Comme il l'avait espéré, Romulus avait plutôt bien vécu la mort du chasseur, rien d'étonnant lorsque l'on sait le chef de meute encore plus sadique que lui ne le serait jamais. Alors rapidement Hermès s'était éclipsé, ravalant son seum de n'être pas parvenu à enfoncer Noah comme il l'aurait souhaité, pour transplaner dans le Londres moldu faire quelques courses avant de passer chez toi.

* * *
Trois coups donnés contre la porte pour prévenir de son arrivée, il n'attend cependant pas que tu viennes lui ouvrir pour entrer. Comme d'habitude il enlève ses chaussures pour les poser contre le mur près de la porte avant de s'avancer. Grimace lorsqu'il voit la terre sur le sol et renifle dans l'air l'odeur de Noah et Elijah malgré qu'il ne sente pas leur présence. Ça l'emmerde de savoir que leur puanteur est aussi persistante mais il se rassure en se disant que l'inverse est sûrement vrai aussi, depuis le temps qu'il squatte chez toi. Un sourire en coin qui s'étire alors, moqueur quand il les imagine tous les deux faire la même tête que lui. C'est bien fait bande d'abrutis.

Quand tu te décides enfin à apparaitre Hermès se trouve à quelques pas à peine du salon. Lève la main qui tient le sachet en guise de salutations avant d'aller le poser sur la table et faire comme comme chez lui.

— Yo ! T'es tout seul ?

Ne te demande pas comment tu vas parce qu'il a peur que tu lui retournes la question. S'il a pensé à soigner sa plaie la plus grave, tu remarqueras aisément les bleus sur ses poings et son visage, le sang pas tout à fait séché à ses lèvres qu'il n'a pas nettoyé aussi parce qu'il n'y a pas prêté attention, vestige de ses dernières heures passées dans la forêt. Celles dont il ne parle jamais depuis huit ans maintenant.

— Tiens, viens voir c'que je t'ai pris avant de venir tu vas kiffer.

Avant de se laisser tomber sur le canapé en poussant un long soupir. Dans le sachet tes mets préférés. Un bon gros steak cru saignant, du jus de cassis, un énorme fraisier, un paquet de chips à l'ancienne dont il se saisit et une bouteille en verre contenant aux trois quarts du sang frai. Du sang humain. Si le reste est récurrent, il ne t'apporte le sang qu'une fois par mois, toujours la veille de la semaine pré-pleine lune. Et il revient toujours dans un état pire que d'ordinaire, malgré le sourire à ses lèvres.

Comme si de rien était, il ouvre son paquet de chips pour taper dedans et jette un œil au programme sur la télé.

Aucune idée d'où ils se trouvent, bien. Ça l'arrange Hermès de savoir que tu ne sais pas, qu'ils ne soient pas là alors il va en profiter.

— S'ils viennent dégage les. Ce soir c'est toi et moi, dac ?

L'esquisse malice alors qu'il part poser le sachet sur la table basse avant de se laisser tomber dans le canapé. Son sourire s'agrandit lorsque tu découvres son contenu, il adore te voir joyeux tu sais ? Ça dure rarement bien longtemps mais ça lui permet d'oublier à quel point lui ne parvient à l'être un tant soit peu qu'avec toi. Un ricanement léger qui s'échappe quand tu te pinces les lèvres.

— Sois pas gêné, c'est fait pour ça les cadeaux Ez'.

Et seul dieu sait combien il t'en a fait depuis que vous vous connaissez, des cadeaux. Parce qu'il est comme ça Hermès. Il n'en a rien à faire des autres, mais dès qu'il s'attache c'est terminé -et toi tu ne l'as jamais trahi alors il reste à tes côtés. Tu pars mettre la nourriture au frigo alors qu'il tape une nouvelle fois dans son paquet de chips, le regard soudain un peu vide perdu sur l'écran de ta télévision sans suivre ce qu'il s'y passe.

Ta voix pour le faire revenir à lui, laisse son corps frissonner de surprise avant de tourner le visage pour poser le regard sur toi. T'as l'air moins heureux quand tu questionnes, c'était à prévoir. Grimace alors Hermès, parce que ça l'emmerde.

— Va savoir.. J'ai peut-être fait une halte en chemin pour piller Sainte-Mangouste.

