Tu es partie sur un coup de tête un peu avant la fermeture de la boutique que tu as confiée à Eamon. Le visage fermé et les poings serrés sur tes affaires, t'as claqué la porte avant de transplaner chez vous, au manoir Fawley. Mais là tu ne t'y es pas attardée, parce que tu ne supportes plus de t'attarder. Ni d'attendre. Tu ne veux plus, c'est assez. Tu as trop attendu. Trop trop trop, des heures, des jours, des semaines, des mois. Des années. Trois putain d'années que tu patientes et là tu craques. Alors tu es rentrée, à peine un bonsoir avant que tu ne files dans le bureau de Jasper après t'être assurée qu'il n'y était pas et tu t'es servie. T'as pioché dans ses affaires sa cape d'invisibilité que tu savais cachée -oh il va être furieux ton frère mais qu'importe parce que tu l'es, toi aussi. T'es furieuse et tu enrages mais ils se mettent tous des œillères en pensant que ça ira mieux.

Ça n'a jamais été mieux.
Parce qu'à refouler ta peine, ton deuil, ta colère, tes questionnements -tout! Ça n'a fait qu'empirer. T'es pas faite pour être parfaite Iphi, t'es pas faite pour être une Fawley et la pensée t'arrache le coeur mais tu sais que c'est vrai. Jasper va te tuer, et si ce n'est pas lui ce sera sûrement votre mère ou Rosalia. La main qui se pose rageusement sur la poignée alors que tu vas pour sortir, la cape soigneusement rangée dans ta besace sans fond. Tombe sur ta mère, comme par hasard et tu te figes.

— Iphigenie.
— Mère, bonsoir.

Un sourire poli (forcé) alors qu'elle te demande ce que tu fais dans le bureau de ton frère absent. C'était prévisible bien sûr. Tu ne cesses pas de sourire.

— Je déposais simplement un document sur son bureau, pour le salon.

Du coin de l'œil elle peut l'apercevoir, même à cette distance, le fameux document. Même sur un coup de tête, tu n'as jamais été du genre à agir sans un minimum de préparation après tout. Du moins pas tout le temps. Pourtant elle semble toujours suspicieuse, mère vipère, alors tu ne lui laisses pas le temps d'en rajouter avant de t'échapper. Tu sors de là avant qu'elle n'ait le temps de raconter à qui que ce soit les déboires de sa fille mal élevée et tu transplane, sans te préoccuper du fait qu'elle te regarde par la fenêtre.

Elle ne t'arrêtera pas, ta mère.
Parce qu'elle n'attend que ça de te voir plonger, pas vrai ?
Parce qu'elle n'est pas parvenue à assez t'étouffer tu es persuadée qu'elle préfèrerait te voir crever -t'en sais rien vraiment, mais tu le ressens. Si tu n'es pas là elle pourra finir de formater Jasper. Si tu n'es pas là alors-

Peu importe.

Tu atterris dans une ruelle adjacente au ministère dans le Londres moldu. Il fait noir et il n'y a personne alors tu en profites pour enfiler ta cape d'invisibilité et te glisser dans la cabine des visiteurs. Tu sais parfaitement que malgré l'heure tardive certains sont encore présents et la sécurité est élevée. Alors tu redoubles de vigilance pour rester la plus silencieuse et discrète possible sur le chemin qui mène au département de la justice magique. Au bureau des aurors que tu ne prends pas le temps de regarder, jusqu'à celui de Clovis dans lequel tu t'engouffres rapidement après t'être assurée qu'il n'y es pas.

Puis tu commences à chercher. La baguette à portée de main et la cape toujours autour de toi tu chaque tiroir, regarde chaque dossier, chaque note présente dans l'idée de trouver des réponses. Tu ne sais pas ce que tu cherches précisément mais tu cherches, Iphigenie. Et tu trouveras, peu importe comment.

Tu trouveras.

