Avalon sous les flots, papiers sous les doigts, pages déchirées éparpillées. Le regard qui s’écoule çà et là sans trop savoir, épuisé et morne déjà alors qu’il est pourtant assez tôt dans la soirée. Les volets mi-fermés dans le cadre de fenêtre ne voit rien, comme une nuit (ou une journée) comme les autres, avec le désir d’incinérer le monde pour destination.
Joue avec son crayon - trop d’informations sous ses doigts, sous ses yeux qui roulent et brusquement il a l’envie, presque trop soudaine de se faufiler plus loin. En dehors car épuisé ; pas l’heure de travailler mais peut-être celle de s’évader un instant, et il doit boire un truc. De ses doigts, il replace lentement les mèches trop vives, remet en ordre son esprit trop brouillé ; mais il reste suspendu sous le ciel obscur. Si tôt dans la soirée, par chance qu’il n’était pas si tard pour s’évader un moment.
Et il se faufile jusqu’à sa destination sous le clair de lune, qu’il observe d’une oeillade admirative. Si lumineuse dans le ciel elle dessine ses propres traits, sous les faisceaux lunaires sa peau lactescente.

Entre discrètement, comme toujours. Il a l’habitude, de ces lieux bondés le soir ; déjà fréquentés mais jamais pleinement appréciés. Dans son esprit parasité les seules foules qu’il perçoit sont brûlées, à moitié consumées par le silence qu’il espère. Des cendres blafardes ; comme son coeur au fond. Un peu trop malheureux et abîmé par sa colère. Avalon s’avance et ;
— Bonjour. A déjà oublié l’éveil de ce début de sorgue. Mais peu importe car aussitôt ses pas prennent fin quand il trouve place ; son regard est désespérément lointain, trop lointain. Les orbes trop implantées dans une pénombre réfléchie, murement. Lourdement à la suite qu’il énonce sa commande et se déplaît de ce bruit de fond dérangeant, si’l avait su, il serait probablement resté chez lui. Mais il s’était faufilé jusque ici, pour le meilleur et pour le pire.

Alors quand il reçoit sa commande, il fourre automatiquement son nez dedans - sans un regard d’un côté ou d’un autre. Mais il y a cette présence devant lui ; une chevelure d’opale et un masque sagement déposée. Est-ce ce nombre d’heures de sommeil manquées qui se jouent de lui, où est-ce terriblement étrange ? Avalon n’a nulle idée mais la fatigue avait bien vite empiété sur sa capacité à analyser ce qui l’entourait. Il savait néanmoins une chose, c’est que le son propagé par le portable de ce jeune homme était désespérément trop bruyant. Impossible même de fermer les yeux s’il le désirait.. Le désirait-il, au final ? Il n’en avait que faire, comme il n’avait que faire de se questionner sur ce visage presque familier.. Trop familier. Ça n’envisageait rien de bon, quand c’était le cas.

— Hé. Qu’il interpelle, trop fort ou pas assez peu importe - les tonalités ambiantes sont bien assez élevées après tout. Ton truc fait beaucoup trop de bruit. Agacé les sourcils froncés. Un peu trop épuisé et facilement irritable. Comme toujours finalement ; c’est qu’il y a tellement de rage dans un si petit corps qu’on excuse tout par n’importe quoi. Alors peu importe qui et peu importe pour quelles raisons. En réalité, peut-être Avalon savait-il parfaitement à qui il avait faire, et peut-être que c’était une raison de plus pour être bien décidé à embêter l’un d’entre eux.

L’impulsivité à ses raisons que d’autres ignorent. Tout fonctionnait ainsi pour Avalon, l’agressivité était mer de sureté ; c’était comme ça qu’il avait toujours procédé. Les personnes qui se courbaient finissaient toujours par en payer le prix - fut un temps s’il s’était laissé faire, il en aurait payé le prix fort. C’était impensable ; il riait bien trop au nez de ceux qui espéraient obtenir quelque chose de lui. Alors, quand il le vit s’exécuter, Avalon songea qu’il avait sans doute bien fait - ce n’était pas grand chose après tout. Une apostrophe comme une autre, il ne savait pas qu’il était (il ne s’en souvenait plus) il n’avait aucune raison de se montrer poli.
Peut-être qu’il s’agissait de valeurs qui le dépassaient. Depuis fort longtemps qu’on l’avait négligé ; qu’il s’était laissé abandonner. Il y avait tant de concepts qui lui semblaient hors de portée. Ce simple affront aurait pu prendre fin après coup, mais il y avait fallu qu’il soutienne son regard. Et Avalon éperdument détestait ça. Les orbes dressées ainsi lui remémoraient ces créatures ignobles qui lorgnaient dans leur coin.
Et qu’est-ce qu’il aurait aimé leur crever les yeux. Ils n’auraient plus regarder que le vide.
Pire encore lorsqu’il répond - pourquoi Diable ne s’était-il pas seulement contenté d’obéir ? Il était de toute évidence complexe pour Avalon de comprendre que certaines personnes étaient plus entêtées que lui-même.

