’on veut de moi. Je ne force pas pour lui plaire navrée de te décevoir.  Je vois plus loin que d’être une groupie en manque d’attention voulant finir poule pondeuse.

Jalousie, Jalousie, parce que tu es libre. Je ne le serais jamais. Tu appuie pile où ça fait mal, où la vérité est et ça ne m’en rend que plus amère, accentue le désagréable de mon sourire.

— C’est sur qu’on a tous le loisir de choisir ce qu’on veut faire, tout en gardant le respect de notre nom. J’ai de l’ambition, mais pour la réaliser je dois faire plus que d’attendre que tout me tombe tout cuit dans la bouche. Le malheur d’être né fille sans doute.

Mes cils qui papillonnent à ton encontre alors que tu es assis là à rire. Avance lentement à ton encontre, mes doigts qui glissent rencontrent ta mâchoire, j’inspire, déglutis, fais tout pour garder mon calme.

— Je me demande qui devrait revoir son plan de carrière. La fille qui finira par se faire un nom qui n’est pas le sien tout en s’assurant une vie dans une cage dorée. Ou le type sans avenir qui crève de l’attention de son père qu’il n’aura jamais, parce qu’il ne veut pas faire face à ses propres responsabilités.

Glisse mes doigts jusqu’à ton menton.

— Je me demande qui sera le plus heureux.

Sourire angélique forcé. Avant de retirer mes doigts, mes ongles qui en partant griffes légèrement ta peau.

— Ou plutôt lequel devrait vraiment revoir son plan de carrière. Parce que je te laisse volontiers les regards de déception pour tous ceux envieux que je recevrais.

Jeunesse Décousue

Je reste silencieuse, réfléchis vraiment à cette phrase aussi alambiquée qu’elle peut l’être. Ce n’est donc pas la verbe qui manque, seulement une question de flemme dans ce cas. Replace une mèche à mon oreille délicate.

— Problème étant que je refuse d’être personne. Oh combien cela tranche avec la discrétion naturelle des Black.

Je veux qu’on me regarde, je veux qu’on me voit. Je ne veux pas n’être qu’une ombre qui disparait à la lumière d’autres. Je veux un nom. Je veux qu’on se souvienne. Je veux exister. Qu’on ne fasse plus taire de ce geste de la main que tu esquisses, pour me taire, alors que les mots qui suivent ne sont là que pour n’être désagréables. Supériorité que je ressens, mais ne peut te blâmer Clovis, toi comme les autres vous baignez dans ce que je n’effleurerai jamais. La reconnaissance naturelle d’être un fils. Et la fierté lourde qui sied avec.

Tu grimaces parce que j’évoque ton père. Les pères sont toujours le problème dans nos familles. Leur attention donnée au compte goutte, la déception déversée par seau. Et la fierté presque impossible à décocher. Toi, Moi, le fond n’en reste pas moins le même.

On crève d’une attention qui ne sera jamais nôtre.

Ta raillerie, ton rire, attire légèrement le mien, et je te hais pour ça. Autant que c’est agréable. Léger sourire en coin amusé que je cache au derrière de mes doigts fins.

— Il y a pire, il pourrait être stupide, ou laid. Ou tu pourrais m’épouser moi. Que pourrait-il y avoir de pire que d’épouser Uriel Lestrange, à part te retrouver marié à Darya Black. Heureusement pour toi, ton frère veut prendre le fardeau. Uriel quel Saint.

Un brin de sarcasme, d’ironie, de vérité. Personne n’est dupe pas vrai. Qui voudrait d’une femme incapable d’aimer. Loyale certes, parfaite, jusqu’au détail d’où les émotions viennent se mêler. Inspire doucement, les mèches noir jais qui retombent sur mon buste, détends un peu mes épaules, peut-on vraiment l’être. Cordiaux. Il vaudrait mieux. J’imagine.

— J’imagine que l’on devrait pouvoir. On doit bien avoir des points communs. Hormis notre désagréable besoin d’attirer l’attention de nos géniteurs.

Mes bras qui viennent se serrer autour de moi-même.

— Je suis curieuse de savoir ce que tu aimes dans la vie Clovis, pour ce qui est des activités qui comportent d’avoir des vêtements.

Sourire en coin que rapidement j’étouffe, me concentre sur tes yeux, refuse de regarder plus bas, mais le malaise que je cache reste diablement présent. N’as-tu aucune pudeur ? Et si quelqu’un venait ? Je n’aime mieux pas y penser.

Jeunesse Décousue

Arque le sourcil un instant, interrogation, au songe des mots qui passent ta bouche.

— Mais est-ce que tu ne te nie pas déjà en refusant cette part de toi, qui fait de toi un Sang-Pur ? Par exemple.

Parce que c’est une part de ton sang, si tu refuses de te nier, ça veut dire tout embraser chaque morceau. Je ne voudrais en embrasser chaque morceau. Sais-tu seulement qui tu es ? Parce que c’est quelque chose que je trouve bien brumeux de mon côté.

Rictus amusé à mes lèvres quand tu manques de t’étouffer, je ne le prends pas mal, et la pique qui suit me tire presque un sourire, un sourire plus doux peut-être. Le clin d’œil est agréable, plus que je ne l’aurais pensé.

— Fichtre j’aurai dû te croiser ce soir, j’aurai pu hanter tes nuits.

Clin d’œil discret mais rendu. Ta façon de te tenir est too much. Manque d’élégance, de tenue, grimace contenue alors que je déglutis. Je me demande sincèrement pour quel bougre tu te prends. Si je peux te laisser un sarcasme voir un humour presque appréciable, la façon dont tu te tiens par contre Clovis, est indigne de ton rang.

Et la liste n’a vraiment rien de reluisant. Banalités sans nom. Rictus forcé.

— Non rassure-toi, j’ai encore un peu de fun, j’aime manger, même si ça doit te surprendre, je sais que la légende raconte que je ne me nourris pas en tant que Serpentard.

Rictus moqueur. Sarcasme au galbe de mes lèvres.

— Pour le reste ce n’est pas parce que moi je n’écarte pas les cuisses, que les autres s’en privent. Il suffit de voir Riley, et son tableau de chasse, toutes les autres crèvent de faire de même.

Rictus moqueur, mauvais.

— Se taper le préfet des Gryffondor de nuit, dans la cour du Château devant tous les curieux. On ne manque pas de fun.

Attrape un de mes livres. Legilimancie.

— Je ne manque pas de fun, regarde j’en cherche en entrant dans la tête des autres. Je me demande ce que ça donnerait si je pénétrais la tienne. Surement que je serai moins coincée après ça. Et dépucelée sans avoir rien eu à faire.

Sourire forcé, appuyé, le faux, jamais le vrai, exagéré.

— Vraiment un panel de passion unique que tu embrasses, je suis…stupéfaite. Bientôt tu vas me dire que tu aimes le Quidditch et là je me demanderai si tu es fou d’aimer un sport si inconnu.

Fous toi de moi Lestrange, et je me ferai toujours le plaisir de faire de même.