Tu fouilles, ton regard qui se pose sur chaque dossier, chaque objet qui entre dans ton champ de vision en essayant de trouver un indice, n'importe quoi qui saurait t'aiguiller et te donner l'ombre d'une piste. Sur le bureau de Clovis tu aperçois le dossier de Tom que tu écartes du tas sans l'ouvrir directement, puis un dossier à votre nom. Tu viens le feuilleter rapidement, assimile rapidement ce que tu en comprends à la première lecture avant de le poser sur celui de Tom pour continuer tes recherches. Ce dossier ne raconte rien que tu ne sais pas déjà alors tu ne perds pas de temps, ouvre les tiroir, sors, remets. Tu te figes un instant lorsque tu vois la boîte à bijou, étire un sourire plein d'ironie alors que tu l'ouvres pour en contempler la magnifique bague qui s'y trouve.

— Celle-ci n'est sûrement pas pour Jasper.

Ta tête qui oscille de gauche à droite un instant, presque dégoûtée. Tu n'as pas tous les détails mais tu sais que Clovis est passé au manoir il n'y a pas si longtemps, et si les elfes ont pour une fois plutôt bien tenu leur langue, tu as appris plus tard qu'il y avait aussi passé la nuit. Tu devrais être heureuse qu'ils se réconcilient enfin et pourtant tu ne l'es pas vraiment, au contraire tout ça t'agace. Depuis quand es-tu devenue aussi égoïste Iphigenie ?

Ça te donne envie de te mettre des claques.
Mais pas aujourd'hui.

Tu te redresses pour finalement attraper le dossier à votre nom devant lequel tu glisses le rapport d'Azkaban trouvé sur le bureau, après avoir fait un dernier check-up rapide des tiroirs. Et tu lis, intriguée. Tu en arrives à peine au bout quand ton attention se porte sur la porte qui s'ouvre de nouveau. Merde. T'as le réflexe de rentrer tes mains et les documents que tu tenais sous la cape pour les glisser dans ta besace juste avant que le son de sa voix ne gronde.

Homenum Revelio.
C'était sûr.

Sa surprise et son silence te laissent de marbre, tu te contentes de le regarder. T'aurais adoré avoir l'impression de le retrouver et pourtant ce n'est absolument pas le cas. À ses mots tu te sens bouillir encore un peu plus, tu croises les bras, une main toujours proche de ta baguette sans pour autant chercher à la saisir.

— J'aurai aimé te dire qu'il s'agit d'un malentendu.

Tu aurais sincèrement aimé n'avoir à jamais faire ce que tu viens de faire, en effet.
Qu'est-ce que tu fiches ici ?! Ça résonne trop fort dans ta tête alors que tu réponds sèchement.

— Qu'est-ce que tu crois que je fais ici ? Je cherche des réponses, Clovis. Des putain de réponses à toutes ces questions qui n'en ont pas depuis que tu es mort !

Parce que tu n'en peux plus de ne pas les avoir.

— Mais si j'étais venu toquer à ta porte avec un rendez-vous, tu ne me les aurais pas données, pas vrai ?

Lui, Jasper. Personne ne répond jamais aux questions que tu poses, tout le monde dévie sans se rendre compte à quel point tout ça t'impacte aussi. À quel point ça te bouffe le l'estomac pour te rendre complètement folle.

Tu baisses les yeux un instant sur le bazar que tu as crée dans ses papiers avant de le relever vers lui.

— Rassure-toi, c'était déjà le bordel avant que je n'y mette le nez.

— Aucune, vraiment ?

Tu le toises de toute ta hauteur alors qu'il prend place contre la porte, tu hausses les sourcils un peu perplexe. Croit-il vraiment que tu puisses t'échapper ? Il n'en est pas question. Maintenant que tu as été attrapée tu veux des réponses et tu insisteras autant qu'il le faudra pour les avoir. Quitte à briser le peu du lien qui subsiste entre vous et qu'il en vienne à te détester. (tu te mens)

Sans un mot tu tires son fauteuil pour t'y assoir confortablement, croise les jambes et y laisse tomber tes doigts entremêlés. Tu n'es pas chez toi mais c'est tout comme finalement, non ? Pas vraiment. Ce n'est pas grave, tu feras avec.

— Je ne suis plus indemne depuis bien longtemps.

Lâché un peu froidement tandis que tu le fixes sans ciller. Parfois quand tu y penses, tu n'es même pas certaine de l'avoir été un jour -sûrement que oui, aux premières heures du jour et sous leurs sourires, à Jasper et lui. Et c'est quand tu le regardes ainsi que tu te rends compte à quel point il te manque lui aussi.