Mensonge.
Seulement il n'a pas envie d'en parler alors, comme d'habitude, il t'étire un faible sourire en coin un peu mesquin. Se fait taquin autant qu'il le peut pour tenter de dévier la conversation, en vain bien sûr.

— Et j'ai pas fini les questions. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Croque l'air de rien dans une autre chips pour se donner le temps de souffler un peu avant d'éventuellement répondre. Un soupir alors qu'il va pour parler, il s'arrête soudain surprit par ta main que tu retires de son bras. Le contact avait été si naturel et apaisant qu'il n'avait pas remarqué mais le léger froid que laisse l'absence de tes doigts, ça il le sent très bien. Alors il grogne sa désapprobation en passant de ta main à son bras avant de te regarder.

— Remets ta main.
— T'as une sale gueule.

Ah.

— Hm ? Tu trouves ?

Oui. Bien sûr, c'est normal. Un peu honteux soudain, il dévie le regard.

— C'est la même chose tous les mois Ez', ça change pas vraiment des autres fois.

Puisqu'il te cache autant de choses il ne prendra pas la peine de te mentir plus. Et pour tenter d'apaiser un peu la situation (de fuir) ses lèvres s'ornent rapidement d'un nouveau sourire amusé alors qu'il te regarde une nouvelle fois.

— Tu me soignes ? Après on trinque. Doit bien y avoir une chose positive dans cette journée à la con. Ton travail peut-être, ou le fait qu'on soit encore en vie.

Croque dans une chips.

— Ça c'est plutôt cool.

— Je vois.

Il aime pas te voir comme ça, sans avoir conscience finalement qu'il le cherche un peu en se pointant chez toi dans un tel état. Mais pourquoi tu ne laisses pas simplement couler ? Il ne veut pas t'embarquer là-dedans, tu sais. C'est pas un monde qui te mérite. C'est pas un monde tout court, d'ailleurs, là où il se rend tous les mois. L'équivalent d'un mini enfer sur terre sûrement, mais c'est étrangement là où, après toi, il se sent le plus vivant.

— Ez'..

Soufflé quand tu t'échappes, rompant le contact de ta main sur son bras. Quelque peu perdu dans ses pensées, il en avait déjà oublié qu'il t'avait demandé de le soigner. Enfin, c'était une blague au départ, il aurait dû se douter que tu le prendrais sérieusement. En attendant il se gave de chips, comme pour compenser ton absence bien que courte. Il a besoin de te savoir près de lui, là. Alors quand tu reviens, il étire un sourire à la fois doux et franc. Sincère qui se meut en une légère grimace en voyant que tu insistes pour savoir. Il détourne les yeux.

— Tu t'es battu.
— Ça s'est pas tout à fait déroulé comme ça.

Enfin si.
Et puis non.
C'était un peu le bordel, comme d'habitude quoi.

Il ne réagit pas au coton que tu tapotes sur sa peau mais repose ses iris dans les tiens après tes mots.

— T'en veux pas mais c'est pourtant vrai, on est vivant.

Lui, toi. Vivants Ezra, est-ce que tu sais quel bien ça fait ? Est-ce que tu te rends compte aussi d'à quel point ça détruit. Un sourire en coin qui s'étire quand tu marmonnes.

— Fais pas la gueule Ez'.

Vient glisser une main affectueuse dans tes cheveux.

— Aller, sois cool s'te plaît. Pourquoi tu veux pas passer à autre chose ? Je- C'est juste que.

J'arrive pas.
J'arrive à rien dans cette putain de vie et ça m'emmerde.

Long et bruyant soupir qui s'échappe alors qu'il lève le visage vers le plafond un instant pour réfléchir et laisse retomber son bras le long de son corps avant de te regarder à nouveau. Il est calme, étrangement, quoiqu'avec toi ça n'a rien d'inhabituel.

— Je fais de la merde. J'le sais, tu l'sais, on l'sait tous les deux. C'est pas ouf mais c'est comme ça. Maintenant souris un peu s'te plaît.

Le laisse pas couler plus profond qu'il n'est déjà. Puis, après quelques secondes de silence il semble réaliser. Les iris qui s'écarquillent, il te demande.

— T'as peur que j'meurs ?

