Gilbert n'était pas content.
Et en général, lorsque Gilbert n'était pas content ça se savait.
Il se plaint souvent, Gilbert, des acteurs qu'on lui envoie. De ces déchets de la société qui aspirent à devenir quelqu'un, il en voit défiler des tas toute la journée. Seulement cette fois c'était la fois de trop, l'humiliation encore fraîche il t'avait téléphoné dans la foulée pour déverser tout son sel sans se soucier un seul instant que tu puisses être occupé. Tu l'étais, occupé. Pourtant tu as pris le temps de l'écouter. L'avantage avec des idiots comme ce type la c'est qu'ils ne se rendent pas compte quand tu n'en as rien à faire d'eux. Ils parlent parlent parlent, monopolisent l'attention et te font un bruit de fond. Tu aurais pu raccrocher, occupé comme tu l'étais. Des tas de documents à lire, des tas de gens à appeler.

Mais il n'a suffit que d'un nom pour te faire rester, docile.
Montgomery.
Cette espèce de sous-race bien trop prétentieuse pour ce qu'elle est. Seul dans ton bureau tu t'es autorisé à grimacer de dégoût. De quel droit cet animal se permettait-il, franchement ? Un sourire pourtant, amer d'apparence quand tu ne réalises pas que ce n'est pas totalement ce qu'il représente. Ce n'est pas tout à fait ça parce que Gilbert mérite bien qu'on le remette à sa place lui aussi.

Tu lui dis.
Bien fait.
(pas comme ça)

Contacte l'agent de l'autre directement après avoir raccroché pour convenir d'un rendez-vous. C'est que monsieur aussi est très chargé, t'imagine (tu t'en fous). Lundi 8 heures tapantes à la porte de ton bureau. C'est l'ordre déguisé et accepté par Stratford alors tu t'attends à ce que pour une fois cet incompétent fasse son travail et amène son poulain à l'heure, enfin. Tu ne l'attends en réalité pas avant 9 heures au moins sur ton planning à toi. Un créneau de 30 minutes, de 9 heures à 9 heures et demie. Tu prévoies large, toujours avec lui. Comme si t'avais que ça à faire.

Faut croire que oui.
((Quelle bande de déchets.))

Tu notes l'information de son retard dans un coin de ta tête sans t'en préoccuper pour l'instant, il viendra de toute façon, parce qu'il vient toujours Zadig et vous êtes bien loin d'en être à votre premier essai. Quand il se pointe enfin tu lui adresses ton regard le plus condescendant sans prendre la peine de te lever ni de le saluer. C'est que t'as jamais pu piffrer les gens de son espèce. Ils ne t'ont toujours apportés que des ennuis.

— Tu fais ça aussi sur les plateaux de tournage ?

Le nez dans tes papiers dans tes mains de nouveau. Tu prends un instant pour terminer de lire tes dernières lignes avant de reposer les feuilles en un tas parfait devant toi. Un regard hautain dégoûté à l'immondice qui te fait face, tu prends une inspiration discrète. La même à chaque fois, pour refouler la petite voix qui t'attire inexorablement à lui.

Putain de vélane.

— Tu te crois au cirque peut-être.

Quel nom de merde.
Sale chien.

Tu le constates en forme malgré sa gueule enfarinée, une grimace à tes lèvres alors qu'il souille ton fauteuil de son pied dégueulasse. Toujours aussi mal éduqué. Zadig a toujours été une plaie dans ton univers, aussi persistante au moins que ton frère -si ce n'est plus depuis quelques temps. Parce que monsieur se croit au-dessus de vous sans réaliser qu'il n'est rien. À peine un animal. Il vaudrait que dalle sans tous les gens qui l'entourent. Sans toi.

— Il n'y a que les incompétents pour parler autant.

Lâché froidement après sa tirade que tu ne prendras pas la peine de commenter. Tu t'empares de ta baguette dans ta poche pour verrouiller avant de la ranger immédiatement pour te lever à ton tour. T'as hésité à lui lancer un sortilège, pendant un instant.

