Comme une parenthèse. Comme un instant réconfortant, loin de tout, juste avec cette douce odeur de thé qui flottait autour de lui. Je ne demandais rien de plus que juste profiter de cette instant qui était cher à mon cœur.
C’était ici que je l’avais trouver… et j’avais chercher longtemps, encore et encore pour trouver une justesse parfaite.
Classique ne voulait dire ni fade ni simple… les chose les plus courante étaient toujours un peu bâclé.
Loin de l’originalité et de l’extravagance de la nouveauté.
Oh bien sur que j’appréciais toute sorte de thé mais j’avais une affections particulière pour …

« Thé à la bergamote »

Ah, le voilà. Ce serveur. Ce grand brun qui sentait le thé. Entre-autre. Je posais toujours longuement mon regard sur lui quand il s’approchait de moi pour s’assurer de ma commande. Oui, il s’en assurait car pour l’instant je prenait toujours la même chose. Mais il venait le confirmer, avec le regarde un peu brillant.
Mes yeux joyaux le sondaient un peu, admirant les courbes et angles de son visage. La couleur corbeaux de ses cheveux avant de lui souffler gentiment mon affirmation.

C’était les seuls mots que l’on échangeait. Les seuls mots que j’échangeais dans ce lieu. Assit tranquillement au bar je profitais de ce moment que je m’octroyais. Pourquoi ?
Car ici il y avait cette odeur de thé.
Malgré les regards que je sentais sur moi, personne ne m’abordait. Avais-je un ange gardien ? Pendant que j’attendais ma commande, me tenant bien droit le regard fixé devant moi sans pour autant le porter sur quelqu’un… les bras croisé sur le bois vernis du bar voyait un de me index le lustrer de sa pulpe. Je ne savais pas d’où venait cette petite manie mais je m’étais mise à attendre ma tasse en frottant du doigts le bord du comptoirs.
Anxieux ?
Je n’étais pas à l’aise ainsi découvert, le dos bardé de regard. Mais je prenais sur moi pour juste profité de ce thé qui faisait ma bonne humeur.

« écorce et rondelle… infusé cinq minute pour un goût léger et délicat… 10 min pour une saveur plus corsé et intense, mais l’idéal c’est huit minute comme il est servit ici. »

Je me parlais simplement à moi-même, faiblement tout en pensant et attendant. Je reconnaissais son pas, le presque inaudible tintement de la tasse. Un équilibre enviable et l’odeur de mon thé qui venait chatouiller rapidement mes narines juste avant de mettre servit.

« Parfait. Comme d’habitude, merci »

Je posa un regard doux et satisfait sur la tasse de thé.

Agréable. Pour les yeux, je ne parlais pas du thé. Sa voix caressait mon ouïs par dessus la foule présente.
C’était presque que comme un rendez-vous. Je venais toujours le même jour, à la même heure, me faire servir par le même homme que je cherchais habilement du regard quand j’entrais dans le salon. Agréable oui, intéressé c’était un sujet peu intéressant.

Sa remarque passa. L’originalité n’étais pas ce que je cherchais, ce que je voulais… Je venais me souvenir. Je venais me persuader que je pouvais aimer grâce à la simple et délicate fragrance de ce thé.
Je saisis l’anse de ma tasse et suspendis mon geste à ses paroles. Mes yeux se levèrent en sa direction sans que je ne prenne la peine de réduire la distance entre mes lèvres et la bord de la porcelaine.
Je n’étais donc pas le seul à avoir remarqué que son ombre ma talonnait de loin.
J’inspire à plein poumon les volutes de fumés avant de reposer la tasse pour prendre la peine de lui répondre.

«Je ne sais pas qu’en pensez-vous ? Moi je ne trouve pas ça déplaisant de vous avoir dans mon champs de vision »

Ainsi dit, je pouvais reprendre ma petite dégustation. Je le pensais, mais c’était agréable pour moi comme regarder un vole d’oiseau ou un coucher de soleil. Ça faisait partie du paysage et cela me plaisait, ni plus ni moins.
Sa silhouette à la pomme doré. Le bruit de ses pas, que j’avais finit par connaître, arpentant les ruelles sombres et pavés de l’allée des embrumes… et ici même, face à moi, toutes les semaines. Tous les lundis à 14h21, j’entrais et il servait mon thé, un Earl grey bergamote, infusé deux fois en huit minutes et servit à 14h 30, depuis déjà six semaines.  Je savais qu’il m’observait. Me jaugeait-il ?
Si j’étais à cheval sur l’horaire, ce serveur avec une précision chirurgical.

Fermant le yeux, je pris ma première gorgée. Ça me faisait toujours cet effet de frisson et de réconfort fugace. Une douce petite joie que je ne pouvais m’expliquer.
Pourtant pour cette fois mon regard n’était pas perdu dans le vague. Je le posais sur lui, sans pour autant le déranger dans son travail. Dos à la salle, il se présentait comme ma seule distraction… étrange, il avait attiré mon attention plus que le thé.

« Si l’envie de changer me prenais… que me suggéreriez-vous ? »

Son ton. Ses mots. Son regard.