Ta rage a toujours eu quelque chose de douloureux. C'est quand il te voit dans ces états, quand tu prononces ces mots-là avec autant de coeur qu'il réalise vraiment. S'il a toujours assumé faire de la merde, il n'en parle jamais vraiment parce qu'il est incapable d'en assumer les raisons. D'avouer que c'est viscérale, qu'il en a besoin pour supporter son propre poids tous les matins. Et ça il ne sait pas vraiment comment l'expliquer alors c'est un peu maladroit, incomplet -ça ne sert à rien ce qu'il te dit, hein ? C'est pas ça qui va te calmer, même quand il réalise à quel point tu as peur. Qu'il demande et que tu réponds -absent ou presque.

Oui ???

C'est une évidence qu'il a encore du mal à comprendre, lui qui dans ses excès de zèle se refuse à mourir. Convaincu que malgré les risques et les coups qu'il (se) prend à longueur de temps il sera increvable tant que les Priest n'auront pas payé le prix fort pour leurs actes.

J'ai peur tous les jours.
Ça se déchire un peu à l'intérieur.

— J'ai failli te perdre une fois.

Le laisse sans voix, complètement ahurit.
J'ai peur tous les jours.
Tous les jours.
C'est trop.

Et c'était moins une, que tu ajoutes.
Il a les sourcils qui se froncent en voyant que ton comportement devient étrange. Baisse le regard sur tes doigts qui tremblent.

— Moins une, moins une...
— Ez'.

Ne fera pas le con à te demander si ça va alors qu'il sait pertinemment que non. À la place attrape tes mains dans les siennes pour les poser sur ses cuisses, en décale une pour la poser contre ta joue et te faire tourner la tête vers lui.

— Ez' regarde-moi.
T'énerve pas.

C'est pas très utile à dire pas vrai ?
Parce qu'il sait que ça ne marchera pas, c'est qu'il n'a jamais été très doué pour t'éviter d'exploser Hermès. Mais il garde espoir.

— T'as prit tes cachets ?

Trop tard.

Le non qui t'arrache une faible grimace alors que qu'il baisse la tête. Tu ne le forces pas à te regarder afin de ne pas le brusquer, lui demande à la place pour ses cachets. Non encore. Ah. T'essaie de l'appeler un peu pour le garder avec toi, l'empêcher de s'énerver même si t'as aucune idée de comment faire mais il finit par se lever pour renverser violement la table basse dans un cri qui te tord l'estomac. Merde.

— Ez !

Te lève aussitôt pour le prendre dans tes bras alors qu'il maugrée des choses pour la plupart incompréhensibles (même pour toi), vous retombez sur le canapé. Toi à moitié allongé et Ezra que tu serres doucement contre ton torse. Une main dans son dos et une autre dans ses cheveux. L'esquisse un peu triste qu'il ne peut pas voir, tu essaies comme tu peux de le rassurer.

— J'suis là Ez', j'pars pas ok ? Shhht.. Calme-toi s'te plaît.

C'est un peu maladroit mais totalement sincère alors que tes doigts caressent son dos de haut en bas. Tes iris que tu portes au plafond comme pour réfléchir à ce que tu aimerais dire.

— On peut rester là comme ça, tranquilles, si tu veux. Ou on peut s'barrer dehors casser des trucs pour nous défouler, c'toi qui voit.

Tu donnes une petite tape sur sa tête pour l'inciter à la relever et te regarder alors que tu baisses la tienne et pose tes yeux sur lui. Ça te fait mal de le voir comme ça, alors inconsciemment ton étreinte se resserre un peu et tu souris. Tu souris doucement, ça arrive pas souvent.

— Alors ?

Je te laisse plus jamais.
T'aimerais.

Je veux rien détruire. Ça t'étire un sourire quand il le dit. Toi c'est un peu tout l'inverse mais ça te convient qu'il ne veuille pas car tu peux le garder tout contre toi comme ça. Sentir les effluves de son parfum pour apaiser tes pulsions, tu ne te sens pas seul. Jamais quand il est là, ça fait du bien.

Il se redresse un peu et tu le regardes, l'écoute sans bouger ni desserrer ton étreinte. Tu la resserres même un peu plus sans vraiment t'en rendre compte, pour être certain qu'il ne s'échappe pas. Qu'il reste là, avec toi. Contre toi. C'est un peu étrange non ? Les amis se comportent-ils réellement comme ça entre eux ? T'en sais rien, tu t'en fiche.