— Assier-toi.

Tu pars fermer les stores pour éviter de quelconques indiscrétions. Une habitude ça aussi, depuis le temps qu'il fait des siennes ce petit con. Quand tu reviens à ta place tu le toises de haut, méprisant.

— Donc aujourd'hui encore tu décides de me prendre pour un con. Bien. Fils de pute. Tu lies tes mains pour les poser sur tes cuisses croisées. Si tu jouais aussi bien que les conneries que tu racontes à longueur de temps, tu vaudrais réellement quelque chose. Pour sûr.

Sourire en coin qui se dessine à tes lèvres alors que tu le toises de bas en haut. Tu ricanes avant de reprendre d'un ton condescendant. (il est beau putain) Ta gueule Elyas.

— Le fait qu'un gamin comme toi soit aussi confiant et arrogant alors qu'il fait de la merde est un problème Zadig. Tu comprends ?

En tout cas il enrage et tu aimes ça.
C'est précisément ce que tu recherches.
(après l'humiliation)

— Il va falloir que tu ailles t'excuser.

Tic de la langue agacé quand il se permet de te corriger et de t'insulter. Tu t'en veux de réagir à pareille sottise de la part d'un dégénéré mais c'est plus fort que toi. Tu crispes tes doigts légèrement pour te retenir de te lever trop brusquement et inspires longuement pour retrouver ton calme avant de reprendre (pour l'insulter). Ce type est une plaie.

Sa réaction t'arrache un sourire mauvais, vainqueur. Et lorsqu'il se met à rire, c'est à peine si tu fronces les sourcils. Tu es habitué à tout ça depuis le temps, et si au début ça te mettait hors de toi, tu n'as jamais perdu le contrôle jusqu'à maintenant. Ça te dégoûte. Il est écœurant Zadig. (fascinant) Dégueulasse. (presque charmant) Putain. Nouveau tic de la langue.

— Je pensais que c'était un malentendu.
Menteur.

Tes doigts qui se détendent un peu et le sourire qui revient, moqueur.
Je m'excuse pas.

— Parce que tu te crois en position de décider ?

L'idée même que ça puisse être le cas te fait lâcher un rire sarcastique que tu n'aurais de toute façon pas retenu. Cette merde a déjà de la chance d'avoir un peu de notoriété, il ne devrait que se taire et dire merci, sans faire de vague. Tu vas le faire se coucher, Elyas. Zadig va rentrer à la niche.

Tu te lèves pour contourner le bureau et venir te poser face à lui. Tes mains posées fermement sur les accoudoirs pour l'emprisonner avant que tu ne rapproches un peu ton visage du sien. Tu souris.

Encore.

— Ce n'était pas une suggestion.

Glisse une main gantée à son menton que tu saisis brusquement entre le pouce et l'index pour redresser sa tête. T'es vraiment à deux doigts de lui cracher à la gueule. (mais y a pas que de ça dont t'as envie) Ta gueule Elyas. Le masque est glacial.

— Même la souillure de ton sang ne te sauvera pas cette fois.

Et tu n'attends plus que l'excuse idéale pour le ruiner.
Il n'a qu'un mot à dire.
Un seul.

— Tu comptes me faire trembler avec une menace telle que celle-ci ?

Des menaces de cours d'école qui n'ont l'effet que de t'énerver d'avantage, te font poursuivre avec des insultes pires encore que les premières versées. Tu ne vois pas venir le coup de genoux dans ton ventre qui te plie en deux dans une exclamation étouffée alors que tu percutes le bureau en chancelant.

— Sale petit -!!!

Il se lève, te redresse brusquement. Ses doigts à ton col, il vient t'écraser le pied avec puissance et t'arrache un grognement douloureux. Tu te retiens d'une main sur ton bureau et attrape son poignet immobile de l'autre pour le serrer avec force. Tu lui lances ton regard le plus noir alors qu'il s'exclame sans te lâcher et se permet de foutre le bordel sur ton bureau. Putain.

