Discussions mondaines, tu es prodige, tu provoques rires, tu fais sourire, tu es prodige, Melchior, pour réchauffer les cœurs
Pour envelopper l'illusion de chaleur
((ça marche même sur toi))
puis tu t'égares un instant, t'éloigne pour reprendre ton souffle
à force de séduire à force de tenir cette parfaite image tu t'y brûles les ailes

Soir qui tombe sur tes épaules
yeux qui se perdent sur cette silhouette
au loin
dans l'eau
rêveries innocentes sur le bord de tes lèvres

elle semble libre
loin
dans l'eau

puis l'ivresse s'arrête quand une ombre, tsunami, s'approche de la sirène
un instant et ton corps se mouve
et tu marches, rejoins le vagues
((t'as toujours tes chaussures et ton pantalon au niveau de tes chevilles est bien vite trempé))

tu cours
verre que tu tenais dans ta main qui tombe dans le sable
((liquide alcoolisé qui se vide))
tu cours et tu attrapes la sirène dans tes bras dans un éclat de rire

« je vous l'empreinte ! »

tu la tiens contre ton torse alors qu'à travers l'écume tu continues ta course
ce rire qui résonne dans le fond de ta gorge
et vous vous éloignez
dans un coin libre où les regards se poseront simplement sur vos silhouettes qui deviennent bien plus petites

tourne sur toi même et tu reposes celle qui partage le divin de tes veines
reprend ton souffle
cheveux fou, sourire bien trop amusé
((sincère))

« pardonnez moi, je n'avais pas la force de lui expliquer la bienséance sans le froisser. »

main qui passe sur ta nuque
te voilà bien embêté
tu trouves cela si irréel, l'alcool circule un peu trop dans ton corps
((et tu avais un peu trop envie de fuir))

« Tyché, je présume ? Vous êtes ravissante. Ravissante et incroyable, quand vous volez dans les airs vous semblez si libre, c'est si charmant  »

parce que c'était ton rêve, de voler, toi aussi
mais t'as tout écrasé pour que ta famille respire à ta place
et maintenant t'as la tête sous l'eau
((et tu ne peux qu'observer les oiseaux de là où tu es))

Alors elle aussi, elle écoute les voix qui s'évaporent dans l'air pour laisser des traces sur ta peau, des rumeurs qui font frémir ta nuque
tuer un loup-garou à main nue, cette fameuse histoire que tu t'amuses à laisser sans cesse en flottement
jamais de chute, jamais d'élévation
alors tu esquisses un sourire bien grand, pose tes mains sur tes hanches

vous me flattez mais ce ne serait plus drôle si je répondais.

Voler c'est rester le plus longtemps la tête hors de l'eau, voler c'est savoir maintenir assez de pouvoir , c'est savoir saisir les opportunités.
((pourquoi n'as-tu jamais essayé))
immense soleil au grand cœur tu aurais pu décrocher les étoiles, les arracher et en faire des bijoux, brillants sur ton torse, illuminant ton cou

ce n'est rien. Vous m'avez aussi donné une chance de m'éloigner de tout ça après tout.

Et tu t'installes dans le sable, ôtes tes chaussures pour laisser l'eau déposer son sel sur ta peau
au loin, les lumières
au loin, les éclats
au loin, ton cousin qui se meurt

c'est si calme ici. Si seulement toutes mes journées pouvaient être aussi douces que cet instant.

Si seulement oui
tu pourrais enfin respirer ne serait-ce qu'un court instant
)

Une aura de mystère qui tourne autour de toi
((que des braises))
un rire qui s'échappe de ta gorge
((que des artifices))
et elle s'échappe dans l'eau, encore, elle danse avec les vagues
elle danse avec tes pensées, elle te perd un peu plus, te fais entrer dans sa valse
au milieu de l'écume et des méduses

tu l'écoutes parler comme si tu écoutais une chanson
mélodieuse
hoche la tête

je ne suis plus monté sur un balais depuis … mes cours de vol pour être franc.

Tu ris un instant
((t'aurais tant aimé rester accroché dans ce ciel))

l'idée semble tellement séduisante.

Tu t'allonges sur le sable, mains derrière ta tête
regard perdu dans les nuages

vous pourriez m'apprendre. À fuir en volant.

((si seulement))

Tu restes un long moment silencieux
quel est cet oiseau
qui est venu se poser sur les rebords de ta cage
pour chanter et louer les étendues du ciel
et toi
pourquoi l'écoutes-tu avec tant de douceur

et quand elle te propose de venir voler à ses côtés tu ne peux t'empêcher d'éclater de rire
ce rire brûlant que tu pensais si faux jusqu'à présent
peut-être parce que tu faisais ça uniquement pour les autres
et jamais pour toi

vraiment ?

Tu te redresses
observes les vagues
oh comme tu as envie
de ne jamais revenir sur terre

j'accepte. Mais avant j'aimerai me noyer ne serait-ce qu'un instant, j'ai la tête remplie de discussions que j'aimerai oublier.

Tu te relèves, enlève le sable de sur tes genoux
enlève ton veston qui bloque ton souffle
((respire, melchior))

accompagnez moi, et après nous fuirons d'ici dans les airs

tu lui tends la main, ce sourire sur les lèvres
((viens éteindre cet immense incendie))

Sa main dans la sienne semble si petite
un oiseau dans le creux de tes bras qui ne veux qu'une chose, s'envoler
et toi
veux-tu la laisser partir ? D'un battement d'ailes, disparaître dans ce ciel que tu observes avec jalousie.
Sûrement, oui, car il est si joli, cet oiseau

d'un sourire tu marches derrière elle, laisse l'eau dévorer ta peau, tes vêtements, tes pensées. Toi, l'immense feu, l'incendie qui jamais ne s'arrête, on te demande de plonger.
Et tu aurais dit non, parce que tu ne peux pas briller, sous l'eau.
Et tu ne sais pas faire
tu ne sais pas avoir froid

je n'en doute pas.