— Pourquoi es-tu parti ? Si je te le demande de cette façon, tu vas me répondre ?

Ce n'est pas la seule question qui te brûle les lèvres, alors tu ajoutes, avant qu'il ne puisse se permettre de rétorquer. Le bleu de tes yeux dans les siens, c'est bien l'enveloppe charnelle de Clovis que tu as devant toi. C'est bien son corps oui, mais tu n'es pas tout à fait certaine du reste.

— Je t'épargne le passage des trois années d'enfer que tu nous as fait vivre pour arriver directement à ton retour. Juste après la mort de ta famille. Clovis, tu me connais, tu sais que j'adore les coïncidences mais celle-ci est bien trop grande même pour moi. Et puis même sans ça, même sans ça est-ce que j'ai raison de croire que tu n'étais pas toi-même lors de notre dernière rencontre ?

Tu lui demandes mais quoiqu'il puisse en dire tu restes intimement persuadée que quelque chose clochait, et si aujourd'hui il te semble plus maîtrisé, quelque chose cloche toujours.

Le souvenir qui te revient en mémoire alors que tes pupilles cherchent machinalement ses mains. À la vu du métal scintillant tu fronces les sourcils.

— Tu l'as toujours la chaîne. avant de reposer ton regard dans le sien. Elle te va plutôt bien.

Pas vraiment.

— Tu surinterprètes mes mots, je n'ai plus la patience de jouer à ça.
Au martyre.

Léger sourire en coin qui s'étire à tes lèvres alors que tu t'évertues à ne pas le quitter des yeux, cherchant à travers chacune de ses expressions la moindre faille à exploiter. Tu poses les questions, persuadée qu'il n'y répondra pas. Ça n'aurait aucun sens qu'il le fasse, n'est-ce pas ? Et lorsqu'il te donne raison tu souris encore, souffle un rire jaune par le nez en le fusillant du regard.

Ça t'énerve mais tu fais au mieux pour garder ton calme et ne rien laisser paraître.

— J'en étais sûre.

Et c'est précisément la raison pour laquelle tu es là, ces réponses qu'aucun ne donne.

Il est parti pour fuir quelqu'un.
Il est revenu pour l'arrêter.
Soit.

Tes épaules que tu hausses lorsqu'il te dit être désolé. Qu'il a souffert comme vous avez souffert et tu imagines que c'est vrai, ce n'est pas quelque chose que tu iras remettre en doute. Pourtant tu n'y réagis pas plus que ça, bien loin de tes regards pleins de compassion et de peine de la dernière fois. Tu laisses ta peine au fond de ta tête, bien rangée sous des couches de agacements et de frustration. De colère aussi. Pourquoi ils s'obstinent tous à être désolés alors qu'ils continuent à te blesser ? C'est stupide. Lui, Jasper, c'est stupide comment tu te coules toi-même pour essayer de les garder à flot sans succès.

Tandis qu'il s'approche, aussi dominant qu'il sait l'être, tu te redresses un peu dans la chaise, lève le menton, ton regard est droit. Vous ne vous êtes toujours pas quitté des yeux et lorsque tu mentionnes la chaîne à son poignet il tique. C'est précisément ce genre de détail dont tu as besoin, parce que ça confirme tes soupçons quelque part. Ceux que Jasper n'avait pas cru mais que toi tu savais fondés, tout au fond.

Ça cloche.

— Tu n'as pas répondu à ma seconde question, mais je ne pense plus que ce soit nécessaire maintenant. Tu es différent de l'autre fois, qu'est-ce qui a changé ? Attends, laisse-moi deviner.

Tu te lèves à ton tour pour lui faire face, tente de dévier un peu pour mieux le prendre par surprise -tu en profites pour assouvir ta curiosité

— Jasper ?

Laisses planer quelques secondes et un silence lourd de ces sens que tu ne possèdes pas au complet avant de te pencher sur le bureau pour poser volontairement tes mains sur les siennes, au contact de cette chaîne qui ne t'inspire rien. Ça cloche.

Ton regard dévie le temps d'une secondes sur vos mains lorsqu'il dégage brusquement celle qui possède la chaîne -et si tu ne dis rien c'est bien parce que ses questions t'arrachent un râle d'agacement que tu ne prends même pas la peine de cacher. (mais tu notes, confirmes) Tout comme tu notes le rouge à ses joues alors que tu le regardes de nouveau, ta seconde main toujours sur la sienne.