C'est toi qui va l'enculer en fait.
(tu peux pas t'en empêcher hein ?)

— Tu te crois où là ?!

Le ton grave qui réprimande furieusement pour cacher les frissons instinctifs de ton contact contre toi. Retire ta main du bureau pour le pousser en arrière et essayer de le dégager. Mais cet enfoiré a de la force et ne veut rien lâcher (tu sens que ça te plaît). Merde. Merde merde merde merde. Tu prends un instant pour inspirer et tenter de calmer au maximum les réponses physiques (pour l'instant légères) de ton corps à tout ce que cet enfoiré dégage en étant aussi proche de toi. Tu le détestes bordel. Voilà pourquoi tu les détestes si fort, eux et toutes les autres sous-races.

J'ai envie de te cracher dessus.
Tu lui adresses un regard condescendant et plein de haine alors que tu tiens fermement ses deux poignets. Tu serres, avant de ricaner.

— Qu'est-ce qui a Zadig. C'est de savoir que j'ai raison qui te met à ce point en colère ?

Toi c'est son existence entière qui t'exècre et pourtant tu ne te démontes pas. Même si t'es pas certain de tenir encore très longtemps comme ça.

— Sale petit merdeux.

La voix grave et basse comme une confidence suave dans le creux de l'oreille alors qu'il n'en est rien.

— J'ai le pouvoir de ruiner vingt ans de carrière d'un claquement de doigts Zadig, tu devrais faire attention avec qui tu joues à ce jeu là.

Parce que tu n'es pas Gilbert, toi. Et s'il faut que tu mordes pour lui rappeler à quelle hauteur il doit être tu le feras.

— Ne me provoque pas.

Les scandales arrivent si vite.

— Poule aux yeux d'or mon cul.

Tu réponds immédiatement, outré qu'il puisse croire une telle chose. On se passe bien des petits prétentieux, on préfère même. Alors lui n'a rien à faire dans ce milieu. Qu'il retourne faire le caïd à l'école si ça lui chante, ou qu'il se brise la nuque même. Tant qu'il cesse de polluer ton air tout t'ira. Et pour ça tu es prêt à aller aussi loin qu'il le faudra. Un rictus à tes lèvres alors qu'il se braque à tes mots, t'es satisfait. C'est ça que tu veux, qu'il doute. Qu'il ait peur. Tu veux qu'il rampe.

— Essaie seulement.

De te faire tomber.
Tu le tueras.

Il finit par forcer pour se dégager et se laisser tomber dans son fauteuil. Le souffle court, tu t'adosses (te laisses tomber aussi, la vérité) contre ton bureau, y apposes tes mains sur le plat avant de prendre une nouvelle inspiration. T'as tellement la rage qu'il perçoit certainement comme sa présence t'agace, ça va pas. Ça va pas (et ton corps qui n'arrête pas) bordel. Phéromones à la con. Enfin, ça devrait aller mieux maintenant qu'il n'est plus collé à toi.

Dis Elyas ?
Tu le toises de toute ta hauteur, le masque de glace de nouveau bien en place. Ça ne continue jamais bien ce genre de propos. T'es marié toi aussi ? Tu hausses les sourcils, te demande s'il est sérieux ou s'il est simplement con. Il doit sûrement être très con, vraiment. Tu restes de marbre face à toute la merde qu'il balance à la suite quand d'autres lui auraient sûrement déjà éclaté le nez.

— T'as vraiment que ta gueule pour plaire hein.

Souligne ainsi, dans un ricanement, comme il est désagréable pour toi de passer la moindre minute de ton temps avec un idiot comme lui. Rien dans la tête, tout dans la monstruosité de son sang. C'est désolant.