Oui, l'eau d'ici est vengeresse, furieuse, elle cache tant de violence
mais elle lâche ta main
et tu ignores pourquoi mais ton cœur se serre et tu as du mal à retrouver ton souffle alors qu'elle disparaît dans les vagues
non, reste bel oiseau, ne me quitte pas, pas maintenant, j'ai tant besoin de t'observer voler dans le ciel

et Algae revient, pour te sourire, et elle te demande de le suivre
((encore))
et tu n'hésites pas
((pourquoi tu n'hésites pas, melchior))

dans un rire un peu trop libre tu te laisses engloutir
et sous l'eau, tu n'entends que les rugissements des profondeurs, les roues de l'écume, les caprices de la mer

dans une respiration brûlante tu retournes à l'air, ta main qui vient coiffer tes cheveux en arrière, un sourire sur le visage, tes yeux qui piquent

c'est divin

oh comme la liberté semble douce
toi qui jamais ne t'autorise à la regarder dans les yeux de peur d'y prendre goût

vous n'avez pas trop froid ? Je ne voudrais pas que par ma folie vous attrapiez un mal.

Tu t'approches, repousse l'eau de ton corps pour poser ta main sur sa joue, recoiffant une mèche derrière son oreille
l'alcool te fait délirer
ta douceur que tu retiens est maintenant sans limite
((et ta peau, à toi, reste chaude))

Il y a cette drôle de mélodie dans le fond de ton cœur, c'est languissant, c'est un lamento en crescendo, oui, bien étrange. Quand ses doigts s'égarent sur cette boucle blonde, quand sa voix vient murmurer dans le creux de ton âme des mots doux tu fermes les yeux et surtout
une demande
de là où elle est, dans cet immense ciel, elle vient de te supplier que toi, l'archer impitoyable, tu lui tires dans l'aile.
Elle ne fera que chuter
Dans tes bras, certes, mais ça n'en reste pas moins un trépas de sa liberté.

((et pourtant))
doucement tu viens la serrer dans tes bras, mort de peur
terrifié
que l'océan ne l'emporte, loin de toi
cette mélodie se fait encore plus bruyante, cette fois

cette crainte te pétrifie
tu as l'impression d'approcher pour la première fois un être transparent
une âme si palpable, qu'elle danse devant tes yeux
toi qui fermes les yeux sur les corps, sur les sourires
elle
elle ne devrait jamais quitter ton étreinte
((et tu ne sais pas pourquoi))

C'est promis. Tu murmures tout bas, parce que ta promesse, oui, elle est interdite Je remuerai ciel et terre pour vous retrouver, je ne vous ferrai pas attendre.

Et les vagues viennent s'écraser contre vous
le dieu des eaux signe votre contrat
sous les étoiles
loin des troubles
tu chercheras les recoins les plus sombres de la terre pour prendre sa main

et les minutes sont précieuses
et les minutes sont les votre
ta main qui se pose sur sa hanche, l'autre glisse dans la sienne et tendrement, sur la musique de ton cœur, tu te mets à valser avec elle, dans l'eau, lentement, si doucement
les yeux clos
((tu aurais du danser avec elle, sous les yeux de Clovis, sous les yeux des riches et des dépossédés, sous les yeux des gourmands et des amants))

je me comporte comme un enfant, pardonnez mes manières, mettons cela sur le dos de l'alcool, voulez-vous ?

Tu ris un peu
oui, la boisson, sûrement
prétendons
encore un peu
juste un peu

Si tu le pouvais, tu arrêterais le temps, tu arracherais cet immense sablier à ce géant et tu en viderais son contenu pour le remplir de coquillages à la place. C'est mieux ainsi, c'est plus doux, plus vivable. Contre toi l'étoile filante qui s'autorise une pause, qui s'autorise un peu de repos au creux de tes bras. L'océan pour raconter votre histoire et l'écume pour rafraîchir vos pulsions.

Mais tu n'es pas un divin, tu ne peux pas avoir cette emprise sur le monde. Alors elle se recule, l'hirondelle, pour s'éloigner de toi et tout se brise.
Ton regard qui ne l'a quitte pas alors que sa main dans la tienne te tire hors de l'eau

comme si parlait allait rompre l'incroyable, le fabuleux
elle se penche sur la pointe des pieds et tu t'inclines un peu
un baiser sur sa joue
un sourire sur tes lèvres
si timide, différent de ceux que tu offres à l'univers quand il te l'ordonne

peut-être est-ce bouleversant.
Mais tu as fait une promesse et tu ne comptes pas la rompre
quand l'alcool aura quitté ton corps
tu ne feras qu'une chose
de nouveau, contenir son éclat contre toi
pour qu'elle puisse briller bien plus, en toute liberté
être son ciel
tu veux être son ciel
toi qui n'as pas d'ailes

vous avez raison.

Tu l'observes un long moment, ta main qui vient recoiffer une dernière fois une de ses mèches de cheveux
t'éloigner ça fait si mal
alors que tu viens simplement de la rencontrer
Algae elle t'a fait t'enfuir et c'est la première fois qu'on te sort de ta noyade
la première fois que tu penses
((peut-être ai-je une chance))

j'ai hâte de vous revoir. J'ai besoin de vous revoir.

Quand tu la chercheras
à travers les étoiles

enfin tu lâches sa main, ton sourire se fait un peu plus triste, nostalgique déjà
nostalgique
déjà