— Et donc quoi ? Tu veux que je te félicite comme un bon chien avec deux trois caresses sur le crâne ? Qu’il persiffle comme une vipère trop agressive, si peu civilisée. Il manquait simplement d’expérience avec le monde, ou alors on ne lui avait pas donné l’occasion de le connaître et de s’y habituer.
Il s’était bercé d’illusions pendant tout ce temps. Bercé dans des bras qui ne l’aimaient pas même un peu ; alors assurément, le monde à son tour ne lui voudrait que du mal. Après si tu veux que je le fasse on peut s’arranger. C’était stupide mais il avait ce désir incontrôlé d’être imbuvable.
Comme si ça le protégerait toujours de tout. Comme ça l’avait si bien fait à l’époque.

— J’aime bien tenir les chiens en laisse. Et assurément - j’aime encore plus les voir s’écraser. Parce que dans son esprit, il n’y a de place que pour de la colère et de la haine. Peu importe ceux qui la crachent et ceux qui y répondent. C’était comme ça qu’il avait toujours vécu, comme ça qu’il s’était toujours exprimé.
Et personne ne lui avait jamais fait reconsidérer son comportement ; alors il n’en voyait aucun défaut.

Malheureusement - ou plutôt heureusement - Avalon n’avait pas pu pleinement assister à ce court instant. Pleinement ; comme il l’aurait voulu était plus juste. Ce qu’il détestait, c’était précisément tout, mais intensément ce genre de personnes. Agiter sa baguette ne lui donnerait jamais l’air plus arrogant - il en était capable lui aussi. Il l’incendierait milles fois pour ça, c’était certain.
Et il ne l’oubliera pas, comme il n’oubliera certainement pas toute cette bande d’incapables. Agiter leur ridicule baguette était leur fierté ? Alors il jubilait déjà de les réduire en cendres tous autant qu’ils étaient. Lorsqu’il sent le liquide longer sa peau ; il ne se sent pas humilié, pas le moins du monde. Lequel des deux avait été le plus humilié au final ; quand on ne sait pas répondre aux piques on frappe, c’est toujours comme ça.
Et quand il se présente enfin en face de lui, c’est pour lui offrir le grand luxe de sa présence. Les yeux plissés, Avalon le détaillait ; il avait assez étudié ses créatures pour en connaître chaque détour, chaque parcelle. Ce visage ne lui était définitivement pas inconnu, ou plutôt pas assez. Et quand les visages ne lui étaient pas inconnus, c’était mauvais signe.

— Tu crois que je cherche à te faire peur ? Rire sardonique. N’avait-il jamais entendu quelque chose d’aussi ridicule ? Puis c’est pas moi qui fout le son à fond. Tu f’sais chier tout le monde. Puis, tout le monde ou personne ; il avait le droit de râler non ?
Trop incendié pour faire marche arrière, il se brûle lui-même de ses propres provocations. Se battre n’a jamais été un problème, agir en conséquences en était une autre.

Avalon se gaussait bien de se brûler en jouant avec le feu. Il avait déjà le corps brûlé à feu, depuis trop longtemps déjà. Tu veux faire de moi ton chien ? Sourire mordant collé aux lèvres. Alors que ses pupilles détaillent son visage d’un peu plus près ; il n’est pas méchant Avalon, il manque simplement de savoir vivre.
Et il mord ceux qu’il déteste - rit au nez de ceux qui le remettent en question. Peu importe s’il doit subir encore quelques coups pour que ça rentre. Ça ne rentrera jamais, il ne s’est jamais laissé empoisonné par ce qu’on attendait de lui.