— Tout ce que tu dégages, Zadig, c'est de la pitié. On n'a pas besoin de petites merdes dans ton genre ici. Si j'en ai quelque chose à faire de Gilbert ? Absolument pas. En revanche. Toi tu devrais. T'es loin d'être intouchable, espèce de petit con. Au contraire il n'y a pas plus visible et facile que toi à faire tomber. Tu vas plonger Zadig. Et c'est tant mieux.

Tu souris, hautain.

— Et si je te virais ? Là, maintenant. T'en dis quoi ? J'ai assez de raisons valables pour ça.

Tu sais que c'est quelque chose qu'il ne peut pas se permettre malgré le confort de sa situation. C'est que tu as l'air presque heureux en ce moment.

Tu ne peux pas nier aimer ce que tu vois. Le corps qui se raidit et la confiance que tu imagines s'envoler déjà bien loin -il est beau comme ça Zadig, acculé. Il est terriblement séduisant mais pas encore parfait. Et toi tu n'aimes que lorsque c'est parfait. Alors il va falloir brosser encore un peu, déchirer toujours plus de bribes pour parvenir à tes fins. Cependant dans tout ce dégoût que tu ressens, affiches à ses yeux dépités, tu es serein. Il doute, Zadig, quand toi tu souris.

Arrête j'ai peur.
Le sarcasme aux bord des lèvres que tu sais vérité, bien fait.
(toi aussi tu aurais peur à sa place)

Tu te dresses un peu plus droit, te fait impérial pour mieux jubiler du fait qu'il s'aplatisse enfin comme il le devrait en consentant à s'excuser. Que ça lui serve de leçon à ce vaurien, qu'il ne recommence jamais. Parce que c'est au sol qu'est ta place. Pourtant il ne s'arrête pas, et la suite t'arrache un soupir fatigué. Tes doigts pour venir pincer l'arrête de ton nez, ce type t'épuise. Vraiment.

Ah parce qu'il veut t'en offrir un à toi aussi ?
Tu reposes ta main contre le bureau pour le toiser avec toute l'arrogance et le dédain que tu éprouves à son égard. Rictus narquois au bord des lèvres quand tu lui réponds.

— J'en ai déjà une en face de moi prête à me rendre service.

Tu souris plus grand.

— Pas vrai Zadig ?

Tu ne doutes pas un instant qu'il serait de toute façon bien meilleur à ça qu'au reste. Tu le toises, encore, savoure l'humiliation autant que sa colère avec délice -t'en veux encore. Avide de destruction que tu es, Elyas. T'en veux encore.

— Tu t'excuseras en personne, et en public, que l'on puisse te voir.

Qu'ils voient tous la merde que tu es.

— Et tu n'oublieras pas les fleurs, bien sûr. Pour sa femme, Gilbert déteste les fleurs.

Tu veux qu'il rampe.

— Entraîne-toi sur moi.

Tu as besoin qu'il rampe.
Comme un chien.
Plus bas encore.

À ton tour d'hausser les sourcils alors qu'il parle. Zadig fait le clown en espérant amuser la galerie, mais ne voit-il pas qu'il n'y a aucun public autour ? Il n'y a personne. La vérité c'est que t'en aurais certainement ri si ça n'était pas venu de lui.

— Elles ont tout mon respect bien sûr.

Tu croises les bras contre ta poitrine, tranquillement. Le toise encore comme tu sais si bien le faire avec ceux de son espèce.

— Toi en revanche, c'est différent. Tu veux garder ton job, non ?

Tu n'as pas besoin de réponse à cette question. La rhétorique t'amuse, parce que tu sais que s'il l'avait pu il aurait claqué la porte depuis longtemps. Au lieu de ça tu quémandes et le voilà qui s'abaisse. À genoux Zadig, c'est bien. Restes-y. Tu le laisses refaire tes lacets (te sucer) sans ciller (qu'elle enflure), ton regard baissé sur sa silhouette à tes pieds. C'est grisant. (totalement bandant) Tes doigts qui se crispent alors que tu réprimes un frisson. Merde.

— Tu comprends vite.
Bon chien Zadig.