— Par tous les dieux c'est pas possible d'être aussi bête. Je sais que tu es venu au manoir il n'y a pas longtemps et que tu y as passé la nuit.

Tu tais le fait que tu n'ais aucune idée de ce qu'il est venu y faire durant la journée, tant pour le perdre un peu que pour te satisfaire de ses réactions. C'est une petite vengeance, pas grand chose mais tu n'as pas besoin de plus pour te détendre un peu.

— Jasper a toujours eu de l'influence sur toi, et tu en as toujours eu sur lui. Vous me pensez aveugle ? Tu comptes lui dire à mon frère que tu as une bague de fiançailles planquée dans ton bureau ? Enfin, tu fais bien comme tu veux.

Leurs histoires de coeur ne te regardent pas mais tu ne peux t'empêcher de repenser à ce que tu as aperçu en fouillant tout à l'heure. Tes sourcils se froncent légèrement avant que tu n'affiches une mine perplexe quand il te dit n'avoir pas tant changé.

Foutaises, Clovis.
Foutaises.

— Tu as changé. Nous avons tous changés, toi, moi, et ce n'est pas un mal. Ce qui est mal en revanche, c'est la distance que tu imposes entre nous. De quoi t'as peur, hein ? Merde Clovis, et après tu oses t'étonner de ma présence ici.

C'est à croire que tu adores passer du coq à l'âne.

— Tu dois vraiment être bête si tu crois qu'éloigner tes proches est une solution.

Qu'il réfléchisse seulement aux personnes qu'il souhaite briser. Ta main qui lâche la sienne, tu contournes le bureau pour te retrouver debout face à lui sans plus rien que l'air entre vous. Il n'y a que quelques centimètres à peine et pourtant l'abîme te paraît immense. Il pourrait être effrayant si ce n'est pas Clovis de l'autre côté, pourtant tu n'as pas peur, moins encore quand tu relèves la tête pour le regarder.

Puis de nouveau ta main pour attraper la sienne, la chaîne. Tu fronces les sourcils en forçant sur ta prise pour le gêner. Qu'il se retire encore, tu le sens quand même. C'est sombre ce qui se dégage de cet objet. Sombre et fascinant. Réellement effrayant. Avant qu'il ne s'énerve pour de vrai, tu te recules de quelques pas et croise tes bras sous ta poitrine.

— Ta disparition, cette chaîne, ton retour après les attentats -tout est lié, pas vrai ? Clovis réponds-moi.

Sa réaction te laisse comprendre qu'il n'en a pas l'intention, et tu sais que ce genre de chose, plus encore que le fait de t'incruster dans la vie de Clovis comme tu le fais déjà, ce n'est pas à toi d'en parler. Après tout tu n'es même pas censée être au courant, pas vrai ? Tu ne connais même pas l'état actuel de leur relation. Ce que tu sais en revanche, c'est que voir cette bague te rend triste, autant pour eux que pour toi. Elle te rappelle les efforts de Jasper pour te marier, elle te rappelle l'adolescence, Izar. Elle te rappelle ses sourires et tes rejets. Te ramène brutalement à cette réalité où tu n'as pas vraiment le choix. Aimer ça ne veut rien dire pour les gens comme vous. Ça n'existe pas.

— Tu te rappelles de ce que je t'ai dis la dernière fois ?
— Je n'ai rien à te dire. Tu devrais prendre de la distance avec ce monde-là.

Comment l'oublier ?

— Tu te souviens de ma réponse ?
Non.

Tu ne t'arrêtes pas en si bon chemin, t'autorises à lui faire la morale en légitimant ta présence ici. Il n'y a aucune raison valable à tout ça si ce n'est ton propre égoïsme et tu le sais, mais tu ne peux pas t'en empêcher. Tu veux des réponses (tu veux les sauver, tous les deux). Comment reculer alors ?

Le poing contre le bureau qui t'arrache un léger sursaut. Deux pas en arrière, les bras croisés tu le regardes sans ciller. Sans répondre non plus. Il vient à toi se saisir de ton menton et rapprocher vos visages -Clovis se fait supérieur et tu te demandes un instant s'il y croit vraiment. Esquisse narquoise à tes lèvres alors que tu l'écoutes encore. Une boucle sans fin c'est vrai, sauf si l'un de vous craque en premier non ? Et ce ne sera pas toi, tu te l'es juré.