— Pourtant il y en a déjà beaucoup qui doivent vouloir l’être, non ? Réflexion censée qu’il comprendra certainement s’il sait lire entre les lignes. C’était sans doute comme ça avec les vélanes, et Avalon ne craignait plus celles-ci. De toute évidence, il voulait juste fouiner insidieusement sous leur peau. Cisailler le derme et explorer les gênes ; c’était le seul intérêt qu’il leur portait. Des créatures si magnifiques et pourtant, si laides quand elles dévoilaient leur véritable visage. Sourire tissé sur les lèvres, Avalon avait un désir viscéral de découvrir cette facette inaltérable.

Il parle beaucoup et voilà qui est louable ; à vrai dire, Avalon appréciait les personnes qui parlaient beaucoup. Le point négatif, c’était qu’il aimait quand c’était intéressant. Lorsqu’on le sermonnait, il redevenait cet enfant stupide qui n’en faisait qu’à sa tête. Avait-il une tête à obéir aux ordres ? Originellement, il avait pris l’habitude de tout opérer de son plein gré, tant pis pour les autres, et tant pis pour les blessés, ou ceux qui seraient à la traîne.
Son ton redevient calme et Avalon ne sait s’il doit s’en réjouir ; l’avoir calmé ou le rendre plus agressif, aucun des deux ne l’enchantait vraiment à vrai dire. Il était simplement de sang-chaud, trop chaud même. Il n’assumera jamais ses défauts de toute façon, qui s’en souciait ? À part celui face à lui, personne ne lui avait jamais reproché. Peut-être parce que tout le monde avait cette sale habitude de fuir sous ses crocs.
Et c’était tant mieux ainsi.

— Je suis pas un mioche. Ça sert à rien de me sermonner. Pourtant il écoute et c’est presque rageant, d’avoir ce don de faire suspendre les autres à ses lèvres. Ou bien alors, Avalon n’avait que ça à faire - peut-être que ça l’occupait. Il était prêt à n’importe quelles plates excuses pour camoufler le fait que c’était son hybridation qui l’intéressait. Les vélanes avaient l’air moins immondes que les autres, mais leur laideur de toute évidence était quelque chose qui suscitait sa curiosité. Avalon l’écoutait à moitié ; ou plutôt qu’il l’écoutait franchement, mais ne relevait que ce qui l’intéressait. Il n’avait définitivement pas autant de temps à gaspiller en foutaises. La politesse et toutes ces marques de clémence non merci. Tu sais combien de temps je perds à chaque fois ? Pouvez-vous faire ceci, pouvez-vous faire cela.. Non. Fais ça. C’est rapide. C’est simple et tout le monde comprend. Je peux compter combien de secondes ça prend si tu veux mais- Rah. Déblatéré trop vite qu’il se perd déjà. Était-ce ses heures de sommeil manquante qui le rendait si bavard ou cette envie désespérée qu’il cesse de l’importuner avec sa politesse ? Je perds du temps et de l’énergie à t’expliquer. C’est pareil avec la politesse. Soupir suspendu. Rien que se justifier l’a épuisé, il a définitivement besoin d’un café.

Et il écoute sagement. Bien que rien jamais n’efface la colère, on y jette toujours un peu plus d’huile, même dans le silence.
Puis un jour, tout prend feu. Les vieux souvenirs et les rires lointains s’embrasent pour finir en cendre. Tout brûler, c’était définitivement une vocation. Aboyer beaucoup trop fort c’était le seul moyen de rester dans son coin. Avalon n’avait pas besoin d’une meute, la plupart étaient stupides et incapables.
Lui cependant, se suffisait.
La partie la plus intéressante intervient et Avalon presque se redresse à cet appel ; ce qui l’intéresse, c’est bien loin d’être son identité en elle-même. Les vélanes et leur charme.. Qu’il s’y suspende ou non, ça lui importait peu. C’était tous les dessous qui l’intéressait et il avait envie de creuser, creuser en dessous de la chair et admirer avec une grosse loupe. Comme avec les animaux, juste par curiosité.
Avance davantage son visage pour le reculer aussitôt, sans même comprendre pourquoi il se dissimulait autant. L’interrogation naît ; Donc tu te caches pour ça. Ahhh. Plot twist de conséquence ; il l’avait déjà envisagé en l’observant au loin en réalité. Et on le lui aurait jamais caché - il les avait tellement étudiées jusqu’à mémoriser chaque détail invraisembable qui les rendait si particulières.