Dominer pour reprendre contenance, tu te penches juste assez pour pouvoir glisser tes doigts sans ses cheveux, les empoigner pour relever sa tête et le faire te regarder. Tu souffles. Regarde-toi Zadig. Pas un mot, le toise condescendant (fasciné) un court instant avant de le relâcher brusquement, dégoûté. Le laisse se rassoir pour l'écouter.

Tiquer.
(t'as envie de sourire) -tu le fais, mauvais.

— Sois plus convaincant Zadig. Je n'aimerai pas avoir à glisser à Gilbert que tu ne rêves que de te faire sa femme, vu comme tu m'en parles depuis tout à l'heure. Tu peux faire mieux que ça non ?

Tu t'approches. Un pas. T'abaisses. Tes mains sur les accoudoirs pour l'emprisonner encore alors que tes lèvres glissent à son oreille. Sourire complice (supplice).

— C'était pas mal à genoux, réessaies.

Il faudrait pour ça que tu t'écartes monsieur le producteur. A moins que tu ne veuilles baisser la tête pour te rendre utile. Tu baisses les yeux vers son bas un instant avant de les remonter lentement vers son visage, prends le temps alors d'observer d'aussi proche que tu es la carnation de sa peau -tu l'imagines douce (atroce) alors que tes doigts se resserrent sur les accoudoirs pour t'empêcher de faire le geste de trop. Putain putain putain.

— T'aimerais, hein ?
T'attends que ça petite chienne.

Tu te retiens de déglutir alors que ce salopard use toujours plus de ses charmes pour te faire reculer. Tu suis (fuis), la fureur dans les iris, te recules pour te reposer contre le bureau et enfin respirer.

Il est fort.
Jamais plus que toi cependant, mais tu dois bien admettre malgré tout qu'il est doué à ce jeu-là. À genoux Zadig encore, l'image t'arrache un sourire triomphant alors que tu le toises de haut. Tu vas finir par prendre goût à le voir par terre, sans te rendre compte que la vérité c'est qu'il n'attend que ça.

Tu tiques lorsqu'il se dit prêt à faire n'importe quoi. Le regard plus froid soudain, les ordres plus incisifs -à découvert.

— N'importe quoi, vraiment.

Tu dégages ta jambe sèchement pour t'abaisser à sa hauteur. Glisse une main dans ses cheveux, descends comme pour caresser sa joue avant de venir saisir sa mâchoire (y a comme un air de déjà vu) fermement. T'es à deux doigts de lui cracher à la gueule tant il te fait pitié.

— On dirait une chienne en chaleur, Zadig. Rien qu'une petite pute. tu ricanes, tends ta main libre. Donne la pate.

Tu hausses à peine les sourcils, en provocation.

— T'as bien dis n'importe quoi pas vrai ?

Sourire mauvais à tes lèvres alors que tu lâches son menton pour venir tapoter de façon humiliante contre sa joue.

— Je vais t'apprendre où est ta place.

T'es mort Elyas.

Tu as un mouvement de recul lorsqu'il vient se pendre à ton cou, rencontre le bureau derrière toi pour t'y adosser le corps fébrile et le souffle que tu peines à contrôler. Les inspirations sont plus lentes et les frissons plus nombreux, t'as l'impression d'étouffer Elyas, ça faisait longtemps que ça n'était pas arrivé. Le baiser à ta joue pour te faire louper un battement. Tu vas le tuer. Tu vas vraiment le tuer.

— Putain qu'est-ce que- ... Tu fais ?

Trop surprit (envoûté) pour correctement le rejeter, il s'amuse Zadig, à te faire perdre pieds et tu te détestes d'être incapable de le renvoyer. Il faudrait que tu le pousses, qu'il s'effondre pour que tu puisses l'écraser. Alors tu respires, comme tu peux. Longuement. Doucement. Tu déglutis, maintiens le masque autant que tu puisses tout en cherchant au fond de toi juste assez de force pour l'encastrer.