Le serveur était certes plaisant, mais seulement lorsqu’il se taisait. En vérité, il me faisait penser à une vélane… charmeur et correct, mais quelque chose semblait empoisonné.
Il piquait, et sa maitrise des mots bien que très bien tourné n’était que condescendance… qu’avait-il de bon et de bien à faire cela ?
Ce beau brun qui ignorait tout de moi, voulait donner des leçons, porter un jugement. Et bien... Il ne gâcherait pas mon moment, je le chérissais que trop mais je prendrai bien la peine de lui répondre, lorsque j’entendis finalement sa proposition.

« Malgré ce que vous me dites, j’ai tout de même eut ce que je voulais… Je ne suis pas un grands spécialiste de thé, juste un amateur. »

Je voulais son avis par simple distraction, voir ce qu’il avait à mon conseiller.

« Le thé blanc est un bon choix… je me pencha un peu vers les feuilles séchées dont le parfum restait prisonnier de sa boite. Celui-ci semble plutôt floral… c’est ce que je vous inspire ? »

Son choix me ferait presque sourire tant il était assez représentatif de mes sentiments, de ma situation. Un thé pour le cœur, pour le bonheur… un thé qui symbolise la beauté et la jeunesse… immaculé. Fruité, il était sucrée; florale, délicat et noble. Oui, nul doute que ce thé était un très bon choix. Presque parfait... en apparence.

Son ton. Ses mots. Son regard.

Tout cela pouvait le rendre finalement peu aimable, cependant il était connaisseur et de bon goût.  Mais si même si cette proposition était logique de sa part, moi j’avais d’autre préférence.

« J’apprécie de temps à autre le lapsang souchong, avec de petits bourgeons de jasmin, bien noir bien infusé. Le thé fumé a plus de corps et de caractère, ce goût âpre qui reste sur la langue… une infusion trop longue qui le corse et anesthésie presque la langue lorsqu’on en boit. Un thé parmi d’autre...mais je vous conseillerait celui-ci, pour les connaisseurs»

J’aimais le thé de ménagère comme il semblait tenir à l’appeler pour des raison autre que son goût. J’étais définitivement de bonne humeur et cet échange était pour l’instant stimulant.
Je ne cherchais pas à le regarder de haut mais j’étais content de lui faire remarquer que son jugement hâtif sur moi n’était pas fondé, pas vrai.

« Manroth et vous… Eamon si je lis bien votre petit badge. Enchanté. »

Ma voix restait la même. Calme quoiqu’un peu chantante, je me hâte un peu de boire ma tasse tant qu’elle était encore chaude.

Je lui inspirais… un peu plus ?

Et bien, en voilà une jolie déclaration, de bons mots, mais je n’étais pas vraiment intéressé par ces paroles âpres et son regard mielleux.

Intense. Il l’était oui, c’était dangereux ça. J’appréciais les rapports de forces, et sous toutes les formes. Je devais pourtant l’avouer, depuis mon arrivé à Londres seul ce sorcier me semblait lucide, intriguant. Ce n’était pas un vrai compliment, car je voyais surtout plein de vice et de malice dans ce sourire. L’intelligente du charme… Il me forçait à être sur mes gardes. Et dire que je voulais simplement boire un bon thé.
Pourquoi, avait-il fallu qu’il me parle ? Malgré tout cela, je ne faisais que jouer les déçu.

L’osmanthe.

« Une délicate attention, j’ai… hâte… »

J’étais sincère et un peu étonné. Je ne connais que vaguement cette fleur, je me renseignerai. Curieux. Sa proposition semblait bien alléchante, j’avais envie d’en savoir un peu plus sur ce thé.
MAIS il fallait qu’il gâche tout, qu’il fasse la remarque de trop. C’était frustrant…et je ne pouvais que répondre à ses petites provocations futiles. Ça piquait juste comme il fallait.

« Oh oui, un talent que beaucoup m’envient ! Est-ce votre cas ? Je sais compter aussi »

Et lacer mes chaussures. Je le fixais d’un regard de biche l‘air faussement innocent et enfantin. Il aimait ce genre d’échange ? Comme sa vie devait être horriblement … pitoyable. Plus j’y pensais plus cela n’avait aucun sens.
Il paraissait tout de même un peu frustré… aurais-je manqué un épisode de notre échange ? Eamon...Eamon… son nom roulait fluidement sur ma langue... Mon regard le détaillait plus librement. De haut en bas avec un certain intérêt. Je le répète, ce n’était pas désagréable…
Oui… Il portait presque le nom d’un dieu. Amon.
La caché. L’inconnaissable. Associé au soleil et à la fécondité...
Ou à l’inverse presque le nom d’un démon. Amon.
Puissant marquis et prince robuste… il pouvait vomir des flammes...
Oui, voyons lequel des deux pouvait lui sied.

Et puis sa phrase fit mouche. Elle me tendis un peu, juste assez pour que mon regarde « doux » se voile.

« Elles me paraissent toutes… agaçantes. »

Je pris le temps de finir ma tasse et la reposa élégamment sur sa soucoupe, faisant délicatement tinter la porcelaine. Je n’en n’étais peut-être pas digne, de cette compagnie ou alors était-ce l’inverse ? Qui sait ?

« Et donc vous avez décidez de venir m’honorer de votre personne ? Je suis CHAR-MÉ... »

Mon ton se fit plus sarcastique que le sien, plus acerbe, plus tranchant. Malgré la beauté nous semblions être deux épées.