Il aurait pu rester plus calme et intéressé, suspendu à ce que ce jeune homme avait à lui raconter. Mais dans l’océan, on a jeté un gros caillou. Dans l’océan de sérénité qui l’avait acculé un instant, il s’était souvenu qui se trouvait face à lui.
Et ses sourcils se froncèrent, intensément. Comme ils se fronçaient toujours ; à ses mots, il sentait son sang pulser, brûler à même son propre derme, comme menaçant d’imploser.
De grotesques rumeurs, c’était pire. De véritables condamnations presque, qu’on le pointait du doigt en riant, qu’on l’évitait sans même savoir à quel point il luttait lui-même. Ils étaient tous fautifs, tous insignifiants.
Avalon rêvait de les voir brûler, s’effacer lentement pour ne devenir que des cendres.

— Elle est morte. Cette personne ; elle est morte. Je l’ai brûlée. Elle est morte depuis bien longtemps alors, pourquoi la cherchaient-ils maintenant ? Cette simple pensée suffisait à embraser tout ce qui subsistait en lui.
Amarante n’avait été qu’une erreur. (Qu’il ne prononce pas son nom) Il était évident qu’elle finisse par mourir.
Pour faire taire les regards incessants. Pour faire taire peut-être cette vélane bavarde qui en savait trop. Il se souvenait des regards qu’il avait jeté à ce tout-le-monde. Ils étaient tous pareils, de toute façon.
Et un jour c’est eux qu’on brûlera.

Tout ce qui était mortel était définitivement beau, mais aussi désespérément pesant. Quand il pensait à elle, aucune idée de belle apparence n’interférait. Il se souvenait simplement de la laideur et de la faiblesse, celle d’un visage qu’il avait autrefois abordé, et ça le dégoûtait.
Avalon espérait qu’il n’aurait pas trop affaire avec une personne qui se souvenait d’elle. Il l’avait brûlée il y a bien longtemps maintenant, et avait jeté ses cendres au fond d’un puit. En espérant que personne jamais ne les retrouve ; mais la réalité en était tout autre.

— C’est peut-être joli (comme tu dis) un corps mort qui n’a jamais vraiment vécu. Parce que dans ses souvenirs, se tapir dans l’obscurité et simplement subir ça n’avait jamais été pleinement exister. Morte peut-être, morte depuis la naissance elle n’avait jamais vraiment exister, c’était sans doute bien fait pour elle. Ça enrageait toujours autant Avalon - cette bête idée que même morte au fond du puit, on la cherche toujours, qu’on pense toujours à elle et tout ce qui s’était articulé autour de ces rumeurs.
Alors comme si cela ne suffisait pas, il avait fallu que la vélane renchérisse. Pris de cours, ses sourcils se froncent et son regard s’obscurcit un peu plus ; n’avait-il dont pas fini ? Avalon pensait que certaines personnes étaient encore un peu censées pour ne pas prendre la mouche et prendre un peu trop en considération les remarques d’autrui, mais encore une fois il s’était définitivement trompé.
Avalon se fichait de tout ce qu’il écoutait. Sa mère ? Elle ne lui avait de toute évidence, qu’offert des noirceurs et de la colère. Il se fichait tant de bien paraître, de sembler plus ou moins poli, même de se faire obéir. Ça lui était pleinement égal, il aurait fini par arracher de ses mains ce qu’il voulait, dans tous les cas.

— Tu parles des serpents mais leur truc c’est la vivacité. Qu’il dit en s’écartant brusquement, loin de ses mains et de la pression qu’elles opéraient. Vous êtes chiants à réprimander les gens que vous connaissez pas. La plupart s’en fichent. Et il en faisait désespérément partie ; qu’est-ce qu’il aurait dû faire, de toute façon ? Faire mine de l’écouter et hocher gentiment la tête ? Il refusait de façon permanente de continuer à se faire marcher sur les pieds. Peut-être qu’il était simplement trop têtu. Au final, qu’on le pointe du doigt simplement pour ça ou pour son manque de respect, c’était bien loin de le faire tiquer.

Alors devenir meilleur ? Qu’est-ce que ça signifiait justement ? Il était persuadé que lui non plus, n’en avait aucune idée. Est-ce que tu dis à tous les déchets de ce monde qu’ils doivent être meilleurs, aussi ? Ce n’est pas son froncement constant de sourcils qui lui dira le contraire ; il songeait simplement que sa vie devait être bien maussade pour qu’il prenne tant à coeur un simple manque de politesse. Ce n’était pas comme si ce monde était bondé de personnalités détestables, par exemple. Les gens se sentaient puissant dans tous les cas, quand on leur donnait du pouvoir, ils en profitaient, c’était évident.