T'aurais pas dû t'approcher.
T'as été négligeant. (encore)
Ça ne s'arrête jamais.

À tes lèvres c'est un sourire triomphant pourtant, toujours. La condescendance de tes iris que tu portes sur lui alors que ta main se fait brusque pour arrêter la sienne. Ça te serre si fort putain. T'es mal Elyas. Je vous fais tant pitié que ça ? Oui. Est-ce que ça t'arrange qu'il fasse ça ? Bordel non. (putain oui) Tu serres plus fort son poignet -souffles à sa nuque plus fort, excédé.

— Alors c'est ça, tes excuses parfaites ?

Le ricanement est fébrile, moqueur malgré tout quand ta main libre glisse à son épaule pour le reculer un peu. Pas assez. Putain.

— Ou bien tu ne cherches réellement qu'à te faire sauter. Ça n'aurait rien d'étonnant Zadig.

Rien d'étonnant non.

— C'est bien la seule chose à laquelle tu sers après tout. C'est répugnant.

Pourtant tu ne peux t'empêcher d'y retourner. Tes doigts à son col ouvert pour le faire basculer, tu le plaques au sol, entre les deux fauteuils, brusquement. Bloque ses épaules de tes mains fermes sur sa peau, sous sa chemise ouverte pour te pencher à son oreille comme il l'avait fait juste avant.

— Ne me provoque pas, Montgomery. Tu sais que j'irai au bout des choses.

Parce que tu vas toujours au bout des choses, Elyas.

Mes excuses parfaites, c'est juste pour ceux qui le méritent. Tu tiques. Raidis ton corps à mesure des rires qui parviennent à tes oreilles à la suite de ses mots. T'es pas sûr de comprendre Elyas, ce qui le fait rire comme ça. T'as peur de comprendre, surtout.

Observe avec autant de surprise que d'horreur le téléphone se dévoiler à tes yeux. Le masque pourtant bien en place, c'est ton silence glaçant qui en dit long sur ce que tu penses. À quel point tu te détestes de t'être mit dans une merdre aussi grande en te faisant avoir comme un bleu (d'y avoir cru à cause de ses charmes). À quel point tu vas fumer ce fils de chien pour t'avoir ainsi humilié.

— Espèce de connard.

Connard.
Connard.
Connard.
Connard.
Connard.
Putain de connard.

Et il rit encore, toujours aux éclats, il rit si fort quand toi t'es toujours un peu paumé. Largué à cause de cette fascination que tu éprouves malgré la rage qui te gagne, qui ne s'efface pas tout à fait malgré que le charme soit définitivement rompu. Tu boues intérieurement, en silence. Tu n'as jamais été du genre à t'épancher Elyas, pourtant là c'est quelque chose qu'il devrait percevoir. Ton visage qui tique, se crispe, et ta langue que tu claques violemment quand il te repousse pour se redresser. Le regard est mauvais. Plus hautain que jamais.

Tu suis le mouvement pour le plaquer au mur brusquement. Son dos qui cogne contre les stores fermés, tu places un bras contre sa gorge pour le bloquer. Appuies pour le gêner, tout en lâchant un ricanement nerveux quand ton autre main se fait bloquer par la sienne. T'as pas peur de lui Elyas. L'inverse devrait être vrai pourtant. C'est pas à toi de t'agenouiller, c'est pas à toi de ramper. C'est à lui. À lui rien qu'à lui.

— Alors quoi. Tu penses m'effrayer Zadig ?

Le ton est froid, cassant.
T'en as fini de jouer et d'être tolérant avec ce rat.

— Tu ne diffuseras pas cet enregistrement. Et tu veux que je te dises pourquoi, hein ?

Tu serres un peu plus, perds patience.

— Parce que t'as bien plus à perdre que moi en faisant ça.

La vérité c'est que malgré ta colère, tu peux pas t'empêcher de douter.

— Dis-moi que j'ai tort.