Puis les mots de trop qu'il sort, Jasper qu'il évoque. Un accident. Tu blêmis d'un coup, incapable de cacher ta surprise.

— Quoi ? Il-

Il a fait quoi ?
Il ne t'avait pas cru.
Il ne t'avait pas cru et voilà qu'il-
Merde.

La colère soudain qui s'échappe, contre lui, contre ton frère, contre toi aussi. Alors tu viens te dégager de sa prise d'un mouvement sec de la tête avant de le pousser brusquement contre le bureau derrière lui.

— Et pourquoi tu crois qu'il s'est entêté, HEIN ?

Tu es furieuse Iphigenie. Tes doigts pour s'agripper au col de la chemise de Clovis, tu te colles à lui, qu'il puisse contempler toute cette rage que tu gardes enfermée en toi depuis si longtemps. Toute cette inquiétude, toute cette peur qui transparaît dans ta voix malgré sa dureté. Vos regards qui se croisent, tu n'es pas loin de lui donner un coup de tête pour le réveiller.  

— Qu'est-ce qu'il s'est passé, qu'est-ce que vous avez fait ?

Préfère à la place le secouer une fois, peut-être deux avant de le relâcher pour t'éloigner de quelques pas. Les mains sur ton front, tu prends une inspiration pour tenter de te calmer mais ça ne fonctionne pas (évidement) alors tu te tournes de nouveau vers lui.

— CLOVIS !

Réponds.

Sa main à ta joue pour figer ta colère, assez forte pour t'en faire tourner le visage sur le côté. Tu ne sais pas combien de temps tu restes ainsi, immobile et les yeux grand ouverts à réaliser ce qu'il vient de faire. Pas longtemps, sûrement, puisque tu as le temps de relever les yeux vers lui avant qu'il ne te prenne dans ses bras. Ce n'est pas tant la gifle que la personne qui te l'a donnée qui te marque. Ce n'est pas tant la gifle, se sont les excuses qui suivent qui te marquent.

Ça fait mal.
Physiquement.

Mentalement tu es sûrement beaucoup trop instable pour ressentir quoique ce soit pour l'instant. Rien d'autre que de la colère alors que tu inspires lentement. Une fois. Tu n'en peux plus. Pourquoi il s'excuse ? Je suis désolé. Non. Non ce n'est pas vrai. Brusquement tu viens défaire l'étreinte en plaquant tes mains contre son torse pour te dégager, puis tes doigts glissent jusque l'arrière de son crâne, viennent empoigner brutalement ses cheveux avant de l'attirer à toi dans un râle enragé pour lui donner un violent coup de tête. Sonnée par le choc, tu resserres un peu plus ta prise après ça pour te pas t'écrouler au sol. Il te faut bien quelques longues secondes avant que ton souffle effréné ne se calme et que tu sois capable de prononcer le moindre mot.

— La ferme.

Parce qu'il est aussi stupide que toi.
Ça résonne presque aussi fort que les vertiges dans ton crâne. Tu souris, lâches un souffle amer avant de reprendre.

— C'est parce qu'on t'aime. Putain mais à quel point tu es con pour ne pas voir ça !?

Vous l'aimez. Tu les aimes.
Jasper et Clovis sont ta famille, ta seule vraie famille.

— Garde tes excuses pour ceux que ça intéressent et parle-moi.

Ton regard qui cherche le sien, sérieux, agacé.

— Tu sais qu'avec les éléments que j'ai déjà je trouverai mes réponses Clovis, alors parle-moi s'il te plaît. Ne m'écarte pas toi non plus et laisse-moi t'aider.

Parce que tu as bien compris, même si tu ne lui en tiens pas rigueur, que c'est cette même main. Cette même main et ce même regard que la dernière fois. C'est cette chaîne qui cloche. Pourquoi vouloir à tout prix t'en éloigner sinon ?

— Raconte-moi ce qu'il s'est passé avec Jasper. Je ne supporte plus de vous voir vous effondrer.

Murmures les derniers mots alors que tes yeux se ferment et que tu tentes de recentrer tes pensées, toujours un peu sonnée.