— Porter ce genre de truc c’est le pire moyen de pas se faire aborder. Les orbes qui roulent le long de son visage. Le charmes des vélanes ; leur histoire et ce qui les rongeait. Avalon les avait étudiées sans grand effort, et il n’avait que cette envie désormais d’en savoir plus, de peut-être la voir à l’oeuvre. De voir peut-être ce visage de pureté se déchirer de colère, ça devait être splendide, d’une façon ou d’une autre. Et pour être honnête, dans ce cas de figure.. Je trouve pas que ça dissimule ton charme. Si c’est ce que tu cherches. Avalon était persuadé que s’il l’utilisait, lui-même n’y résisterait pas. Et il espérait ne pas avoir à imaginer quelque chose de la sorte ; il serait sans doute contraint de le brûler pour cet affront, après.

Ça lui est bien égal au final qu’il se plaise à sauver les cas désespérés - ou simplement ceux qui en valent la peine. Avalon se demandait s’il s’agissait la d’une flatterie ou juste d’une moquerie adroite ; ça importait peu au final. Même quand on s’exprimait clairement vers lui, ce qui entrait dans une oreille finissait par sortir de l’autre. Il peut déblatérer comme ça encore longtemps, Avalon est un être têtu, et fermement crocheté à ses idées. Il se battrait sans doute à sang pour s’affirmer désormais - peu importe qu’il en sorte mourant ou non, c’était sa vocation désormais ; et il était faux de dire à ses yeux, que ce n’était pas une bonne chose. Car forgé dans sa colère, il s’était trouvé ; comme dans une coquille qu’il avait brisé - il se percevait tel qu’il l’était réellement, désormais.

— T’as beaucoup de temps libre, alors. Parce qu’Avalon, ça le soûlerait de devoir faire la moral à n’importe qui. Lui, il a toujours utiliser la colère et ses poings, et jusqu’à aujourd’hui ça avait plutôt bien fonctionné. S’il l’avait épargné, c’était surtout parce qu’il avait de suite constaté sa nature - et il ne lui avait pas vraiment caché non plus - et que l’idée de ramper à ses pieds était totalement invraisemblable à ses yeux.
Suspendu à ses paroles, Avalon s’avachit un peu plus sur la table au fur et à mesure qu’il se préparait à partir ; lorsqu’il l’écoutait, Avalon trouvait qu’il était simplement une antiphrase à lui tout seul. Il se trompait sûrement mais n’était pas assez déterminé pour comprendre pourquoi. Il eut un petit ricanement alors que ses orbes glissaient sur son masque ; Ouais, donc tu le fais pour être discret. Dis comme ça, c’était intensément pareil. Être discret, ça renvoyait à cette idée de ne pas être perçu - Avalon connaissait plus ou moins ce que c’était, puisqu’il avait fait la même chose des années durant.
Mais dans le fond, bien qu’il trouvait ça stupide, il ne se permettait pas de totalement le juger. Tout le monde avait le droit de se vêtir comme il le voulait et s’il avait cette envie de se dissimuler, c’était son droit.
Certaines choses simples avec une valeur cruciale pour d’autres et l’une de ses mains suspendue contre son menton caressa du bout des doigts cette fresque minimaliste sur son cou - elle aussi avait une valeur précise et remettre en question sa présence reviendrait à remettre en question son existence.
Peut-être que c’était pareil pour lui, au final.

— Enfin, ça te va pas trop mal donc on va dire que c’est ok tier. Ricanement presque silencieux ; il se plaît à le taquiner un peu, mais qui sait s’il ne finira pas par lui faire la morale de nouveau ? Avalon s’en moque bien, au final ; ne semble-t’il pas tout mesurer, après tout ? Pour s’en aller aussi vite - et quand il se penche vers lui pour lui intimer d’être poli la prochaine fois, Avalon n’entend que ce qu’il veut.
Grogne comme un chien errant à cette main qui taquine le haut de son crâne. Il ne le mordra pas cette fois, mais il assure qu’il paiera pour cet affront (un jour ou l’autre) et quand il s’en va finalement, un sourire mesquin se tisse sur la courbe de ses lèvres.

— Bye bye, j’espère que tu seras moins coincé la prochaine fois. Et la main qui s’agite fièrement, même s’il savait pertinemment que ça ne sera pas le cas. De toute façon, qui changerait ses habitues pour un inconnu grognon ?