Derrière son bureau elle a le regard fixe et droit, de ses papiers qui affluent et qu’elle traite en conséquences. Droite dans sa tenue et fervente, perchée sur ses hauts talons elle accueille, plonge son regard sur ses silhouettes qui ne font qu’entrer et sortie ; aller et venir pour la déranger un peu plus à chaque fois. Une main délicate parmi ses mèches d’or, elle entend de plus belle que l’on s’apprête à la déranger - perturber son travail était une chose, mais refuser qu’on la désire en était une autre. Sa voix de nouveau s’éclaircit quand c’est une nouvelle silhouette qui se dessine.
Et à ses mots, son regard s’éveille. Bienheureuse, elle joint ses mains, de la manière dont on exprime être ravi d’accueillir quelque chose ou quelqu’un, et sans dissimuler sa joie, accepte avec un sourire béant et gracieux ;

— Avec plaisir, communiquez-lui que je l’attendrais ici à quinze heures. Elle avait sans doute une idée un peu quelconque de la cause de cette réunion imprévue. Pourtant, elle était ravie que l’on se prête à la demander, quelle qu’en soit la raison.
Les secrets, le fameux gallion - The Crow. Était-ce parce qu’elle l’avait ensorcelé depuis déjà bien longtemps que Mnemosyne arrivait difficilement faire la part des choses ? Pourtant, jusqu’à aujourd’hui, elle avait toujours séparé sa propre vision du bien et du mal d’une main de fer. Comme elle dirigeait ses propres émotions sans sourciller.

Alors quand elle entre enfin dans son bureau, la juge l’accueille d’un sourire presque trop bienveillant. Mnemosyne n’avait qu’une vision des choses ; la sienne. Ce que les autres suggéraient n’avait jamais eu grande importance à ses yeux. En l’accueillant ici, elle espérait sans doute trouver des réponses - se forger un avis propre en mesure. La journée des droits des non-magiques avait été une catastrophe dans son intégralité ; voilà ce qui advenait de leurs idées rocambolesques.

— Vous voilà ; quel plaisir de vous recevoir. Lui désigne le siège face à elle, qu’elle s’y installe ; répondant silencieusement à sa première interrogation, lui accorder du temps était toujours bien plus agréable que de le lui refuser. Et en même temps qu’elle ne s’empêche pas même de la contempler, son ton se fait plus droit ; toujours plus fidèle à ce qu’elle est réellement finalement. Sachez que vous m’en voyez surprise, je serai bien malheureuse de ne pas accepter. Qui donc aurait songé qu’elle puisse s’en tenir à lui parler peut-être de doutes qui l’assaillent ? Fort heureusement, Mnemosyne se tiendrait toujours pour écouter et aider ceux qui le méritent. De quoi s’agit-il ? Bien qu’elle caresse déjà quelques pensées ; elle voit presque dans son regard la multitude de doutes qui doit ronger son intérieur.
Il était normal de douter, mais ceux qui s’élèvent aux rangs les plus hauts n’ont besoin ni de l’accord des autres, ni de ces derniers pour avancer. Elle dessinerait une voie bienséante, parfaite pour elle s’il le fallait - alors toute ouïe, elle penchait son visage vers elle - prête à écouter peu importe de quoi il s’agissait.

Comment aurait-elle pu oublier les événements qui se sont déroulés lors de cette journée ; elle avait été un franc désastre. Comme ce qu’elle représentait, en réalité ; à ses yeux, il n’y avait aucun moyen qu’ils soient tous sur un pied d’égalité, et elle ne s’en cachait pas. Que cela soit un désastre n’avait donc pas été surprenant. Elle l’admire quand elle s’installe, d’une oeillade discrète mais détaillée - dont elle ne cache pas l’intérêt.

— Je me doutais. Vous n’avez pas été la première troublée, semble-t’il. Et elle en avait entendu des rumeurs, Mnemosyne. Elle les avait entendues ; sans pouvoir les expliquer (personne n’aurait pu, en réalité) - et la démission d’Evonice n’avait en rien comblé les doutes. L’on avait été bien cruel à son égard et Mnemosyne n’avait pas de réponses à toutes les questions qu’elle se posait, malheureusement.
Plus délicate, quand elle triture du bout des doigts sa lèvre inférieure ; les conséquences sont toujours navrantes, rarement bienfaisantes. Pourquoi Fallen avait-elle été la cible ? Mnemosyne n’était pas enquêtrice mais bien juge, mais il était bien évident que cette histoire de gallion et de famille était déroutante. Elle avait cependant été rassurée de voir éloigner toute liaison avec le Corbeau.

— Cette accusation à votre égard, puis cette démission forcée d’Evonice.. Ils ne font jamais les choses à moitié. Son esprit tique sur tous les détails, depuis cette journée. Bathilda avait été sévère ; à ses souvenirs, elle avait convoqué Evonice, Darya et Fallen elle-même en compagnie de son cousin, Alaric. Voilà une situation bien complexe.. Et ses teintes s’assombrissent, à Mnemosyne. Elle se demande comment faire, elle se questionne ; il n’y a pas forcément de bonnes ou de mauvaises réactions à avoir, en parlant de cela. Les rumeurs, à ses yeux, n’enlèvent rien au prestige de cette dame ; peu importe la réputation qui collera désormais à la peau des Cavendish. Il fallait toujours se tenir droite, mais éviter le sujet n’était pas forcément la solution.

— Je ne pense pas qu’il y ait de bonnes ou de mauvaises réponses à donner à ces rumeurs. Les assumer pleinement ou les nier, les deux sont une lame à double tranchant.. Et le monde était pigmenté de personnalités variables, d’autres moins attentives que d’autres, certaines moins compréhensives que d’autres… Vous pouvez garder la tête haute et froide, des personnes malveillantes chercheront toujours à vous faire tomber. Si les gens doivent vous regarder, essayez de faire en sorte que cela soit pour vous aduler. C’était sûrement plus facile à dire qu’à faire ; dans tous les cas, il y avait toujours une poignée de personnages qui n’auront l'œillade qu’inutile. Vous montrer plus conforme à ce que vous savez être qu’à ce qu’ils pensent que vous êtes serait pour commencer, suffisant. Jusqu’à présent, vous avez démontré être assez inébranlable auprès du monde. Continuez donc, même si vous devez devenir le Cerbère de la meute affolée. Pour Mnemosyne, il n’y a jamais d’autres solutions que de se présenter sous sa forme la plus bestiale. Elle savait la directrice plus forte que les rumeurs - et même si elles tombent lentement et se propagent rapidement, le temps fait toujours son travail.

Qui plus est, il y avait ses plumes. Croyez-moi, notre société aura bientôt bien mieux à débattre que vos secrets familiaux. Sourire aux lèvres, pourtant peu amusé par la situation. Les rumeurs concernant The Crow avaient bien tout pour être réelles. Dans ce cas de figure, si le monde n’arrivait qu’à pointer du doigt la directrice ; alors ils tomberaient tous bien bas, face à la véritable menace.