— Dommage, j'avais prévu encore un peu de casse.

La grimace un peu déçue et les iris pourtant rieurs, tu finis par suivre la trajectoire de son regard sur la table basse un instant avant de rapidement revenir à lui. Lève les yeux au plafond, t'as l'air un peu songeur tout à coup même si tu l'es pas vraiment.

— Mais j'comprends.

Vous décidez de rester comme ça encore un moment alors, en silence à simplement écouter le son de vos respirations synchronisés. Puis finalement tu fermes les yeux, détendu par la chaleur de son corps et son odeur dont tu ne te lasses pas (sûrement jamais). T'es prêt à t'endormir quand il choisit de se redresser un peu pour filer dans le canapé et ça t'arrache une grimace, véridique cette fois, ainsi qu'un grognement mécontent.

Tu te redresses à ton tour pour te caler un peu mieux contre l'accoudoir, toujours à moitié allongé alors qu'il parle. Hausse les sourcils à la fin, t'es carrément perplexe tout à coup.

— De quoi tu parles, ça inverse rien du tout.

Ça c'est parce que tu veux pas trop admettre qu'il te dorlote bien plus que tu le mérites.

— Puis j'te gère pas Ez', je t'aide c'est pas pareil. Alors tranquille, vraiment. J'comprends pas pourquoi t'es désolé y a pas d'raison.

Hausse plus grands tes sourcils alors que tu lui lances un regard pour le mettre au défit de te contredire. Une seconde passe, puis tu esquisses un léger sourire un peu triste (coupable). Éphémère, il disparaît déjà alors que tu poursuis.

— Moi j'm'excuse. Désolé d'pas avoir prit conscience plus tôt d'à quel point t'as peur pour moi. J'suis vraiment un con, j'voulais pas t'inquiéter. J'ai jamais voulu ça.

T'as juste pas réussi à gérer, comme d'habitude.

Tes iris pour dévier de lui à la bouteille de sang au sol qui, par chance, n'a pas explosée. Puis tu te lèves sans rien ajouter d'autre pour la saisir et la lui lancer souplement. Debout face à lui tu le regardes, encore, t'adores ça le regarder -même s'il a tout le temps l'air fatigué. T'es bizarre Hermès.

— Tu devrais boire, nan ?

Ouai.

— Attends. Remets la table s'te plaît.

Avant de glisser (fuir) jusque la cuisine et fouiller dans les placards pour trouver du popcorn, un saladier et deux verres. Le popcorn au micro-onde, tu t'adosses contre le comptoir en attendant qu'il soit prêt. Tu sors le fraisier du frigo pour ramener le tout sur la table basse avant de te jeter dans le canapé à moitié sur lui en ricanant, sourire narquois au bord des lèvres.

— File-moi la bouteille.

— Comment ça j'suis LOURD ?

La mine outrée qui s'affiche malgré le rire que tu peine à retenir quand tu fais exprès de t'appuyer un peu plus contre lui. S'il veut que tu sois lourd alors tu le seras, non mais oh. T'étires un sourire fier quand tu le vois galérer à attraper la bouteille que tu lui as demandé mais il y parvient quand même tant bien que mal avant de la porter à ses lèvres.

— Mais-

C'est pas ce que tu lui as demandé ? Alors tu te redresses et  lèves le bras un peu trop brusquement pour la récupérer avant qu'il puisse boire quoique ce soit, sauf que dans l'élan tes doigts tapent dedans. Ezra qui bascule un peu en arrière et la moitié de la bouteille se déverse sur toi. C'est pas vraiment ce que t'avais en tête.

— Et merde.

T'en as partout de la tête aux cuisses et tu restes hébété un instant, le temps qu'il pose (sauve) le reste de ladite bouteille. T'entends Ezra râler, tu laisses échapper un soupir embêté.

— C'est rien, j'ai un peu trop forcé c'ma faute.

La prochaine fois tu feras plus attention hein. Tu vas pour te lever, tu le vois qui se rapproche de toi. Et il a l'air ailleurs, Ezra. L'éclat de la faim dans ses pupilles rouges vif te fait déglutir, t'oses plus vraiment aller nul part en le voyant dans cet état. Un sourire légèrement crispé à tes lèvres, t'es un peu gêné. Ça faisait longtemps.

