rien.
rien du tout.
il avait disparu sans laisser de traces.
toutes les pistes explorées jusqu'à présent n'avait menées qu'à des impasses.
même l'enquête officielle perdait de son souffle, malgré la bonne foi de ses collègues.
et quand à ses propres recherches, les résultats n'étaient pas ceux escomptés.
secrets jalousement gardés, certes, mais deux décennies d'expérience ont tôt fait de relever les détails qui ne concordent pas.
s'il n'avait pas trouvé la pièce manquante du puzzle, il avait toutefois déterré certains fragments.
on n'a jamais été aussi ravi d'être seul.
après tout, la famille, c'est compliqué.

attends sagement, chance.
mains dans les poches de son manteau, à observer le paysage.
rangées de tombes s'élevant de part et d'autre, contrastent avec l'herbe encore verdoyante malgré décembre.
la première neige se fait tardive, et l'usuelle grisaille de londres ne semble pas prête à céder sa place au temps plus festif de fin d'année.
n'allège pas l'ambiance du lieu, la rend plus solennelle.
incline la tête de côté, au craquement subtil qu'il perçoit — oreille tendue.
ne se retourne pas, poursuit sa contemplation, malgré le claquement des chaussures contre la pierre.

— un choix pour le moins... amusant. le cimetière.

ne rit pourtant pas, chance.
l'ironie l'aurait fait sourire, d'ordinaire.
mais la situation actuelle ne s'y prête pas.
le détaille du coin de l'oeil, note sa tension palpable.
inspire doucement.
s'il ne peut pas s'imaginer l'étendue de l'inquiétude qui l'habite, il se doute bien que le dossier qu'il lui tend n'apaisera pas celle-ci.
ne serait que la preuve de son échec, s'il ne dénichait pas quelque chose bientôt.

— je n'ai pas terminé mes recherches. je me disais seulement que l'information devait vous trouver rapidement.

il accuse silencieusement son repproche.
expression précédemment impassible se pinçant légèrement.
si ses recherches n'étaient pas terminées, le manque de preuves, quelles qu'elles soient, était un problème qui en soulevait un autre.
les crimes parfaits sont rares, la magie laisse une trace.
et pourtant, rien n'a résulté de l'enquête.
il le laisse feuilleter les notes prises sur sa famille.
à sa demande.
vous avez fait un bon travail.
pas assez.

— c'est la moindre des choses.

nous avons un accord, après tout.
même sans celui-ci, il n'aurait pas baissé les bras.
mélange d'intégrité et d'obstination qui l'empêche de le faire.
lorsque sage mentionne son oncle, c'est une paire de yeux attentive qui se pose sur lui.
canopus
charmant personnage, qui, visiblement, n'y est pour rien, dans la disparition de son frère.
s'en aurait vanter, si ça avait été le cas.
s'ajoute à la longue liste des griefs portés aux sangs-pur, malgré les quelques rares exceptions.
il le remercie — regard déviant vers le document, hoche la tête.
se sent coupable de lui ajouter autre chose sur les épaules, chance.
il en a déjà suffisamment.

— souhaitez-vous que je poursuive mes recherches dans cette direction ?

présume qu'il n'a pas terminé de trouver des squelettes oubliés, dans les placards centenaires.

— je peux m'orienter vers une autre piste, si quelque chose vous vient à l'esprit.

visiblement, il y avait aussi réfléchi, à cette perfection trop parfaite.
rien n'avait été laissé au hasard, à croire qu'on se jouait d'eux.
égo abîmé bien malgré lui, d'être incapable de fournir un résultat concluant malgré tous les efforts mis en oeuvre pour trouver le moindre indice.
c'est un sourire sans joie qu'il lui offre.

— au point où nous en sommes, c'est une piste à considérer.

et lorsque sage souffle que son frère est legilimens, cela ne fait que cimenter leurs suppositions communes.
vu sa réticence à lui avouer ce fait, il présume que c'est un secret.
que peu sont au courant.
mais si cela s'ébruitait...

— une telle capacité, et fâcheuse manie, pourrait effectivement expliquer les raisons qui ont mené à sa disparition.

même avec une hypothèse entourant les circonstances de son absence, elle ne leur offre pas la possibilité de resserrer l'étau autour de qui que ce soit.

— le ministère est plein de secrets, vous le savez aussi bien que moi.

il travaille au département des mystères, après tout.
connait le sortilège affectant les langues-de-plomb.
agacé par celui-ci plutôt.
certaines enquêtes auraient été réglées plus rapidement, si les énigmes et entourloupes pour contourner le silence magique n'étaient pas aussi compliquées à élaborer.
soupir inaudible, expiration lasse.
tourner en rond l'agace.

s'il le faut, je retournerais le monde pour lui.
lève les yeux vers lui, chance.
peu familier avec un tel sentiment de détermination, de dévotion.
ne ferait jamais de même pour ses adelphes — ils ne bougeraient pas le petit doigt pour lui, de toute façon.
aussi déroutant qu'admirable.

— vous- pause, on finira bien par trouver quelque chose.

entre-temps...
coup d'oeil rapide jeté à l'heure affichée sur son téléphone.
pause repas terminée.

— je dois filer.

désigne le dossier, qu'il tient toujours, d'un mouvement du menton, maigre ébauche de rictus aux lèvres.

— vous pouvez le brûler, cette fois.

s'éloigne finalement, chance, disparaît dans un faible craquement lorsqu'il transplane.
il a de nouvelles options à creuser et peu de temps pour s'exécuter.