Tu places tes mains devant toi, dans un geste qui lui demande de ralentir. Ce n'est peut-être pas la meilleure idée quand on sait quelles sont toutes deux pleines de sang.

— Tout doux chaton, ça s'échappe tout seul. T'es sûr de vouloir faire ça comme ça ?

Parce qu'il se souvient des raisons qui t'ont poussées à arrêter de te nourrir de son sang. Des raisons qui ne sont pas Noah et qui font que tu ne l'as plus jamais touché ensuite -y repenser te fait un peu mal à l'ego mais t'as finit par comprendre même si tu ne t'es jamais vraiment habitué.

Le flash de cette fille les crocs dans ta chair s'insinue rapidement dans ton esprit, tu le chasses d'un léger mouvement négatif de la tête. Grimace. Tu ne t'es jamais habitué non.

Et tu veux pas le blesser.

Pourtant tu ne retires pas tes mains alors qu'il est à ça de les toucher, tends même un peu les bras pour initier de toi-même le contact, poser tes doigts sur sa joue. C'est pas une bonne idée.
Merde.

Comme quoi ? Comme ça, précisément comme ça. Tu déglutis encore alors qu'il se saisit délicatement de ta main pour y lécher le sang. T'aimerais être capable de l'arrêter Hermès, lui dire que t'es certain qu'il le regrettera en revenant à lui tout à l'heure, mais t'y arrive pas. T'as le souffle coupé et le regard rivé droit sur lui, immobile. T'es incapable de bouger, non pas que tu ais peur -au contraire même, tu apprécies sûrement beaucoup trop, mais tu ne sais pas comment gérer ça. Lui, toi, ça fait si longtemps.

Ça fait du bien, tu souris.
(tu suffoques)

C'est que t'avait oublié à quel point sa langue sur ta peau te faisait de l'effet, et encore tu ne te souviens pas que ça t'en faisait autant à l'époque. T'es bizarre Hermès. Merde. Tu peux pas penser des trucs pareils. Depuis quand d'ailleurs tu penses des trucs pareils ? Dans tes pensées, tu ne fais pas attention à la légère grimace que tu étires sur l'instant. Mais tu te reprends bien vite quand Ezra enfonce ton premier doigt dans sa bouche.

Déglutis encore.
Putain de merde.

Ta main libre pour glisser dans ses cheveux tendrement alors que tu te batailles toujours avec toi-même. Tu comprends rien, perdu entre tes désirs et l'envie de vous préserver. C'est stupide, ça te rend triste et ça t'énerve aussi. T'es vraiment un imbécile Hermès putain.

— Tu m'arrêtes pas ?
— Je-
Non.

Comment tu pourrais ?
Comment tu pourrais quand t'en crève d'envie.

Ezra à ta gorge soudain et instinctivement tu penches la tête pour lui laisser la place. Ferme les yeux un instant avant de soupirer faiblement en glissant de nouveau ta main dans ses cheveux, masse tranquillement (comme avant) le haut et l'arrière de son crâne. Quand tu réouvres les yeux, c'est pour les porter au loin alors que ta main libre part s'échouer dans son dos.

— Non.

Tu réponds finalement dans un murmure prit entre panique et satisfaction.

— Mais juste-... Mords pas.

Ça va le dégoûter de te mordre tu l'sais.
Mais ça te tue de le lui dire, et de te dire aussi que s'il le faisait tu l'arrêterais.

Parce que tu sais que tu le feras.

T'aurais voulu être capable de l'arrêter, pourtant tu te sens faillir un peu plus à chaque instant. La connotation de ton prénom à ses lèvres qui glissent sur ta peau t'endorment l'esprit -te donnent des envies de plus tout en sachant que tu seras incapable de les assumer demain, ni même de les comprendre. Ça te bouffe, tout ça. Lui sur toi, toi paumé, soupirant de bien-être alors qu'il te lèche comme un camé. Ça te bouffe quand tout s'arrête.

Stop.

La chute est vertigineuse, l'impact est violent. Tu le regardes et t'as l'air sûrement un peu con quand il s'écarte brusquement de toi sans que tu captes pourquoi ta seule envie c'est qu'il revienne, alors que tu lui sommais de ne pas aller plus loin il n'y a même pas deux minutes. Ah, le sang. C'est vrai.

— J'aurai dû t'arrêter.
J'ai pas réussi.

Et t'es pas vraiment désolé de ça, ou en tout cas pas entièrement. Tu prends le temps de le regarder un moment. Ses yeux cernés, ses mèches de jais dans lesquelles tu te retiens de passer une main -ils sont si doux ses cheveux après tout, ils sentent super bon aussi alors ça t'attire, forcément. (forcément, oui)

Ses lèvres rouge sang.

— Ils ont raison, je suis vraiment la chienne de cette maison.

Tu tiques et fronce les sourcils, sortant brusquement de tes pensées avant de lui asséner une pichenette entre les deux yeux.

— C'est quoi comme connerie ça encore. Redis ça et je t'assomme. Pourquoi tu l'dis d'ailleurs ?

Tu le toises d'un regard sévère tout à coup, bien loin de tes presque soupirs un peu plus tôt. S'il te dit parce que c'est vrai y a des chances pour que tu l'assommes pour de bon.

— Une chienne ce s'rait pas retiré comme tu viens de l'faire, Ez'. Ami ou pas. S'il y a une chienne dans cette maison c'est cet enculé de Noah pour passer son temps à te chauffer, hm.

Tu te fais violence pour retenir ton pouce d'aller glisser sur ses lèvres. Tu dérailles complètement mon pauvre Hermès. Et tu détournes les yeux, t'es pas super fier mais c'est la vérité. Même si tu penses que s'il devait réellement y avoir une chienne ce serait toi parce que t'es pas foutu de lui résister.

Bruyant soupir qui s'échappe alors que tu te réinstalles correctement dans le canapé. Tu le regardes plus vraiment, laisse un silence prendre possession des lieux quelques instants avant de finalement demander.

— C'était si bizarre de faire ça ? Là, j'veux dire.

Mais qu'est-ce qui va pas chez toi putain.
T'es si con Hermès.

Son grognement quand tu insultes Noah ne t'échappe pas. Les paroles qui suivent te font serrer les poings. Noah Noah Noah. Il n'y en a que pour lui hein ? C'est insupportable, la façon dont il parle de lui. Comme s'il savait vraiment. Comme s'il y était. C'est insupportable de constater que même ça, même l'attention d'Ezra, cette saloperie de chien a réussi à se l'accaparer. Et après il ose continuer de te rabaisser, et toi trop con tu t'laisses faire. T'es vraiment qu'une merde Hermès, t'as rien compris.

— Arrête de l'défendre.

C'est sec quand ça sort, brûlant de jalousie -t'aimerai vraiment qu'il arrête. Tu te lèves à ton tour pour lui faire face.

— Alors quoi, il t'a missionné pour me casser les couilles et essayer d'me faire comprendre qu'après AVOIR BUTÉ TOUTE MA FAMILLE il avait eu la PUTAIN DE MALCHANCE de devenir ce qu'il exècre le plus au monde ? Pas à moi Ezra. J'en ai rien à foutre !

Tu le toises un instant, sembles tout à coup suspicieux. Comme si tu venais tout juste de comprendre de quoi il en retourne vraiment.

— C'est quoi l'truc, tu l'aimes ? C'est ça. Depuis quand ? Poudlard ? Déjà à l'époque il te faisait d'l'effet hein ? Vas pas croire, j'ai pas oublié combien de pacte t'as brisé pour ses beaux yeux.

Toutes ces fois ou il t'avait promis que ce serait la dernière parce que c'était pas raisonnable. Un jour ça a vraiment été la dernière, parce qu'Ezra a simplement arrêté de venir te voir toi. Faut dire que le sang d'un humain est infiniment meilleur que le tien et si tu le sais, si tu l'as compris à l'époque, ça t'a blessé que les choses se passent ainsi. Mais Ezra étant Ezra t'as laissé couler. Pas pour le préserver lui, pour te préserver toi.

Seulement là c'est trop.

— Putain mais vas-y vas continuer de baiser avec lui et fous-moi la paix Ezra. VRAIMENT. Et bordel de merde, arrête de t'excuser parce que ça m'donne envie de t'encastrer.

Et si tu l'as jamais fais jusque là, aujourd'hui tu t'en sens capable.